2.1.3.4. Facteurs responsables de la
différenciation des systèmes de culture
A ce jour, l'intérêt accordé aux
systèmes de production est en marge des visions passéistes ou
conservatrices de l'agriculture familiale ou traditionnelle (Rocio, 2003). En
réalité, ces systèmes ne sont pas statiques, mais
plutôt se confrontent et s'ajustent au dynamisme socio-économique.
Sachant que le but recherché est de concilier l'accroissement
démographique à la production agricole, il est nécessaire
de révéler quelques facteurs responsables de la
différenciation des systèmes de culture, dans l'optique de
comprendre les mécanismes responsables de l'intensification de la
culture de maïs.
- Densité de la population
La densité de la population joue un rôle
important dans la diversité des systèmes de culture. Pour cette
raison, Lebeau (1991) démontra que l'augmentation de la pression
démographique engendre l'intensification des finages cultivés,
c'est-à-dire que l'on a tendance à rendre l'unité de terre
plus productive, en supprimant les jachères, en introduisant des plantes
à haut rendement, et en pratiquant des cultures dérobées.
Ainsi, l'augmentation de la population est corrélée à
l'accroissement des besoins nutritionnels. Il s'agit dont pour les
ménages, de diversifier leurs sources de revenus (agriculture,
élevage, commerce, etc.) mais et surtout d'intensifier leurs apports.
Pour cela, les familles typiquement agricoles doivent étendre les
surfaces cultivables lorsque la disponibilité en terre n'est pas un
problème, ou alors d'intensifier la production des parcelles lorsque
cette disponibilité s'avère contraignante.
Dans la région du Nord-Cameroun, la pression
démographique observée depuis une décennie, est
causée un afflux régulier de paysans de l'Extrême Nord et
du Mayo Louti le long des cours d'eaux Bénoué et Mayo Kebi.
Dès lors, celle-ci a influencé l'extensification des cultures
remplacées par des systèmes permanents, privilégiant la
succession des plantes à cycle court. Or, cette pratique engendre une
véritable pression foncière contribuant à la
dégradation des sols, et à la baisse des rendements. Par
conséquent, la conquête de nouvelles terres se dresse souvent
comme une seconde alternative, malgré les conflits inter-ethniques
qu'elle occasionne.
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- Qualité de l'exploitant
Dans une région donnée, le fait qu'on soit
autochtone ou migrant peut être un critère de
différenciation des exploitations (Ndzana Abanda, 1999). Dans les zones
d'installation des migrants, Dugué et Dounias (1995) observent que la
tendance générale est une extensification des systèmes de
culture. Ceci s'explique par le souci des migrants de s'approprier un vaste
espace cultivable en défrichant de nouvelles terres.
A Gaban, région de Kaélé, les
résultats obtenus par Steehuijsen (1994) sur les exploitations agricoles
montrent que la diversité se situe à trois niveaux : l'ethnie,
les classes d'exploitation et le sexe. Au niveau de l'ethnie, les exploitations
des Moundangs seraient différentes de celles des Toupouris. Les classes
des exploitations dépendent de leur niveau de production ainsi que de
leurs équipements agricoles. Quant au sexe, les exploitations des hommes
ont un fonctionnement différent de celui des femmes.
- Age de l'exploitant
Mbetid-Bessane et Becacier (1996) pensent que l'âge du
chef d'exploitation (CE) permet de distinguer les systèmes de production
à différents stades d'évolution. Les jeunes CE peuvent
avoir pour objectif au moment de leur installation, l'augmentation des
superficies et l'acquisition du matériel agricole. En d'autres termes,
ils ont tendance à rendre leur système de production extensif et
compétitif au regard de la force physique qu'ils disposent. Même
si certaines techniques de production leurs sembles familières,
l'appréciation du niveau de fertilité du sol et son utilisation
approprié au risque d'une dégradation prochaine échappent
à ces novices. Contrairement aux anciens CE, dont l'utilisation des
techniques culturales est liée à leur âge. Ces derniers,
intensifient leurs systèmes de production sur des petites parcelles dont
la classe de fertilité est bien connue, la rotation des cultures et les
substitutions minérales souvent idoines à la production sol.
- Matériel de travail
Le choix d'un matériel de travail dépend des
conditions physico-chimiques du sol et de la plante à cultiver. Ainsi,
la diversité des sols a conduit à la complexité du
matériel agricole, et dont des systèmes de culture. Dans la
région du Nord, l'introduction de la culture attelée a permis
à la plupart des exploitants d'adopter le semis en ligne (Roupsard,
1987). Ce dernier permet d'opérer le sarclage les parcelles sans
toutefois endommager les cultures. En plus, l'introduction de nouveaux
équipements et de moyens de traction modifient
considérablement
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la productivité du travail, et permet à ceux qui
accèdent à ses moyens d'obtenir un avantage stratégique.
Cela entraine donc une différenciation de leur système de
production par rapport à ceux qui sont restés à la culture
manuelle (Jouve, 1986 ; Madi, 1994).
- Pratiques culturales
Les pratiques culturales menées par les agriculteurs
dépendent de plusieurs paramètres liés à leur
environnement ou à leurs objectifs (Dugué et Dounias, 1995). Les
conditions climatiques ou physico-chimiques du sol sont souvent à
l'origine des pratiques culturales particulières. Ainsi, certains
milieux exigent plus de traitements phytosanitaires et de fertilisants, compte
tenu de l'humidité de l'air et de l'intensification agricole. Tout comme
dans d'autres, le travail du sol passe nécessairement par le
dessouchage, le brulis des andains, l'abattage des arbres ou un semis direct
après un désherbage chimique.
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