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Prise en charge et qualité de vie d'un patient schizophrène: vers une juste distance dans la relation de soins


par Chloé Desprez
Université de Caen  - Diplôme universitaire en soins infirmiers  2019
  

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Annexe 1. Guide d'entretien

Le parcours des professionnels

Objectif: Comparer et analyser les ressemblances et les différences entre les réponses selon l'expérience

Pourriez-vous me parler de votre parcours professionnel ?

? Année d'obtention du diplôme ? Ancienneté dans le service

? Formations complémentaires si oui, lesquels ?

Thème 1 : La schizophrénie

Objectif: Recueillir les représentations des soignants sur la schizophrénie

Quels mots choisiriez-vous pour expliquer la schizophrénie ?

Pour vous, en quoi la schizophrénie est-elle une maladie chronique ? Thème 2 : La qualité de vie d'un patient schizophrène

Objectif: Prendre connaissance des différents aspects identifiés par les soignants sur l'impact de la maladie sur le quotidien des patients

Quelles idées vous faites-vous de la qualité de vie ? (termes, mots, représentations, association...)

Selon vous, en quoi la schizophrénie impact-elle la qualité de vie du patient ? Thème 3 : La relation de soin infirmier

Objectif: Identifier la place de la relation de soin IDE avec un patient schizophrène dans sa prise en charge

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 54

Selon vous, quelle place à la relation de soin dans la prise en charge avec un patient schizophrène ?

Objectif: Recueillir l'avis et l'expérience des soignants afin d'identifier les différents aspects de la relation de soin avec un patient schizophrène ainsi que les compétences relationnelles de l'infirmière

Et par quels moyens la faite vous vivre ?

Qu'est ce qui favorise selon vous la relation de soin avec un patient schizophrène ?

Que rencontrez-vous comme difficultés dans la relation de soin avec des patients schizophrènes ?

Face aux difficultés rencontrées, que mettez-vous en place ou sur quoi vous appuyez-vous ?

Thème 4 : La juste distance dans la relation

Objectif : Recueillir l'avis et l'expérience des soignants sur la juste distance dans la relation de soin avec un patient schizophrène

Qu'est-ce que pour vous la « juste distance » ?

Pour vous, en quoi la juste distance peut-elle être déterminante dans la prise en charge d'un patient schizophrène ?

Les réajustements possibles

Objectif: Créer une ouverture pour permettre aux infirmiers de s'exprimer sur des points non abordés lors de l'entretien qui leurs semblent importants et ainsi clôturer l'échange

Selon vous, qu'est ce qui n'a pas était abordé lors de cette entretien et que vous voudriez partager ?

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 55

Annexe 2. Restranscription de l'entretien 1

- « Alors du coup dans un premier temps, peux-tu me parler de ton parcours professionnel ? Plus précisément, l'année d'obtention de ton diplôme, ton ancienneté dans le service et si tu as fait des formations complémentaires. »

- « Alors moi j'ai commencé en 2013 à l'IFSI et j'ai fini fin 2016, après j'ai d'abord travaillé dans un service d'entrant en psychiatrie pendant 1 an, j'ai ensuite fais 10 mois de nuit dans le même service et maintenant je suis dans un service de réhabilitation en psychiatrie depuis quelques mois. »

- « Parfait, alors du coup je vais te poser des petites questions tout d'abord sur la schizophrénie donc ma première question est : quels mots tu choisirai pour expliquer la schizophrénie? »

