WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'effectivité du droit des investissements direct étranger au Cameroun


par Loïc MESSELA
Université Catholique d''Afrique Centrale - Master 2 en Contentieux et Arbitrage des Affaires 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section II: Les mesures d'ordre institutionnelles

En sus des incitations législatives, les Etats se dotent d'institutions pour accompagner les investisseurs étrangers dans leurs opérations. Ces institutions répondent à la volonté affirmée de clarifier et de présenter de façons cohérentes l'ensemble des normes applicables à une opération ou une autre135. Les institutions ont une vocation double. Elles accueillent les demandes des investisseurs étrangers, et elles les orientent dans leurs projets selon le secteur d'activité.

L'Etat camerounais a mis sur pied un certain nombre de structures chargées de faciliter les opérations d'investissements. L'on retrouve deux catégories ici : les institutions qui interviennent en amont de l'installation de l'investissement (PARAGRAPHE 1) et celles qui interviennent en aval (PARAGRAPHE 2).

Paragraphe 1: les institutions d'accompagnement en phase d'installation / implantation de l'investisseur

Il s'agit de toutes les institutions qui encadrent l'investisseur étranger durant l'installation de son activité sur le territoire camerounais. Il va des institutions de droit commun (A) et des institutions spécifiques à certains secteurs d'activités (B).

133 Idem

134 Il s'agit d'un « document qui comptabilise toutes les opérations commerciales effectuées entre les résidents et les non-résidents au cours d'une année, selon leur nature financière ou non financière » définition tirée de PEYRARD (M), PEYRARD (J), Dictionnaire de Finance 2e Edition. Vuibert, 2001 p. 24

135 A. DE NANTEUIL, Op.cit. p. 150

Page 46

A) Les institutions de droit commun

Nous présenterons tour à tour l'institution qui accorde les incitations aux investisseurs directs étrangers (1), également l'institution qui facilite la création d'entreprise au Cameroun (2).

1) L'Agence de Promotion des investissements (API)

L'API est instituée par la Charte des Investissements de 2002. Puis mis sur pied par le décret n°2005/310 du 1er septembre 2005 portant organisation et fonctionnement de l'API. Cependant ce n'est qu'en 2010 que cette agence a réellement commencé à fonctionner. Elle a pour mission la mise en place d'une base de données des projets et d'en assurer la diffusion.

a) Fonctionnement de l'API

Depuis 2017, l'API jouit d'une autonomie financière. En effet à l'article 35 de la loi du 12 juillet 2017 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de 2013, l'agence bénéficie de 15% des ressources collectées au titre de contribution au Crédit foncier du Cameroun et 15% des ressources collectées au bénéfice du Fond spécial des télécommunications. Le principal but visé par ce nouveau texte juridique est la réduction des lenteurs administratives, ainsi que la réduction des lourdeurs dans les procédures d'octroi de l'agrément au regard des nombreux intervenants.

Au plan administratif, l'agence est désormais sous la tutelle technique du secrétariat général de la présidence de la République du Cameroun.

b) Missions de l'API

Les missions de l'agence sont maintenues à savoir :

? La réception des dossiers de demande d'agrément

? L'instruction des dossiers

? L'obtention des visas d'entrée des investisseurs pour la période de validité de l'acte

d'agrément ainsi que pour le personnel étranger

? L'assistance des entreprises agréées dans les démarches nécessaires à l'exécution des

programmes d'investissements

? De veiller au respect des engagements souscrits dans l'acte d'agrément

Page 47

L'agence soumet un rapport de l'activité d'investissement chaque année au président de la République.

Elle délivre l'acte assurant le passage de la phase d'installation à la phase d'exploitation. Le dossier de traitement de la demande d'agrément est de 5 jours au sein du Guichet unique pour tenir compte du respect de la conformité du dossier. Mais également des requêtes d'examen de prorogation de la phase d'installation. Celle-ci est de 15 jours.

L'agence accueille, oriente et installe les investisseurs étrangers dès leur arrivée sur le territoire camerounais. Pour ce faire, elle dispose d'un guichet d'accueil des étrangers dans chaque aéroport du Cameroun.

A ce jour, l'agence a généré plus de trois mille milliards (FCFA 3.000.000.000.000) de FCFA en cinq (05) ans. Depuis la mise en oeuvre de la loi du 18 avril 2013 portant incitations à l'investissement privé en République du Cameroun, 130 conventions d'investissements ont été signées entre le gouvernement et le secteur privé à travers l'encadrement et l'accompagnement de l'API136.

c) Difficultés rencontrées

Toutefois l'agence peine à réaliser efficacement sa mission première. Ceci est due en partie au manque de textes d'application prévus par la charte de 2002 ce qui freine les agissements de l'API. De plus l'on observe des lenteurs administratives pour la délivrance des autorisations aux investisseurs. En effet c'est au président de la République de valider ou non la demande d'agrément faite par l'investisseur. L'investisseur se retrouve souvent à attendre des mois avant de pouvoir bénéficier des avantages prévus par la loi de 2013. Ce qui dépasse largement le délai de 15 jours prévu dans les textes137.

2) Le Centre de Formation et de Création des entreprises

Qui fonctionne comme un guichet unique de création de sociétés. Il regroupe des représentants de chacune des directions intervenants dans les formalités de création d'une société commerciale au Cameroun. En son sein, on retrouve : l'administration fiscale, la CNPS138, le RCCM139entre autre.

136 Forum camerounais de l'investissement

137 Données recueillies à l'occasion d'un entretien avec un cadre de l'API, M.OBEN (J).

138 Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

139 Registre du Commerce et du Crédit Mobilier

Page 48

Le délai des formalités légales de la création d'une entreprise au Cameroun a réduit et est passé à seize jours pour les hommes et dix-sept pour les femmes.

Présentons les institutions régissant des régimes spécifiques d'investissements.

B) Les institutions encadrant un régime spécial d'investissement

Deux principaux régimes seront abordés ici : le régime des zones franches industrielles (1) puis celui des contrats de partenariat public-privé (2).

1) L'ONZFI (Office National des Zones Franches Industrielles)

La mise en place des ZFI répond à la sollicitation des bailleurs de fonds étrangers du Cameroun. Elle fait partie des solutions préconisées pour aider le pays à surmonter la crise économique de la décennie 1986-1996140. La zone franche devant ainsi permettre la création d'emplois, stimuler l'économie nationale par une relance des activités industrielles tournées vers l'extérieur ainsi que le transfert de technologies, le développement des opérations de sous-traitance en faveur des entreprises locales, l'intensification de la valorisation des matières premières, la diversification du tissu etc.

Cet organisme est le guichet unique des zones franches141. De ce fait il exerce des missions principales (a) et également une fonction contentieuse (b).

a) Missions de l'ONZFI

Avant dénoncer les missions de cette institution, il convient de rappeler sa constitution administrative. L'ONZFI est dirigé par un conseil d'administration qui est composé de neuf membres parmi lesquelles six personnalités du secteur privé et trois du secteur publique. Son budget est alimenté par les opérateurs et les entreprises des zones franches.

Les missions sont contenues à l'article 5 de l'ordonnance de 1990 fixant le statut des zones franches industrielles. Parmi lesquelles :

? Réceptionner et examiner des dossiers de demande du statut de zone franche industrielle ;

140 J. MOUANGUE KOBILA, Le Cameroun face à l'évolution du droit international des investissements,thèse en droit public, Université de Yaoundé II, 2004 p. 371

141 Il est à rappeler que la zone franche est une : « Partie du territoire d'un Etat qui quoique relevant de sa souveraineté, est placée en dehors de son territoire douanier, par décision unilatérale de cet Etat ou par l'effet d'une convention internationale» ; Définition tirée de J. SALMON, Dictionnaire de droit international public, Op cit., p. 1152

Page 49

? délivrer le récépissé ;

? Délivrer le permis de promoteur ou d'opérateur après examen du dossier ;

? Mettre en place des procédures de règlement amiable des différends entre promoteurs et entreprise ;

? Constater les infractions à l'ordonnance et fixer les amendes pour réprimer ces dernières ;

Il convient de rappeler que cette liste n'est pas exhaustive. Nous avons présenté les principales, car elles cadrent avec notre analyse. Outre ses fonctions administratives, l'ONZFI a également des prérogatives contentieuses.

b) Fonction contentieuse de l'ONZFI

Les attributions contentieuses de l'ONZFI sont contenues à l'article 27 de l'ordonnance n°90/001 du 29 janvier 1990 créant le régime de la zone franche au Cameroun. Il est prévu qu'en cas de violations répétées de l'ordonnance portant régime des ZFI, l'ONZFI peut prononcer l'annulation du certificat de conformité de l'entreprise incriminé, retiré le permis du promoteur ou de l'opérateur récalcitrant et annuler les permis de séjour et de travail d'un travailleur étranger de zone franche industrielle qui ne satisfait pas aux exigences liées à la détention de ces pièces.

2) Le Conseil d'Appui à la Réalisation des Contrats de Partenariats (CARPA)

Nous nous attarderons succinctement sur les missions (a) de la CARPA et ses réalisations (b).

a) Missions

Organisme créé en 2006 par le décret n°2008/035 portant organisation et fonctionnement du Conseil d'Appui à la Réalisation des Contrats de Partenariats. Cet organisme est chargé de l'évaluation des projets éligibles aux contrats de partenariat142. Sa création avait été annoncée dans la loi de 2006 fixant le régime général des contrats de partenariats.

b) Réalisations

Depuis son implémentation en 2008, le CARPA a donné son accord pour la réalisation de nombreux projets de partenariat public-privé. Il s'agit de la deuxième phase de

142 Article 1er du décret n°2008/0352 du 23 janvier 2008

Page 50

construction de l'autoroute Douala-Yaoundé ; la construction d'un poste de péage moderne et la construction de la gare routière de Bamenda143.

Le 7 janvier 2013, le gouvernement a rendu public une liste de vingt-et-un projets susceptibles d'intéresser les investisseurs locaux et étrangers dans le domaine infrastructurel de la construction de terminaux spécialisés pour le port en eau profonde de Kribi, de la construction d'une ligne de chemin de fer de 70 km entre Douala et Limbe, la construction de deux tramways dans les villes de Douala et Yaoundé.

Dans le domaine immobilier, on retrouve des projets tels que la construction de logement universitaires dans les universités de Yaoundé II-Soa, Dschang, Bamenda et Maroua.

Dans le secteur de l'énergie, l'on retrouve des projets tels que la construction d'une centrale hydroélectrique à Njock d'une puissance de 117MW. Et enfin la construction de magasin de stockage sur l'étendue du territoire camerounais144.

L'on se rend donc compte que le CARPA, dans l'exercice de ses prérogatives participe activement au renouvellement des infrastructures publiques145 et l'amélioration de la qualité des services aux citoyens par la mise en oeuvre des partenariats public-privé.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote