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Urbanisation et précarité de l’énergie électrique dans les grandes villes d’Afrique de l’ouest. Exemple de Niamey au Niger (analyse bibliographique.


par Abassa Abdourazack Niandou
Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger - Master II Aménagement des espaces urbains 2017
  

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Conclusion partielle :

Au terme de ce chapitre, on constate une diversification de la documentation. Mais, cette dernière est surtout dominée par des auteurs internationaux que nationaux dû principalement à l'insuffisance des écrits sur la question de l'énergie électrique.

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CHAPITRE III : ANALYSE DE LA DYNAMIQUE
URBAINE ET DE LA PRECARITE DE L'ENERGIE
ELECTRIQUE DANS LES GRANDES VILLES
D'AFRIQUE DE L'OUEST

Depuis l'époque coloniale en Afrique de l'Ouest, on assiste à la multiplication des centres urbains. Ainsi, plusieurs villes à travers l'espace Ouest Africain dont, Niamey ont vu le jour durant cette période. La ville de Niamey, capitale du Niger, connait une urbanisation mal maitrisée. Cette urbanisation ajoutée à d'autres phénomènes n'est pas sans conséquence sur l'offre des services urbains surtout celle du secteur de l'énergie électrique.

3.1. Le processus d'urbanisation en Afrique de l'Ouest

La région Ouest africaine connait depuis quelques décennies une forte urbanisation. En effet l'étude de THOMAS A. (2012), montre que l'Afrique de l'Ouest s'est fortement urbanisée depuis 1960. Ainsi, la population urbaine de l'ensemble de la région est passée d'un peu plus de 12 million en 1960 à près de 117 million en 2010, soit une multiplication par 10 en 50 ans. Le poids relatif de la population urbaine par rapport à la population rurale est aussi passé de 1/6 en 1960 pour presque atteindre la parité urbaine en 2010. D'après cet auteur, cette forte urbanisation de la région est la conséquence d'un taux de croissance élevé durant ces dernières décennies. Ce qui prouvera que la région est dans une première phase de transition démographique et cela se caractérise par une réduction de la mortalité et le maintien d'un taux de natalité élevé.

Même si l'Afrique de l'Ouest demeure l'une des régions les moins urbanisées, sa population urbaine (39 %) s'accroit sans discontinue bien que les facteurs de cette croissance soient différents selon les périodes. Elle est l'une de celles où la croissance urbaine est de plus rapide au monde d'après une étude du Centre Française sur la Population et le Développement (1999) et BALLA S. (2009). Ce qui, selon BALLA (Opp cit) donnera une nouvelle forme à la ville par sa division en deux sous-ensemble : d'une part la « ville indigène » et de l'autre la « ville blanche » avant les indépendances, puis aujourd'hui, « ville légale » et «ville illégale ». En effet, cette morphologie est fondée sur les différentiations socioéconomiques des quartiers et de leurs habitats dont, on a le centre-ville et péricentral où les infrastructures sont au rendez-vous et la périphérie dans laquelle habitent les populations démunies. On assiste alors

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à la montée du chômage, à la faiblesse d'accès aux services et infrastructures de bases, à l'informalisation généralisée, à la promiscuité et au développement anarchique de vastes quartiers spontanés et des bidonvilles. C'est le cas par exemple de la ville de Kigali au Rouanda où, l'étude de VINCENT M. (2011) montre que 70 % de ses quartiers restent spontanés.

Le caractère du phénomène urbain de l'Afrique subsaharienne, rapide et récent, a battu les records de croissances urbaines souligne ROLAND P. (2001). Ce qui posera d'énormes problèmes surtout en termes d'urbanisme comme l'affirme PHILIPPE H. (1970). Pour cet auteur, ses problèmes d'urbanisme seront difficiles à résoudre parce que ces villes d'Afrique noire n'ont pas de moyens pour mener à bien une politique de rattrapage3.

