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Entrées en politique. Essai sur la rationalité des candidatures émergentes à  l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun.

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par Isaac Essame
Université de Douala - Master2 recherche en science politique 2013
  

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B) Au plan de l'unité et de la stabilité politique

L'unité nationale et la stabilité politique au centre des préoccupations du régime en place. C'est ce qui explique que le discours de la paix au Cameroun soit devenu socialement et politiquement diffusé : cette préoccupation ne date pas néanmoins d'aujourd'hui. Il faut prendre en considération la double tutelle française et anglaise que notre territoire a subie.

C'est en 1916 après que Français et Anglais aient chassé les allemands du Cameroun qu'un pacte appelé condominium franco-britannique est passé entre les deux puissances coloniales pour l'administration du territoire camerounais. Cette division du territoire camerounais sera entérinée par la Société N en 1922 avec le régime de mandat puis confortée en 1945 par l'ONU avec le régime de tutelle. On a donc une partie francophone administrée par la France et une partie anglophone administrée par l'Angleterre. Ainsi le 1er janvier 1960 c'est la partie francophone qui accède à l'indépendance. La WestCameroon avait déjà été abandonnée par les anglais à son propre destin. Mais alors que la Northern Cameroon va se rattacher au Nigeria, la Southern Cameroon rejoindra le Cameroun Oriental dans ce qu'on a appelé la réunification en 1961. Depuis l'unification, de 1972 la grande question anglophone se pose avec plus d'intérêt que le renouvellement de la classe politique.

1- La question anglophone

La question anglophone se trouve en marge de la préoccupation de la question anglo-bami dans notre pays.

Paul AYAH ABINE ressortissant du Sud Ouest et Edith KAH WALLA originaire de la région du Nord Ouest ont déclaré vouloir résoudre la question anglophone dans notre pays. Bien que la population camerounaise soit considérée bilingue, elle est majoritairement francophone (environ 78% de la population mais compte une minorité de près de 22% d'anglophone vivant dans la partie Ouest. Autre fois sous administration britannique la Cameroun applique la formule de la division territoriale des langues coloniales. Les régions du Sud Ouest et du Nord Ouest du pays constituent la portion anglophone ; fait le reste est dit partie francophone. Même si le Français et l'anglais sont reconnus à égalité dans l'administration, l'éducation le commerce et les médias on observe que la balance est plus lourde d'un côté que l'autre. Bien plus Yaoundé la capitale politique et Douala la capitale économique sont situées toutes deux dans la zone francophone.

Il se trouve que de nombreux anglophones estiment que depuis l'injustice le régime à toujours favorisé les francophones à leurs dépend. On se souvient d'ailleurs qu'en 1982 après président AHIDJO ait cédé la pouvoir pour les raison de santé à son premier Ministre Paul Biya le nouveau président décida un an après de modifier le baccalauréat anglophone, le GCE (général) certificat of Education) en y incluant le français comme matière obligatoire alors que l'anglais ne l'était pour le baccalauréat francophone. Cette décision présidentielle avait alors déclenché une grève des étudiants anglophones qui brandissaient des pancartes sur des quelles on pouvait lire : « le Cameroun dispose de deux culture : non à l'assimilation ».

Bien plus, alors que le Cameroun était revenu au pluralisme politique en 1990, le gouvernement refusa de légaliser un parti anglophone, le SDF. Ce qui eut pour résultat de provoquer les manifestations dans le Nord Ouest du pays et de le transformer en foyer de tension précisément pendant l'opération « villes mortes » de 1991. Ainsi depuis cette époque, le mouvement sécessionniste anglophone Southern Cameroon national Council (SCNC) représentant environ 6,2 millions d'habitants dans les deux régions anglophones milite pour obtenir une référendum sur la gestion de leur droit à l'autodétermination.

Pour de nombreux nationalistes anglophones, l'état unitaire crée en 1972 l'a été en violation de la constitution fédérale du 1er septembre 1961. Il est donc question d'obtenir cette concession d'un dirigeant francophone, il serait plus indiqué pour candidat d'accéder à la magistrature suprême. Le projet de société de Paul AYAH ABINE va d'ailleurs dans ce sens. Dans son discours de campagne, il prônait un retour au fédéralisme à dix Etats avec un gouvernement fédéral, une répartition « équitable des ressources nationales avec 10% du budget national accordé aux Etats fédérés ».

Les candidats émergents anglophones ont su instrumentaliser la question anglophone en s'engageant à la résoudre sans négliger la préoccupation du renouvellement de la classe politique.

2) La question du renouvellement de la classe politique

Depuis l'avènement de la démocratisation en 1990, qui a conduit à l'organisation des premières élections pluralistes en 1992, on a presque toujours eu à faire aux mêmes. C'est dire que depuis une vingtaine d'années ce sont presque toujours les mêmes acteurs qui dominent la scène politique Camerounaise. C'est contre cet Etat de chose que les candidats émergences sont insurgés en entrant en compétition en octobre 2011.

Les candidats traditionnels ce sont presque toujours présentés à l'élection présidentielle depuis 1997 ne laissant aucune chance aux entrants. Au rang de ces candidats traditionnels se trouves Paul Biya du RDPC, JOHN FRU NDI du SDF, GARGA HAMANE ADJI de l'ADC Jean Jacques EKINDI du MP et Anicet EKANE du MANIDEM. C'est précisément cette classe politique que les candidats émergents souhaitent bousculer et mettre à l'écart.

Les candidats émergents estimaient justement que les populations camerounaises apprécieraient l'entrée en scène de nouveaux visages, de nouveaux acteurs.

La nouveauté traduisant l'émergence chez EMIL DURKHEIM a été favorable à l'action de Paul AYAH ABINE d' Edith KAH WALLA et de MOMO Jean de Dieu. Ils comptaient précisément sur le fait que l'électorat serait fatigué de faire voir défiler les candidats qui n'ont plus que leur passé derrière eux.

Dans la perspective du renouvellement de la classe politique Camerounaise les candidats émergents avaient tout intérêt faire leur preuve et à montrer leur capacité compétitive. C'est en cela que s'est traduit leur entrepreneuriat affirmationnel.

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