- L'IDE me répond sans hésitation « La dissociation ! » un léger silence s'installe puis l'IDE enchaine rapidement : « La dissociation c'est par exemple, euh.. (soupir) la déconnexion avec la réalité, on voit les choses différemment, on capte les choses différemment, les patients euh.. dissociés euh.. vont pas avoir les mêmes centres d'intérêts, les mêmes analyses que des personnes entre guillemets « normales » même si ils sont tout à fait normaux vu que ce sont des êtres humains comme nous mais euh.. la dissociation mentale par exemple c'est.. » un silence s'installe quelques secondes, l'IDE regarde face à lui et réfléchie un instant, il poursuit : « la dissociation mentale c'est une séparation du Moi, c'est par exemple.. La réalité que nous, nous allons vivre chaque jour, cette réalité la va être totalement vécu et vu d'un oeil différent par une personne dissociées c'est-à-dire que son jugement de la réalité va être altéré, ses sentiments par rapport à la réalité vont être altérés, ses pensées vont l'être aussi donc ça va faire de lui quelqu'un entre guillemets « bizarre » qu'on va trouver étrange, qu'on va trouver différent de nous parce qu'il ne verra pas la même chose, il ne s'attardera pas sur les mêmes choses, il regardera des choses qui n'existent pas et du coup pour moi c'est ce qui définit le plus la schizophrénie c'est ce qu'on appelle nous la dissociation en psychiatrie, c'est ce qui le rend.. le rend différent de nous, et c'est ce qui parait pour la plupart des gens un peu étrange, c'est ce qu'on va remarquer chez ses personnes. »

- Je lui sourit et acquiesce d'un signe de tête puis je lui dis : « ok, très bien.. du coup deuxième question, j'aimerai savoir maintenant pour toi, en quoi la schizophrénie est-elle une maladie chronique ? »

- « La schizophrénie c'est une maladie chronique parce qu'elle ne se guérit pas, c'est-à-dire qu'il faut qu'on descende un peu de notre piédestal et qu'on se dise que les patients qu'on reçoit au jour de jour on ne va pas les guérir mais on va les aider à vivre leur vie, dans le monde et dans la société actuelle par des moyens, des médiations extérieures ou intra/extra hospitalière qui vont pouvoir leur permettre de vivre correctement avec la maladie. » Il me sourit.

- Je lui rends son sourire et poursuit « Donc ensuite j'aimerai parler avec toi de la qualité de vie des patients schizophrènes, mais tout d'abord quelles idées tu te fais de la qualité de vie ? En général ? donc si il y a des termes, des représentations que tu voudrais me dire par rapport à cette qualité de vie car c'est un peu compliqué à déf.. » Je ne finis pas ma phrase car l'IDE prend la parole et me répond spontanément et de façon dynamique:

- « Et bien la qualité de la vie pour moi c'est arriver à être heureux avec ce qu'on a sans pour autant chercher plus et arriver à vivre avec notre passé, notre présent et l'idée qu'on peut se faire de l'avenir, ce qui peut être compliqué pour quelqu'un de schizophrène parce que des fois il va avoir des périodes où il va être mal, des périodes qu'il oubliera, il n'a pas forcément de projection sur l'avenir parce que toutes ses pensées sont centrées vers le présent et ce qu'il ressent au jour le jour peut être très mauvais et très triste pour lui voir très

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terrifiant et voilà.. donc pour moi la qualité de la vie ça se résume à.. à comment je pourrais dire (soupir).. à être heureux (nous rions gentiment) »

- « Non mais c'est vrai, tout à fait c'est important, et au final ma deuxième question c'était en quoi la schizophrénie impact-elle la qualité de vie du patient ? donc c'est un peu ce que tu viens d'expliquer.. »

- « Et bien oui, de par la dissociation que j'expliquais tout à l'heure ils vont pas voir la réalité de la même manière que nous, du coup bah ces patients la vont être un peu différent parce que si ils voient des choses qui les persécute, qui leur fait du mal, et bah leur qualité de vie va être amoindrie parce qu'ils vont avoir l'impression d'être des moins que rien, que leur vie n'a pas de sens, que y'a des choses qui interrompent leur vie et qui leur font du mal. »

- « Ok, donc ensuite, euh, le thème que je voudrais aborder est sur la relation de soin infirmier » Il m'écoute et acquiesce, je continue ma phrase: « du coup ma question c'est tout d'abord selon toi, quelle place à la relation de soin dans la prise en charge avec un patient schizophrène ? »

