Introduction
L'inclusion ,un terme qui marque cette nouvelle ère. Cette
nouveauté se résonne dans la sphère d'une culture
préalablement isolée d'un cosmique culturel. Partant d'une
appellation à une autre ,nous tentons de changer sémantiquement
les définitions sur le plan théorique . Sans
méconnaissance,il est nécessaire de souligner le progrès
inclusif, -malgré sa lenteur rythmée - au fil du temps .
Ce terme a parcouru un chemin plein d'embûches,de
l'indifférence,humiliation, abandon,méconnaissance ....
Un tableau obscur et injuste ,se dissipe finalement pour
renaître sous un nouvel élan vers
plus de reconnaissance,d'égalité ,de compensation
et de droit
Cette métamorphose est traduite par des transformations
,mutations des sociétés plus démocratiques ,un peu
retardataires .Mais se voulant se rattraper,elles apportent un souffle plus
égalitaire aux personnes en situation de handicap.
La personne en situation de handicap devient alors prodigue ,et
attire plus d'attention .Elle occupe une place importante dans la sphère
publique .Des structures d'accueil,des débats,des recherches,des lois
.....s' envahissent brusquement de tous les cotés.
Un pas gratifiant vers les égalités de droits et de
chances .....Mais ne soyons pas optimiste pour longtemps ,car le ton de la
société très aiguë et enthousiaste,en amont , s'
enrhume et s'enroue avant le concert final.
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A travers ce travail de recherche,où une grande partie
était réservée au terrain d'investigation,usant
minutieusement des outils méthodologiques,me permettant au final
à des réflexions plus constructives et interrogatives à
explorer.
L'idée d'investiguer un autre terrain social
médico- social que celui où j'exerce ou ayant exercé le
métier d'éducateur ,me paraissait évident dans la mesure
où l'institution et sa population ,se révèle comme un
nouveau terrain propice à exploiter . Le travail sur
l'inclusion,était déjà étudié auprès
des personnes adultes en situation de handicap dans un FAM ,de l' A P F,
à travers d'un travail ethnographique,en Licence .
La continuité résidait dans l'idée d
'investiguer un autre terrain avec une autre population.... La
négociation alors était plutôt formelle ,car le fil
conducteur tourne autour de la même association mère.
Un accueil presque enchanté ,car comme ancienne
enquêtrice et navigatrice -devenue assez connue- entre les deux
établissements où j'ai pu travaillé au F A M pendant mon
stage . J'avais la chance d 'avoir des facilités. Le travail exploitable
revêt un caractère compliqué dès les premiers jours
,car le coordinateur(censé m'orienter ),n'ayant pas l'habitude de
recevoir des étudiants universitaire venant passer un stage ,m'a
entièrement donné la liberté d'investigation ,très
positive et fructueuse bien exploitée. D'être la première
stagiaire ,m'a apporté de une chance stratégique. Cette chance
m'était offerte pour errer avec liberté dans l'enceinte de
l'établissement ,sans rendre des comptes rendus à personne
,censée m'orienter ou me guider. Ainsi je me suis promenée
à l'intérieur et l'extérieur,et étais sur tous les
groupes .Même si au départ ,j'étais inclinée
à un groupe. Mon sujet de recherche me servait comme prétexte
inconditionné afin d'être partout et nul part. Cette errance
était à la fois positive,me permettant d'avoir un aperçu
global sur toutes les facettes de l'inclusion de tous les groupes ,mais aussi
négative,voire ennuyeuse ,quand elle se bascule dans la monotonie et la
passivité .... Un autre problème ,auquel j'avais
songé,mais sans me soucier sur le terrain, celui de ma posture en tant
une professionnelle,et les rapports de distanciation ,d'objectivité,
avec le terrain ,les professionnels, les usagers etc..
Aura t -elle une influence sur celle d ' enquêtrice et
comment me procéder afin d'être la plus objective possible .
Finalement le terrain m'a imposé l'appropriation d' une
double posture ,l'une enrichit l'autre,dans une conception réflexive
mutuelle où l'objectivité s'est vaincue au final,
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en s'imposant . Le public est très jeune ,sa rencontre
était réticente dès le début,de son coté
plus que du mien .Avec certains jeunes ,la discussion et la connaissance
était spontanée et sans hésitation .D'autres plus
timides,ayant besoin de plus du temps et d'autres commençant à
s'approcher au moment d' Adieu» .....
