CONCLUSION DU CHAPITRE II
Tel que présenté ci-dessus, l'investisseur
étranger retrouve un certain nombre d'incitations dans le dispositif
juridique camerounais. Notamment avec la loi de 2013 ainsi que la charte des
investissements de 2002. Il bénéficie ainsi d'exonérations
fiscales et douanières de toutes sortes permises par les
autorités administratives compétentes qui lui permettent de
s'installer paisiblement au Cameroun et y exploiter ses activités. Les
mesures dont l'application peut être observées au Cameroun,
traduisent un degré intéressant d'effectivité du droit des
investissements directs étrangers.
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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Conscient de l'importance que revêt un cadre juridique
incitatif pour l'investisseur étranger, le législateur
camerounais n'a ménagé aucun effort en vue de fournir des
garanties de sécurité juridiques et judiciaires à
l'investisseur direct étranger. Le président Chirac à
l'occasion de la XXIIème Conférence des Chefs d'Etat
d'Afrique et de la France rappelait que :« l'aide public au
développement, si importante soit-elle, ne saurait suffire, à
elle seule, à résoudre les problèmes du
développement de l'Afrique. Ce sont les investisseurs privées qui
créent la richesse, les emplois durables et la croissance. Pour attirer
en Afrique énergies, talents et capitaux au profit du
développement, il faut un environnement juridique et économique
sûr et stable »156.
Au vue de toutes les initiatives au plan national et
communautaire faites par les autorités administratives, nous constatons
néanmoins qu'il n'y a pas un grand retour, c'est dire grand nombre
d'investisseurs qui se ruent au Cameroun. Nous pensons que cela est lié
aux facteurs limitant l'effectivité du droit des IDE au Cameroun.
156 Cité par ONANA ETOUNDI (F), « La
sécurisation judiciaire de l'investissement en Afrique : A propos du
rôle joué par la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage de l'OHADA
», Actualité juridiques n°53/2007, Ohadata D-08-20
DEUXIEME PARTIE : LES PESANTEURS A L'EFFECTIVITE DU DROIT
DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS AU
CAMEROUN
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D'après l'auteur GUYON, « Le droit n'est pas
une condition suffisante du développement, il en est une condition
nécessaire »157. Le droit est une condition
essentielle au développement encore faudrait-t-il que les Etats
appliquent de manière juste et équitable les dispositions qu'ils
ont eux-mêmes adoptées. D'autres facteurs tels la conjoncture
économique, l'absence d'infrastructures de qualité, le niveau
élevé de la corruption, le manque d'indépendance du
système judiciaire, la pression fiscale élevée, la dette
publique sont déterminants et pris en compte par l'investisseur direct
étranger lorsqu'il souhaite s'établir dans un pays. Sur le plan
règlementaire, malgré de nombreuses réformes
adoptées par le Cameroun depuis 2009 sous l'impulsion du Cameroon
Business Forum158, le pays peine à décoller au
classement « doing Business » par conséquent
l'émergence projetée à l'horizon 2035159 semble
désormais relever de l'utopie. Le PIB par habitant du Cameroun est de
1262,6 $, celui du Ghana est de 1607.7 $. Ceux de l'ile Maurice et du Rwanda
sont de 9671,9 $ US et 1677,7 $ US. Les pays ci-dessus cités occupent
les premières places des pays africains dans le classement « doing
Business ». Le Cameroun n'arrivant qu'à la 163ème
position dans le monde, et la 40èmeen Afrique.
D'après la CNUDCI160, le continent africain
n'a pas bénéficié de l'augmentation des flux
d'investissements vers les pays en développement malgré les
efforts entrepris pour attirer les investisseurs161. Cela
démontre que les investisseurs sont attachés à d'autres
considérations que les mesures juridiques et fiscales incitatives.
D'après un auteur, L'incitation fiscale ne vient qu'au sixième
rang parmi les déterminants des investissements. La taille du
marché, les infrastructures, la qualification et la productivité
de la main d'oeuvre, et enfin la main d'oeuvre passent avant162. En
effet des pays comme les Etats-Unis, la Chine et le Brésil n'accordent
pas de sacrifices fiscaux mais attirent tout de même des flux d'IDE plus
important sur leurs territoires.
Dans cette partie, nous examinerons tous ces facteurs qui
influent ou limitent le degré d'effectivité du droit des IDE au
Cameroun. Il convient tout d'abord de relever les pesanteurs
157 GUYON (Y), Petites Affiches consacrés à
l'OHADA, Paris, 2004 158Elles sont au nombre de 140
selon le Cameroon Business Forum
159 Tel que prévu dans le Document stratégique pour
la croissance et l'emploi
160 Commission des Nations Unies pour le Droit commercial
International
161 Notre traduction de: « The African continent did
not benefit from the increased investment flows to developing countries as a
whole, in spite of the fact that the countries of the region undertook many
efforts to attract investment, . (...) » (Cf. UNCTD, 1995:iii)
162 BEN HAMIDA (W), Droit fiscal et droit international
des investissements, in ROBERT-CUENDET (S) (dir.), Droit internationaux
des investissements - perspectives croisées, Op cit. p. 124
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juridiques qui limitent l'effectivité des IDE au
Cameroun (CHAPITRE I), ensuite les pesanteurs non-juridiques (CHAPITRE II).
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