- Il me répond directement avec assurance: « oh bah ça c'est très très important parce que c'est ce qu'on cherche en premier dans la prise en charge, c'est établir un lien avec le patient. Euh.. la relation de soignant soignée c'est presque ce qu'il y a de plus important parce que quand vous prenez en charge une personne schizophrène qui ne voit pas les mêmes choses que vous, qui interprète pas les mêmes choses que vous ou qui n'a pas les même pensées et le même jugement et bah elle va pas forcément vous faire confiance et il faut gagner ce lien de confiance pour pouvoir avancer ensemble derrière et quand on est un pied à terre de la réalité et quand cette personne vous associe avec la réalité et après même quand elle est dans des phases de mal-être ou elle voit des choses si elle vous voit et qu'elle vous associe, vous avec votre tête et votre blouse blanche avec la réalité et avec quelque chose auquel elle peut se tenir et croire et se fier et bah ça l'aidera à avancer dans ses périodes de crise et donc à nous faire confiance. Donc nous on est là pour les aider avec nos traitements, nos médiations et s'ils nous font confiance et bah c'est comme ça qu'ils pourront avancer dans leur maladie et nous on pourra avancer dans la prise en charge et donc ils pourront avancer dans leur vie. »

- « Très bien et du coup par quels moyens tu la fait vivre ? (silence) cette relation ? »

- « Et bien, moi j'essaye toujours de créer des liens avec les patients, j'essaye de leur faire des petites blagues, j'essaye euh.. de leur demander comment ça va, comment s'est passé les petites médiations qu'ils font, de savoir ce qu'ils font au jour le jour euh.. quels moyens thérapeutiques ou personnelles ils mettent en place pour lutter dans leur période d'angoisse, dans leur période de stress, où ils vont moins bien et quand j'ai repéré ça et qu'il se confie à moi, bah après moi j'essaye de leur rappeler ses petites choses et du coup ça leur rappel les moments où ils ont réussi à aller mieux et du coup c'est comme ça qui nous font confiance. » - « hum.. du coup, ensuite je voulais savoir qu'est ce qui favorise selon toi la relation de soin avec un patient schizophrène ? »

- Il me regarde et répète ce que je viens de dire: « qu'est ce qui favorise la relation de soin.. » un silence s'installe, je sens que la question est un peu flou pour lui, je décide donc d'expliquer davantage : « Qu'est ce qui va faire que tu peux la mettre en place en d'autres termes.. »

- « euh.. et bah déjà l'hospitalisation parce que moi je travaille dans un milieu intra hospitalier donc le faite que la personne soit la bah moi je vais la prendre en charge donc je vais favoriser la relation de soin parce que le patient est la et parce qu'elle demande de l'aide et même si elle ne demande pas d'aide je vais aller vers elle et je vais me montrer comme aidant envers cette personne et du coup c'est en ça que je vais favoriser cette relation de soin parce que si le patient me voit comme aidant comme je disais avant et bah elle me fera confiance et une fois qu'elle me fait confiance et bah là c'est gagné (nous rions) là je peux lui montrer un peu comment moi je vois la chose et l'amener peu à peu à réfléchir sur ses

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comportements, sur ses délires éventuellement, sur ce qui se passe au jour le jour avec les traitements qui agissent et le retour à la réalité. »

- « Ok, et du coup qu'est-ce que tu rencontres comme difficultés dans la relation de soin avec le patient schizophrène ? »

- « La difficulté que je rencontre principalement avec les patients schizophrènes, c'est avec des patients schizophrène qui vont être persécutés, c'est à dire qui vont penser qu'on est là

pour leur faire du mal, ils vont avoir éventuellement des voix qui vont leur dire qu'on est là pour faire du mal et c'est difficile pour eux étant donné qu'ils sont dissociés de faire le.. de distinguer la réalité et.. la.. enfin la réalité qu'ils voient et la réalité qui est la nôtre, nous qui ne sommes pas schizophrène, donc voilà. »