Selon les études d'AFRICAPOLIS (2008), l'urbanisation de l'Afrique de l'Ouest a commencé pendant la deuxième guerre mondiale et avait progressivement pris d'ampleur au fil des années. D'après ces études, cette urbanisation est due principalement au croit naturel des villes et l'émergence des nouvelles agglomérations. Cependant, elle se diffère de celle qu'ont connu les pays développés car c'est une urbanisation qui ne s'accompagne pas par des infrastructures industrielles et du coup, expose les citadins à des nombreux problèmes. C'est ainsi que, les irrégularités foncières et l'inégalité dans l'accès, à l'habitat paraissent toujours non maitrisées comme affirmait DZIONOU Y. (2001). Mais cette urbanisation se fait de manière inégale d'une part entre les pays et de l'autre, entre les villes d'un même pays soulignent PATRICK G. (1991) et LEONIDAS et al (2011). Ainsi, les villes des pays côtiers sont fortement urbanisées (40-50%) que ceux de l'intérieur du continent (moins de 25%). En effet, le niveau d'urbanisation est plus élevé dans ces pays côtiers parce qu'ils n'ont pas connu des crises sociopolitiques majeures. Cette inégale urbanisation s'observe aussi au niveau des villes d'un même pays où on constate une multiplication des populations des villes capitales de l'Afrique de l'Ouest au détriment des villes moyennes et petits centres. C'est le cas par exemple de la ville de Niamey au Niger qui reçoit plus de nouveaux citadins au désavantage des autres villes du pays affirme MOTCHO KOKOU H. (1991).

La carte n°4 traduit de manière explicite la multiplication rapide des centres villes de la région Ouest Africaine de 1950 à 2010.

3 Politique visant à résoudre de façon définitive tous les problèmes liés au processus d'urbanisation.

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Figure 4 : Evolution du semi des villes en Afrique de l'Ouest

Source : Africapolis 2009, Hassane A., 2015

En 1950 : 7,5% (taux

d'urbanisation) 125 agglomérations urbaines Population urbaine .
· 4 millions d'habitants

En 2000 : 31 % (taux

d'urbanisation) 992 agglomérations urbaines Population urbaine .
· 78 millions d'habitants

Il ressort de l'analyse de ces deux cartes que l'évolution de la population urbaine au sein de l'Afrique de l'Ouest. Ainsi, il est constaté une multiplication des centres urbains entre 1950 et 2000. Ces centres étaient passés de 125 en 1950 à 992 en 2000. Entre ces deux périodes, il est constaté une évolution du taux d'urbanisation passant de 7,5% pour une population estimée à 4 millions d'habitants à 31% pour une population d'environ 78 millions d'habitant. Soit une multiplication du nombre de la population par 19,5 en espace d'un demi-siècle.

Selon ERIC D. et FRANÇOIS M. (2009), cette population urbaine continuera de croitre et la région comptera 500 nouvelles agglomérations entre 2000 et 2020, qui atteindront le seuil de 10 000 habitants. L'Afrique de l'Ouest comptera alors autant d'agglomération que l'Amérique du Nord. Pendant ce temps, la population urbaine africaine atteindra 124 million d'habitants contre 74 million en 2000. Il faudra donc compter 50 million d'habitants supplémentaires. A cet effet, on assistera d'après ces auteurs à un métropolisation marqué par la prolifération des petites agglomérations.

Cette reconfiguration rapide de la population a des incidences considérables sur la géographie économique, les comportements sociaux et alimentaires de la région ouest-africaine. C'est ainsi que IDRISSA W. et al (2015), ont montré que l'urbanisation est l'une des facteurs de la hausse des prix alimentaires dans les villes d'Afrique de l'Ouest. En effet, du fait de l'inadéquation entre l'offre et la demande alimentaire, les populations de ces villes assistent à la cherté des prix des denrées alimentaires car, ces derniers sont importés des zones rurales

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qui connaissent une régression significative de leurs rendements agricole dû au phénomène du changement climatique que connait la région depuis quelques décennies. Ce qui va conduire les acteurs du secteur agricole à promouvoir l'agriculture urbaine plus intensive reposant sur l'investissement et l'expertise d'opérateurs privés. C'est ainsi que l'étude de HASSANE A. (2015) montre que l'urbanisation est l'un des enjeux majeurs du développement économique de nos pays car permet l'extraversion des économies rurales à travers la modernisation du secteur agricole.

Le Niger à l'instar des autres pays de la sous-région connaît une forte urbanisation. En effet, sur une population évaluée en 1988 à 7 25 383 habitants, le Niger comptait 1 113 582 personnes vivant dans des agglomérations de plus de 2 500 habitants. En 1960, Cette population était estimée à 190 000 personnes pour une population totale de 3 051 000 habitants. Entre ces deux dates, la population urbaine a été multipliée par 3, passant de 6,22 à 15,35 % souligne MOTCHO KOKOU H. (1991). Cette croissance urbaine est selon l'auteur, le résultat de plusieurs facteurs dont entre autres, le croit naturel, l'exode rural, l'annexion de certains villages et de leur irritation en centre urbain. Cette urbanisation ajoute MOTCHO, s'effectue de façon inégale entre différentes villes du pays. En effet, c'est Niamey qui reçoit l'essentiel des nouveaux citadins, du fait du poids de ses fonctions de capitale politique et économique dans un pays où le secteur public continue à jouer un rôle fondamental.

