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Urbanisation et précarité de l’énergie électrique dans les grandes villes d’Afrique de l’ouest. Exemple de Niamey au Niger (analyse bibliographique.par Abassa Abdourazack Niandou Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger - Master II Aménagement des espaces urbains 2017 |
3.2.3.4. Les stratégies d'adaptation des populationsSelon les estimations d'EDF (2011), « seulement 30 % de la population africaine, a accès à l'électricité et ce pourcentage baisse encore de 2 points dans les zones rurales où vit la majorité de la population. Les électriciens nationaux sont largement dépassés par les besoins considérables notamment en zones urbaines et n'ont pas les moyens de s'intéresser à la demande grandissante dans les zones rurales ». A cela s'ajoute l'inégalité face à l'approvisionnement énergétique puisque seules les couches sociales les plus aisées sont approvisionnées de façon décente en électricité affirme GIRAUD M. (2007). Le reste de la population (87 %) vivant avec un revenu avoisinant 2$ par jour et par personne, consomment très peu d'électricité (en moyenne de 5 à 30 kWh/mois). Selon la même source, face à cette situation, une résilience énergétique se fait remarquer dans les pays d'Afrique de l'Ouest. Ainsi, les foyers africains les plus pauvres font par conséquent recours aux énergies traditionnelles telles que la bougie, la pile, le pétrole ou encore le kérosène dont les coûts sont élevés et l'utilisation souvent dangereuse pour la santé souligne DEDJINOU V. F. (opp cit). Photo n°3 et 4 : Utilisation de bougies et lampes à pile pour l'éclairage 73 Source : Abdourazack N. Abassa 2016 Pour Roland P. (opp cit), face à la rareté de l'électricité et au manque des moyens pour se raccorder au réseau, plusieurs ménages se raccordent indirectement au service à travers leurs voisins qui ont les moyens de placer un compteur. Pour cet auteur, les propriétaires de ses compteurs sous-louent fréquemment le courant aux maisons voisines, selon un barème précis : une ou plusieurs ampoules, un réfrigérateur, une télévision etc. il en résulte aussi que les fils électriques sont tirés de maison en maison, dans la plus grande anarchie et sans précaution. Ce qui selon l'auteur pourrait déclencher un incendie dans ces quartiers qui sont le plus souvent inaccessible aux pompiers. La population de Niamey, quant à elle n'échappe pas à cette logique de résilience énergétique. C'est ainsi qu'on remarque sur l'ensemble de la ville, l'utilisation d'un seul compteur par plusieurs ménages. Cette situation est illustrée par les photos 5 et 6 : Photo n°5 et 6 : La rétrocession de l'électricité dans le quartier KoiraTegui 74 Source : Abdourazack N. Abassa 2016 En effet, le plus souvent, un seul ménage est officiellement abonné à la NIGELEC qui vend à son tour l'électricité à ces voisins. C'est qui est qualifiée de rétrocession. Le prix de cette rétrocession est de 1000 franc CFA par mois pour une ampoule ou un poste radio ou pour un lecteur DVD ; 1500 franc CFA par mois pour un poste téléviseur ou pour un ventilateur de table ou sur pied souligne DAOUDA H. (2010). Mais d'après cet auteur, dans cette ville, rare sont des propriétaires qui acceptent les autres appareils tels que les réfrigérateurs, les cuisines électriques, les fers à repasses. Ces coûts ne sont pas à la portée de tous les ménages ; pour cela certains s'emparent et utilisent des lampes à pétrole ou à batterie pour s'éclairer affirme SALEY M. (2008). Tableau n° 6 : différentes sources d'éclairage des populations de Niamey
Source : Saley M. 2008 75 Le tableau n° 6 nous montre qu'il y a presque une parité égale entre la population utilisant l'électricité comme source d'éclairage et celle utilisant d'autres sources. Cela est probablement dû à l'insuffisance du réseau à parcourir les différents quartiers de la ville et au coût élevé de la facture qui ne permet pas le raccordement des ménages à faibles revenue. Ce qui amène cette population à faire recours à d'autres sources d'éclairage. Selon les études du CNEDD (2011) et de RAACH (2014), certains ménages et services administratifs utilisent l'énergie solaire. Cette source d'énergie est surtout utilisée par l'Etat et les services de téléphonie mobile afin de pallier aux insuffisances du service de la NIGELEC. Ce sont des panneaux avec des batteries enterrées ou protégées dans une petite cabane au pied de leur réseau, permettant le fonctionnement de celui-ci en cas de coupure électrique et L'Etat à travers l'éclairage public. C'est ainsi depuis une décennie, l'Etat Nigérien procède à l'électrification des certaines zones et principales voies de la capitale Nigérienne