Conclusion partielle :
Au terme de ce chapitre, on constate une diversification de la
documentation. Mais, cette dernière est surtout dominée par des
auteurs internationaux que nationaux dû principalement à
l'insuffisance des écrits sur la question de l'énergie
électrique.
47
CHAPITRE III : ANALYSE DE LA DYNAMIQUE URBAINE ET DE
LA PRECARITE DE L'ENERGIE ELECTRIQUE DANS LES GRANDES VILLES D'AFRIQUE DE
L'OUEST
Depuis l'époque coloniale en Afrique de l'Ouest, on
assiste à la multiplication des centres urbains. Ainsi, plusieurs villes
à travers l'espace Ouest Africain dont, Niamey ont vu le jour durant
cette période. La ville de Niamey, capitale du Niger, connait une
urbanisation mal maitrisée. Cette urbanisation ajoutée à
d'autres phénomènes n'est pas sans conséquence sur l'offre
des services urbains surtout celle du secteur de l'énergie
électrique.
3.1. Le processus d'urbanisation en Afrique de
l'Ouest
La région Ouest africaine connait depuis quelques
décennies une forte urbanisation. En effet l'étude de THOMAS A.
(2012), montre que l'Afrique de l'Ouest s'est fortement urbanisée depuis
1960. Ainsi, la population urbaine de l'ensemble de la région est
passée d'un peu plus de 12 million en 1960 à près de 117
million en 2010, soit une multiplication par 10 en 50 ans. Le poids relatif de
la population urbaine par rapport à la population rurale est aussi
passé de 1/6 en 1960 pour presque atteindre la parité urbaine en
2010. D'après cet auteur, cette forte urbanisation de la région
est la conséquence d'un taux de croissance élevé durant
ces dernières décennies. Ce qui prouvera que la région est
dans une première phase de transition démographique et cela se
caractérise par une réduction de la mortalité et le
maintien d'un taux de natalité élevé.
Même si l'Afrique de l'Ouest demeure l'une des
régions les moins urbanisées, sa population urbaine (39 %)
s'accroit sans discontinue bien que les facteurs de cette croissance soient
différents selon les périodes. Elle est l'une de celles où
la croissance urbaine est de plus rapide au monde d'après une
étude du Centre Française sur la Population et le
Développement (1999) et BALLA S. (2009). Ce qui, selon BALLA (Opp cit)
donnera une nouvelle forme à la ville par sa division en deux
sous-ensemble : d'une part la « ville indigène » et
de l'autre la « ville blanche » avant les
indépendances, puis aujourd'hui, « ville légale »
et «ville illégale ». En effet, cette
morphologie est fondée sur les différentiations
socioéconomiques des quartiers et de leurs habitats dont, on a le
centre-ville et péricentral où les infrastructures sont au
rendez-vous et la périphérie dans laquelle habitent les
populations démunies. On assiste alors
48
à la montée du chômage, à la
faiblesse d'accès aux services et infrastructures de bases, à
l'informalisation généralisée, à la
promiscuité et au développement anarchique de vastes quartiers
spontanés et des bidonvilles. C'est le cas par exemple de la ville de
Kigali au Rouanda où, l'étude de VINCENT M. (2011) montre que 70
% de ses quartiers restent spontanés.
Le caractère du phénomène urbain de
l'Afrique subsaharienne, rapide et récent, a battu les records de
croissances urbaines souligne ROLAND P. (2001). Ce qui posera d'énormes
problèmes surtout en termes d'urbanisme comme l'affirme PHILIPPE H.
(1970). Pour cet auteur, ses problèmes d'urbanisme seront difficiles
à résoudre parce que ces villes d'Afrique noire n'ont pas de
moyens pour mener à bien une politique de rattrapage3.
Selon les études d'AFRICAPOLIS (2008), l'urbanisation
de l'Afrique de l'Ouest a commencé pendant la deuxième guerre
mondiale et avait progressivement pris d'ampleur au fil des années.