Né de la colonisation, la ville de Niamey comptait 1 730 habitants en 1931 ; vingt-deux ans plus tard, en 1953, sa population était passée à 15 710 habitants soit une croissance annuelle de 7%. A partir de 1970, ce taux augmente pour atteindre 10%. En 1988, selon le résultat provisoire du recensement général de la population, la capitale du Niger comptait 398 265 habitants ajoute MOTCHO KOKOU H. (opp cit). Cette croissance s'est poursuivie pour atteindre 674 950 habitants en 2001 (RGP/H 2001) et plus de 1 500 000 aujourd'hui selon les projections à partir du recensement 2012 qui estimait la population de Niamey à 1 026 848 habitants. Ces chiffres expriment l'ampleur de la croissance démographique de la ville de Niamey. Ce qui fait apparaitre des disparités entre croissance de la population et besoins d'encadrement techniques et financiers affirme MOTCHO KOKOU H. (2005). Et cela amènera la population de la ville à adopter des comportements contraires au model urbain choisis à travers l'invasion de la rue. Cette invasion de la rue ajoute l'auteur, qu'elle soit légale ou pas, est un facteur de mécontentements entre les autorités publiques et les acteurs du secteur non structuré. C'est ainsi qu'on assiste à des déguerpissements et arrestations de plusieurs ordres. C'est de cette situation que sont victime actuellement les populations de la ville de Niamey et de Zinder au Niger. Cette situation de déguerpissement permettra selon les

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autorités de la place de dégager les trottoirs des principales voies de ces villes et d'éviter la pollution sonore au niveau des écoles et établissements publics. Toutefois, cette opération dont sont victime ses deux villes est source d'insécurité. En effet, on constate une recrudescence des attaques de populations par des malfrats pendant certaines heures de la journée surtout les nuits. Et cela parce qu'aucune mesure préalable d'éclairage public de ces espaces concernés par l'opération n'a été prise.

Parallèlement à cette croissance démographique, la ville s'étend de façon démesurée affirment YAYE SAIDOU H. (2007) et NOMA A. (2011). C'est ainsi qu'en espace de 50 ans, la superficie urbanisée de la ville est passée de 800 ha en 1960 à plus de 12 000 aujourd'hui tandis que la population est multipliée par 30 souligne HASSANE (2009). Cette croissance spatiale de la ville qui est le résultat de l'essor démographique va engendrer selon YAYE SAIDOU H. (opp cit), l'éloignement des nouveaux quartiers au centre-ville. Ce qui nécessite d'après elle, le développement du transport urbain notamment, le transport collectif et cela dans le but d'atténuer l'impact de la pollution sur l'environnement urbain.

En somme, il convient de noter que les villes d'Afrique de l'Ouest connaissent une forte croissance urbaine rendant difficile les politiques d'aménagement urbain. Cette croissance urbaine récente a pris 3 formes : une densification des agglomérations existantes, un étalement de ces agglomérations existantes et l'émergence de nouvelles agglomérations, soit à partir de noyaux villageois existants (urbanisation in situ), soit sous la forme de villes nouvelles spécialement crées (urbanisation ex-nihilo), soit sous la forme de rassemblements ou de concentrations non-planifiées donnant naissance à de nouvelles agglomérations. Ces données remettent en question la perception classique d'une croissance urbaine principalement issue des migrations en provenance des zones rurales.

3.2. De l'urbanisation à la précarité de l'énergie électrique à Niamey

3.2.1. Urbanisation et enjeux de l'accès à l'énergie électrique à Niamey

Selon les études de ROLAND P. (2001) et LOURDES D. ET al (2001), la croissance démographique et spatiale des villes d'Afrique de l'Ouest et l'insuffisance de moyens financiers sont responsables des carences des équipements publics, de la médiocrité des services urbains. En effet, les contrastes sociaux de l'espace urbain se lisent dans l'état de la Voirie et des Réseaux Divers (VRD). Ainsi, une ségrégation s'installe dans l'accès aux services urbains et cela s'observe surtout dans l'inachèvement des infrastructures qui pèsent