Armée seulement d'outils méthodologiques
théoriques ,je me sentais , par moment,incapable d'assumer,
entourée d'adolescents ayant des pathologies motrices,mais des
capacités intellectuelles , m'exige des savoirs scientifiques cognitifs
et acquis éducatifs et psychologiques...
Petit à petit ,j'ai réalisé que la
spontanéité et la patience seraient m' épaulées
tout au long du stage afin de réguler entre des phases transitoires
,dotées de beaucoup de recul pour les inciter à venir vers moi
.Par curiosité, chez certains pour leurs intérêt au sujet
de recherche,et l' indifférence pour d'autres .Peut être ,par
besoin d'une compagnie particulière pour se confier ,grâce
à ma disposition entière et « étrangère »
sur le plan relationnel , et ma soumission à leur jeune culture,nourries
et alimentées tout au long du stage.
La durée du stage m'a permise de maîtriser leur
codes ,et de m'incorporer dans leur sphère .
L 'architecture de l'institution ,est aussi large et vaste
où on peut facilement s'y perdre. Ce qui rajoute un peu d'angoisse
pimentée par mon errance la plupart du temps dans des couloirs
interminables. Mais et paradoxalement dans cette perte ,j'ai eu l'occasion d'
observer et de rencontrer et croiser à l'improviste ,les jeunes ,les
professionnels.... Dès alors les discussions spontanées ont
été déclenchées sans formalité pour donner
le temps au temps ...ainsi je me suis incluse dans cette
«Cité»institutionnelle . Le recueillement était
collecté indirectement à partir des discussions,entretiens semi
directif????,une méthode très discrète que
j'apprécie et use beaucoup .Des entretiens directifs
préalablement négociés ,suite à ma propre
initiative et celle des coordinateurs,très salués pour leur
interventions volontaires et rôles d' intermédiaires
L'établissement existe en partenariat avec plusieurs institutions
scolaires, de l'éducation scolaire,à vocation sociale
,médico sociale,politique etc ... Ce carrefour de rassemblement
institutionnel ,regorge de conventions,contrats, accords , enjeux, ...est une
proie de plusieurs questions,sur le rôle de chacun,son
implication,fonctionnement et surtout son partenariat, dont une surgit d'elle
même au fil de mon enquête, sans aucune préparation
préalable de ma part .Ce qui était à la fois angoissant et
passionnant ,la quête d'une question et une fois trouvée , sa
réponse tranquillement et incidemment attendait dans un bureau, à
l'extérieur de l'institution et
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à trois jour de la fin de mon stage. L'objectif initial
était d'étudier l'inclusion ,avec plusieurs interlocuteurs dont
figure principalement le collège ,le lycée .En tant qu'une
locutrice face à ces nouvelles institutions,à exploiter ,la tache
d'avoir un premier rendez vous pour expliquer ma démarche ,était
plutôt bien accueilli,vu l'éthique de ce collège et son
implication massive en terme d'inclusion. J 'ai pu assister aux cours de
CLIS,ULIS ,et m'entretenir avec certains professeurs ,et surtout avec un
enseignant et coordinateur chargé de handicap ;Sans compter mes allers
et retours au collège ,surtout au réfectoire du collège
avec «nos élèves» (IEM).
J 'ai eu l'occasion aussi de m'entretenir avec le proviseur du
lycée,un enseignant référant de l'inspection
académique ,le cadre médical paramédical de l 'I E M
etc...
Le croisement habituel de cet enseignant - coordinateur-
très actif sur le terrain- à I E M, au forum des métiers
... ,m'a permis de l'interpeller à chaque
coïncidence,répandant avec beaucoup de
générosité et sans aucune retenue de sa part . Je me suis
appuyée dans mon travail sur l'observation participante et
ethnographique .Ces outils m'ont permis de m'introduire discrètement au
coeur du sujet et des sujets .Certes,un travail de réflexion s'est
instauré et au fil du temps ,la pelote de confiance s'est tissée
dans les rapports , ,échelonnée évidemment sur plusieurs
étapes.
