Entrées en politique. Essai sur la rationalité des candidatures émergentes à l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Isaac Essame Université de Douala - Master2 recherche en science politique 2013 |
III. Cadre d'observationCette étude a pour cadre spatial Douala et Buéa étant entendu que le Cameroon people's party et le parti patriotique pour le développement du Cameroun ont leurs sièges dans le Wouri bien que, chacun de leur candidat en regard de son statut, ait la capacité de se déployer à l'international.26(*)Le siège du people's action party se trouve quant à lui à Buéa. Elle s'intéresse à l'élection présidentielle d'octobre 2011. Elle ne porte que sur trois candidats émergents, Edith Kahbang Walla, paul Ayah Abine et Momo jean de Dieu. Sont exclus les candidatures fantaisistes, les candidats qui se sont présentés pour la première fois et qui n'ont rien eu de bon. La candidate du CPP, bien qu'ayant été élue conseiller municipal en 2007 à Douala 1er s'est présentée pour la première fois à une grande échéance électorale nationale et a pu bousculer les lignes et sortir comme une nouvelle figure sur laquelle on peut dorénavant compter. Il en a été de même pour le candidat du PAP qui avait déjà été élu député pour le compte du RDPC depuis 2002 et qui a pris part pour la première fois à une élection présidentielle. Le candidat du PADDEC bien que n'étant pas un homme politique professionnel est entré en compétition. Cette étude s'est limitée, pour des raisons à la fois de moyens et d'intérêt scientifique, aux seuls candidats qui semblaient appelés avant l'élection d'octobre 2011, à jouer un rôle politique important dans le cadre de l'un des deux grands pôles politiques en compétition : alliance présidentielle et opposition traditionnelle. IV. Problématique et intérêtNous avons porté notre choix sur ce sujet du fait de l'intérêt que nous accordons à la réalité de l'acteur face au système et à la compréhension de la logique de l'action des acteurs politiques. L'élection présidentielle du 09 Octobre 2011 a particulièrement été marquée par un nombre impressionnant des candidats dont le poids politique ne peut expliquer la participation.27(*)Les candidats traditionnels (RDPC, SDF, UDC, UNDP, ADD...) ne présentent plus le même intérêt. D'où notre choix d'étudier et de faire comprendre l'entrée en compétition des candidats émergents et notamment les candidats du PAP, du CPP et du PADDEC. « Le peuple d'abord », slogan du CPP et oeuvre de son secrétaire général adjoint Franck Essi, s'inscrit dans la perspective de la légitimation électorale de l'opposition telle que présentée par Luc Sindjoun : « S'opposer, c'est lutter pour la représentation du peuple, l'occupation légitime des positions de pouvoir28(*) ». La reconfiguration de l'opposition camerounaise enquête de représentativité et d'alternance politique constitue également une motivation non négligeable ayant orienté notre choix. Ce sont précisément les partis politiques et leurs représentants qui, de par leurs actions permanentes et leurs moyens d'action, animent la scène politique et donnent un sens à la société politique en contexte de démocratie.29(*) Ce scrutin qui a mis aux prises 23 candidats traduit l'idée d'Alain Didier Olinga selon laquelle « Les partis politiques sont un élément incontournable du pluralisme, un moyen de favoriser la libre expression de l'opinion du peuple »30(*).La participation du CPP, du PAP et du PADDEC à l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 traduit en quelque sorte leur capacité compétitive, c'est-à-dire leur« capacité à présenter des candidats lors d'un scrutin »31(*) Bien plus, l'action de certains de ces entrepreneurs 32(*)politiques qui sont en même temps engagés dans la société civile et ce depuis avant leur investiture dans le champ politique n'est pas simple. Partir de la société civile pour l'entrepreneuriat politique pose le problème de la logique de l'action. Il peut donc être intéressant de comprendre les logiques motivationnelles d'un certains nombre d'acteurs qui entrent en compétition politique et par là même fournir un certains nombre d'informations à ceux qui veulent également investir le champ politique pour contribuer à son animation. Pourquoi cette tentative ? Pour deux raisons essentielles. La première est que l'étude des logiques motivationnelles des candidats émergents permet d'aborder une sphère intéressante du monde politique : celle qui se situe entre la zone stéréotypée candidats traditionnels (RDPC, SDF, UNDP, UDC, ADD...) et la zone plus dynamique de l'émergence politique (PAP, CPP, PADDEC). La seconde est que, même si on ne peut pas postuler un déterminisme entre les moyens et les résultats, la théorie de la rationalité des candidats permet de mieux cerner l'action d'un candidat par-delà l'image qu'il souhaite donner de lui-même. Ainsi, naîtra-t-il de cette étude un nouveau regard ou une nouvelle perception de l'entrée en compétition des candidats aux élections. La problématique de la rationalité des candidats à l'élection présidentielle n'a souvent été abordée que de manière indirecte avec comme terme de référence la rationalité des acteurs en sciences sociales. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les travaux de Janvier Onana sur la professionnalisation politique et de Max Weber, Schumpeter, Habermas, Bourdieu, Michel Crozier et Erhard Friedberg sur la rationalité de l'acteur. Qu'est-ce qui explique l'entrée en compétition des candidats du PAP, du CCP et du PADDEC à l'élection présidentielle de 2011 ? Pourquoi entrent-ils précisément en compétition en 2011 ? Quelle est la conjoncture qui les pousse à entrer en scène ? Qu'est-ce qui fonde l'unité et la diversité de leur entrée en compétition? La rationalité influe-t-elle sur l'émergence ? * 26 - Le leader du CPP est la présidente de L'ONG Cameroun O bosso et la directrice du Cabinet Stratégies alors que celui du PADDEC est un avocat international. Bien plus, les camerounais de l'étranger ont participé au scrutin présidentiel dernier. * 27 - Il n'y a qu'à voir les déclarations des candidatures et les résultats peu compétitifs d'un grand nombre de candidats. * 28 - Luc Sindjoun, Ce que s'opposer veut dire, Comment être opposant au Cameroun ? p.27 * 29 - Les partis politiques de par leurs fonctions (conquête et conservation du pouvoir et positionnement) sont des animateurs essentiels de la vie politique. Voir à ce propos Akono Evang Serge Paulin, thèse de doctorat, Partis politiques, ethnies et politique d'affection dans la démocratisation au Cameroun (1990-2004). * 30 - Alain Didier Olinga, un parti politique est-il banal ? Comment être opposant au Cameroun ? p.102. * 31 Luc Sindjoun, opcit, p.28. * 32 -Au sens où joseph A. Schumpeter l'entend. |
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