Le secteur du tourisme au Sénégal est une
activité nouvelle si on doit le comparer au début du tourisme qui
a vu le jour à la fin du 18ème siècle et
à son développement dans les pays touristiques comme la France.
C'est après l'indépendance que le pays de Senghor va se lancer
dans cette activité ; il a fallu attendre une dizaine d'années
plus tard pour donner l'assaut. Les politiques de développement du
secteur vont ainsi se matérialiser sur trois grandes phases (Tchitou,
2005), notamment :
? 1970-1980 : Phase d'amorce. Ce fut une période
où les premières politiques touristiques sont définies et
pilotées par le gouvernement de cette époque. Evidemment, la
destination Sénégal n'avait pas de charters et le recours au
transport par bloc-siège était l'unique solution ; On peut
retenir dans ce sens : la planification des objectifs, la qualification des
zones prioritaires et la décentralisation.
? 1980-1990 : Phase de lancement. C'était un moment
crucial pour le secteur car les premières activités de promotion
ont été menées ;
? 1990-2000 : Phase de développement.
Le pays de Senghor se lance ainsi dans le tourisme
balnéaire basé sur les potentialités naturelles
(plage-soleil) et d'affaires à Dakar, capitale de l'Afrique Occidentale
Française (AOF), après l'année 1902 avec une
clientèle riche composée de Français, d'Allemands qui se
retrouvent dans des structures de grands standings et de villages de vacances.
A la suite des premières politiques, le premier de ces villages de
vacances voit le jour au Cap-Skirring en 1973 : le
Club-Méditerranée. Plus connu sous le nom de club Med, ce village
de vacances est implanté d'ailleurs dans la discorde au niveau local. En
effet, les populations locales n'avaient plus accès à certaines
parties de leurs terres. Cette situation est à l'origine d'une
frustration matérialisée
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par des réactions non moins pacifiques, mais
réprimées par la gendarmerie. Cependant, on note une affluence de
voyageurs qui ne s'intéressent guère au tourisme d'élite
et portent une attention particulière au pays
récepteur,59 à son histoire et à sa culture.
C'est dans ce sens que l'on assiste par exemple à la
naissance du tourisme rural intégré, une expérience
à laquelle le Sénégal décide de participer en
Afrique en collaboration avec l'Agence de Coopération culturelle et
technique (ACCT). Christian Saglio60 et Adama Goudiaby61
étaient les principaux initiateurs de ce projet unique en son genre.
C'est un moyen de « dégager les valeurs spécifiquement
africaines que recèle à l'échelle régionale une
variété de civilisation, de moeurs et de relations avec la
nature, tout en cherchant à rendre au pays l'initiative de son offre
», affirme Saglio. En Basse Casamance, les premiers villages ayant
expérimenté ce projet sont entre autres Elinkine, Enampor,
Thionk-essil, Baila, Koubalang, Affiniam, Abéné. Entre 1979 et
1983, le nombre de visiteurs est passé de 2089 à
655762.
On en arrive aux années noires du tourisme en
Casamance, notamment à partir de 1983. Le conflit dans cette partie du
pays a porté un coup terrible au secteur. Même les campements, se
situant hors des zones d'insécurité, en ont aussitôt
pâti. C'est ainsi que Saint-Louis est devenu la troisième
destination touristique du Sénégal. Mais, ce conflit n'a pas
seulement affecté le sud, mais tout le pays. Le Sénégal
qui accueillait dans les années 70 neuf millions de touristes par an, se
contentait seulement de 450.000 (Adigbli, 2009).