B) Au plan de l'unité et de la stabilité
politique
L'unité nationale et la stabilité politique au
centre des préoccupations du régime en place. C'est ce qui
explique que le discours de la paix au Cameroun soit devenu socialement et
politiquement diffusé : cette préoccupation ne date pas
néanmoins d'aujourd'hui. Il faut prendre en considération la
double tutelle française et anglaise que notre territoire a subie.
C'est en 1916 après que Français et Anglais
aient chassé les allemands du Cameroun qu'un pacte appelé
condominium franco-britannique est passé entre les deux puissances
coloniales pour l'administration du territoire camerounais. Cette division du
territoire camerounais sera entérinée par la
Société N en 1922 avec le régime de mandat puis
confortée en 1945 par l'ONU avec le régime de tutelle. On a donc
une partie francophone administrée par la France et une partie
anglophone administrée par l'Angleterre. Ainsi le 1er janvier
1960 c'est la partie francophone qui accède à
l'indépendance. La WestCameroon avait déjà
été abandonnée par les anglais à son propre destin.
Mais alors que la Northern Cameroon va se rattacher au Nigeria, la Southern
Cameroon rejoindra le Cameroun Oriental dans ce qu'on a appelé la
réunification en 1961. Depuis l'unification, de 1972 la grande question
anglophone se pose avec plus d'intérêt que le renouvellement de la
classe politique.
1- La question anglophone
La question anglophone se trouve en marge de la
préoccupation de la question anglo-bami dans notre pays.
Paul AYAH ABINE ressortissant du Sud Ouest et Edith KAH WALLA
originaire de la région du Nord Ouest ont déclaré vouloir
résoudre la question anglophone dans notre pays. Bien que la population
camerounaise soit considérée bilingue, elle est majoritairement
francophone (environ 78% de la population mais compte une minorité de
près de 22% d'anglophone vivant dans la partie Ouest. Autre fois sous
administration britannique la Cameroun applique la formule de la division
territoriale des langues coloniales. Les régions du Sud Ouest et du Nord
Ouest du pays constituent la portion anglophone ; fait le reste est dit
partie francophone. Même si le Français et l'anglais sont reconnus
à égalité dans l'administration, l'éducation le
commerce et les médias on observe que la balance est plus lourde d'un
côté que l'autre. Bien plus Yaoundé la capitale politique
et Douala la capitale économique sont situées toutes deux dans la
zone francophone.
Il se trouve que de nombreux anglophones estiment que depuis
l'injustice le régime à toujours favorisé les francophones
à leurs dépend. On se souvient d'ailleurs qu'en 1982 après
président AHIDJO ait cédé la pouvoir pour les raison de
santé à son premier Ministre Paul Biya le nouveau
président décida un an après de modifier le
baccalauréat anglophone, le GCE (général) certificat of
Education) en y incluant le français comme matière obligatoire
alors que l'anglais ne l'était pour le baccalauréat francophone.
Cette décision présidentielle avait alors déclenché
une grève des étudiants anglophones qui brandissaient des
pancartes sur des quelles on pouvait lire : « le Cameroun
dispose de deux culture : non à l'assimilation ».
Bien plus, alors que le Cameroun était revenu au
pluralisme politique en 1990, le gouvernement refusa de légaliser un
parti anglophone, le SDF. Ce qui eut pour résultat de provoquer les
manifestations dans le Nord Ouest du pays et de le transformer en foyer de
tension précisément pendant l'opération « villes
mortes » de 1991. Ainsi depuis cette époque, le mouvement
sécessionniste anglophone Southern Cameroon national Council (SCNC)
représentant environ 6,2 millions d'habitants dans les deux
régions anglophones milite pour obtenir une référendum sur
la gestion de leur droit à l'autodétermination.
Pour de nombreux nationalistes anglophones, l'état
unitaire crée en 1972 l'a été en violation de la
constitution fédérale du 1er septembre 1961. Il est
donc question d'obtenir cette concession d'un dirigeant francophone, il serait
plus indiqué pour candidat d'accéder à la magistrature
suprême. Le projet de société de Paul AYAH ABINE va
d'ailleurs dans ce sens. Dans son discours de campagne, il prônait un
retour au fédéralisme à dix Etats avec un gouvernement
fédéral, une répartition « équitable des
ressources nationales avec 10% du budget national accordé aux Etats
fédérés ».
Les candidats émergents anglophones ont su
instrumentaliser la question anglophone en s'engageant à la
résoudre sans négliger la préoccupation du renouvellement
de la classe politique.
2) La question du renouvellement de la classe
politique
Depuis l'avènement de la démocratisation en
1990, qui a conduit à l'organisation des premières
élections pluralistes en 1992, on a presque toujours eu à faire
aux mêmes. C'est dire que depuis une vingtaine d'années ce sont
presque toujours les mêmes acteurs qui dominent la scène politique
Camerounaise. C'est contre cet Etat de chose que les candidats
émergences sont insurgés en entrant en compétition en
octobre 2011.
Les candidats traditionnels ce sont presque toujours
présentés à l'élection présidentielle depuis
1997 ne laissant aucune chance aux entrants. Au rang de ces candidats
traditionnels se trouves Paul Biya du RDPC, JOHN FRU NDI du SDF, GARGA HAMANE
ADJI de l'ADC Jean Jacques EKINDI du MP et Anicet EKANE du MANIDEM. C'est
précisément cette classe politique que les candidats
émergents souhaitent bousculer et mettre à l'écart.
Les candidats émergents estimaient justement que les
populations camerounaises apprécieraient l'entrée en scène
de nouveaux visages, de nouveaux acteurs.
La nouveauté traduisant l'émergence chez EMIL
DURKHEIM a été favorable à l'action de Paul AYAH ABINE
d' Edith KAH WALLA et de MOMO Jean de Dieu. Ils comptaient
précisément sur le fait que l'électorat serait
fatigué de faire voir défiler les candidats qui n'ont plus que
leur passé derrière eux.
Dans la perspective du renouvellement de la classe politique
Camerounaise les candidats émergents avaient tout intérêt
faire leur preuve et à montrer leur capacité compétitive.
C'est en cela que s'est traduit leur entrepreneuriat affirmationnel.
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