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lourdement sur la vie de la majorité des habitants confrontés quotidiennement aux revers de l'urbanisation affirme ROLAND P (opp cit). Cette ségrégation ajoute l'auteur, se traduit par la mise en place des infrastructures sociaux de base au niveau des centres villes et leurs désertes dans les quartiers périphériques. En effet, le réseau de distribution d'électricité ne desserve qu'une partie des territoires urbains et présente des taux d'équipement très variables d'un pays à l'autre ou d'une ville à une autre. Cette situation d'insuffisance en infrastructure électrique s'observe aussi dans la ville de Niamey où on constate depuis quelques décennies une dynamique urbaine rendant le réseau précaire à l'atteinte des besoins des populations. Ainsi, dans l'étude menée par DAOUDA H. (2010), sur la dynamique actuelle du centre-ville de Niamey, il fait le point sur l'archaïsme du réseau électrique de cette unité urbaine. En effet, il démontre les difficultés du service électrique à s'adapter à la dynamique actuelle de la ville. Il montre également que ce réseau électrique fut au paravent établi pour des populations de moindre consommation électrique, alors qu'aujourd'hui le caractère aérien du réseau ne va pas de pair avec la hauteur du bâti du centre-ville. Il est donc nécessaire de réhabiliter le réseau de façon à l'adapter aux exigences du moment. Devant l'incapacité du réseau électrique à suivre Cette dynamique urbaine, HALIDOU K. (2010) avait traité du schéma directeur du réseau de distribution électrique de la ville de Niamey. Ce qui lui a permis d'aboutir à un schéma d'évolution pour le court, moyen et long terme. Pour ce faire, il s'est intéressé aux données statistiques, démographiques et économiques afin d'établir la projection de la demande d'électricité de la ville de Niamey. Ainsi prenant en compte les forces et faiblesses du réseau de distribution, il propose des solutions permettant de faire face à l'évolution de la charge.

Face à cette situation de défaillance de ce service, quels sont les enjeux de l'accès à l'électricité dans les grandes villes d'Afrique de l'Ouest ?

Comme dans les autres continents, l'accès à l'énergie constitue la clef de voute du développement socioéconomique. Du fait de son importance, plusieurs auteurs se sont intéressés à cette thématique. Ainsi, LUCAS P. (1997), souligne que l'accès à l'énergie représente un double enjeu pour le continent africain : Celui de l'industrialisation, du développement économique et de l'accès des populations à un meilleur cadre de vie. Il dresse un panorama de la situation énergétique du continent, évalue la demande et les ressources disponibles, de son transport et de sa distribution. Ce rôle primordial que joue l'électricité a amené les groupes régionaux multisectoriels de la CEDEAO à Bamako en 2005 pour l'adoption d'une stratégie visant à améliorer l'accès aux services énergétiques. Cette stratégie

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vise la multiplication des sources d'approvisionnement énergétique afin de permettre l'accès d'un plus grand nombre des populations à l'électricité.

Dans le même ordre d'idée, SARAH B. (2006) avait mis en débat un certain nombre des questions concernant l'analyse de la demande des services essentiels dans les programmes de développement. Cette étude démontre l'apport de l'énergie électrique au développement des pays sous-développés. A cet effet, KERRI E. et al (2008), prévoient l'utilisation des ressources renouvelables pour le renforcement de la sécurité énergétique, en particulier pour les pays qui ne produisent pas du pétrole. Ce qui permettrait de créer d'emplois et contribuer à la lutte contre la pauvreté en améliorant l'accès à l'énergie des populations isolées.

Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie (2004); OMER T. et MAMA D. (2008) et AFRICA PROGRESS PANEL (2015), l'énergie joue un rôle primordial pour le développement socioéconomique des populations africaines, car elle permet de lutter contre la pauvreté tant en milieu rural qu'urbain. En effet, la croissance économique dépend aujourd'hui des services énergétiques surtout pour les pays en développement. Elle permet également de lutter contre le changement climatique à travers l'utilisation des sources d'énergies renouvelables. Abondant dans le même sens, CHRISTOPHE G. (2013), pense que l'énergie, dans un contexte de développement, nécessite que soit pleinement compris le rôle qu'elle joue dans l'amélioration des conditions de vie des populations pauvres. L'énergie influence profondément le bien être des individus, que ce soit à travers l'accès à l'eau, la production agricole, la santé, l'éducation et la création d'emplois ou la durabilité environnementale selon ADEM (2014).

