Analyse critique de la menace terroriste dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togopar Kocou Mano Hermann ATTUY Université de Parakou - Master 2 option Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense 2020 |
Définition de quelques conceptsIl est difficile de donner une définition précise et incontestable du terrorisme. Car, les chercheurs ou les scientifiques ne sont pas encore parvenus à un avis unanime sur ce point. De ce fait, toute tentative de définition du terrorisme se heurte d'emblée à des difficultés qui tiennent aux présupposés véhiculés par le langage courant, notamment par les médias et les hommes politiques qui le condamnent sans le définir. Pour l'appréhender, il convient d'observer ses manifestations dont la violence est l'une de ses constances. Le terrorisme peut être à la fois confondu à l'« anarchisme »17(*) et à la grande criminalité.18(*) On entend communément parterrorisme le recours illégal à la violence contre des objectifs civils et ou militaire afin de contraindre et d'intimider des États et sociétés pour des revendications politiques exprimées pour la plupart du temps en terme sociaux, économiques ou religieux. Il se distingue fondamentalement de la criminalité, organisée ou non du fait que son objectif premier n'est du gain financier Dans le dictionnaire de droit international, il est défini comme « un fait illicite de violence grave commis par un individu ou un groupe d'individus, agissant à titre individuel ou avec l'approbation, l'encouragement, la tolérance ou le soutien d'un État, contre des personnes ou des biens, dans la poursuite d'un objectif idéologique, et susceptible de mettre en danger la paix et la sécurité internationale19(*) » Le dictionnaire Hachette, encyclopédique définit le terrorisme comme l'usage systématique de la violence (attentats terroristes, destruction, prises d'otages, etc.) auquel recourent certaines organisations, politiques pour favoriser leur dessein.20(*) Pour Bruce H., le terrorisme est la création délibérée de la peur, ou son exploitation, par la violence ou la menace de violence, dans le but d'obtenir un changement politique.21(*) De son côté, le département d'État américain énonce que le terrorisme est « un acte de violence prémédité, avec une motivation politique et perpétrée contre les cibles non combattantes par des groupes subnationaux ou par les clandestins d'un État.22(*) A la lumière de toutes ces tentatives conceptuelles, le terrorisme se veut être une pratique en même temps une doctrine contraire aux usages et coutumes d'une société nationale ou internationale ayant comme moyen d'action la violence ou la terreur. Le terrorisme est qualifié comme étant toute méthode de lutte ayant pour objectif immédiat non pas l'anéantissement ou la réduction totale de l'adversaire, mais la création autour de lui et dans son entourage d'un climat psychologique d'insécurité et de nervosité pouvant être fatal à son moral, à sa dignité, à son efficacité et à son autorité. Ainsi, selon BAUER A, le terrorisme est une méthode de combat qui prend pour cible principale la population civile. Ainsi, les mouvements de résistance ne pourraient viser que des cibles militaires, ce qui les différencieraient des organisations terroristes.23(*) PARADI J. L., affirme que le terrorisme est considéré de nos jours comme une méthode de lutte ayant pour objectif non pas l'anéantissement ou la réduction de l'ennemi, mais la création autour de lui et dans ses rangs d'un climat psychologique d'insécurité et de nervosité pouvant être fatal à son moral, à son prestige, à son efficacité donc à son autorité.24(*) Cette définition a le mérite de rendre compte du phénomène non seulement du point de vue de la méthode, des moyens, mais aussi des fins. Elle est à même de qualifier la tragédie du 11 septembre 2001 aux États-Unis d'Amérique. De son côté, Raymond Aron considère le terrorisme comme une action violente dont les effets psychologiques sont hors de proportion avec les effets purement physiques.25(*) Au-delà de toutes ces définitions, le terrorisme est un acte de guerre asymétrique. Cette formule constitue une ébauche non négligeable de définition du terrorisme ; mais elle juxtapose deux conceptions différentes, voire contradictoires de ce phénomène. La première qui insiste sur les dommages causés à la population civile, se situe dans la ligne des principes du tribunal de Nuremberg. La seconde met l'accent sur la subvention de l'ordre politique et trouve son expression dans le « terrorism act » du Royaume Uni. Cette notion fait appel à l'étude des formes du terrorisme pour bien comprendre ses manifestations. Cette difficulté à définir le terrorisme n'a pas épargné l'Union Africaine qui s'est également bornée à définir l'acte terroriste. Est qualifié d'acte terroriste par cette organisation : « Tout acte ou menace d'acte en violation des lois pénales de l'État partie susceptible de mettre en danger la vie, l'intégrité physique, les libertés d'une personne ou d'un groupe de personnes qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources naturelles, à l'environnement ou au patrimoine culturel, et commis dans l'intention d'intimider, de provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisation, institution, population ou groupe de celle-ci à engager toute initiative ou à s'en abstenir, à adopter à renouer à une position particulière ou à agir selon certaine principes ; ou de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations ; de créer une insurrection générale dans un État patrie26(*) » En 1994, l'Assemblée générale des Nations Unies (UN), dans la Déclaration sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international figurant dans la résolution 49/60, a indiqué que le terrorisme comprend «les actes criminels qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des particuliers» et que de tels actes «sont injustifiables en toutes circonstances et quel que soit les motifs de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l'on puisse invoquer pour les justifier»27(*). Dix ans plus tard, le Conseil de sécurité, dans sa résolution 1566 (2004), a évoqué «les actes criminels, notamment ceux dirigés contre des civils dans l'intention de causer la mort ou des blessures graves ou la prise d'otages dans le but de semer la terreur parmi la population, un groupe de personnes ou chez des particuliers, d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s'abstenir de le faire». La même année, le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement établi par le Secrétaire général a décrit le terrorisme comme étant tout acte «commis dans l'intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s'abstenir de le faire» et a défini un certain nombre d'éléments clefs, renvoyant aux définitions figurant dans la Convention internationale de 1999 pour la répression du financement du terrorisme et à la résolution 1566 (2004) du Conseil de sécurité28(*). L'Assemblée générale des nations unies réfléchit actuellement à l'adoption d'une convention générale contre le terrorisme, qui viendrait compléter les conventions antiterroristes sectorielles existantes. Le projet d'article 2 contient une définition du terrorisme qui inclut le fait de causer, tenter ou menacer de causer, «illicitement ou intentionnellement»: «a) la mort d'autrui ou des dommages corporels graves à autrui; ou b) de sérieux dommages à un bien public ou privé, notamment un lieu public, une installation gouvernementale ou publique, un système de transport public, une infrastructure, ou à l'environnement; ou c) des dommages aux biens, lieux, installations ou systèmes ..., qui entraînent ou risquent d'entraîner des pertes économiques considérables, lorsque le comportement incriminé, par sa nature ou son contexte, a pour but d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à faire ou à ne pas faire quelque chose». Le projet d'article 2 définit ensuite comme une infraction le fait de se rendre complice d'une infraction visée, d'organiser la commission d'une infraction ou d'ordonner à d'autres de commettre celle-ci, ou de contribuer à la commission de telles infractions par un groupe de personnes agissant de concert. Si les États membres se sont mis d'accord sur bon nombre des dispositions du projet de convention générale, des divergences de vues sur la question de savoir s'il faut ou non exclure les mouvements de libération nationale du champ d'application de la convention les ont empêchés de parvenir à un consensus sur l'adoption du texte intégral.29(*) Les négociations se poursuivent. De nombreux États définissent le terrorisme en droit national en reprenant, à des degrés divers, ces éléments. Ainsi, dans le nouveau code de procédure pénale togolais, Titre V : Des infractions relatives au terrorisme. En son article 716 : les infractions de nature terroriste comprennent : « 1) les infractions relatives à la sécurité de l'aviation civile, de la navigation maritime, du port et des plates-formes fixes ; 2) la prise d'otages et