- « Et donc face à ses difficultés la, que tu as rencontré, qu'est-ce que tu mets en place ? sur quoi tu t'appuies ? »

- « euh par rapport à la persécution, et bah moi j'essaye toujours de de.. dans la période où les patients vont mieux de leur montrer qu'on est là pour les aider, de faire des petites

médiations avec eux c'est à dire de faire un jeu de société, de sortir dehors avec eux si ils aiment ça, d'aller fumer une cigarette si ils aiment ça, j'essaye de.. Tous leur petits bonheurs du quotidien, j'essaye de les vivres avec eux pour qu'ils m'associent à quelqu'un d'aidant et de leur côté et ainsi me faire confiance. »

- J'enchaine directement et lui demande « mais du coup le travail en équipe dans tout ça ? dans la relation, dans les difficultés rencontrées..? »

- « bah le travail en équipe il est partout, parce que tout ce qu'on va vivre avec le patient on va le raconter à nos collègues et nos collègues vont se servir de ce que nous on a déjà

loué.. euh nié euh lié pardon.. (nous rions) de tout ce qu'on a déjà lié avec le patient ils vont

s'en servir, on sait que telle patient n'aime pas qu'on lui parle de tel sujet parce que ça le rend mal, ça l'angoisse, ça lui fait peur, ça le rend énervé et ça le contrarie alors dans ces

cas-là on va pas aller lui parler de ça pour le moment comme ça on va pas le contrarié et

comme ça on va faire une relation soignant soigné de qualité et comme ça il va nous faire confiance et derrière à un moment ou un autre on va le confronter avec ses choses qu'il n'a

pas envie de parler pour pouvoir le faire avancer lui, et donc aussi l'équipe pluridisciplinaire

elle joue un rôle important parce que ce qu'on va pas réussir à faire en tant que soignant peut être que un médecin psychiatre du fait de son statut va réussir à le faire passer au

soignant et inversement ce que le médecin ne va pas réussir à faire parce que peut-être il

sera vu comme le persécuteur et bah nous soignant on peut travailler dessus, les ergothérapeute par exemple peuvent travailler sur autres choses grâce à des médiations

telles que la cuisine ou des activités que les patients aiment, euh lorsque les patients se

confie au médecin psychologue et que le médecin nous confie ce que les patients leur disent et bah nous on peut travailler dessus après derrière aussi, enfin toutes les informations sont

importantes donc le fait qu'il y ai une équipe pluridisciplinaire qui se transmet toutes les infos et bah ça aide à ce que tous ensemble on soit dans le sens du patient, qu'on soit là pour lui et son bien-être. »

- « C'est ça (nous sourions) et du coup dernière question enfin non il en reste 3 (nous rions), par rapport à la juste distance, qu'est-ce que pour toi la juste distance ? »

- « La juste distance pour moi, ce que j'applique avec mes patients par exemple, un exemple

simple, ça va être.. essayer de nier.. de louer euh.. de lié un lien pardon (nous rions) bon, d'essayer de nouer un lien, une fois que ce lien se met en place je leur demande comment

ils veulent qu'on les appelle. Les trois quart des patients ils préfèrent qu'on les appelle par

leur prénom donc je les appelle par leur prénom mais je garde le « vous ». C'est à dire que je vais les appeler chacun par leur prénom tout en gardant le « vous » ce qui va me

permettre à la fois de rentrer dans leur intimité en les appelant par leur prénom et en même

temps de garder le vous qui fait qu'on garde ce statut professionnel et en même temps dans les moments où ça va pas, ça nous permet de garder une distance et dire ouh attention je

suis pas votre ami, moi je suis un soignant je suis de votre côté mais je suis pas votre copain, je suis pas là pour jouer avec vous, je suis pas là pour être d'accord avec tous ce

