3. Commentaire sur le Soudan
La présentation qui précède dénote
les faits saillants suivants: 1.) Le Rapport Initial du Soudan qui aurait
dû être soumis le 30 Juin 1990 ne l'a été qu'à
la date du 8 Mai 1998, soumis donc au CDESC avec huit (8) ans de retard3(*)4; 2) Suite à la
soumission et à l'examen de ce rapport comme nous venons de le voir
depuis 2000, le second rapport du Soudan (son premier rapport
périodique) dû au 30 Juin 2003 n'a pas encore été
soumis au CDESC jusqu'à ce jour, le cycle de retard continuant ainsi;
3). Les constatations et recommandations du Comité font apparaître
et ressurgir les problèmes de chevauchement, de redondance et de redites
au niveau à la fois des Conventions et des Comités qu'elles ont
institués. En effet, celles-ci font référence plus d'une
fois aux femmes et aux enfants comme l'illustre ce passage pour ne donner que
cet exemple: "enlèvements dans les zones de conflit du pays,
notamment de femmes et d'enfants; de faire en sorte que le Comité pour
l'élimination des rapts de femmes et d'enfants poursuive ses travaux et
recherche des solutions au problème en vue de les mettre en
oeuvre". Il ne fait aucun doute que cette question relèverait
à la fois du CEDAW et du CRC et allègerait le travail du CDESC et
lui ferait gagner du temps. En ce qui concerne les références
à la discrimination, elles sont encore acceptables puisque la
non-discrimination est un principe à la base de la plupart des
dispositions relatives aux droits de l'homme en particulier dans l'optique de
leur application et fait ainsi partie des points de recoupement entre les
dispositions de fond des sept principaux instruments internationaux relatifs
aux droits de l'homme3(*)5;
4). Rien n'indique que le Comité, eu égard
à la situation très préoccupante des droits de l'homme et
des libertés fondamentales au Soudan, ait pris des mesures pour demander
des rapports d'urgences ou des rapports spéciaux sur les violations
graves, massives et systématiques des droits économiques, sociaux
et culturels et pourtant, il est un secret de polychinelle que celles-ci sont
signalées tous les jours ! Il n'y a pas que les Droits civils et
politiques qui sont violés au Soudan.
En effet, cette partie du continent est le
théâtre d'un conflit fratricide entre le Gouvernement et des
rebelles qui ravage le pays depuis vingt-et-un (21) ans. Ce conflit a fait
depuis deux (2) millions de morts et quatre millions de personnes
déplacées. Ceci a légitimé une décision
récente du Conseil de Sécurité de l'ONU3(*)6 d'envoyer dix (10) mille
casques bleus pour assurer le respect de l'Accord de Paix signé en
Janvier dernier. D'autre part, la Cour Pénale Internationale a
été saisie pour mener des enquêtes sur les violations
massives commisses afin de traîner en justice leurs auteurs3(*)7.
Tous les organes de surveillance ayant annoncé qu'ils
étaient prêts à mettre en oeuvre des procédures
spéciales pour les cas où il paraît indispensable de
réagir face à des situations d'urgence en rapport avec les droits
reconnus par l'instrument en vertu duquel ils ont été
créés3(*)8,
le CDESC devrait prendre des mesures dans le cadre de telles procédures
spéciales afin de demander au Gouvernement soudanais un rapport
spécial sur les violations des droits économiques, sociaux
et culturels dans le cadre du conflit qui ensanglante le pays et qui
crée des flots massifs de refugiés et de déplacés
et ce, qu'elles aient été déclarées,
alléguées ou non ! Ceci ne signifierait nullement une
interférence dans le champ d'autres procédures spéciales
déjà existantes, encore moins une substitution à la
Procédure 1503 sur les violations graves et massives
alléguées bien connue. En l'absence d'un tel rapport ou à
défaut de telles procédures spéciales, le Comité
devrait tout au moins demander, à titre spécial, que le
Gouvernement Soudanais fournisse dans son prochain rapport périodique
dû depuis le 30 Juin 2003, rapport qu'il devrait être mis en
demeure de soumettre le plutôt possible, des informations sur les droits
sociaux, économiques et culturels fondamentaux violés depuis que
le Soudan a présenté son rapport initial en 2000.
C'est justement mû par ce même souci que M. Eric
TISTOUNET, affirmait que "lorsque une situation d'urgence
déclarée ou non, prévaut dans un pays, ou lorsque des
bouleversements institutionnels sont en cours, (....) c'est
précisément dans de telles périodes que l'assistance des
comités peut être utile à l'identification des garanties
minima et au contrôle de la mise en oeuvre des droits de l'homme dans des
périodes de crise ou, dans le deuxième cas, de fournir un avis
sur les modifications constitutionnelles, législatives ou
réglementaires envisagées"3(*)9. La révision des règlements
intérieurs des différents organes et plus spécifiquement
du CDESC ainsi que l'harmonisation des directives de présentation de
rapports envisagée devrait largement offrir de telles facultés
et, en outre, respectant le caractère préventif que devrait aussi
revêtir la procédure de rapports, les comités devraient
être à même de couvrir par ces rapports, les situations
explosives et graves comme celle du Soudan.
* 34 Nous étudierons
dans un chapitre ultérieur et entre autres problèmes se posant de
façon endémique, le problème de retard minant
l'efficacité de la procédure de rapports ainsi les
problèmes à l'origine ou les causes de ce
phénomène
* 35 Voir Annexe II
à la fin de l'Etude
* 36 Voir site
www.un.org/News (mars 2005)
* 37 Le Rapport d'Amnesty
International 2004 (pp. 136-139) fournit d''amples informations sur la
situation des droits de l'homme au Soudan
* 38
A/CONF.157/PC/62/Add.11/Rev.1 Annexe, §38, p.24
* 39 Eric TISTOUNET.- op
cit, note 29, p. 148 (Note infra-paginale No 18)
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