D'après ces études, cette urbanisation est due principalement au
croit naturel des villes et l'émergence des nouvelles
agglomérations. Cependant, elle se diffère de celle qu'ont connu
les pays développés car c'est une urbanisation qui ne
s'accompagne pas par des infrastructures industrielles et du coup, expose les
citadins à des nombreux problèmes. C'est ainsi que, les
irrégularités foncières et l'inégalité dans
l'accès, à l'habitat paraissent toujours non maitrisées
comme affirmait DZIONOU Y. (2001). Mais cette urbanisation se fait de
manière inégale d'une part entre les pays et de l'autre, entre
les villes d'un même pays soulignent PATRICK G. (1991) et LEONIDAS et al
(2011). Ainsi, les villes des pays côtiers sont fortement
urbanisées (40-50%) que ceux de l'intérieur du continent (moins
de 25%). En effet, le niveau d'urbanisation est plus élevé dans
ces pays côtiers parce qu'ils n'ont pas connu des crises sociopolitiques
majeures. Cette inégale urbanisation s'observe aussi au
niveau des villes d'un même pays où on constate une multiplication
des populations des villes capitales de l'Afrique de l'Ouest au
détriment des villes moyennes et petits centres. C'est le cas par
exemple de la ville de Niamey au Niger qui reçoit plus de nouveaux
citadins au désavantage des autres villes du pays affirme MOTCHO KOKOU
H. (1991).
La carte n°4 traduit de manière explicite la
multiplication rapide des centres villes de la région Ouest Africaine de
1950 à 2010.
3 Politique visant à résoudre de
façon définitive tous les problèmes liés au
processus d'urbanisation.
49
Figure 4 : Evolution du semi des villes en Afrique de
l'Ouest
Source : Africapolis 2009, Hassane A., 2015
En 1950 : 7,5% (taux
d'urbanisation) 125
agglomérations urbaines Population urbaine . · 4 millions
d'habitants
|
En 2000 : 31 % (taux
d'urbanisation) 992
agglomérations urbaines Population urbaine . · 78 millions
d'habitants
|
Il ressort de l'analyse de ces deux cartes que
l'évolution de la population urbaine au sein de l'Afrique de l'Ouest.
Ainsi, il est constaté une multiplication des centres urbains entre 1950
et 2000. Ces centres étaient passés de 125 en 1950 à 992
en 2000. Entre ces deux périodes, il est constaté une
évolution du taux d'urbanisation passant de 7,5% pour une population
estimée à 4 millions d'habitants à 31% pour une population
d'environ 78 millions d'habitant. Soit une multiplication du nombre de la
population par 19,5 en espace d'un demi-siècle.
Selon ERIC D. et FRANÇOIS M. (2009), cette population
urbaine continuera de croitre et la région comptera 500 nouvelles
agglomérations entre 2000 et 2020, qui atteindront le seuil de 10 000
habitants. L'Afrique de l'Ouest comptera alors autant d'agglomération
que l'Amérique du Nord. Pendant ce temps, la population urbaine
africaine atteindra 124 million d'habitants contre 74 million en 2000. Il
faudra donc compter 50 million d'habitants supplémentaires. A cet effet,
on assistera d'après ces auteurs à un métropolisation
marqué par la prolifération des petites agglomérations.
Cette reconfiguration rapide de la population a des incidences
considérables sur la géographie économique, les
comportements sociaux et alimentaires de la région ouest-africaine.
C'est ainsi que IDRISSA W. et al (2015), ont montré que l'urbanisation
est l'une des facteurs de la hausse des prix alimentaires dans les villes
d'Afrique de l'Ouest. En effet, du fait de l'inadéquation entre l'offre
et la demande alimentaire, les populations de ces villes assistent à la
cherté des prix des denrées alimentaires car, ces derniers sont
importés des zones rurales
50
qui connaissent une régression significative de leurs
rendements agricole dû au phénomène du changement
climatique que connait la région depuis quelques décennies. Ce
qui va conduire les acteurs du secteur agricole à promouvoir
l'agriculture urbaine plus intensive reposant sur l'investissement et
l'expertise d'opérateurs privés. C'est ainsi que l'étude
de HASSANE A. (2015) montre que l'urbanisation est l'un des enjeux majeurs du
développement économique de nos pays car permet l'extraversion
des économies rurales à travers la modernisation du secteur
agricole.