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que vous dite, je suis là pour vous aider. Je ne suis pas là pour être votre ami enfaite donc je garde la juste distance comme ça. Et, la juste distance euh.. c'est aussi par exemple, être là dans les bons comme dans les mauvais moments avec les patients c'est à dire à la fois être d'accord avec eux quand ils font des choses correctes et en même temps quand ils font des choses incorrects ou quand ils font des choses euh.. qui sont en dehors de la réalité, des fois les confronter à ça, ce qui va peut-être nous positionner pendant un temps en tant que persécuteur mais ce qui va permettre au patient d'avancer donc je suis dans le juste distance dans le sens où je suis du côté du patient, des fois j'accepte certains éléments délirants sans pour autant les confirmer, c'est à dire que je dis jamais oui au patient c'est vrai ce que vous dites, j'acquiesce, je dis d'accord mais je dis pas, je rentre pas dans son délire, j'accepte pas ce qu'il dit mais en même temps je vais pas le confronter toute suite à la réalité tant que j'ai pas un lien. »

- « D'accord et pour toi, en quoi la ju..djuste olala (nous rions) la juste distance peut-elle être déterminante dans la prise en charge d'un patient schizophrène ? Côté positif comme côté négatif »

- « et bah la juste distance thérapeutique elle est forcément déterminante parce que.. (prend une grande respiration) il faut que le patient se lie à nous, il faut qu'il arrive à se confier, il faut qu'on arrive à lui faire croire en nos thérapeutiques et en ce qu'on pense et en la façon de le faire guérir et en même temps il faut aussi qu'on le confronte à la réalité comme je disais, qu'on lui dise ce qu'il ne va pas, qu'on lui explique comment, comment.. comment il peut trouver des moyens de contrer ses phases d'angoisses et ses phases de délire donc il faut qu'on soit à la fois soignant, aidant de leur côté et en même temps qu'on les confronte aussi un petit peu avec la réalité avec parfois leur trouble de personnalité, leur trouble du comportement, et euh leurs délires donc il faut qu'on joue à la fois un rôle d'aidant proche enfin proche.. avec qui quand ils sont hospitalisés, qu'ils sont avec nous tous les jours donc qu'ils nous voient donc ils nous aiment beaucoup et en même temps des fois quand eux rentre dans notre intimité il faut aussi qu'on leur rappel qu'on est pas intime quoi par exemple euh.. moi les patients ils m'appellent par mon prénom mais quand il me demande mon nom de famille, je ne leurs dis jamais parce qu'ils doivent pas me voir en tant qu'ami, ils doivent me voir en tant que professionnel qui est là pour les aider, qui peut être sympa, qui peut rire, qui peut les accompagner à droite à gauche mais qui en même temps quand ils délirent peut aussi les contentioner par exemple et leur faire une injection si c'est ce qu'on doit faire. Donc voilà donc à la fois être quelqu'un qui quand ils vont bien est toujours là et qui aussi quand ils vont mal est toujours là mais quand ils vont trop loin est capable aussi de les « sanctionner » entre guillemets c'est à dire pas les sanctionner mais leur faire une injection et leur dire écoutez là il va falloir qu'on vous fasse une injection, il va falloir se reposer un petit peu parce que vous dormez pas, parce que ça fait 5 jours que vous dormez pas, que votre vision de la réalité elle est plus bonne et que du coup, du coup voilà.. va falloir que je leur fasse ça et même si ils sont pas contents, même si ils veulent pas et bah là à ce moment-là je deviens quelqu'un qu'ils aiment pas trop sur l'instant T, qui peuvent insulter, qui peuvent essayer de frapper.. (il inspire fortement) et pourtant c'est pas pour ça que 5 jours après ou même voir le lendemain, après que je les ai repris, après leur avoir dit que ce qu'ils faisaient c'était pas bien, c'était pas normal et bah ils ne m'aiment pas sur le moment et pourtant toujours les jours d'après ils viennent nous voir ils s'excusent ou ils reparlent avec nous de ce qu'il s'est passé, ce qui nous montre que nous on était dans le bon parce que bah parce que même si sur l'instant T on a l'impression qu'ils nous détestent, quelques jours après ils sont d'accord avec nous, une fois que le conflit est passé, une fois que les thérapeutique ont commencé à

fonctionner voilà..

