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La maternité dans la création contemporaine, de la révolution sexuelle à nos jours


par Jennifer FEVRIER
UFR des Sciences Historiques, Université de Strasbourg - Master 2 Histoire de l'Art 2012
  

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C. L'après 2nde Guerre Mondiale : la deuxième vague du féminisme

1. La libre disposition de son corps

Après la seconde guerre mondiale, les femmes avaient acquis une certaine clairvoyance par rapport à la différence entre les hommes et les femmes. Elles avaient remplacé les hommes dans de nombreux domaines lorsque ces derniers se trouvaient au front, et se sont même illustrées dans les rangs de la résistance. Cette guerre n'arrêta en rien le développement des idées d'égalitarisme, mais il fallut attendre les années 1960 pour que ces principes aient publicité. Entre temps, le baby-boom fit retourner les femmes dans leurs maisons. La politique nataliste des années d'avant-guerre était toujours tenace, la propagande anti-nataliste avait été interdite, la loi anti-avortement avait continué à être sévèrement appliquée, comme le cas de Marie-Louise Giraud10 qui fut guillotinée en 1943 pour avoir pratiqué des avortements.

En 1949, un pavé est jeté dans la mare avec l'ouvrage de Simone De Beauvoir, Le Deuxième Sexe. En effet, l'auteur revient longuement sur la maternité comme principe même de la domination masculine. Pour elle, l'émancipation des femmes ne peut se faire sans le refus de la maternité.

9 Op.Cit, p.393

10 Une affaire de femme, film de Claude Chabrol, MK2 Diffusion, 21 septembre 1988

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C'est par la revendication du droit à avoir des enfants, et non plus selon le hasard de la nature, que va se mettre en place la révolution sexuelle des années soixante. Ces revendications allaient dans le prolongement des demandes des feministes maternalistes, puisqu'il s'agissait d'avoir droit à la dignité en étant mère, et de ne plus vivre cette expérience au même titre que des animaux au gré des cycles. La lutte pour avoir le choix d'avoir des enfants va émerger de la lutte pour l'avortement. Car même si la loi de 1920, qui sera renforcée sous le gouvernement du maréchal Pétain en devenant un crime contre la sûreté de l'État, l'avortement était une pratique répandue, et cela dans toutes les couches sociales. Les conditions dans lesquelles étaient réalisées ses interruptions de grossesses étaient archaïques, s'apparentant à du « bricolage11 », et beaucoup de femmes mourraient des suites d'un avortement. Aux avortements s'ajoutent également une détresse des familles de plus en plus grande, et qui est évoquée par le docteur Lagroua Weill-Hallé12. C'est l'infanticide faute de soins.

Par ce double constat, Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé créa, le 8 mars 1956, l'association Maternité Heureuse dans la quasi-clandestinité, mais aidée par Evelyne Sullerot. Le mouvement devait s'appeler Maternité Volontaire, ce que Mme Lagroua Weill-Hallé trouva trop révolutionnaire voire même trop provocateur, surtout que la loi de 1920 était réaffirmée par le décret du 11 mai 1955.

« Maternité Heureuse » : accolés, ces deux mots supposaient que la maternité n'était pas toujours heureuse, contrairement aux idées reçues ou véhiculées. C'était alors déjà revendiquer implicitement le droit à accéder à une maternité heureuse, avec l'idée de la choisir. L'idée de cette association ne vint pas spontanément à cette jeune gynécologue. Pendant son internat, elle fut scandalisée du sort réservé aux femmes qui s'étaient provoqué des avortements. Elles recevaient comme punition des curetages à vif. Les médecins les insultaient pendant les soins pour « leur passer l'envie de recommencer13. » En 1947, elle fit un voyage aux Etats-Unis pendant lequel elle rencontra Margaret Sanger et visita les cliniques de birth-control14. A son

11 Selon les propos d'Anna'r

12 Dans une communication faite le 5 mars 1955 devant les membres de l'Académie des sciences morales et politiques, parlant d'un procés d'assises ayant condamné un couple attendant leur cinquième enfant et ayant laissé mourir leur quatrième enfant faute de soins.

