Chapitre 1
Problématisation de l'étude
Sommaire
1.1 Revue de littérature 3
1.1.1 Conception classique/Néoclassique du comportement de
la vi-
tesse de monnaie 4
1.1.2 La théorie Keynésienne de la
préférence pour la liquidité . . . 7
1.1.3 La réhabilitation de la théorie quantitative
de la monnaie (Mil-
ton Friedman) 8
1.2 État de la question 10
1.3 Problématique 15
1.4 Hypothèses 17
1.5 Méthodologie de recherche 18
1.5.1 Méthodes d'analyse et de collecte des données
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Notre étude porte sur « les déterminants de
la vitesse de circulation de la monnaie en République
Démocratique du Congo ». Dans ce chapitre, il sera question de
présenter un certain nombre d'éléments qui vont constituer
le questionnement de notre étude à savoir: la revue de
littérature, l'état de la question, la problématique, les
hypothèses de recherche et la méthodologie à suivre.
1.1 Revue de littérature
Il sera analysé dans cette partie du travail, les
évolutions théoriques du concept de vitesse de circulation de la
monnaie relatives à son comportement.
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L'évolution du concept de vitesse de circulation est un
corollaire des débats sur la demande de monnaie. La signification des
variations de la vitesse est fondamentale en analyse monétaire, car,
selon sa vitesse, une même quantité de monnaie servira au paiement
d'un volume plus ou moins important de transactions.
La conception du comportement de la vitesse de circulation de
la monnaie étant analysée dans la théorie
économique sur base de la théorie quantitative de la monnaie et
bien nous allons exposer ici une évolution de cette théorie selon
les écoles: classique; néoclassique; keynésienne et
monétariste.
1.1.1 Conception classique/Néoclassique du
comportement de la vitesse de monnaie
HARRIBEY [2001], expose la théorie quantitative de la
monnaie; esquissée par Jean Bodin (1568) qui remarqua la
corrélation entre l'arrivée massive de métaux
précieux en Europe et la flambée des prix, puis formulée
par John Locke (1690),David Hume (1752)et Richard Cantillon (1757) et mise sous
forme d'équation par Irving Fisher (1911), elle a donné naissance
à une branche particulière de la théorie
néoclassique : le monétarisme. Que dit-il? Pour un volume de
transactions (T) donné et une vitesse de la circulation (V) constante,
toute variation de la quantité de monnaie en circulation (M)
entraîne une variation proportionnelle des prix (P) : MV = PT. La vitesse
de circulation est supposée constante à court terme car les
habitudes de paiement n'évoluent que lentement. Le volume de
transactions est lui aussi supposé constant car l'équilibre des
marchés assure le plein emploi de toutes les capacités de
production. La théorie quantitative de la monnaie s'intègre donc
dans le modèle d'équilibre général de Walras.
1. Jean Bodin (1530-1596)
H. Hakim, M. Feteh (2013), disent qu'à cette
époque, trois personnages: Navarro, dominicain espagnol, Jean Bodin et
l'Italien Davanzati. Essaient tous les trois d'ex-pliquer l'incroyable
inflation de la Renaissance. Malestroit, conseiller du roi, se voit
diligenté pour faire un rapport sur le « renchérissement de
toutes choses ». Il donne une explication fausse de la situation: il y a
inflation parce que les métaux précieux deviennent plus chers, et
qu'il faut donc plus de biens pour en acheter (paradoxe
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de Malestroit). Dans une réponse à Malestroit,
Bodin donne les premiers éléments de la théorie
quantitative. Selon lui, le problème est tout autre, et complexe; il
distingue trois raisons, deux réelles et une monétaire:
Les structures de distribution de biens et services sont trop
coûteuses : le transport, par exemple.
Les « couches moyennes» de l'époque, future
bourgeoisie, veulent avoir un comportement dépensier analogue à
celui de l'aristocratie. Argument partiellement faux: les gens dépensent
trop, mais cela n'explique pas que les prix dérivent; en revanche, la
croissance de cette couche peut entraîner une hausse des prix.
Cause monétaire: il constate la concomitance de la
hausse des prix et de l'arrivée massive d'or et d'argent en provenance
d'Amérique, surtout vers l'Espagne. Or, c'est d'abord en Espagne que
l'on constate la hausse des prix. C'est parce qu'il y a eu arrivée
massive d'or et d'argent qu'il y a inflation. Pour la première fois est
évoqué ce lien entre quantité monétaire et
inflation. Les économistes attribuent la paternité de la
théorie quantitative à Jean Bodin, il est considéré
ainsi comme le précurseur du quantitativisme.
