9. LA SIRÈNE, I OU A RÉSUMÉ :
Cette étude tente de montrer que l'envie de
transgression est fortement ancrée dans l'homme. Cependant, l'ordre
social ne peut exister sans interdit parce la liberté absolue conduirait
à un déferlement de violence dont l'interdit a pour mission de
contrer. Il n'existe pas non plus d'interdit absolu. C'est ainsi que cette
étude tend à prouver que la femme est au centre d'un interdit qui
la désigne à la convoitise. C'est pour illustrer ces positions
que nous faisons ici recours au mythe de la sirène dans sa version du
Sud-Ouest malgache.
Mots clés : mythes, femme, interdit, transgression,
postulation
ABSTRACT :
This study attempts to show that the desire for transgression
is strongly anchored in human. However, the social order cannot exist without
banned because absolute freedom would lead to a surge of violence which the
forbidden aims to counter. There is no absolute ban. Therefore, this study
tends to prove that the woman is at the center of a banned which refers to
lust. It is to illustrate these positions that we here use the myth of the
mermaid in its version of the South-West Madagascar.
Key words: myths, woman, forbidden, transgression, postulation
9.1. INTRODUCTION
Si le changement de hiérarchie opéré par
Rudolf CARNAP (cf. (BANGE, 1992)), à savoir que la sémantique et
la syntaxe sont commandées par des buts pragmatiques est accepté,
dès lors, on peut faire un exercice de style
épistémologique qui consiste à traiter d'un mythe d'un
point de vue pragmatique en pariant sur la forme pour atteindre le sens.
Appelons cette attitude « épistémologie du pari ».
Ce faisant, nous souscrivons à l'analyse d'Ivan ALMEIDA
(1997) sur l'ouvrage fondateur de Louis HJELEMSLEV (1968-1971) en linguistique
et dont la conclusion est que l'essence donc, de la notion de style
(épistémologique) est la mise en oeuvre du général
dans le particulier. Cependant, nous n'avons pas la prétention de suivre
tous les points qui ont permis à ALMEIDA de dénoncer, à la
suite de sa lecture de l'ouvrage du linguiste considéré à
la fois comme linguistique et épistémologique, l'impasse
sémantique des sciences de signification dans la considération de
la forme une logique comme une abstraction de la matière linguistique.
Il nous suffit ici d'accepter la radicalisation de la mise entre
parenthèse avec une préalable reconnaissance de ce qui
été écarté. C'est l'épistémologie du
pari pour la forme.
Cette mise à l'écart est devenue une
caractéristique de l'épistémologie moderne : le sens est
sacrifié au profit de la forme selon une logique qui consiste à
dire que l'on ne peut tout avoir. Si l'on se soumet à la
cohérence, on doit perdre en complétude et vice-versa et si l'on
choisit la rigueur, on doit sacrifier une partie de la signifiance et
vice-versa. C'est cette
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attitude qui prévaut en linguistique dans son
orientation soit en syntaxe ou soit en sémantique.
C'est toute la problématique mise à jour par
Noam CHOMSKY dans sa distinction entre phrase sémantiquement correcte
mais agrammaticale et phrase grammaticale mais sémantiquement
incorrecte. Il nous semble que la pragmatique comme nouveau paradigme au sein
de la science linguistique ne s'est pas départi de cette
épistémologie de l'écartement. À ce titre, la
nouvelle hiérarchisation du paradigme établie par CARNAP est
révolutionnaire.
Ainsi, dans ce projet de pragmatique d'un mythe, nous allons
aborder la radicalisation de l'epokhé, la mise à
l'écart, par l'autre bout que nous pouvons appeler le pari de la forme,
qui, évidemment s'inscrit dans l'épistémologie du pari
pour éviter la stratégie du renoncement.
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