13Gauthier Xavière, Paroles d'avortées : quand l'avortement était clandestin, préface de Gilles Perrault, La Martinière, Paris, 2004, p.26

14 Qui avaient ouvert depuis 1916 aux Etats-Unis

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retour, elle entama son combat afin de faire avancer la cause des femmes. A partir de ce moment, ce qui était une affaire privée, la maternité, devint une affaire publique.

Alors que dans les pays du nord de l'Europe, le « birth-control » est d'actualité avant la guerre, comme en Suède où l'avortement est légalisé, le birth control ainsi que l'éducation sexuelle largement diffusés, il faudra attendre la fin des années cinquante pour que s'éveille une prise de conscience en France. Au Danemark, c'est en 1878 que le premier dispensaire fut ouvert et où des sages-femmes enseignaient l'usage des contraceptifs. A New-York, Margaret Sanger fonda la National Birth Control League en 1915. En Angleterre, il fallut attendre 1921.

En parallèle de l'apparition de l'association Maternité Heureuse, Jacques Derogy fit paraitre Des enfants malgrè nous en 1956 dans lequel il reprend les éléments de l'enquête qu'il entreprit en tant que journaliste. Dans cet ouvrage, il dénonçait avec d'horrifiantes précisions les avortements clandestins, comme un fléau silencieux touchant toute la population.

La France, par sa forte empreinte catholique et sa loi de 1920, sera en retard dans les programmes de planification des naissances. Après la seconde guerre mondiale, les hommes politiques appliquent encore la politique nataliste du général Pétain. Celui-même qui avait instauré la « fête des mères » pour valoriser la destinée procréatrice de la femme.

2. Histoire de la contraception

Au début du XXe siècle, après les différentes guerres et les poussées démographiques qui les suivent, les craintes énoncées par Thomas Malthus15 en 1798 se font plus fortes, notamment concernant le développement économique et la peur du chômage. Seulement, le néo-malthusianisme qui se développe ne prône nullement le mariage tardif ou la chasteté, mais de nouveaux principes tels que l'épanouissement des femmes, la réduction des avortements dangereux et l'épanouissement des couples. Il y a donc l'apparition d'une volonté d'une

15 Thomas Malthus, An Essay on the Principle of Population (Essai sur le principe de population), 1798, préconisait le mariage tardif ou l'abstinence afin de réduire l'excédent de population et la surpopulation qui entrainerait la perte des pays

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sexualité épanouie et non d'une sexualité reproductive. Certains politiciens se rattachent ainsi aux idées de l'économiste britannique Thomas Malthus.

Le néo-malthusianisme qui se développe alors rejoint les revendications de certains théoriciens anarchistes comme Paul Robin16 ou le journaliste Octave Mirbeau. Il ne faut pas produire de la chair à canon pour les différentes guerres ou encore de la main d'oeuvre peu chère en abondance exploitée par les patrons ni même de la « chair à plaisir » qui alimente la prostitution. Ils demandent alors « la grève des ventres ». Dans cette lutte, on peut nommer une femme, Jeanne Humbert, qui militera pour la contraception et l'avortement en créant Génération Consciente avec son mari. Ces revendications seront freinées par la loi de 1920 réprimant la complicité et la provocation à l'avortement ainsi que toute propagande anticonceptionnelle, et assimile entre autre l'avortement à la contraception.