2. John Locke (1632-1704)
H. Hakim, M. Feteh (2013), renchérissent qu'un
siècle après les explications que donnait Jean Bodin sur les
raisons de la hausse des prix en Europe, la pensée mercantiliste
dominait toujours, dont l'un des aspects est l'accumulation des métaux
précieux car ils constituent la principale richesse des Etats. Le
premier penseur qui conteste cette théorie est John Locke par ses
explications sur l'inflation, appuyant ses travaux sur la loi des
proportions.
Il introduit d'abord un concept nouveau: l'idée de
vitesse de circulation de la monnaie. Ce qui compte n'est pas simplement la
quantité de monnaie qui en est la cause, mais cette vitesse de
circulation. Si dans une période donnée est utilisée deux
fois en un mois, c'est comme si on utilisait deux fois une pièce d'or.
Dans les deux cas, il y a eu deux transactions. La vitesse est le nombre de
fois où des instruments
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monétaires sont utilisés. Pour Locke, la vitesse
de circulation étant donnée, alors les prix varient
proportionnellement à la quantité de monnaie.
C'est la loi des proportions. Formellement: « La vitesse
de circulation étant donnée, la valeur de la monnaie varie de
façon inversement proportionnelle à sa quantité ».
C'est à ce moment qu'on peut fixer la première formulation
cohérente de la Théorie Quantitative de la Monnaie (TQM).
La critique centrale de la Théorie Quantitative de la
Monnaie : c'est le problème que pose V. Locke a tout coincé
dès le début: de cette façon, il considère V comme
constant. Le problème est qu'on sait mesurer, plus ou moins, P et T,
mais pas V. Dans ce cas, en supposant que Vest constant, on évacue le
vrai problème. La réalité, c'est qu'on ne sait pas mesurer
V, et donc qu'on ne peut vérifier l'équation. Ou plutôt,
elle n'est qu'une définition de la vitesse : V=PT/M. Ce n'est pas
inintéressant: on peut voir que la vitesse de circulation n'est pas
aussi constante que le disait Locke.
3. L'équation des échanges d'Irving
Fisher
MISHKIN [2013], dit que pour comprendre l'énoncé
de la théorie quantitative, il est commode de raisonner à partir
de l'identité formulée par I. Fisher (1911).
Dans son ouvrage de référence « Le pouvoir
d'achat de la monnaie (the purchasing power of money, 1911) »,
l'économiste américain Irving Fisher fournit l'exposé le
plus complet de la version classique de la théorie quantitative de la
monnaie. Fisher examine le lien entre la quantité totale de monnaie Ms
(l'offre de monnaie) et le montant total des dépenses en biens et
services finals produits dans l'écono-mie (P x Y), où P est le
niveau général des prix et Y le produit global (revenu). La
dépense totale (P x Y) peut aussi être interprétée
comme le revenu agrégé nominal de l'économie ou comme le
PIB nominal. M et P x Y sont reliés par la vitesse de circulation de la
monnaie, c'est-à-dire son coefficient de rotation (fonction de
réaction). Elle représente le nombre de fois au cours de la
période considérée (une année par exemple), une
même unité de monnaie est dépensée lors de l'achat
de biens et services produits dans l'économie. Plus
précisément, la vitesse de circulation V (ou vitesse-revenu) est
définie comme la dépense totale (P x Y) divisée par la
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quantité de monnaie M.
Pour Fisher, la vitesse de circulation dépend des
aspects institutionnels de l'écono-mie susceptibles d'influencer les
modes de transaction des individus. Si les agents utilisent des comptes
courants et des cartes de crédit pour effectuer des transactions, ils
emploient moins de monnaie (M) lors de leurs achats. Par conséquent, la
réalisation des échanges exige moins de monnaie (M) par rapport
au revenu nominal (P x Y) et la vitesse de circulation (P x Y)/M augmente.
Inversement, s'il s'avère plus pratique d'effectuer les achats en
liquide ou en chèque, davantage de monnaie est utilisée pour
effectuer des transactions induites par le même niveau de revenu nominal,
et la vitesse de circulation de la monnaie diminue. Fisher considère
cependant que les aspects technologiques et institutionnels de
l'économie n'affectent que lentement la vitesse de circulation de la
monnaie. Elle pourrait donc être supposée à peu près
constante à court terme.
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