communément appeler lampadaires solaires. Ces derniers sont constitués de têtes de lampes LED (Light Emiting Diode=Diode électroluminescente) et avec jusqu'à 4 modules solaires de 50W chacun. Le poteau en métal semble être solide, les batteries sont enterrées, probablement pour les protéger contre des températures très élevées et la pluie sous les modules solaires. Photon° 7 et 8 : Panneaux solaires pour l'éclairage public et d'autre usage Source : Abdourazack N. Abassa 2016 Selon toujours ANTOIN et al (2006) et GAURI S. et al (2014), les coupures et les opérations de délestage sont aussi courantes au Niger qu'au Nigeria, incitant la plupart des entreprises et des ménages urbains à investir dans des générateurs diesels, ou « groupes électrogènes », comme source d'énergie électrique de réserve. Mais, ils ajoutent que ces générateurs ne sont pas à la portée de tous car ils sont beaucoup exigeants pour leurs entretiens et donc demandent des gros moyens. 76 Photo n° 9 et 10 : Groupes électrogènes de secours Source : Abdourazack N. Abassa 2016 Pendant ce temps certaines populations utilisent des réfrigérateurs et ventilateurs solaire, ainsi que des ventilateurs chargeables afin de pouvoir bien mener leurs affaires. Photo n°11, 12 et 13 : Réfrigérateur et ventilateurs solaires (chargeables) Source : Abdourazack N. Abassa 2016 Devant aussi l'incapacité de répondre à une demande de plus en plus croissante, la NIGELEC procède à des délestages dans la distribution du service électrique. Ce système de délestage vise tant bien que mal à satisfaire de moitié les besoins primaires des populations. Autre stratégie adopter par la NIGELEC est l'association de deux centrales dites en réserve froide de 23,6 MW à la ligne d'interconnexion haute tension 132 KV Birnin-Kebbi du Nigeria Niamey ; situées respectivement à Niamey-2 (Zone Industrielle) et Goudel (route de Tillabéry) qui ne sont théoriquement utilisées que lorsque cette ligne d'interconnexion n'est pas disponible ou lorsqu'elle n'est pas suffisante pour couvrir la demande souligne MOUSTAPHA K. (2014). Ce qui permettrait d'après l'auteur d'alimenter certains services sociaux de base comme les hôpitaux pendant l'absence de cette ligne d'interconnexion. Il arrive de fois que la NIGELEC fait des emplacements des portiques de 250 KVA afin de répondre à la demande d'un quartier. Cette stratégie est surtout appliquée quand la demande est nettement supérieure à la capacité du transformateur et que cette même demande n'atteigne pas un niveau où on devrait implanter un nouveau poste. Pour aussi palier aux problèmes de surcharge que rencontrent les transfos, la société le renforce avec un autre. Pour localiser avec précision un défaut sur le réseau électrique, la NIGELEC utilise un outil de recherche de défauts de plus performant et qui a retenu mon attention, le Balto et le Power Fault Locator, PFL 40 A. Photon°14 et 15 : Outils de recherche des défauts Le Balto Les écouteurs L'Ecomètre La canne Source : NIGELEC 2016 Cet appareil appeler le Balto est interconnecté à l'Ecomètre qui relie la canne aux écouteurs en cas d'opération. Cette canne est laissée sur la surface du sol au fur et à mesure que cette personne avance tout en suivant le tracé du réseau. Arriver à l'endroit précis du défaut, la canne émet un signal sonore à l'Eomètre qui à son tour le transmettra aux écouteurs. Photo n°16: Power Fault Locator, PFL 40 A 77 Source : NIGELEC 2016 78 On constate également que sur toute la chaîne de distribution des postes privées et mixtes (voir carte no4). Ces derniers constituent ainsi, des stratégies pour réduire le coût des investissements. Ainsi, pour le premier, dont l'utilisation est souvent individuelle, les dégâts matériels sont sur la charge du propriétaire. Ce sont des postes créés pour les entreprises et d'autres services de grandes envergures selon une étude de la NIGELEC (2014); pour le second, la charge des dommages revient à la société car d'autres ménages en bénéficient de son utilisation. L'analyse de cette bibliographie sur les stratégies d'adaptation montre que devant l'incapacité du service à couvrir les besoins de plus en plus croissant des populations, les usagers ont adopté une résilience énergétique qui ne leur permet pas de résoudre durablement les problèmes issus de la précarité. En effet, ce sont des stratégies qui leur permettent tant bien que mal de répondre à leurs besoins primaires. Quant à la NIGELEC, elle se sert souvent des délestages, l'utilisation des groupes, dit en réserve froide, des portiques et l'implication de certains outils dans la recherche des défauts sur le réseau électrique. |
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