Le Niger à l'instar des autres pays de la
sous-région connaît une forte urbanisation. En effet, sur une
population évaluée en 1988 à 7 25 383 habitants, le Niger
comptait 1 113 582 personnes vivant dans des agglomérations de plus de 2
500 habitants. En 1960, Cette population était estimée à
190 000 personnes pour une population totale de 3 051 000 habitants. Entre ces
deux dates, la population urbaine a été multipliée par 3,
passant de 6,22 à 15,35 % souligne MOTCHO KOKOU H. (1991). Cette
croissance urbaine est selon l'auteur, le résultat de plusieurs facteurs
dont entre autres, le croit naturel, l'exode rural, l'annexion de certains
villages et de leur irritation en centre urbain. Cette urbanisation ajoute
MOTCHO, s'effectue de façon inégale entre différentes
villes du pays. En effet, c'est Niamey qui reçoit l'essentiel des
nouveaux citadins, du fait du poids de ses fonctions de capitale politique et
économique dans un pays où le secteur public continue à
jouer un rôle fondamental.
Né de la colonisation, la ville de Niamey comptait 1
730 habitants en 1931 ; vingt-deux ans plus tard, en 1953, sa population
était passée à 15 710 habitants soit une croissance
annuelle de 7%. A partir de 1970, ce taux augmente pour atteindre 10%. En 1988,
selon le résultat provisoire du recensement général de la
population, la capitale du Niger comptait 398 265 habitants ajoute MOTCHO KOKOU
H. (opp cit). Cette croissance s'est poursuivie pour atteindre 674 950
habitants en 2001 (RGP/H 2001) et plus de 1 500 000 aujourd'hui selon les
projections à partir du recensement 2012 qui estimait la population de
Niamey à 1 026 848 habitants. Ces chiffres expriment l'ampleur de la
croissance démographique de la ville de Niamey. Ce qui fait apparaitre
des disparités entre croissance de la population et besoins
d'encadrement techniques et financiers affirme MOTCHO KOKOU H. (2005). Et cela
amènera la population de la ville à adopter des comportements
contraires au model urbain choisis à travers l'invasion de la rue. Cette
invasion de la rue ajoute l'auteur, qu'elle soit légale ou pas, est un
facteur de mécontentements entre les autorités publiques et les
acteurs du secteur non structuré. C'est ainsi qu'on assiste à des
déguerpissements et arrestations de plusieurs ordres. C'est de cette
situation que sont victime actuellement les populations de la ville de Niamey
et de Zinder au Niger. Cette situation de déguerpissement permettra
selon les
51
autorités de la place de dégager les trottoirs
des principales voies de ces villes et d'éviter la pollution sonore au
niveau des écoles et établissements publics. Toutefois, cette
opération dont sont victime ses deux villes est source
d'insécurité. En effet, on constate une recrudescence des
attaques de populations par des malfrats pendant certaines heures de la
journée surtout les nuits. Et cela parce qu'aucune mesure
préalable d'éclairage public de ces espaces concernés par
l'opération n'a été prise.
Parallèlement à cette croissance
démographique, la ville s'étend de façon
démesurée affirment YAYE SAIDOU H. (2007) et NOMA A. (2011).
C'est ainsi qu'en espace de 50 ans, la superficie urbanisée de la ville
est passée de 800 ha en 1960 à plus de 12 000 aujourd'hui tandis
que la population est multipliée par 30 souligne HASSANE (2009). Cette
croissance spatiale de la ville qui est le résultat de l'essor
démographique va engendrer selon YAYE SAIDOU H. (opp cit),
l'éloignement des nouveaux quartiers au centre-ville. Ce qui
nécessite d'après elle, le développement du transport
urbain notamment, le transport collectif et cela dans le but d'atténuer
l'impact de la pollution sur l'environnement urbain.
En somme, il convient de noter que les villes d'Afrique de
l'Ouest connaissent une forte croissance urbaine rendant difficile les
politiques d'aménagement urbain. Cette croissance urbaine récente
a pris 3 formes : une densification des agglomérations existantes, un
étalement de ces agglomérations existantes et l'émergence
de nouvelles agglomérations, soit à partir de noyaux villageois
existants (urbanisation in situ), soit sous la forme de villes nouvelles
spécialement crées (urbanisation ex-nihilo), soit sous la forme
de rassemblements ou de concentrations non-planifiées donnant naissance
à de nouvelles agglomérations. Ces données remettent en
question la perception classique d'une croissance urbaine principalement issue
des migrations en provenance des zones rurales.
3.2. De l'urbanisation à la
précarité de l'énergie électrique à
Niamey
3.2.1. Urbanisation et enjeux de l'accès
à l'énergie électrique à Niamey
Selon les études de ROLAND P. (2001) et LOURDES D. ET
al (2001), la croissance démographique et spatiale des villes d'Afrique
de l'Ouest et l'insuffisance de moyens financiers sont responsables des
carences des équipements publics, de la médiocrité des
services urbains. En effet, les contrastes sociaux de l'espace urbain se lisent
dans l'état de la Voirie et des Réseaux Divers (VRD). Ainsi, une
ségrégation s'installe dans l'accès aux services urbains
et cela s'observe surtout dans l'inachèvement des infrastructures qui
pèsent
52
lourdement sur la vie de la majorité des habitants
confrontés quotidiennement aux revers de l'urbanisation affirme ROLAND P
(opp cit). Cette ségrégation ajoute l'auteur, se traduit par la
mise en place des infrastructures sociaux de base au niveau des centres villes
et leurs désertes dans les quartiers périphériques. En
effet, le réseau de distribution d'électricité ne desserve
qu'une partie des territoires urbains et présente des taux
d'équipement très variables d'un pays à l'autre ou d'une
ville à une autre. Cette situation d'insuffisance en infrastructure
électrique s'observe aussi dans la ville de Niamey où on constate
depuis quelques décennies une dynamique urbaine rendant le réseau
précaire à l'atteinte des besoins des populations. Ainsi, dans
l'étude menée par DAOUDA H. (2010), sur la dynamique actuelle du
centre-ville de Niamey, il fait le point sur l'archaïsme du réseau
électrique de cette unité urbaine. En effet, il démontre
les difficultés du service électrique à s'adapter à
la dynamique actuelle de la ville. Il montre également que ce
réseau électrique fut au paravent établi pour des
populations de moindre consommation électrique, alors qu'aujourd'hui le
caractère aérien du réseau ne va pas de pair avec la
hauteur du bâti du centre-ville. Il est donc nécessaire de
réhabiliter le réseau de façon à l'adapter aux
exigences du moment. Devant l'incapacité du réseau
électrique à suivre Cette dynamique urbaine, HALIDOU K. (2010)
avait traité du schéma directeur du réseau de distribution
électrique de la ville de Niamey. Ce qui lui a permis d'aboutir à
un schéma d'évolution pour le court, moyen et long terme. Pour ce
faire, il s'est intéressé aux données statistiques,
démographiques et économiques afin d'établir la projection
de la demande d'électricité de la ville de Niamey. Ainsi prenant
en compte les forces et faiblesses du réseau de distribution, il propose
des solutions permettant de faire face à l'évolution de la
charge.
Face à cette situation de défaillance de ce
service, quels sont les enjeux de l'accès à
l'électricité dans les grandes villes d'Afrique de l'Ouest ?
Comme dans les autres continents, l'accès à
l'énergie constitue la clef de voute du développement
socioéconomique. Du fait de son importance, plusieurs auteurs se sont
intéressés à cette thématique. Ainsi, LUCAS P.
(1997), souligne que l'accès à l'énergie représente
un double enjeu pour le continent africain : Celui de l'industrialisation, du
développement économique et de l'accès des populations
à un meilleur cadre de vie. Il dresse un panorama de la situation
énergétique du continent, évalue la demande et les
ressources disponibles, de son transport et de sa distribution. Ce rôle
primordial que joue l'électricité a amené les groupes
régionaux multisectoriels de la CEDEAO à Bamako en 2005 pour
l'adoption d'une stratégie visant à améliorer
l'accès aux services énergétiques. Cette
stratégie
53
vise la multiplication des sources d'approvisionnement
énergétique afin de permettre l'accès d'un plus grand
nombre des populations à l'électricité.
Dans le même ordre d'idée, SARAH B. (2006) avait
mis en débat un certain nombre des questions concernant l'analyse de la
demande des services essentiels dans les programmes de développement.
Cette étude démontre l'apport de l'énergie
électrique au développement des pays
sous-développés. A cet effet, KERRI E. et al (2008),
prévoient l'utilisation des ressources renouvelables pour le
renforcement de la sécurité énergétique, en
particulier pour les pays qui ne produisent pas du pétrole. Ce qui
permettrait de créer d'emplois et contribuer à la lutte contre la
pauvreté en améliorant l'accès à l'énergie
des populations isolées.
Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie (2004);
OMER T. et MAMA D. (2008) et AFRICA PROGRESS PANEL (2015), l'énergie
joue un rôle primordial pour le développement
socioéconomique des populations africaines, car elle permet de lutter
contre la pauvreté tant en milieu rural qu'urbain. En effet, la
croissance économique dépend aujourd'hui des services
énergétiques surtout pour les pays en développement. Elle
permet également de lutter contre le changement climatique à
travers l'utilisation des sources d'énergies renouvelables. Abondant
dans le même sens, CHRISTOPHE G. (2013), pense que l'énergie, dans
un contexte de développement, nécessite que soit pleinement
compris le rôle qu'elle joue dans l'amélioration des conditions de
vie des populations pauvres. L'énergie influence profondément le
bien être des individus, que ce soit à travers l'accès
à l'eau, la production agricole, la santé, l'éducation et
la création d'emplois ou la durabilité environnementale selon
ADEM (2014).
Pour QUOILIN S. (2008), les enjeux de l'accès à
l'énergie sont multiples sur la vie sociale car il est
généralement admis que l'accès à
l'électricité peut améliorer l'éducation des
enfants, génère des revenus supplémentaires et
réduire l'exode rurale. Pour cet auteur, l'électricité
joue également un rôle majeur pour le décollage industriel
des pays en développement. Par exemple en permettant la création
d'atelier d'usinage du métal, qui sert de pré requis à la
production d'éléments de machines. Il ajoute aussi qu'il y a une
corrélation entre la consommation d'énergie d'un pays et certains
indicateurs sociaux comme la mortalité infantile, la
fécondité et le taux d'alphabétisation car selon lui, une
consommation d'énergie supérieure va de pair avec un taux
d'alphabétisation supérieur. Ce point de vue de QUOILIN est
corroboré par le Groupe de la Banque Africaine du Développement
et de l'OCDE (2010), pour qui l'accès à une offre
d'énergie de qualité permet d'améliorer substantiellement
les conditions de vie des populations car, elle favorise la lutte contre la
faim et la malnutrition grâce à la cuisson et la
préservation des aliments par les réfrigérations, à
l'amélioration de la
54
productivités au sein de la chaine alimentaire et au
développement de mode de production agricole moderne. Il constitue un
élément essentiel de progrès sanitaire via
l'amélioration de l'hygiène alimentaire et le perfectionnement
des équipements médicaux. Il ajoute aussi qu'une meilleure offre
d'énergie permettra à l'Etat d'offrir des services
d'éducation, de sante et de communication à meilleur coût
et en plus grande quantité à la population. Selon ce groupe,
l'accès à l'énergie favorise également la
circulation de l'information, élément essentiel de prise de
décisions politiques. Elle permet ainsi de cibler les populations dans
les besoins et de faire un choix éclairé des politiques les mieux
adaptées au contexte local et national. Cette réciprocité
de la circulation de l'information et l'amélioration des conditions de
vie des populations favorise d'après toujours ce groupe le
développement de la participation des populations aux choix nationaux,
pouvant permettre un approfondissement du caractère démocratique
des institutions. Ce qui poussera ainsi les autorités à plus de
transparence et de responsabilité dans leurs décisions.
En 2010, l'assemblée générale des Nations
Unis qui avait déclaré l'année 2012, comme année
internationale de l'énergie durable pour tous, reconnait que
l'accès à des services énergétiques fiables et
à des coûts supportables dans les pays en développement
soit capital pour la réalisation des Objectifs de Développement
Durable (ODD), car permettrait de réduire la pauvreté et
améliorer les conditions de vie des populations. En 2012, une
deuxième commission de cette assemblée a approuvé un
projet de résolution beaucoup plus performant surtout dans un souci de
préserver l'environnement. Cela est relatif à la promotion des
sources d'énergie renouvelables. C'est dans cette optique que la
décennie 2014-2023 est déclarée comme la «
décennie internationale de l'énergie durable pour tous
». L'objectif est d'accroitre le développement des
énergies renouvelables en vue de permettre l'accès de tous aux
services énergétiques modernes. D'après ces études
l'accès aux services énergétiques moderne a un impact
positif sur les services sociaux de base et favorisera la croissance des
activités productives.
Cette analyse de la bibliographie sur les enjeux de
l'accès à l'énergie montre que l'électricité
constitue un moteur indispensable pour le développement
socio-économique d'un territoire. Ainsi, l'accès à
l'énergie s'accompagne de l'amélioration des conditions de vie et
de santé notamment grâce à un meilleur approvisionnement en
eau et un développement des télécommunications et de
progrès éducatifs et sanitaires. Elle peut donc contribuer
à la réduction de la pauvreté. L'électricité
participe également à la création et au
développement d'activités indispensables à la croissance
économique comme le souligne EDF (2014). Elle
55
permet également l'accroissement de la participation
des populations aux prises de décisions politiques.
3.2.2. Urbanisation et besoin en énergie
électrique à Niamey
On estime que pour l'ensemble du Niger, les populations
urbaines augmentent actuellement au rythme de 4 à 5 % par an et qu'elles
doublent en l'espace d'une quinzaine d'années, ce qui représente
un rythme d'accroissement environ deux fois plus rapide que celui de la
population totale de l'ensemble du pays souligne MOTCHO KOKOU H. (opp cit).
Pour cet auteur, dans ce taux global d'accroissement des populations urbaines,
la croissance démographique de Niamey est beaucoup plus
élevée que celle des autres villes du Niger. C'est ainsi qu'entre
1977 et 2001, la population de Niamey a été multipliée par
trois (3), passant de 242 973 à 674 950 habitants. En 2012, selon les
données statistiques de l'Institut National de la Statistique (INS), la
population de la ville de Niamey était estimée à 1 011 277
habitants ; ce qui donne un taux de croissance de 7,3 % d'après INS
(2014).
La figure n°4 donne une explication de l'évolution
de la population de la ville depuis l'époque coloniale jusqu'à
2020.
Figure 5 : Evolution de la population de
Niamey
1200000 1000000 800000 600000 400000 200000
0
1930 1953 1977 1988 2001 2012
2020
Cette remarquable évolution de la population est le
résultat de trois facteurs : d'une part le taux élevé de
la natalité qui est de 3,1% auquel s'ajoute un allongement de
l'espérance de vie de la population, d'autre part l'annexion de certains
villages et l'apport de l'exode rural. Selon MOTCHO KOKOU. H. (2005), ce
dernier phénomène est actuellement responsable de l'augmentation
de la population de la capitale. Il est aussi responsable de l'arrivée
annuelle d'environ 30 000 nouveaux Niaméens provenant de la campagne.