- « Oui ils ont compris que c'était bénéfique pour eux au final ? »

- « Oui voilà ! Au final, on va leur faire comprendre le bénéfice de nos actes tout en... (il prend une grande inspiration) tout en faisant certains actes qui vont les aider et certains

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actes qui vont les aider par la contrainte et certains actes qui vont les aider euh.. par le plaisir »

- « oui, d'accord donc j'ai une dernière petite question, qu'est ce qui selon toi n'a pas était abordé la pendant cette entretien et que tu voudrais partager ? »

- « euuuuuuuuuuuuuh.. »

- « Ce n'est pas une obligation» lui dis-je en lui souriant.

- Il me sourit et me dit « Il faut toujours se rappeler qu'il y a une très mauvaise vision de la schizophrénie, en l'occurrence les gens pensent toujours que la schizophrénie c'est un trouble dissociatif de l'identité et le trouble dissociatif de l'identité c'est.. c'est Gollum dans le seigneur des anneaux (rires) c'est la personne qui a deux personnalité en elle et change de personnalité d'un instant T à un autre alors que la schizophrénie c'est pas ça » dit-il d'un ton sérieux. « Les troubles dissociatifs de l'identité c'est peu de patient vraiment très peu, les schizophrènes ils se font du mal à eux en général et pas du mal aux autres, les schizophrènes ils le vivent pas bien du tout d'avoir des voix dans leur tête qui les insultent à longueur de journée et ils sont très contents d'avoir des gens qui s'occupent d'eux qui les reconnaissent en tant que personne et non en tant que schizophrène et en tant que malade. C'est des personnes handicapés, c'est des personnes comme tout le monde qui ont besoins de rampes d'accès comme une personne en fauteuil roulant aurait besoin d'une rampe d'accès pour accéder à une porte et bah ces personnes-là ont besoin d'une rampe pour accéder à des activités qu'ils aiment, à du travail qu'ils aiment et puis des fois ils vont avoir des périodes plus durs donc il y a besoin de s'adapter à ces personnes-là et arrêter ce regard, ce regard.. hautain et mauvais porté par les médias et beaucoup de choses que sont les schizophrènes tueurs, il faut savoir que.. je sais pas combien de pourcentage mais une gros pourcentage des schizophrènes se font du mal à eux et ils font pas du mal aux autres.

- « On est d'accord » nous sourions. « Et je voudrais rajouter une toute petite question parce que c'est vrai que j'ai envie d'en parler mais tu vois, par rapport à la relation avec l'autre, le patient par rapport aux relations sociales, qu'est-ce que tu pourrais me dire ? »

- « Et bah de par la dissociation, les patients schizophrènes vont avoir du mal à lier.. à louer.. à nier... oh bah j'aurais eu du mal avec celui-là (nous rions) donc à nouer des liens sociaux parce que ayant une réalité parfois altérée et différente, un jugement différent et des pensées différentes des autres personnes, ils vont et bah ils vont avoir un comportement que je dirais « bizarre », avec des bizarreries de comportements et ces bizarreries la bah elles vont amener les autres personnes sans cette pathologie à avoir une crainte de ces personnes et enfaite il faut juste réussir à comprendre que il voit juste le monde d'une façon différente et leur réalité n'est pas la nôtre et c'est pas pour ça qu'il peuvent pas être heureux, et qu'ils peuvent pas non plus réaliser des choses très bien, mieux que d'autres.. c'est pas parce qu'une personne schizophrène va avoir beaucoup de mal à créer des liens qu'elle va en être incapable et elle va être même capable des fois d'aimer des personnes plus que nous on va être capable et d'avoir plus d'empathie que nous envers d'autres patients parce qu'ils ressentent les mêmes chose qu'eux. » Il me sourit.

- Je lui rend son sourire tout en lui disant : « Ok parfait.. merci bien! »

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 60

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein