VI. Résultats et discussions
Ce chapitre présente les résultats obtenus de
l'estimation du modèle de gravité. Trois principaux
scénarios sont examinés, à savoir (1) les effets de la
ZLECAf si elle avait été mise en oeuvre entre 2000 et 2016 ; (2)
les effets retardés de la ZLECAf ; (3) les effets futurs de la ZLECAf.
Les résultats des différentes simulations effectuées sont
inscrits dans le tableau 4 ci-dessous. Les cellules vides dans le tableau
indiquent l'absence des variables concernées dans l'estimation
correspondante.
Les résultats présentés au tableau 4,
montrent que les variables du modèle expliquent près de 75% de la
variance des exportations du Burkina Faso (0,72<R2<0,80).
Globalement, les effets de la ZLECAf sur les exportations du Burkina Faso sont
positifs à terme mais pas immédiatement. En effet, les
résultats montrent que les effets positifs interviennent avec du retard,
précisément au-delà de 8 ans. Les résultats
montrent néanmoins que la prise en compte de l'ensemble des coûts
commerciaux est cruciale pour que le Burkina Faso bénéficie des
effets positifs de la ZLECAf.
6.1. Effets potentiels de la ZLECAf sur les exportations du
Burkina Faso
Cette section porte sur les effets potentiels de la ZLECAf
entre 2000 et 2016. Toutes les variables du modèle sont significatives.
L'effet (en pourcentage) lié au changement dans une variable muette
comme celle relative à la participation à une ZLE est
calculé à partir de la formule suivante:
e f f etar1 = [ea - 1] x
100
Cette formule est tirée de Yotov et al. (2016),
où var1 désigne la ZLE en question et â??
est son coefficient tel qu'estimé à partir du
modèle de gravité. Comme l'indique la formule, l'effet est
exprimé en pourcentage.
Pour les autres variables continues, la spécification
logarithmique du modèle permet d'obtenir directement les coefficients
mesurant les élasticités respectives de la variable
expliquée par rapport à chacune des variables explicatives.
L'effet est calculé avec la formule suivante et est exprimé en
pourcentage :
e f f etarz = a1 x 100
Les variables incluses dans le modèle ont les signes
attendus. L'accroissement du PIB du Burkina Faso ou du PIB du partenaire induit
un accroissement des exportations. L'existence d'une frontière commune
et d'une langue commune accroît les exportations du Burkina Faso. Les
barrières tarifaires maintenues par les pays importateurs limitent les
exportations du Burkina Faso. Il en est de même de la distance entre les
partenaires. L'appartenance à la CEDEAO améliore les
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exportations du Burkina Faso. Précisément, entre
2000 et 2016, l'appartenance à la CEDEAO a amélioré les
exportations du Burkina Faso de 57,75 % (estimation 2). En ce qui concerne la
ZLECAf, la variable INTRAZLECAf présente un signe négatif
(estimation 1). Cela traduit que la zone de libre-échange aurait eu un
effet négatif sur les flux commerciaux burkinabè.
Précisément, si la ZLECAf avait été mise en place
entre 2000 et 2016, l'effet sur les exportations du Burkina Faso aurait
été une baisse de 10,17 %.
Cet effet négatif peut être expliqué par
divers arguments. Premièrement, une explication viendrait de la
structure des partenaires commerciaux du Burkina Faso. En effet, sept des dix
partenaires principaux du Burkina Faso sont hors du continent Africain. De ce
fait, la mise en place de la ZLECAf, aurait eu un effet de détournement
du commerce vers les pays africains donc assimilable à une baisse des
flux commerciaux du Burkina Faso vers les partenaires non africains. De ce
constat on pourrait voir en ce signe négatif une création de
commerce pour les pays africains qui sont parties prenantes à la ZLECAf.
En effet, selon Jacob Viner sur la question, certains pays africains pourraient
se substituer aux pays non parties à la ZLECAf en matière de
commerce avec le Burkina Faso. Cet état de fait pourrait contribuer
à l'accroissement du commerce intra-africain.
Deuxièmement, l'effet négatif pourrait
émaner des nombreux coûts commerciaux auxquels le Burkina Faso
fait face pour promouvoir ses exportations intra-africaines. Il s'agit
notamment des coûts liés aux infrastructures, à la
logistique, à la qualité des services. Cela peut aussi traduire
les difficultés qu'éprouverait le Burkina Faso pour faire face
à des puissances économiques africaines comme les pays du
Maghreb, l'Afrique du Sud, le Nigéria et certains pays à fortes
potentialités commerciales. Dans ce sens, l'impact négatif de la
ZLECAf se traduira par une baisse du volume des exportations du Burkina Faso.
Cette situation pourrait entrainer une perte de recettes pour le pays ainsi
qu'un anéantissement du tissu industriel qui peine à se
développer. On note cependant que le consommateur burkinabè
pourrait bénéficier des produits compétitifs sur le
marché du fait de l'entrée des produits étrangers.
Afin d'en avoir le coeur net, la variable COÛTS
est introduite dans le modèle (estimation 2). Il en ressort que la
prise en compte des coûts commerciaux modifie l'effet de la ZLECAf. Plus
simplement, sous l'hypothèse d'absence des coûts commerciaux, la
ZLECAf aurait induit un accroissement des exportations de 29,01% entre 2000 et
2016. Ce résultat permet de suggérer aux pays africains la mise
en oeuvre effective des conditions de facilitation des échanges afin que
la zone de libre-échange continentale ait des effets de création
des courants d'échanges.
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