Pour YAYE SAIDOU H. (2007), et la NIGELEC (2016), cette
urbanisation galopante de la ville ne va pas sans poser des problèmes en
terme de besoins pour un bon cadre de vie (accessibilité à
l'énergie électrique, logements descentes, besoins de transport,
éducation,
56
santé, et autres équipements sociaux). En effet,
ces dernières années, la ville de Niamey (notamment les quartiers
périphériques tels que Niamey 2000, Aéroport, Talladje,
Kirkissoye, Banga Bana, Zarmagandeye, Koubia, Nordiré etc.), a connu un
étalement urbain accéléré et
incontrôlé, entrainant du coup un accroissement des besoins des
services urbains, notamment dans le secteur de l'énergie
électrique. Ainsi, sur la période allant de 2004 à 2014,
le nombre total d'abonnés à la NIGELEC (pour la ville de Niamey)
est passé de 59 538 à 114 754, soit une augmentation annuelle
d'environ 5 480 abonnés et un taux de croissance moyenne annuel
équivalent de 7%. Mais ce taux varie de 4% à 12% durant cette
même période. Ainsi, en 2014, la ville de Niamey a consommé
477 GWh (Gigawatt heure) pour une pointe de charge de 111,6 MW
(Mégawatheure) comme l'illustre le tableau n°1.
Tableau 1 : Evolution de la consommation et de la
pointe de charge de Niamey
Année
|
ventes nettes en KWh
|
pointe de charge
|
Basse Tension
|
Moyenne Tension
|
TOTAL
|
Taux
d'évolution
|
MW
|
2004
|
113 288 179
|
88 963 905
|
202 252 084
|
|
47
|
2005
|
127 117 806
|
97 659 558
|
224 777 364
|
11%
|
51
|
2006
|
140 168 352
|
103 974 880
|
244 143 232
|
9%
|
57
|
2007
|
157 830 762
|
103 364 221
|
261 194 983
|
7%
|
64
|
2008
|
164 445 424
|
105 576 776
|
270 022 200
|
3%
|
67
|
2009
|
193 249 099
|
115 846 727
|
309 095 826
|
14%
|
71
|
2010
|
211 582 185
|
117 441 429
|
329 023 614
|
6%
|
76
|
2011
|
228 289 351
|
121 622 266
|
349 911 617
|
6%
|
77
|
2012
|
262 839 621
|
132 220 072
|
395 059 693
|
13%
|
97
|
2013
|
283 507 382
|
133 816 814
|
417 324 196
|
6%
|
102
|
2014
|
327 882 564
|
148 787 704
|
476 670 268
|
14%
|
112
|
Source : NIGELEC, 2016
Ce tableau n°1 montre que la consommation en
énergie électrique de la ville de Niamey a été
multipliée par environ 2,3 fois en 11 années passant de 202 GWh
en 2004 à 477 GWh en 2014 soit un taux de croissance moyen annuel de 9 %
(NIGELEC, 2016) alors que les besoins restent toujours insatisfaits. Durant
cette même période le taux de desserte de la ville est
passé de 44 % à 63 %, soit une hausse annuelle moyenne de 2
points, comme l'indique sur le tableau 2.
57
Tableau 2 : Evolution du taux de desserte en
électricité de la ville de Niamey
Année
|
Population
|
Ménages
|
Nombre total d'abonnés Basse Tension
|
Taux de desserte
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2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
932 574
976 405
812 537
850 726
890 711
1 022 296
1 070 344
1 120 650
1 011 277
1 056 627
1 087 269
135 423
141 788
148 452
155 429
162 734
170 383
178 391
186 775
171 141
176 104
181 211
59 538
64 427
72 371
76 304
92 542
98 156
80 626
84 538
88 019
106 344
114 129
44%
45%
49%
49%
49%
50%
50%
50%
57%
60%
63%
Source : NIGELEC, 2016
A travers le tableau n°2, on constate une augmentation du
nombre d'abonnés. Ce qui a pour corollaire l'augmentation du taux de
desserte de la ville. Cette situation peut s'expliquer par la croissance
démographique de la ville et l'amélioration des conditions de vie
des populations. Elle est aussi responsable de l'évolution croissante de
la consommation d'énergie de la ville de Niamey.
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