La commercialisation de la pilule contraceptive datant des années 1960, les recherches pour parvenir à un contrôle hormonal de la reproduction datent elles, du début du XXe siècle. C'est tout d'abord en Allemagne, dans les années vingt que naissent les premiers essais, mais c'est aux Etats-Unis que la pilule fut mise au point. En effet, Grégory Pincus, biochimiste à la Worcester Foundation, travaillait à l'époque sur la fécondation des mammifères. Il fut quelque peu poussé par deux femmes, Elisabeth McCormick ainsi que Margaret Sanger, présidente de l'international Planned Parenhood Foundation, qui lui octroient cinquante milles dollars pour ses recherches. C'est en 1955 qu'il reussira à synthétiser la progesterone, dont on connaissait le pouvoir inhibiteur d'implantation des oeufs dans l'utérus. Il faudra attendre l'année 1960 pour que la Food and Drug Administration autorise officiellement l'utilisation de ce « contraceptif », avec cependant une restriction : ne pas l'utiliser pendant une période supérieure à deux ans, en raison des zones d'ombres sur les possibles effets secondaires (stérilité, cancer...).

Par ailleurs, une polémique enfla par la suite sur la manière dont cette première pilule fut testée. Ce sont des femmes portoricaines qui ont constitué le panel de cette étude, une population pauvre dont on voulait, pense-t-on, limiter les naissances.

16 Pédagogue français, il Fonda la Ligue française pour la régénération humaine

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La pilule fait son apparition en Europe très discrètement en 1961. Elle ne sera autorisée en France qu'à partir de 1967 avec la loi Neuwirth, mais avec parcimonie et seulement aux femmes mariées ayant déjà eu des enfants et ayant des problèmes menstruels.

Cependant, en parallèle de la pilule, la Mouvement Français pour le Planning Familial informe également sur la possibilité de l'usage du diaphragme et du stérilet notamment.

3. Maternité : affaire privée, affaire publique.

Les médias ont joué un rôle considérable dans l'exposition de ce problème de la maternité. C'est surtout la presse de gauche qui accordera une grande importance à la sensibilisation au contrôle des naissances dans ses pages. Libération, par exemple, publia l'enquête de Jacques Derogy mais on peut citer l'Express également. C'est d'ailleurs un journal, le Nouvel Observateur, qui publiera dans ses colonnes le célèbre Manifeste des 343 le 5 avril 1971. Il s'agissait, par l'intermédiaire des médias, de faciliter le passage de ces divers questionnements sur la condition féminine de la sphère privée à la sphère publique. Le but étant de les faire accéder aux sphères sociales qui amèneront le féminisme. Et il ne s'agissait pas de se cantonner au milieu bourgeois des grandes villes, mais bien de sensibiliser toute la population, sur tout le territoire. En témoignent les Etats généraux de la femme qui ont eu lieu les 20, 21 et 22 novembre 1970 dans dix-neuf villes de provinces et organisés par le magazine Elle. La presse traduira également la position des hommes politiques lorsque le thème du contrôle des naissances s'invita au sein de la campagne présidentielle de 1965. C'est le cas par exemple de l'interview de François Mitterrand par Colette Audry le 25 novembre 1965 dans les colonnes du journal Le Combat Républicain. Entretien au cours duquel le candidat s'exprima en faveur de l'émancipation des femmes sous ces mots « la femme a le droit de disposer des moyens modernes qui permettent de n'avoir des enfants que lorsqu'elle le désire. »

Le but était de faire prendre conscience aux politiques mais aussi à toute la population de ce mal qui rongeait les femmes. Il fallait parler de ces femmes qui mourraient, de celles qui ne voulaient pas d'enfants et la radio ne fut pas en reste. L'émission de Ménie Grégoire sur RTL dès 1967 eut un franc succès. Les auditeurs étaient invités à s'exprimer sur leur vie, à exposer leur intimité. Par là, les femmes ont pu découvrir que leur souffrance était loin d'être singulière

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et se trouvait partagée par la plupart des femmes. Forte de son succès, l'émission de Ménie Grégoire ne s'acheva qu'en 1981. C'est par le biais de la radio que Françoise Dolto répondait aux questionnements des parents, souvent en désarrois, dans son émission Lorsque l'enfant parait sur France Inter entre 1977 et 1978 quotidiennement.

4. Les opposants

La France, malgré la séparation de l'Eglise et de l'Etat, est dominée par des valeurs et principes catholiques qui influencent implicitement la politique. Il n'est pas étonnant que les premiers à s'ériger contre la libéralisation de la contraception et la légalisation de l'avortement soit l'Eglise Catholique elle-même. Le problème se situe antérieurement aux années 1960. Comme le montre l'encyclique Casti Connubii de Pie II datant de 1930, on y rappelle que « même avec la femme légitime, l'acte conjugal devient illicite et honteux dès que la conception de l'enfant y est évitée17. » Pour l'Eglise, l'accouplement ne doit avoir de but final que de procréer, excluant ainsi toutes notions de plaisirs. Cette encyclique sera renforcée en 1968 par l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI qui condamne « toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation18. » Dans une même phrase, le pape condamne la contraception du type pilule, car il suppose une prévision de l'acte sexuel, mais également le diaphragme et le stérilet. Il condamne également la méthode du « coït interrompu » pendant le rapport sexuel, mais enfin, et implicitement, condamne également les différentes méthodes employées par les femmes après un rapport afin de réduire les « chances » de fécondation, comme la douche vaginale au savon, voire au vinaigre. Contraception et avortement étaient alors indifférenciés. La seule méthode que l'Eglise admettait était la méthode dite Ogino. Cette méthode repose sur l'observation du cycle féminin, avec notamment la prise de température le matin au réveil avant de faire le moindre effort.

17Casti connubii, lettre encyclique du souverain pontife pie xi sur le mariage chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société, Rome, le 31 décembre de l'année 1930

18Humanae vitae, lettre encyclique de sa sainteté le pape paul vi sur le mariage et la régulation des naissances, Rome, le 25 juillet 1968

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Lorsqu'un changement s'effectuait, la méthode Ogino19 préconisait de s'abstenir de rapports sexuels.

En face, l'Eglise réformée, elle, était pour la libre contraception et le libre choix d'avoir des enfants, mais n'approuvait pas l'interruption de grossesse.

Aux raisons idéologiques (accouplement égal accueil de la vie, avortement perçu comme des assassinats...) s'ajoutèrent les raisons politiques. Les politiciens étaient désireux de continuer une politique nataliste, à l'image du général De Gaulle qui rêvait d'une France de « cent millions de français ». La plupart des politiciens, se cachant derrière des conceptions pseudo-humanistes et religieuses, voire ouvertement natalistes pour la grandeur de la Nation comme l'évoqua Michèle Debré à la séance de l'Assemblée Nationale le 12 juillet 1963, cachaient pour certains des raisons bien moins avouables. Selon Les Chimères20, il s'agissait, au-delà d'avoir de la chair à canon, de raisons démographiques à caractères racistes. Il fallait conserver la supériorité du peuple blanc face au surnombre des peuples africains et arabes. C'est pour cela que les moyens contraceptifs étaient autorisés en territoires d'outre-mer.21

Le Parti Communiste fut un des partis politique les plus antagonistes de prime abord. En effet, pour ce dernier, plus nombreux seraient les ouvriers et plus facile serait le combat contre le prolétariat. L'opposition au contrôle des naissances fut exprimé dans une lettre envoyée à l'intention de Jacques Dérogy le 1er mai 1956, en réponse au livre de ce dernier, et qui s'exprimait en ces termes « les communistes condamnent les conceptions réactionnaires de ceux qui préconisent la limitation des naissances et cherchent ainsi à détourner les travailleurs de leur bataille pour le pain et le socialisme. » Cependant, le Parti atténuera ses positions en demandant l'abrogation de la loi de 1920 dans une proposition de loi du 25 mai 1956 ainsi que l'amnistie des femmes ayant été condamnées pour avoir pratiqué des avortements, et sera finalement favorable à l'avortement thérapeutique.

