Audit de la communication interne de l’administration centrale du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.par Nouridine AMAO Université Félix Houphoet Boigny Abidjan Côte d'Ivoire - Master en sciences de l'information et de la communication 2018 |
CHAPITRE 7 : DISCUSSION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS7.1. Discussion des résultatsCe travail de recherche visait à faire un état des lieux de la communication interne de l'administration centrale du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, pour comprendre les pratiques communicationnelles qui s'y déroulent. L'analyse et l'interprétation des résultats permettent de dire que le MESRS pratique la communication interne en son sein. Toutefois, cette communication n'est pas de très bon niveau selon les acteurs questionnés. Si des efforts sont faits dans le sens de maintenir et améliorer la communication interne, force cependant est de constater qu'elle n'est pas bien lotie. Et comme dans toutes les organisations, la communication interne continue d'être le parent pauvre de la communication en entreprise. Or, la communication interne n'est pas à l'image de la communication externe qui vise un public externe et est fait dans un but de promotion de l'organisation et ses activités. La communication interne porte sur un champ plus social. En effet, elle met l'accent sur la culture commune de l'organisation, le développement du sentiment d'appartenance, créer du lien au sein du collectif et développer la considération du personnel. La communication interne doit aider à développer une démarche participative pour une grande implication des uns et des autres au processus de prise de décision. Cette communication revêt des enjeux si importants pour l'organisation qu'elle est très souvent mise sur le compte de l'évidence. Les décideurs parfois pensent que la communication interne va de soi, qu'elle naît et se développe ipso facto, oubliant qu'elle a besoin d'être nourrie et entretenue. Ils n'y mettent pas de moyens contrairement à la communication externe. Ceci explique d'après Nicole D'ALMEDIDA et Thierry LIBAERT : Qu'en termes organisationnels, la communication interne trouve indifféremment son rattachement à la direction de la communication ou à la direction des ressources humaines, voire à la direction générale ou à une direction spécifique, sans qu'il soit possible de trancher en faveur d'une solution par rapport à une autre. »80 Cette posture nous rappelle Catherine BACHELET81 qui soutient que les dirigeants des petites entreprises en France se montrent d'ailleurs faiblement préoccupés par la circulation des informations dans leurs entreprises et plus généralement par l'organisation de la communication interne. C'est aussi la même réalité qu'on retrouve dans les entreprises du 80 Nicole D'ALMEDIDA et Thierry LIBAERT, opcit,p5 81 Catherine BACHELET, difficultés de la communication interne en PME, IREGE, université de savoir. 88 secteur public occupées à gérer d'autres priorités. L'enquête a pu faire le même constat au niveau du MESRS à la suite de notre investigation. En effet, bien que les cadres dirigeants et les agents reconnaissent l'importance de la communication interne au sein de leur direction respective, les actions sporadiques enregistrées çà et là, donnant l'impression d'une institutionnalisation de la communication interne ne sont que poudre de chimère. La communication en général et la communication interne en particulier manque de vision avec l'absence de plan stratégique ou plan de communication. Par ailleurs, l'administration publique est généralement caractérisée par sa lourdeur et ses nombreuses contraintes financières. Aussi des pans importants pour son bien être sont souvent relégués au second rang dont la communication interne. Et pourtant, qui parle de la communication interne, parle de la gestion des ressources humaines qui se trouvent à l'intérieur de l'organisation. Les ressources humaines encore appelées capital humain ne sont-elles pas la première richesse de l'entreprise ? Aussi est- il important de travailler pour son bien-être. L'organisation où les individus sont amenés à entrer en relation les uns avec les autres, au moins pour leur travail a besoin de maintenir un climat de confiance et un dialogue social permanent entre tous les acteurs. Les dirigeants d'ailleurs y gagneraient et s'assureraient un capital humain épanoui qui contribue à la performance de l'organisation. C'est pourquoi, cette étude est partie de l'hypothèse selon laquelle une meilleure prise en compte de la communication interne au niveau de l'administration centrale du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique peut susciter un plus grand engagement des acteurs dans la mise en oeuvre de la politique dudit Ministère. Cet engagement bien entendu emporte des conditions que traduisent fort à propos les hypothèses opérationnelles qui ont pu être vérifiées sur la base des résultats obtenus. Nos organisations publiques africaines devraient s'inspirer de l'exemple japonais en ce qui concerne la communication interne en lien étroit avec la gestion des ressources humaines. En effet, on apprend de Renaud de MARICOURT82 qu'il y a une nette circulation de l'information dans les entreprises japonaises pour servir les intérêts de ces dernières. Il note à ce propos que : « une des caractéristiques des entreprises japonaises les plus performantes est leur remarquable maîtrise des flux de communication interne. » A ce succès de la communication interne, il associe la culture d'entreprise qui contribue puissamment dit-il à la 82 Renaud de Maricourt, Communication interne et culture d'entreprise au japon, article disponible en ligne sur le lien https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1719 consulté le 22/12/2018 à 16 h 12 89 motivation du personnel. Aussi une veille doit être menée pour s'assurer que la communication interne se porte toujours bien. Un outil d'alerte qui peut aider à tirer la sonnette d'alarme est l'audit. Pourtant, l'audit de la communication interne parait impossible pour Valérie CARAYOL comme elle le dit dans son article.83 La raison en est toute simple selon. En effet, elle postule que l'audit pour qu'il ait lieu, doit s'appuyer sur le plan de communication de l'entreprise. Alors que ce plan de communication n'est que très rarement formalisé et ne pouvant servir dès lors à constituer un référentiel pour mener l'audit. Elle propose de substituer à l'audit le terme diagnostic. En partant de la posture de Valérie CARAYOL, l'étude que nous venons de mener sur la communication interne de l'administration centrale du MESRS n'est pas un audit mais plutôt un diagnostic de l'état de la communication interne du MESRS. La situation observée sur le terrain pourrait lui donner raison tant la Direction de la communication et des relations publiques à travers son sous-directeur Edmond Kouassi a reconnu que la direction ne possède pas un tel document. Au total, les résultats de cette étude montrent que : - Les outils utilisés au niveau de l'administration centrale du MESRS ne sont pas toujours efficace pour favoriser une communication interne de qualité - La perception qu'ont les agents de leurs supérieurs est relativement bonne. Ce résultat ne confirme pas une des hypothèses opérationnelles de départ. - Les agents n'ont pas toujours accès à l'information en termes de qualité mais également d'opportunité (la circulation de l'information à bonne information). Ces résultats montrent que le MESRS doit faire davantage d'efforts pour relever la qualité de la communication interne. Il est vrai que ces résultats tels que dépouillés, présentés, analysés et interprétés présentent des faiblesses et met à nu les limites de cette étude pour prétendre à une généralisation. |
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