Pour QUOILIN S. (2008), les enjeux de l'accès à l'énergie sont multiples sur la vie sociale car il est généralement admis que l'accès à l'électricité peut améliorer l'éducation des enfants, génère des revenus supplémentaires et réduire l'exode rurale. Pour cet auteur, l'électricité joue également un rôle majeur pour le décollage industriel des pays en développement. Par exemple en permettant la création d'atelier d'usinage du métal, qui sert de pré requis à la production d'éléments de machines. Il ajoute aussi qu'il y a une corrélation entre la consommation d'énergie d'un pays et certains indicateurs sociaux comme la mortalité infantile, la fécondité et le taux d'alphabétisation car selon lui, une consommation d'énergie supérieure va de pair avec un taux d'alphabétisation supérieur. Ce point de vue de QUOILIN est corroboré par le Groupe de la Banque Africaine du Développement et de l'OCDE (2010), pour qui l'accès à une offre d'énergie de qualité permet d'améliorer substantiellement les conditions de vie des populations car, elle favorise la lutte contre la faim et la malnutrition grâce à la cuisson et la préservation des aliments par les réfrigérations, à l'amélioration de la

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productivités au sein de la chaine alimentaire et au développement de mode de production agricole moderne. Il constitue un élément essentiel de progrès sanitaire via l'amélioration de l'hygiène alimentaire et le perfectionnement des équipements médicaux. Il ajoute aussi qu'une meilleure offre d'énergie permettra à l'Etat d'offrir des services d'éducation, de sante et de communication à meilleur coût et en plus grande quantité à la population. Selon ce groupe, l'accès à l'énergie favorise également la circulation de l'information, élément essentiel de prise de décisions politiques. Elle permet ainsi de cibler les populations dans les besoins et de faire un choix éclairé des politiques les mieux adaptées au contexte local et national. Cette réciprocité de la circulation de l'information et l'amélioration des conditions de vie des populations favorise d'après toujours ce groupe le développement de la participation des populations aux choix nationaux, pouvant permettre un approfondissement du caractère démocratique des institutions. Ce qui poussera ainsi les autorités à plus de transparence et de responsabilité dans leurs décisions.

En 2010, l'assemblée générale des Nations Unis qui avait déclaré l'année 2012, comme année internationale de l'énergie durable pour tous, reconnait que l'accès à des services énergétiques fiables et à des coûts supportables dans les pays en développement soit capital pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), car permettrait de réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations. En 2012, une deuxième commission de cette assemblée a approuvé un projet de résolution beaucoup plus performant surtout dans un souci de préserver l'environnement. Cela est relatif à la promotion des sources d'énergie renouvelables. C'est dans cette optique que la décennie 2014-2023 est déclarée comme la « décennie internationale de l'énergie durable pour tous ». L'objectif est d'accroitre le développement des énergies renouvelables en vue de permettre l'accès de tous aux services énergétiques modernes. D'après ces études l'accès aux services énergétiques moderne a un impact positif sur les services sociaux de base et favorisera la croissance des activités productives.

Cette analyse de la bibliographie sur les enjeux de l'accès à l'énergie montre que l'électricité constitue un moteur indispensable pour le développement socio-économique d'un territoire. Ainsi, l'accès à l'énergie s'accompagne de l'amélioration des conditions de vie et de santé notamment grâce à un meilleur approvisionnement en eau et un développement des télécommunications et de progrès éducatifs et sanitaires. Elle peut donc contribuer à la réduction de la pauvreté. L'électricité participe également à la création et au développement d'activités indispensables à la croissance économique comme le souligne EDF (2014). Elle

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permet également l'accroissement de la participation des populations aux prises de décisions politiques.

3.2.2. Urbanisation et besoin en énergie électrique à Niamey

On estime que pour l'ensemble du Niger, les populations urbaines augmentent actuellement au rythme de 4 à 5 % par an et qu'elles doublent en l'espace d'une quinzaine d'années, ce qui représente un rythme d'accroissement environ deux fois plus rapide que celui de la population totale de l'ensemble du pays souligne MOTCHO KOKOU H. (opp cit). Pour cet auteur, dans ce taux global d'accroissement des populations urbaines, la croissance démographique de Niamey est beaucoup plus élevée que celle des autres villes du Niger. C'est ainsi qu'entre 1977 et 2001, la population de Niamey a été multipliée par trois (3), passant de 242 973 à 674 950 habitants. En 2012, selon les données statistiques de l'Institut National de la Statistique (INS), la population de la ville de Niamey était estimée à 1 011 277 habitants ; ce qui donne un taux de croissance de 7,3 % d'après INS (2014).

La figure n°4 donne une explication de l'évolution de la population de la ville depuis l'époque coloniale jusqu'à 2020.

