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Multi ethnicité et refondation des nations démocratiques en Afrique noire. Perspective d'un humanisme de la diversité.

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par Essodina BAMAZE Nà¢â‚¬â„¢GANI
Université de Lomé - Master II en Philosophie politique et du droit 2015
  

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Conclusion

De par l'importance accordée aujourd'hui à la question du vivre-ensemble en tant que résultat des dynamiques de changements sociaux, on s'aperçoit que le vivre-ensemble n'est pas une donnée naturelle, encore moins le résultat d'une simple homogénéisation du potentiel humain de la diversité. Dès lors, il ne pourrait résulter que d'un artéfact de l'intelligence humaine se donnant pour tâche de décloisonner les identités (collectives et individuelles) en faisant de l'expression des différences une source mutuelle d'entente. Ainsi compris, à la lecture de Un humanisme de la diversité, nous nous sommes proposé d'établir les conditions d'une existence, non de type monadique, mais d'une existence ouverte au pluralisme. Replacée dans le contexte de l'Afrique noire, cette lecture nous a donc permis d'assurer les conditions de passage d'une nation ethnique à une nation civique. Pour en rappeler les mots clés à partir desquels pourrait émerger le sentiment d'appartenir à une seule et même nation : retour à l'éthique comme gage d'une consolidation de la démocratie, responsabilité de tout un chacun à tous les niveaux, éducation à la citoyenneté (partant de la cellule familiale), discussions ouvertes aux identités ethniques dans des espaces publics nationaux, forums d'échanges et sensibilisations populaires consacrés aux défis et aux enjeux d'une construction nationale dans les États d'Afrique noire.

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230 A. Renaut, Quelle éthique pour nos démocraties ?, op. cit., p. 77.

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Conclusion de la deuxième partie

En définitive, il apparaît qu'il n'y a pas de rupture nette entre les réalités africaines et l'idéal de la démocratie, mais ce simple constat ne nous satisfait pas. On a toute raison, nous semble-t-il, d'imputer l'échec de la démocratie en Afrique noire au traitement idéologique de la diversité ethnique. Sans toutefois que cela implique un changement fondamental de perspective. Cela peut même nous amener à lire la modernité en Afrique noire contre la modernité elle-même quand on reconnaît, à l'unisson aujourd'hui, que la récurrence du phénomène identitaire paraît se nourrir du syndrome de « démodernisation231 » liée à une mondialisation inquiétante. Ceci d'autant puisque, le vécu actuel de la démocratie en Occident invite déjà, sous le regard des revendications communautaires, à penser autrement la cohésion démocratique. Mais penser autrement l'unité démocratique ne saurait nous ramener à l'idéal du multiculturalisme qui, en bien de ces points, notamment celui de la politique des identités, constitue aussi une sorte d'alerte à une nouvelle déchirure sociale. Ainsi donc, en se proposant de remettre aussi bien l'individualisme démocratique que la perspective du multiculturalisme sur le chantier de la réflexion, c'est donc l'humanisme de la diversité qui devient un repère saisissant dans l'analyse de la réalité politique africaine écartelée entre affirmation des particularismes ethniques et exigence démocratique de l'intérêt général. En effet, le lourd héritage colonial, dont le poids sur l'organisation politique actuelle s'avère inestimable, place le citoyen africain au milieu du face-à-face entre exigence communautaire et besoin d'État. L'intérêt de ce recours à l'humanisme de la diversité tient au fait que ce nouvel espace conceptuel éclaire la possibilité de médiation entre individu (appartenant à une communauté spécifique) et individu-citoyen (en tant que celui appartenant à un État se voulant homogène dans sa quête d'unité).

231 R. Otayek, « L'Afrique au prisme de l'ethnicité : perception française et actualité du débat », op. cit., p. 129.

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