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Prise en charge et qualité de vie d'un patient schizophrène: vers une juste distance dans la relation de soins


par Chloé Desprez
Université de Caen  - Diplôme universitaire en soins infirmiers  2019
  

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4.3.3. La relation de soin

Dans ce concept de relation de soin, nous pouvons tout d'abord dégager deux termes pour tenter de la comprendre. Tout d'abord, le terme de « relation » provient de latin « relatio » qui signifie « rapport, communication avec d'autres personnes ». Le mot « soin » lui, émane du latin « soniare » se traduisant par « s'occuper de. ». Mais dans un premier temps, il apparait important de préciser que cette relation trouve son origine dans deux contextes. En effet, la relation de soin peut être d'origine fonctionnelle. En d'autres termes elle nait d'un soin « à faire ». Mais elle possède également une seconde nature qui selon W. Hesbeen est « une relation d'attention à la personne, une relation singulière, sensible et subtile et qui se veut de nature aidante. ». C'est donc sur cette dernière que nous nous intéresserons par la suite.

Ainsi, C. Duboys et G. Perrin nous explique dans l'ouvrage « Le métier d'infirmière en France » que cette relation n'est pas une simple conversation, elle « commence par l'observation, l'écoute : l'infirmière qui a une bonne connaissance d'elle-même, de sa fonction, de certains concepts théoriques sur lesquels s'appuie sa pratique prendra soin de la personne. C'est-à-dire l'accompagner, l'aider à se prendre elle-même en charge. L`action de l'infirmière porte sur la personne et son environnement afin de l'aider à identifier ce qui pose problème et à utiliser ses ressources internes. L'infirmière tente de trouver les réponses satisfaisantes en facilitant l'e pression du vécu de la personne soignée, dans le cadre de la démarche de soins, ou de l'alliance thérapeutique ». Cette relation désigne donc une attention particulière portée à la personne malade pour qu'elle puisse se sentir considérée et soutenue. Elle prend place dans une démarche de soin pour aider le patient à trouver ses propres ressources, et ainsi les mobiliser pour tendre vers une autonomie et un bien être en apprenant à agir au mieux, face aux obstacles de la maladie.

En psychiatrie, il est essentiel de retenir que la relation de soin est au centre du traitement. En effet, cette relation permet d'établir un cadre de soins dans le but d'accompagner le patient schizophrène et de le soigner. Ce cadre est un repère pour lui, il prend en compte les besoins et les souhaits du patient et lui permet de gérer au mieux ses symptômes, ses émotions et ses conflits internes. En d'autres termes, il doit lui permettre de vivre au mieux avec ses difficultés. C'est donc pour cela que la construction de la relation de soin est indispensable dans la mise en place du procédé thérapeutique. De plus, elle dépend principalement de la confiance que le patient a envers le soignant. La confiance est une chose qui se met en place et qui peut prendre du temps, elle a besoin d'être entretenue et

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 27

nourrie. Chaque moment avec lui peut donc être favorable à une communication pour entretenir une relation de confiance et ainsi identifier avec lui ses besoins, ses peurs et ses envies. Elle sous-entend une réciprocité entre les deux personnes. Il faut que le soignant et le patient schizophrène s'investissent tous deux dans la relation de soins. Il en découle alors une alliance thérapeutique. Le terme « thérapeutique » a un sens bien précis, il signifie « qui soigne ». Si on l'associe au mot « alliance » on parle alors d'un lien qui se constitue entre le patient et le soignant afin de permettre le commencement et la continuité du cadre de soins. Le but de ce dernier étant de construire un projet de vie avec la personne sans oublier de prendre en compte la réalité et les difficultés de la maladie. Mais le terme de « thérapeutique » peut également être utilisé autour d'une activité ou d'un entretien. En effet, ces deux actions font partie prenante de la relation de soin et ont toutes les deux pour objectif d'accompagner le patient schizophrène dans l'acceptation de sa maladie et ainsi lui apprendre à vivre avec. En ce qui concerne l'entretien thérapeutique, il s'agit d'un dispositif s'appuyant sur le dialogue et visant à rendre compte de la souffrance rencontrée par le patient schizophrène et à la diminuer. Par dialogue, il faut comprendre que cela donne la possibilité au patient de verbaliser ses ressentis dans un climat de bienveillance. Les entretiens sont donc au centre des soins car la communication entre patient et soignant permet de faire avancer le projet de soins et la mise en place d'un accompagnement adapté. Il est important de préciser ici qu'il existe différents types d'entretiens. D'ailleurs ils sont souvent associés au travail du psychiatre, mais l'infirmier peut lui aussi proposer des rencontres programmées ou tout simplement à la demande du patient. On parle alors d'entretien infirmier. Les activités thérapeutiques sont souvent basées sur la vie quotidienne pour pouvoir retrouver de l'autonomie. Elles permettent également de travailler sur l'aspect social pour que le patient schizophrène puisse développer ses rapports sociaux qui sont appauvris par la maladie. Les conflits internes que vit le patient et qui le font souffrir sont aussi évoqués lors des activités. Celles-ci d'aborder les difficultés ressenties. En somme, il est évident que tous ces éléments sont liés entre eux et sont dépendants les uns des autres. Chaque aspect est indispensable pour une prise en charge de qualité du patient schizophrène. Le cadre de soin, les entretiens ou encore les activités ne peuvent prendre effet sans une relation de soins et vice versa. On peut alors parler d'une synergie relationnelle où tous ces aspects agissent ensemble afin de créer un effet thérapeutique plus fort et plus probant pour le patient.

Ainsi, au même titre que les médicaments, la relation de soin est un outil de travail pour soigner le malade schizophrène et pour apprendre à le connaître. Il est indéniable que

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 28

chaque personne est unique et possède les ressources nécessaires pour diriger sa vie, pour faire des choix. C'est donc pour cela que la relation de soin est mise en place, dans le but de pouvoir aider le patient schizophrène à reconnaître ce qui est bon pour lui selon ses projets. Cependant, il faut savoir que cette relation de soin peut se rattacher à la notion de distance, ce qui peut apparaître paradoxal. En effet, le professionnel doit oser la relation mais doit également être en mesure de garder une certaine distance entre le patient et lui dans le but de se protéger et de protéger le patient schizophrène.

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