infractions contre les personnes jouissant d'une protection internationale ; 3) les attentats terroristes à l'explosif et le terrorisme nucléairequi tendent, par tout moyens, à causer intentionnellement : a) la mort d'autrui, des blessures graves ou des dommages corporels grave à autrui ; oude sérieux dommages à un bien public ou privé, notamment un bien public, une installation gouvernementale ou publique, un système de transport public, une infrastructure ou à l'environnement ; ou b) des dommages aux biens, lieux, installations ou systèmes mentionnés au point b du présent article, qui entraînent ou risque d'entraîner des pertes économiques considérables, lorsque le comportement incriminé, par sa nature ou son contexte, a pour but d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à faire ou à ne pas faire quelque chose».30(*) Le nouveau code de procédure pénale béninois en son article 362 alinéa 1 la définition de terrorisme : « constituent des actes de terrorisme, en tant qu'ayant rapport avec un projet individuel ou collectif ayant pour but la subversion de l'ordre constitutionnel ou l'attentat grave de l'ordre et de la paix publics moyennant l'intimidation et la terreur, les infractions suivantes : - Les attentats volontaires contre la vie et l'intégrité des personnes. - La détention illégale, la séquestration, les menaces ou les pressions. - Les vols, les extorsions, les dommages, les dégâts, les incendies, ainsi que les infractions en matière informatique définies dans le Code. - Le dépôt d'armes ou munition, ou la détention ou dépôt de substances ou d'appareils explosifs, inflammables, incendiaires ou asphyxiants, ou leurs composants, ainsi que la fabrication, le trafic, le transport ou l'approvisionnement de toute sorte.31(*) » Dans le cadre cette étude, nous allons retenir que le terrorisme est une infraction internationale ou transnationale qui, elle-même, se définit comme une infraction « ...commise dans plus d'un État ; ou commis dans un État mais qu'une partie substantielle de sa préparation, de sa planification, de sa conduite ou de son contrôle a lieu dans un autre État ; ou commise dans un État mais implique un groupe criminel organisé qui se livre à des activités criminelles dans plus d'un État; ou commise dans un État mais a des effets substantiels dans un autre État32(*) » Il existe plusieurs sortes de terrorisme mais ici nous nous limitons à donner quelques cas à cause de leur importance. C'est ainsi que nous examinerons les types ci-après : le terrorisme d'État, le terrorisme révolutionnaire, le terrorisme nationaliste, le terrorisme privé, le terrorisme international, le bioterrorisme, le cyberterrorisme. a) Le terrorisme d'État Ce type de terrorisme est l'oeuvre des groupes privés commandés par un gouvernement pour commettre des attentats à l'étranger. Le terrorisme d'État est un phénomène nouveau de relations internationales et une nouvelle composante des relations diplomatiques. Les organisations qui le pratiquent, affirment agir de manière autonome et tissent un rideau entre leurs commanditaires et les victimes.33(*) On s'aperçoit bien que les revendications des commanditaires expriment les mêmes exigences que celles qui sont émises, par voie diplomatique, par les États qui les manifestent. L'argent et le soutien logistique sont fortement professionnalisés. Dépister leurs membres est une épreuve de longue haleine pour la Police. b) Le terrorisme révolutionnaire Le terrorisme révolutionnaire est l'oeuvre de certaines organisations qui évoluent dans la clandestinité la plus absolue et visent la déstabilisation et le renversement d'un système politique en amenant un gouvernement à militariser les institutions pour qu'elles basculent dans la révolution.34(*) Ce type de terrorisme correspond à une culture de société. Il est surtout connu en Amérique Latine et en Europe. c) Le terrorisme nationaliste Celui-ci est pratiqué par les mouvements de libération nationale, en général, par des groupes idéologiques armés qui luttent pour leur indépendance.35(*) Ce genre de terrorisme a été largement utilisé durant toute la période de la décolonisation depuis 1945, notamment en Algérie, en République Démocratique du Congo avec l'alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Les Juifs l'ont également pratiqué avant 1948 quand le mouvement de l'organisation militaire nationale irgoun36(*) ayant à sa tête Menahem BEGIN, futur premier ministre s'est attaqué, avec des bombes à la présidence britannique, sur la terre