19 Gynécologue japonais du XXe siècle, il est parti du principe qu'une femme ovulait une fois par cycle menstruel. En prenant en compte que la période ovulatoire s'étend du 12e au 16e jour après le début des règles, mais aussi qu'un ovocyte avait une durée de vie de une journée après l'ovulation, et que les spermatozoïdes survivent jusqu'à quatre jours après l'éjaculation, il préconisait de s'abstenir de rapports sexuels entre le 8e et le 17e jour après le début des règles.

20 Groupement de féministes

21 Les Chimères, Maternité esclave, Union générale d'éditions, Paris, 1975, p.75

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Enfin, l'Ordre des médecins s'y opposera fermement dès le début des débats, en avançant des arguments d'inspirations catholiques, et en brandissant le principe de déontologie de leur profession. Malgré tout, des médecins étaient favorables à l'avortement, car en mai 1971, deux cent cinquante deux d'entres-eux publièrent une déclaration de principe en faveur de l'avortement.

5. Une lutte de femmes pour les femmes

Devant le succès du planning familial mis en place par Marie-Andrée Lagroua ainsi qu'aux vues de la sensibilisation grandissante de l'opinion publique, le gouvernement commanda plusieurs commissions sur le sujet du contrôle des naissances et de la contraception. Mais en 1972, arriva ce qui restera connu sous le nom de « l'affaire de Bobigny » et qui fera accélérer le débat. Ce procès, qui visait une jeune fille de seize ans ayant avorté après avoir été violée, ainsi que sa mère et trois autres femmes l'ayant aidé, a défrayé la chronique et enflammé le débat en France. L'avocate Gisèle Halimi, qui avait fondé en 1971 l'association féministe Choisir la cause des femmes, défendit avec vigueur les accusées. Elle mit en cause, non pas les femmes obligées d'avorter, mais une loi injuste et inhumaine, aux vues des conditions dans lesquelles sont réalisées les interruptions de grossesse. Ces dernières plaçant les femmes dans la clandestinité et la honte. L'aboutissement de ce procès politique retentissant fut la promulgation de la loi Veil en janvier 1975. Nouvellement ministre de la santé, Simone Veil défendra pendant trois jours et deux nuits, sous des nuées d'injures la loi sur l'interruption volontaire de grossesse : « Parce que si des médecins, si des personnels sociaux, si même un certain nombre de citoyens participent à ces actions illégales, c'est bien qu'ils s'y sentent contraints ; en opposition parfois avec leurs convictions personnelles, ils se trouvent confrontés à des situations de fait qu'ils ne peuvent méconnaître. Parce qu'en face d'une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu'en refusant leur conseil et leur soutien ils la rejettent dans la solitude et l'angoisse d'un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutilée à jamais. Ils savent que la même femme, si elle a de l'argent, si elle sait s'informer, se rendra dans un pays voisin ou même en France dans certaines cliniques et pourra, sans encourir aucun risque ni aucune pénalité, mettre fin à sa grossesse. Et ces femmes, ce ne sont pas nécessairement les plus immorales ou les plus inconscientes. Elles sont 300 000 chaque année.

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Ce sont celles que nous côtoyons chaque jour et dont nous ignorons la plupart du temps la détresse et les drames. C'est à ce désordre qu'il faut mettre fin. C'est cette injustice qu'il convient de faire cesser. » Au matin du 29 novembre 1974, la loi est votée, elle sera ensuite promulguée le 17 janvier 1975, marquant ainsi la plus grande avancée pour l'émancipation et la dignité des femmes.

Grâce à deux lois, la loi Newirth ainsi que la loi Veil, le destin maternel revient désormais aux mains des femmes. La dissociation entre maternité et féminité a entrainé l'individuation des femmes et a montré le chemin vers leur autonomie.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci