SECTION 4 : SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS
Dans ce qui suit nous allons présenter les
réponses des banques interviewées sur les solutions que nous
avons proposé dans le questionnaire pour faire face aux
résiliations des CBR étrangers et pour pallier aux
conséquences du phénomène de « De-risking » dans
l'avenir.
Nous avons jugé opportun de diviser les solutions en
solutions pour les banques privées et celles pour les banques publiques.
Ce choix peut être justifié par les difficultés
structurelles dont souffrent les banques publiques tunisiennes et qui les
contraignent à revenir à leurs autorités de tutelles et
les empêchent de suivre leurs homologues privés dans les
dispositions prises pour se conformer aux exigences de conformité de
leurs correspondants étrangers.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Question 9: Selon vous, quelles sont les
solutions les plus efficaces du secteur privé pour
traiter ou prévenir les pressions CBR ?
Figure n°44 : Solutions pour le secteur privé
100,0% 100,0%
83,3%
79,2%
8,3%
33,3%
62,5%
50,0%
41,7%
29,2%
Établir ou étendre les RCB alternatives
Consolidation du trafic transactionnel à travers les
banques intermédiaires
Renforcer votre conformité aux exigences LAB / CFT
Améliorer la communication directe avec les banques
correspondantes pour clarifier les politiques et les attentes en matière
de gestion des risques
Demander à la BCT de jouer le rôle de
médiateur auprès des autorités compétentes de la
banque correspondante
Mettre en oeuvre des initiatives visant à rassurer les
banques correspondantes exp questionnaire Wolfsberg
Consolidation des transactions (en aval) par des
correspondants
Solutions pour améliorer l'automatisation de la diligence
raisonnable et du partage de l'information (p. Ex., Utilitaires KYC,
identificateur d'entité légale)
Utilisation de Fintech (par exemple, identité
numérique, blockchain)
Ajustements à la clientèle
Source : Travail personnel
RCB54
54 : Relation de correspondance bancaire
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Dans cette question, nous avons cherché à aider les
banques affectées à trouver des solutions à la
résiliation /restriction des CBR étrangers à travers la
proposition de dix solutions pouvant être pertinentes, que d'autres pays
ont essayé et ont trouvé appropriées pour ce
problème à condition de mobiliser les ressources
nécessaires.
Donc pour le secteur privé, il y a deux solutions que
les banques ont trouvé nécessaires et incontournables. La
première, avec un taux de réponse de 100% porte sur le
renforcement de la conformité des banques aux exigences du GAFI en
matière de lutte anti-blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Les banques doivent être conformes aux exigences et aux 40
recommandations du Groupe d'Actions Financières.
La deuxième avec un taux de réponse de 100%
également, consiste à améliorer la communication directe
avec les banques correspondantes pour clarifier les politiques et les attentes
en matière de gestion des risques. En effet, plusieurs banques ne se
soumettent pas aux questionnements de leurs correspondants et ne communiquent
pas avec eux pour connaitre leurs obligations en matière de LAB / FT et
garder leur CBR en activité. Dans le cadre d'une étude faite par
le AMF, IMF et BM en 2016 sur le « De-risking » dans la zone MENA, un
questionnaire a été proposé à toutes les banques
installées sur le territoire tunisien. Seulement deux banques
tunisiennes sur 31 ont répondu à ce questionnaire. Un
questionnaire proposé par la banque correspondante envoyé
à une banque tunisienne doit être pris avec beaucoup de
sérieux.
De plus, 83.3% des banques questionnées ont
trouvé que le fait de demander au régulateur bancaire ou à
la banque centrale concernée de jouer le rôle de médiateur
auprès des autorités compétentes de la banque
correspondante pourrait être une solution à suivre. La BCT a un
rôle important à jouer dans les relations de correspondance entre
les banques tunisiennes et leurs correspondants étrangers. Ce rôle
se manifeste par le fait que la BCT se porte garante pour la banque
correspondante, de ce fait elle rassure cette dernière et assure
l'activité de la banque tunisienne avec son correspondant à
l'étranger.
Question 10: Selon vous, quelles sont
les solutions les plus efficaces du secteur public pour
contrer ou prévenir les pressions en matière de CBR ? Veuillez
cocher tout applicable.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°45 : Solutions pour le secteur public
83,3% 79,2%
91,7%
Améliorer la réglementation et la supervision, en
particulier pour la LBC / FT, dans votre juridiction
Clarifier les attentes réglementaires (par les
régulateurs des juridictions qui accueillent les banques
correspondantes)
Clarifier les normes internationales
Compensation publique des coûts de mise en
conformité
Établir des systèmes régionaux de paiement
et de dédouanement
Source : Travail personnel
Concernant les solutions pour le secteur public, 91.7% des
banques interviewées ont trouvé que l'amélioration de la
réglementation et de la supervision en particulier pour la lutte contre
le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme est une solution
incontournable. En effet, vu le coût très élevé de
l'activité de la conformité, la plus part des banques publiques
ont des difficultés à suivre la réglementation et à
prendre les mesures nécessaires en matière de LAB/FT. La raison
évoquée par toutes les banques est le manque des ressources
nécessaires accordées au département conformité et
la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Comme
nous l'avons déjà évoqué au deuxième
chapitre, pour qu'une banque soit totalement conforme aux recommandations du
GAFI, elle doit allouer une somme importante pour le département
cité ci-dessus. C'est pour cela que ces dernières cherchent
toujours à trouver une nouvelle solution afin d'éviter tout genre
de problème qui peut agir directement sur leurs activités. Parmi
ces solutions, peut être le soutien financier de la BCT. La BCT peut
financer l'effort des banques publiques dans la mise en place de dispositifs de
conformité et de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement
du terrorisme sous forme de prêt dédiée à la
conformité.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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89
La deuxième solution trouvée pertinente avec un
pourcentage de 83.3%, est celle de la clarification des attentes
réglementaires par les régulateurs des juridictions qui
accueillent les banques correspondantes. En effet, d'après quelques
banques, leurs correspondantes à l'étranger ont pris la
décision de mettre fin à leur relation du jour au lendemain,
elles n'ont pas pris le temps à trouver des solutions ou bien de les
prévenir.
79.2% des banques questionnées, ont trouvé que
la BCT n'est pas en train de bien jouer son rôle dans la clarification
des normes internationales. Même si cette dernière émet
chaque année des circulaires aux banques, elle les incite à
déployer davantage d'effort en suivant les instructions de la circulaire
publiée, mais certaines banques ne trouvent pas ça suffisant.
Une autre solution peut être envisageable dans le cadre
des banques publiques est la privatisation. Cette solution peut apporter les
moyens financiers et l'efficacité managériale pour implanter un
système responsable et efficace de la conformité et de la lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
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