4.3.3. La relation de soin
Dans ce concept de relation de soin, nous pouvons tout d'abord
dégager deux termes pour tenter de la comprendre. Tout d'abord, le terme
de « relation » provient de latin « relatio » qui
signifie « rapport, communication avec d'autres personnes ».
Le mot « soin » lui, émane du latin «
soniare » se traduisant par « s'occuper de. ».
Mais dans un premier temps, il apparait important de préciser que cette
relation trouve son origine dans deux contextes. En effet, la relation de soin
peut être d'origine fonctionnelle. En d'autres termes elle nait d'un soin
« à faire ». Mais elle possède
également une seconde nature qui selon W. Hesbeen est « une
relation d'attention à la personne, une relation singulière,
sensible et subtile et qui se veut de nature aidante. ». C'est donc
sur cette dernière que nous nous intéresserons par la suite.
Ainsi, C. Duboys et G. Perrin nous explique dans l'ouvrage
« Le métier d'infirmière en France » que cette
relation n'est pas une simple conversation, elle « commence par
l'observation, l'écoute : l'infirmière qui a une bonne
connaissance d'elle-même, de sa fonction, de certains concepts
théoriques sur lesquels s'appuie sa pratique prendra soin de la
personne. C'est-à-dire l'accompagner, l'aider à se prendre
elle-même en charge. L`action de l'infirmière porte sur la
personne et son environnement afin de l'aider à identifier ce qui pose
problème et à utiliser ses ressources internes.
L'infirmière tente de trouver les réponses satisfaisantes en
facilitant l'e pression du vécu de la personne soignée, dans le
cadre de la démarche de soins, ou de l'alliance thérapeutique
». Cette relation désigne donc une attention
particulière portée à la personne malade pour qu'elle
puisse se sentir considérée et soutenue. Elle prend place dans
une démarche de soin pour aider le patient à trouver ses propres
ressources, et ainsi les mobiliser pour tendre vers une autonomie et un bien
être en apprenant à agir au mieux, face aux obstacles de la
maladie.
En psychiatrie, il est essentiel de retenir que la relation de
soin est au centre du traitement. En effet, cette relation permet
d'établir un cadre de soins dans le but d'accompagner le patient
schizophrène et de le soigner. Ce cadre est un repère pour lui,
il prend en compte les besoins et les souhaits du patient et lui permet de
gérer au mieux ses symptômes, ses émotions et ses conflits
internes. En d'autres termes, il doit lui permettre de vivre au mieux avec ses
difficultés. C'est donc pour cela que la construction de la relation de
soin est indispensable dans la mise en place du procédé
thérapeutique. De plus, elle dépend principalement de la
confiance que le patient a envers le soignant. La confiance est une chose qui
se met en place et qui peut prendre du temps, elle a besoin d'être
entretenue et
DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de
Lisieux | Mai 2019 27
nourrie. Chaque moment avec lui peut donc être favorable
à une communication pour entretenir une relation de confiance et ainsi
identifier avec lui ses besoins, ses peurs et ses envies. Elle sous-entend une
réciprocité entre les deux personnes. Il faut que le soignant et
le patient schizophrène s'investissent tous deux dans la relation de
soins. Il en découle alors une alliance thérapeutique. Le terme
« thérapeutique » a un sens bien précis, il
signifie « qui soigne ». Si on l'associe au mot «
alliance » on parle alors d'un lien qui se constitue entre le
patient et le soignant afin de permettre le commencement et la
continuité du cadre de soins. Le but de ce dernier étant de
construire un projet de vie avec la personne sans oublier de prendre en compte
la réalité et les difficultés de la maladie. Mais le terme
de « thérapeutique » peut également être
utilisé autour d'une activité ou d'un entretien. En effet, ces
deux actions font partie prenante de la relation de soin et ont toutes les deux
pour objectif d'accompagner le patient schizophrène dans l'acceptation
de sa maladie et ainsi lui apprendre à vivre avec. En ce qui concerne
l'entretien thérapeutique, il s'agit d'un dispositif s'appuyant sur le
dialogue et visant à rendre compte de la souffrance rencontrée
par le patient schizophrène et à la diminuer. Par dialogue, il
faut comprendre que cela donne la possibilité au patient de verbaliser
ses ressentis dans un climat de bienveillance. Les entretiens sont donc au
centre des soins car la communication entre patient et soignant permet de faire
avancer le projet de soins et la mise en place d'un accompagnement
adapté. Il est important de préciser ici qu'il existe
différents types d'entretiens. D'ailleurs ils sont souvent
associés au travail du psychiatre, mais l'infirmier peut lui aussi
proposer des rencontres programmées ou tout simplement à la
demande du patient. On parle alors d'entretien infirmier. Les activités
thérapeutiques sont souvent basées sur la vie quotidienne pour
pouvoir retrouver de l'autonomie. Elles permettent également de
travailler sur l'aspect social pour que le patient schizophrène puisse
développer ses rapports sociaux qui sont appauvris par la maladie. Les
conflits internes que vit le patient et qui le font souffrir sont aussi
évoqués lors des activités. Celles-ci d'aborder les
difficultés ressenties. En somme, il est évident que tous ces
éléments sont liés entre eux et sont dépendants les
uns des autres. Chaque aspect est indispensable pour une prise en charge de
qualité du patient schizophrène. Le cadre de soin, les entretiens
ou encore les activités ne peuvent prendre effet sans une relation de
soins et vice versa. On peut alors parler d'une synergie relationnelle
où tous ces aspects agissent ensemble afin de créer un effet
thérapeutique plus fort et plus probant pour le patient.
Ainsi, au même titre que les médicaments, la
relation de soin est un outil de travail pour soigner le malade
schizophrène et pour apprendre à le connaître. Il est
indéniable que
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Lisieux | Mai 2019 28
chaque personne est unique et possède les ressources
nécessaires pour diriger sa vie, pour faire des choix. C'est donc pour
cela que la relation de soin est mise en place, dans le but de pouvoir aider le
patient schizophrène à reconnaître ce qui est bon pour lui
selon ses projets. Cependant, il faut savoir que cette relation de soin peut se
rattacher à la notion de distance, ce qui peut apparaître
paradoxal. En effet, le professionnel doit oser la relation mais doit
également être en mesure de garder une certaine distance entre le
patient et lui dans le but de se protéger et de protéger le
patient schizophrène.
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