2.1.3. Système de culture
Un système de culture se définit par : (i) la
nature des cultures, (ii) leur ordre de succession et (iii) les
itinéraires techniques appliqués (Sebillote, 1990). Dans la zone
septentrionale du Cameroun, l'un des systèmes de culture est la
succession permanente des plantes annuelles sur des soles préalablement
labourées. Selon Vilain (1997), ce concept est d'autant plus familier
aux agronomes qu'aux agriculteurs qu'on peut en déduire un certain
nombre d'éléments constitutifs.
2.1.3.1. Eléments constitutifs d'un
système de culture
Les principaux éléments d'un système de
culture incluent : l'assolement, la rotation et l'itinéraire technique.
Chaque élément est spécifique et décrit une
pratique agricole.
- Assolement
L'assolement est la répartition de la surface de
l'exploitation entre des cultures ayant les mêmes caractéristiques
techniques dont chaque ensemble constitue une sole (Dupriez et Leener, 1983).
D'une manière générale, l'assolement est la
répartition des cultures dans l'espace.
- Rotation
La rotation est une suite de cultures se succédant dans
un ordre donné sur une parcelle en se reproduisant de manière
semblable au cours du temps (Vilain, 1997). En bref, il s'agit de la
répartition des cultures dans le temps.
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- Itinéraire technique
L'itinéraire technique se définit comme une
combinaison logique et ordonnée des techniques culturales,
appliquées à une culture en vue d'atteindre un objectif
donné de rendement (Vilain, 1997). Le plus souvent, l'itinéraire
le plus rentable est celui qui met en exergue les facteurs de production et les
contrôlent convenablement.
2.1.3.2. Quelques systèmes de culture
D'un milieu à un autre, les systèmes de culture
diffèrent à cause du climat et du relief. Ces derniers influent
sur la fertilité et le travail du sol. Parmi les systèmes
récurrents on a :
- Agriculture itinérante
L'agriculture itinérante est surtout basée sur
un système d'abattis-brûlis. Les terres sont exploitées
pendant deux à quatre ans. Lorsque les producteurs observent une baisse
de rendement, ces terres sont abandonnées. La durée de l'abandon
(jachère) varie en fonction de la pression foncière. Cette
pratique est encore courante dans le Sud de la zone cotonnière du
Cameroun. Cependant, les producteurs des zones saturées se sont
sédentarisés au fil des ans et abandonnent de plus en plus ce
système.
- Agriculture extensive
L'agriculture extensive se définie comme un
système de culture qui se pratique sur des grandes surfaces avec des
rendements relativement faibles à l'hectare. Ce système limite la
productivité à court terme du sol, et utilise des intrants
chimiques naturellement présents. Cependant, le manque de moyens
financiers et/ou de la main d'oeuvre sont habituellement des contraintes qui
limitent la productivité du facteur terre.
Notons qu'à ce jour, ce système de culture est
encore pratiqué au Sud Cameroun, et se perpétue du fait qu'il
permet d'obtenir des produits biologiquement bons marchés, limite les
coûts de production et la pollution de l'environnement (à travers
l'eutrophisation des eaux). Toutefois, le fait qu'il incite au
déboisement et la disparition des essences d'envergure, entraine la
dégradation des terres à l'origine des exportations moins
substituables, et emploie des techniques culturales restreintes à raison
des outils rudimentaires.
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- Agriculture intensive
Vall (2012) définit ce système de culture comme
un investissement en travail et/ou en capital par unité de surface,
permettant d'atteindre une amélioration de la productivité de la
terre. Celui-ci intègre les progrès techniques permis par
l'avancée des connaissances agronomiques et scientifiques. Dans la
partie septentrionale du pays, ce système est semi-intensif et son but
est d'optimiser l'utilisation du sol par des intrants chimiques afin de
sauvegarder la productivité.
Cette notion permet dès lors, de ressortir un certain
nombre de traits dont, l'optimisation des rendements par surface
cultivée grâce à des bonnes pratiques agricoles. En plus,
les investissements financiers et matériels sont importants, car
prennent en considération l'aspect du temps y compris les aléas
environnementaux (potentiels et/ou réels) devant limiter la
rentabilité du facteur terre.
Dans un contexte social fragilisé par la
sécurité alimentaire, ce système de culture offre la
possibilité de produire plus et mieux en optimisant les
fonctionnalités de la nature. Il favorise l'expertise technique du
travail du sol, et lutte contre les organismes ravageurs des cultures. Ainsi,
il offre la possibilité aux ménages de s'approvisionner au
marché tout au long de l'année, même en période de
soudure.
Toutefois, en dehors de son coût de production qui
requiert un investissement (financier, matériel et en temps) important,
l'agriculture intensive est parfois accusée d'être
pratiquée aux dépens des considérations
écologiques. Ainsi, ses conséquences sont observables dans
l'environnement, à travers les problèmes d'érosion
causés par l'instabilité texturo-structurale de la couche arable,
l'eutrophisation des nappes d'eaux par les pesticides et les engrais. Dans la
santé humaine, avec des conséquences qui peuvent être
directes (empoisonnement) ou indirectes (maladies de peau, cancer, asthme,
stérilité, myopie,...). Le climat avec la diffusion des gaz
à effet de serre, tels que le gaz carbonique (CO2), le méthane
(CH4) et le protoxyde d'azote (N2O). Notons qu'à ce jour, l'agriculture
produit 14 % des gaz à effet de serre dans le monde. Or, si l'on
considère toute la chaîne de production (des champs à la
transformation industrielle), l'on pourra atteindre des seuils variant entre 25
à 30 % d'émission de gaz (Giec, 2007).
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