promise. L'apartheid en Afrique du Sud, les basques en Espagne, les Corses en France, les catholiques en Irlande du nord, ... en ont fait à leur tour une redoutable arme.37(*) d) Le terrorisme privé Les organisations terroristes privées recourent à la force armée pour intimider les gouvernements et le contraindre à ses revendications, soit pour déstabiliser les sociétés civiles en éliminant les personnalités dont le rôle symbolise l'exercice de l'autorité.38(*) e) Le terrorisme primordial Il est à la fois moins intellectuel et plus interpellant. Il suscite la plus grande sympathie et produit les formes les plus extrêmes du fanatisme.39(*) A l'origine de cette forme de terrorisme, vient en ordre utile les brimades, les marginalisations, les dépassassions, les iniquités, etc, exprimés en termes ethniques, religieux, linguistiques en politique à l'égard d'un groupe donné. Ce groupe frappé par les injustices de tous les ordres va chercher la libération immédiate en vue de créer une nouvelle société et de sauver une société traditionnelle ou de provoquer un changement révolutionnaire.40(*) f) Le terrorisme international La CIA (Central Intelligence Agency) américaine qualifie de terrorisme international, tel le terrorisme transnational se caractérisant par des actions perpétrées par des étrangers dans un pays donné sur la personne d`un étranger au pays où l'attentat a été commis.41(*) L'organisation de libération de la Palestine (OLP), s'était illustrée par le terrorisme international afin d'interpeler l'opinion publique internationale et de remporter une victoire politique au niveau des instances politiques internationales. C'est ainsi qu'à partir de 1970, l'OLP s'illustrera par des détournements d'aéronefs civils et d'autres types d'attentats loin du Moyen-Orient. De même, les réseaux terroristes algériens, proches du Front Islamique du Salut (FIS), exportent leurs actes de violence vers le territoire français et considérant que c'est la France qui est à la base de l'arrêt d'un processus démocratique ayant abouti à l'échec des Islamistes42(*) g) L'utilisation des aéronefs civils comme « projectiles » Le 11 septembre 2001, deux avions civils, détournés par des terroristes, s'abattent sur les tours jumelles du World Trade Center. Alors qu'un s'écrase sur le pentagone et l'autre termine sa course en Pennsylvanie. Les attentats les plus meurtriers, jamais conduits par une organisation terroriste, auraient fait plus de 4 000 morts. Ces actes ont plongé les États-Unis et le monde dans une certaine torpeur. Car, ils démontraient à suffisance la vulnérabilité de « l'hyper puissante » mondial frappé au niveau même des symboles de sa force économico- financière et militaire parlant de son prestige43(*). Ces actions avaient porté la marque d'Al-Qaïda, le réseau terroriste d'Oussama ben Laden. h) Le cyber terrorisme Ce type de terrorisme fait référence à l'utilisation de la technologie moderne tels que les ordinateurs et le virus informatique qui détruisent les données ou les paralysent. C'est l'ensemble des attaques graves (virus, piratage, etc.) et à grand échelle des ordinateurs, des réseaux et des systèmes informatiques d'une entreprise, d'une institution d'un État, commises dans le but d'entraîner une désorganisation générale susceptible de créer la panique. L'exemple des hackers russes qui ont infiltrés les données électorales et auraient favorisés l'élection de Donald TRUMP en Amérique. Le sabotage des infrastructures militaires empêchant les armées de communiquer lors des conflits est un acte de cyber terrorisme44(*). i) Le bio terrorisme C'est la dissémination délibérée de virus, de bactéries, de toxines ou d'autres agents dangereux dans l'intention de provoquer des maladies, de tuer des personnes ou des animaux ou de détruire des espèces végétales. Par exemple, au début de l'année 1995, l'attentat au gaz toxique dans le métro de Tokyo a secoué le monde entier. L'exemple la plus récente est la COVID19 qui a commencé en Chine45(*)et est devenue une pandémie ayant fait des milliers de morts sur le plan mondial avec plusieurs variantes actuellement. L'approche méthodologique Au demeurant, nous avons suivi une approche méthodologique : L'approche méthodologique dans le cadre de cette recherche est axée sur la collecte des données, le traitement des données et l'analyse des résultats. La méthode utilisée est la tentative d'explication, rattachée à une théorie appliquée à la réalité. Elle est liée à un domaine particulier, à la manière de procéder propre à ce domaine.46(*) Notre méthode sera essentiellement explicative basée sur l'approche mixte. Présentation des données utilisées Dans le cadre de cette étude, plusieurs types de données ont été utilisés. Il s'agit des : - données de la représentation de l'État : elles ont servi à comparer la représentation de l'État dans les communes transfrontalières ; - données démographiques : elles ont permis d'apprécier la répartition spatiale des populations vulnérables ; - données socio-anthropologiques : elles ont permis d'évaluer la perception des acteurs civils, policiers et militaires sur la menace terroriste transfrontalière ; - données statistiques sécuritaires : elles ont permis de voir l'évolution de la situation sécuritaire dans l'Atacora ; - données de correspondance des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) : des messages téléphonés portés et des notes de service rendant compte de la présence terroriste dans l'espace du département de l'Atacora. Collecte de données Les méthodes de collecte de données se résument à la recherche documentaire et aux travaux de terrain (observations directes, enquêtes par questionnaires et par entretien). Recherche documentaire Dans le cadre de cette étude, la recherche documentaire a été effectuée dans les centres de documentation ci-après : - Bibliothèque de la chaire UNESCO (United Nations Educational Scientific and Cultural Organization / Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et Culture) de la Faculté de Droit et de Science Politique de l'Université d'Abomey-Calavi) FADESP- UAC (documents de mémoire et de thèses portant sur le terrorisme et méthodologie de recherche) ; - Centre de documentation de l'État-Major Général Béninois (informations sur les plans d'urgence militaire en cas d'attaque terroriste et sur les capacités logistiques de l'armée) ; - Centre de Documentation de Sécurité Publique (ouvrage, rapports d'étude, données statistique sécuritaire) ; - Ministère de l'Intérieure et de la Sécurité Publique (MISP), Agence Nationale de Protection Sociale (ANPC), Direction générale de la Police républicaine (DGPR), Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABeGIEF), Commission Nationale de Lutte Contre la Prolifération des Armes Légères (CNLCPAL), Secrétariat permanent de la Commission Nationale de Lutte Contre la Radicalisation, l'Extrémisme Violent et le Terrorisme (CNLCREVT), Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) des documents relatifs aux plans d'urgence, Système d'Alerte Précoce (SAP) et des documents nationaux de gestion des frontières et de lutte contre le terrorisme) ; - les sites internet spécialisés du Système des Nations Unies (SNU) et des agences et institut d'études sur le terrorisme. La recherche documentaire a été complétée par les travaux de terrain. Travaux de terrain Les enquêtes de terrain (enquêtes socio-anthropologiques et observations directes sur le terrain) seront menées à l'aide de questionnaires, et de guide d'entretien. Elles seront réalisées dans les communes frontalières de l'Atacora à savoir Boukoumbé, Cobly, Matéri et Tanguiéta. Dans les communes prospectées, les causes de la menace terroriste, la perception des populations face à la menace terroriste et le rôle de l'État dans la lutte contre le terrorisme seront évalués. A cette fin, un échantillon aléatoire a été constitué dans les quatre communes parmi les plus exposées à la menace terroriste dans le département de l'Atacora. Il va permettre d'avoir des informations sur la défaillance de l'État sur les plans : de la gouvernance politique, et celle sécuritaire (policière, militaire), du contrôle de son espace territorial, financier (comment assécher les fonds aux Groupe Armé terroriste, les groupes de crimes organisés, le blanchiment d'argent). Les personnes interrogées ont répondu aux critères ci-après: - être âgé de 18 ans au moins ; - avoir résidé régulièrement dans l'un des arrondissements d'investigation au cours des cinq dernières années ; - avoir une culture générale sur les questions liées à la sécurité et le terrorisme. En tout, 100 personnes ont été interrogées dans les communes deBoukoumbé, Cobly, Matéri et Tanguiéta. Différentes unités spécialisées ont été enquêtées en vertu de la nature des activités et responsabilités qui y sont exercées. L'enquête a ciblé des unités dotées de capacités techniques ou logistiques mobilisables en cas d'attaque terroriste. Les critères utilisés ici sont les suivants : - être officier ou sous-officier des FDS