Figure 5 : Evolution de la population de Niamey

1200000 1000000 800000 600000 400000 200000 0

1930 1953 1977 1988 2001 2012

2020

Cette remarquable évolution de la population est le résultat de trois facteurs : d'une part le taux élevé de la natalité qui est de 3,1% auquel s'ajoute un allongement de l'espérance de vie de la population, d'autre part l'annexion de certains villages et l'apport de l'exode rural. Selon MOTCHO KOKOU. H. (2005), ce dernier phénomène est actuellement responsable de l'augmentation de la population de la capitale. Il est aussi responsable de l'arrivée annuelle d'environ 30 000 nouveaux Niaméens provenant de la campagne.

Pour YAYE SAIDOU H. (2007), et la NIGELEC (2016), cette urbanisation galopante de la ville ne va pas sans poser des problèmes en terme de besoins pour un bon cadre de vie (accessibilité à l'énergie électrique, logements descentes, besoins de transport, éducation,

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santé, et autres équipements sociaux). En effet, ces dernières années, la ville de Niamey (notamment les quartiers périphériques tels que Niamey 2000, Aéroport, Talladje, Kirkissoye, Banga Bana, Zarmagandeye, Koubia, Nordiré etc.), a connu un étalement urbain accéléré et incontrôlé, entrainant du coup un accroissement des besoins des services urbains, notamment dans le secteur de l'énergie électrique. Ainsi, sur la période allant de 2004 à 2014, le nombre total d'abonnés à la NIGELEC (pour la ville de Niamey) est passé de 59 538 à 114 754, soit une augmentation annuelle d'environ 5 480 abonnés et un taux de croissance moyenne annuel équivalent de 7%. Mais ce taux varie de 4% à 12% durant cette même période. Ainsi, en 2014, la ville de Niamey a consommé 477 GWh (Gigawatt heure) pour une pointe de charge de 111,6 MW (Mégawatheure) comme l'illustre le tableau n°1.

Tableau 1 : Evolution de la consommation et de la pointe de charge de Niamey

Année

ventes nettes en KWh

pointe de charge

Basse Tension

Moyenne Tension

TOTAL

Taux

d'évolution

MW

2004

113 288 179

88 963 905

202 252 084

 

47

2005

127 117 806

97 659 558

224 777 364

11%

51

2006

140 168 352

103 974 880

244 143 232

9%

57

2007

157 830 762

103 364 221

261 194 983

7%

64

2008

164 445 424

105 576 776

270 022 200

3%

67

2009

193 249 099

115 846 727

309 095 826

14%

71

2010

211 582 185

117 441 429

329 023 614

6%

76

2011

228 289 351

121 622 266

349 911 617

6%

77

2012

262 839 621

132 220 072

395 059 693

13%

97

2013

283 507 382

133 816 814

417 324 196

6%

102

2014

327 882 564

148 787 704

476 670 268

14%

112

Source : NIGELEC, 2016

Ce tableau n°1 montre que la consommation en énergie électrique de la ville de Niamey a été multipliée par environ 2,3 fois en 11 années passant de 202 GWh en 2004 à 477 GWh en 2014 soit un taux de croissance moyen annuel de 9 % (NIGELEC, 2016) alors que les besoins restent toujours insatisfaits. Durant cette même période le taux de desserte de la ville est passé de 44 % à 63 %, soit une hausse annuelle moyenne de 2 points, comme l'indique sur le tableau 2.

57

Tableau 2 : Evolution du taux de desserte en électricité de la ville de Niamey

Année

Population

Ménages

Nombre total d'abonnés Basse Tension

Taux de desserte

 
 
 
 

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

932 574

976 405

812 537

850 726

890 711

1 022 296

1 070 344

1 120 650

1 011 277

1 056 627

1 087 269

135 423

141 788

148 452

155 429

162 734

170 383

178 391

186 775

171 141

176 104

181 211

59 538

64 427

72 371

76 304

92 542

98 156

80 626

84 538

88 019

106 344

114 129

44%

45%

49%

49%

49%

50%

50%

50%

57%

60%

63%

Source : NIGELEC, 2016

A travers le tableau n°2, on constate une augmentation du nombre d'abonnés. Ce qui a pour corollaire l'augmentation du taux de desserte de la ville. Cette situation peut s'expliquer par la croissance démographique de la ville et l'amélioration des conditions de vie des populations. Elle est aussi responsable de l'évolution croissante de la consommation d'énergie de la ville de Niamey.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein