8. MÉTAPHORE ET FEMME
RÉSUMÉ
Cette étude vise à rendre compte de la collision
entre la métaphore et la comparaison. Il s'ensuit que ce travail refuse
d'accepter de considérer la métaphore comme une comparaison avec
ellipse des outils de comparaison. Dans le phénomène
métaphorique, c'est une vision du monde qui a pour cadre la
préservation de la face. Tandis que dans la comparaison, le sujet
parlant s'inscrit dans la dimension cognitive du rapport interlocutif.
Autrement dit, la métaphore est passionnelle tandis que la comparaison
est pédagogique. Ou encore, il y a lieu de considérer la
métaphore dans l'ordre du désir, par contre la comparaison
opère au niveau de la validité du jugement.
Mots clés : métaphore, comparaison, désir,
jugement, passion
ABSTRACT
This study aims to report on the collision between metaphor
and comparison. It follows that this work refused to accept to consider the
metaphor as a comparison with comparison tools ellipse. In the metaphorical
phenomenon, it is a vision of the world which is the preservation of the face.
While in comparison, the speaking subject fits into the cognitive dimension of
the interaction report. In other words, the metaphor is passionate while the
comparison is educational. Or again, it is necessary to consider the metaphor
in the order of desire, however the comparison operates at the level of the
validity of the judgment.
Key words: metaphor, comparison, desire, judgment, passion
La littérature sur la métaphore a connu ces
dernières années une fluctuation sans précédent.
Témoigne de cette augmentation vertigineuse, une ambigüité
native de la métaphore : TODOROV (1970, p. 28) nous rapporte que l'adage
selon lequel la métaphore est l'exception s'accompagne naturellement de
son contraire : la métaphore est la règle. Une
ambiguïté que tranche GENETTE en ces termes:
« Le mouvement séculaire de réduction
de la rhétorique semble donc aboutir à une valorisation absolue
de la métaphore, liée à l'idée d'une
métaphoricité essentielle du langage poétique - et du
langage en général ». (GENETTE, 1972, p. 36)
Pour désambigüiser, ce travail va commencer par
s'interroger sur la collision entre la comparaison et la métaphore.
Ensuite, dans une perspective pragmatique, du mécanisme de la
métaphore, il traitera de la métaphore et de la synecdoque. Pour
terminer, il traitera, toujours dans une démarche pragmatique, de la
métaphoricité de la femme ; à partir de cette remarque de
Jean PETITOT :
« La relation dominante est la relation
signifié/signifiant (la cause du désir et non pas la
validité du jugement), le référent n'étant qu'un
tenant lieu (un artefact, un simulacre, un trompe-l'oeil) servant de support.
» (PETITOT, 1982, p. 25)
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Pour commencer observons la collision entre métaphore
et comparaison. Le premier problème de la métaphore qui va
être élucidé est d'abord sa connexion avec la comparaison.
En effet, des auteurs affirment que la métaphore est une comparaison
sans outil de comparaison. La position de LE GUERN sur ce point est très
claire et instructive. Cet auteur n'admet pas que la métaphore soit une
comparaison elliptique.
La raison de ce refus réside dans une distinction
étymologique d'où dérive le terme de « comparaison
» en français : « Le mot même de comparaison fournit un
outil mal commode et son ambiguïté gêne parfois le
grammairien. Dans la terminologie grammaticale, il remplace deux mots latins
qui correspondent à des notions bien distinctes, la « comparatio
» et la « similitudo ». Sous le nom de « comparatio »
sont groupés tous les moyens qui servent à exprimer les notions
de comparatif de supériorité, d'infériorité et
d'égalité. La « comparatio » est donc
carctérisée par le fait qu'elle fait intervenir un
élément d'appréciation quantitative. La « similitudo
», au contraire, sert à exprimer une jugement qualitatif, en
faisant intervenir dans le déroulement de l'énoncé
l'être, l'objet, l'action ou l'état qui comporte à un
degré éminent ou tout au moins remarquable la qualité ou
la caractéristique qu'il importe de mettre en valeur. » (LE GUERN,
1972, p. 52)
La métaphore relève de la similitude et non de
la comparaison. La comparaison qui permette cette confusion d'approche de la
métaphore est celle d'égalité. D'après cette
information donnée par LE GUERN, il ne faut pas confondre
l'opération de comparaison qui est une évaluation quantitative et
l'opération de similitude qui fait intervenir la qualité bien que
les deux opérations puissent recourir aux mêmes outils
linguistiques entre les termes impliqués.
On sait que la comparaison utilise des outils comme plus +
adjectif+ que et ses variantes, tandis que l'opération de
similitude est restreinte à une expression d'égalité et
emploie les outils du type semblable à, pareil
à, tel, etc. Mais les deux constructions peuvent utiliser
en commun l'outil « comme ». Il en résulte que la question
qu'il nous faut résoudre est de savoir s'il l'on a affaire à des
comparaisons ou à des similitudes dans ce cas.
On peut supposer que dans la comparaison, l'opération
est du domaine cognitif. Elle consiste à faire accéder à
l'inconnu à partir du connu. Ainsi quand ont dit :
1. La terre est ronde comme une orange
Il s'agit dans cet exemple de faire connaître la forme
de la terre à partir d'un observable. Il est évidemment
très difficile de se rendre compte de la forme sphérique de la
terre, étant donné la différence incommensurable
d'échelle entre l'homme et la planète; et qu'au moment de
l'affirmation, l'humanité ne disposait pas de moyen de s'arracher de la
gravitation pour observer la terre du dehors.
Autrement dit, la comparaison est un moyen cognitif de faire
passer l'inconnu au connu au même titre que dans les langages
formalisés comme la mathématique, dans une équation, on se
sert du connu pour arriver à la connaissance de l'inconnu. Par exemple,
si l'inconnu est « x » ; l'équation ax + b = 0 sera
résolue par passage du même côté des connus. Ce qui
nous
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donne : ax = -b ; dès lors x = -b/a. Le signe
d'égalité de la mathématique relève de la
comparaison de deux grandeurs. Il en est exactement de même dans
l'exemple suivant où ce qui motive l'énonciation est le
désir de faire connaître la force du fils à partir de la
force du père qui est connue :
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