et assimilées, de la branche opérationnelle ou tactique; - avoir une culture générale et des notions surle terrorisme ; - avoir une connaissance du potentiel logistique et technique de l'armée et de la police républicaine ; De plus, des entretiens semi-directs individuels seront réalisés avec des experts des questions humanitaires et sécuritaires. Au cours de ces entretiens, un dictaphone sera utilisé pour l'enregistrement vocal des déclarations des experts. Ces entretiens vont permettre d'obtenir des informations sur le système d'alerte précoce (SAP), ses contraintes et ses limites, ainsi que la perception des experts sur la capacité des FDS pour lutter contre le terrorisme et sur la politique de gouvernance de l'État. Méthodes de traitement des données et analyse des résultats Les informations recueillies dans les correspondances et les articles de journaux confirment la présence terroriste dans l'espace transfrontalier. Les textes de l'agence chargée de la gestion des frontières au Bénin, les mécanismes de lutte contre le terrorisme et certains articles pertinents seront identifiés, notamment ceux objets d'un défaut d'application. Les données démographiques et leur répartition spatiale seront présentées sous forme graphique. Il en sera ainsi également de la proportion de la population installée dans des zones transfrontalières. A l'issue des investigations, un dépouillement manuel des données socio-anthropologiques collectées sera effectué, et les résultats seront codifiés puis dénombrés. Les statistiques liées aux différents types de matériels militaires seront disposées dans un tableau. Les données sur la politique de gouvernance sécuritaire (militaire, policière), le plan de contrôle de l'espace frontalier existant seront analysés par l'utilisation du modèle SEPO (Succès, Echecs, Potentialités, Opportunités) présenté ci-dessous (tableau N°1). Tableau N°1 : Modèle d'analyse SEPO
Source : http://www.socialbusinessmodels.ch/fr/content/sepo-succes-echecs-potentialites-obstacles La première étape de cette démarche consiste à examiner les succès, puis les échecs ou les lacunes du système existant. Un regard prospectif permet ensuite d'analyser les potentialités, puis les obstacles. La deuxième étape consiste à faire une synthèse, éliminant les répétitions ou ajoutant des nuances importantes. Plusieurs études ont été réalisées sur la récurrence et le caractère violent et sauvage du terrorisme dans de nombreuses régions du monde. La synthèse bibliographique réalisée dans le cadre de ce travail se rapporte aux études consacrées aux terrorismes en Afrique et les mécanismes de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest. Si certains chercheurs comme MBAYO N., a réfléchi sur « la régulation du système international face aux conflits asymétriques et internes, cas de la lutte contre le terrorisme et les guerres civiles africaines47(*) » Il démontre que les guerres ne sont plus exclusivement une affaire des États, certaines d'entre elles se caractérisent par leur déterritorialisation et leur individualisation. Les pratiques de guerre ont changé délaissant les cadres, les règles et les acteurs traditionnels au profit de formes nouvelles. De plus en plus, les guerres ne sont plus le fait des armées, mais des groupes comme les terroristes, les guérilleros, les bandits et les brigands. Mais LIPANDA K., a abordé la question de « la sécurité collective face aux conflits asymétriques, cas du terrorisme international48(*)». Par rapport à notre analyse, nous comprenons que l'auteur a plus axé son étude sur le terrorisme international comme une méthode consistant à recourir à la violence, en l'occurrence les attentats, les assassinats, les enlèvements, les sabotages contre un adversaire en particulier un gouvernement et la population qui assure sa légitimité. SARAMBE L. A., a travaillé sur « les mécanismes de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest : quel impact ?49(*) ». Il démontre que ces mécanismes peinent à lutter efficacement contre le terrorisme dans la zone d'étude et propose la prise en compte des spécificités tels que la criminalité organisée, la pauvreté, la marginalisation, la corruption qui sont autant de facteurs qui exacerbent le terrorisme et réduisent l'efficacité des mécanismes mis en place. Dans son mémoire de fin de formation pour l'obtention du Diplôme d'Etude Supérieur Appliquée de Police ALLOWANOU K. B., présente comment la police peut lutter contre le terrorisme et sa capacité à protéger la population.50(*) Comparativement aux études précitées, le présent travail se focalise essentiellement sur le thème « Analyse critique de la menace terroriste dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo ». Le choix de ce thème est une conséquence ou encore le fruit de l'inquiétude ressentie non seulement devant la prolifération des GAT en Afrique de l'ouest mais aussi de la dégradation sécuritaire au Burkina-Faso, l'implantation des Groupes Armés Terroriste (GAT) à l'Est du Burkina-Faso prêt des frontières avec le Bénin et le Togo qui est préoccupante et surtout devant la multiplicité des solutions proposées soit par les États, en solitaire ou sous forme de coalition soit par les organismes régionaux et internationaux notamment CEDEAO, l'UA, l'ONU ou encore les puissances internationales (la France, les États-Unis) qui jusque-là donnent des résultats très modestes pour ne pas dire inefficaces. A voir de plus près cette situation, bon nombre d'analystes s'interrogent avec raison sur les réels objectifs et finalités de ces puissances internationales sur le continent dans cette lutte supposée contre le terrorisme. Du point de vue temporel, la présente étude couvre la période allant de 2001 à 2021. Cette période marque une montée du terrorisme dans le monde et particulièrement en Afrique subsaharienne. L'année 2001 symbolise les attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis et représente un événement historique du terrorisme à l'échelle planétaire. Du point de vue spatial, notre étude s'étend sur l'Afrique de l'ouest particulièrement sur les zones frontalières entre le Bénin, le Burkina Faso et le Togo, espace dit de la mort. De manière générale, la présente étude cherche à expliquer les causes de l'extension des GAT dans l'espace Ouest Africain. C'est depuis le 15éme siècle que le terrorisme est devenu très en vue sur la scène internationale à cause de sa complexité51(*). Cette complexité du terrorisme se comprend très nettement par le fait qu'elle englobe tour à tour des caractéristiques, de nature politique, économique, religieuse et même sociale, des mouvements bien organisés qui soutiennent et financent les terroristes. Les informations recueillies nous ont permis de consacrer la Première Partie de notre travail sur l'essor du terrorisme dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo et la Deuxième Partie, la gouvernance étatique sécuritaire perfectible. Source : Plan de situation géographique du complexe WAP, UICN, Octobre 2004, modifié par l'auteur Statuts des zones et occupation du complexe WAP Figure N° 1 : illustration de la zone d'occupation des GAT à l'Est du Burkina Faso et au Nord-Ouest du Bénin « Toute investigation sérieuse sur le terrorisme propre à un État conduit inexorablement à ce que la communauté internationale tente sans cesse d'esquiver : il faut s'interroger sur les causes profondes du recours à la terreur.52(*) » CILLIERS J. PREMIERE PARTIE L'ESSOR DU TERRORISME DANS LA ZONE FRONTALIERE BENIN-BURKINA FASO -TOGO La première partie consacrée à l'identification des facteurs qui favorisent le terrorisme ainsi que leurs effets sur la population transfrontalière. Toutefois, il y a lieu de comprendre pourquoi l'extension des Groupes Armée Terroriste (GAT) du Burkina-Faso vers les frontières du Bénin au Nord-Ouest ? Figure N°2 : Carte du Bénin illustrant l'espace frontalier d'étude Les travaux examinés mettent en exergue la dimension régionale de l'instabilité sahélienne. Elle aurait été déclenchée par des évènements externes comme le débordement du conflit algérien et l'effondrement du régime de Kadhafi avec les flux de combattants qui à partir de la Libye auraient rejoint le nord-Mali53(*), ou bien produite par l'insertion du « Sahel » dans les réseaux globaux de l'économie grise, voire dans la prolifération du terrorisme à partir de l'Algérie et de la Mauritanie54(*). Les interférences diplomatiques régionales (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc) ou internationales (France) sont également mentionnées en tant que déterminants impactant l'échiquier malien que les acteurs locaux peuvent difficilement contrôler55(*). Les actions des opérations de la force conjointe G5 Sahel ou « G5S »56(*)et de la force Barkhane57(*)ont fait repousser les GAT du Mali vers le Burkina-Faso et vers les pays côtiers dont le Bénin. * 17 JEANCLOS Yves, Terrorisme et sécurité internationale, Bruxelles, Editions Bruylant, 2004, p.24 * 18 Ibidem * 19 SALOMON Jean, (dir), Dictionnaire international de droit public, Bruxelles, Editions Brylant /AUF, 2001, p.1081 * 20 Dictionnaire Hachette encyclopédique, éd. Larousse, p. 1595 * 21 BRUCE, H., La mécanique terroriste, éd. Calmanulerry, Paris, 2001, p.54 * 22 KRICHEN A., Les espions français qui égalent la CIA, in Jeune Afrique, n°1425 du 11 au 17 Septembre, 1996, p.45 * 23 BAUER A., Professeur de criminologie au Cnam, New York, Beijing, Cours MOOC, Terrorisme, 2021, Session1 - 1 * 24 PARADI JL., La politique, la science de l'action, encyclopédie machette, Paris, 1971, p.466 * 25 ARON R., cité par CARMARIN, l'État du tiers monde, la découverte, Paris, 1987, p.165 * 26 OUA/UA : Convention sur la prévention et la répression du terrorisme en Afrique, article 3. * 27 Voir Mémoire Online- L'inopportunité des lois d'amnistie dans le processus de pacification de la république démocratique du Congo. Josué KALEKA * 28Un monde plus sûr: notre affaire à tous (Publication des Nations Unies, numéro de vente F.05.I.5). * 29Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Droit de l'homme, terrorisme et lutte antiterroriste, fiche d'information n°32 * 30 Loi n°2015-10 du 24 novembre 2015 portant nouveau code pénal en république du Togo * 31 Nouveau code de procédure pénal Béninois * 32 ONU, convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée adopté à New York le 15 novembre 2000 et entrée en vigueur le 29 septembre 2003, article 3. * 33 LABANA, L., Théories des relations internationales, notes de cours de G2 RI, UNILU, 1998-1999 * 34 KADIMA, K., Les nouvelles stratégies des terrorismes face à la politique américaine de lutte contre le terrorisme, Mémoire en RI, UNILU, FSSAP, 2008, p-p.21-22 * 35 DENVERS, A., « Points chocs » in Atlas des conflits dans le monde, Paris, éd. 101, 1987, p.8 * 36 Irgoun est un groupe terroriste Palestinien qui avait pour objectif de chasser les Britanniques de leur territoire en 1942 * 37 DENVERS, A., op. cit * 38 LABANA, L., op. cit * 39 KABUYA, N., L'impact du terrorisme intellectuel dans les relations interétatique, cas de la Lybie, TFC en RI, UNILU, FSSAP, 1999, p.16 * 40 41 KABUYA, N., op. cit * 41 KRICHEN, A., « les espions français qui marquent la CIA » in Jeune Afrique, n°1862 du 22 au 17 septembre 1996, p.15 * 42 KRICHEN, A., « L'espion français qui nargue la CIA », in jeune Afrique, n°1862 du 11 au 17 /09/1996, p.15 * 43 PATRICE G., « géologie du terrorisme contemporain » début n°126, (septembre- octobre 2003), p.158 * 44 KISIMBA K, et MBAYO N., La lutte contre le terrorisme international : l'ère des conflits asymétriques, éd. Aux petits génies, L'shi, 2002 * 45 L'apparition le 16 novembre 2019 à Wuhan, dans la province de Hubei en Chine centrale de la pandémie d'une maladie infectieuse émergente, appelé la maladie à coronavirus ou Covid-19, provoquée par coronavirus SARS-CoV-2 * 46 MULUMA M., Le guide du chercheur en science sociale et humaine, Kinshasa, éd. SOGEDES, 2003, p.37 * 47 MBAYO N, La régulation du système international face aux conflits asymétriques et internes cas de la lutte contre le terrorisme et les guerres civiles Africaines, Thèse de doctorat en R.I, F.S.S.A.P, UNILU, LUBUMBASHI, 2003, (inédit) * 48 LIPANDA K. La sécurité collective face aux conflits asymétriques cas du terrorisme international, mémoire de licence en RI, UNILU, Lubumbashi, 2007, (inédit) * 49 SARAMBE L. A., Ottawa, Canada, 2018 * 50 ALLOWANOU K. B, La police nationale du Bénin dans la lutte contre le terrorisme, ENSP, 2016, p.81 * 51 Grand dictionnaire encyclopédique, Paris, éd. Larousse, 1984, p.325 * 52CILLIERS J., L'AFRIQUE ET LE TERRORISME, revue-afrique-contemporaine-2004, page-86 * 53 FERDI (2016), Allier sécurité et développement - Plaidoyer pour le Sahel, FERDI, Clermont-Ferrand. * 54Guichaoua Y et Pellerin M., Faire la paix et construire l'État : les relations entre pouvoir central et périphéries sahéliennes au Niger et au Mali, Études de l'IRSEM, 51, juillet, 2017 * 55 Ibid * 56 Force conjointe de cinq État (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et le Tchad) créé lors du sommet du 15 au 17 février 2014. Un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité * 57 La force Barkhane qui remplace en 2016 l'opération militaire `'Serval'' lancée deux ans plus tôt au Mali pour combattre les GAT. La force française, forte de ses 5100 hommes porte le double sceau de l'appui aux sahéliens quotidiennement endeuillés par les assauts des djihadistes, malandrins et trafiquants de grand chemin |
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