Je me suis outillée exclusivement de l'observation
participante ,parsemée par des moments de
discussions,entretiens et aussi des moments de silence,solitude
« en compagnie » ....
A partir d'un coin repérage où les jeunes se
réfugient ,devient mon lieu fétiche aussi.
L'entrée de l'établissement demeure un lieu phare
,un carrefour de rencontres et séparations, se transformant en gare
routière ,abritant des valises et assistant aux adieux .
Le partage de lieu avec permission préalable pour
s'asseoir, est bien reçu quand la discussion est lancée .Mais
parfois l'intrusion se sente ,et fait place à la méfiance et le
silence avec non seulement les discrets et timides,mais aussi les bavards .
Ce tempérament hérité en les côtoyant
,m'a permis de prendre un peu de recul et rester souvent dans la
méditation , la réflexion et parfois tout simplement dans le
silence .... Mon point d'observation très «fétiche »,et
je ne suis pas seule à l'approprier ,car c'est un point de vue
partagé avec la plupart de ces jeunes .
Un carrefour de rassemblement et croisement des professionnels
aussi .Ce point phare où rien ne pourra s'échapper à
l'oeil,grâce à sa stratégie et son importance.
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C 'est un lieu de vie ,de rencontre,arrivée, départ
et échange entre les jeunes ,loin des yeux fixés des
professionnels . Le repérage de cet endroit et surtout son
importance«routière» , les week-end et les jours de vacances
,un indice révélateur de plusieurs questionnements sur
l'impossibilité récente de l'établissement d'accueillir
les jeunes pendant les week-end?
Ainsi l'institution se transforme en gare tous les week-end- .Ce
refuge habituel dans cette salle d'attente ,a anticipé facilement mes
échanges avec les jeunes dans ce coin qui regorge de valises et a besoin
d'une présence et d'écoute autre d'adulte parfois. Mes
périodes de silence dans lesquelles ,un temps de repos ,de
déconnexion s'est imposé volontairement et parfois
involontairement pour convier volontiers la réflexion ou tout simplement
la méditation,étaient à la fois pesantes et
intéressantes pour se ressourcer moralement,psychiquement. Se
réguler sur des périodes actives et passives ,en quête de
questions et réponses ,nécessite beaucoup d'efforts ,recul et
d'implication de la part l'enquêteur . En participant à certaines
taches et loisirs et jouant quelques rôles,parfois- dépassant
largement mes capacités professionnelles- : Être membre d'une
équipe de foot , sorties et promenades à pied ,ateliers ,ou
s'asseoir avec eux pour regarder la télé ,ou jouer le baby foot,
jouer le rôle d'un médiateur pour concilier certains en litige
entre quelques uns ,être psychologue pour apporter un conseil que la
leur, aussi experte ,le fera ,mais certains se dirigent spontanément
vers moi......
Mon inclusion a eu finalement sa place au sein d'une institution
,une cité où les jeunes ,dont certains,ont du mal à
s'ouvrir aux autres et ont besoin plus de temps ,ou tout simplement ne veulent
pas . Ces ingrédients ,pimentés par mon expérience
professionnelle,m'ont projetée doucement mais sûrement vers le
noyau et l'objectif de ma recherche,emportée par le courant des
événements anticipés ,improvisés, surprenants et
tout ce que peut nous apprendre un terrain brut à creuser. La
liberté de déplacements,
enquêtes,entretiens,... ,m'a amenée à me
détacher de ce que peut être pesant en terme d'explication
justifiante même- bien détournée- à chaque projet ou
sortie ...
Au contraire, grâce à cette confiance ou
méfiance, j'étais maître de moi même. Je m'organisais
de façon à être présente sur tous les groupes et sur
les différents créneaux,afin de découvrir la vie
journalière et nocturne des jeunes . Mon but de recherche s'est
focalisé exclusivement, sur les usagers .L 'investigation était
ornée de discussions, regards, taquineries, encouragements , confidences
,informations ,débats, compétitions, plaisirs et loisirs
,promenades à pied , aide.....et surtout beaucoup d'écoute.
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Sans ces composantes et ingrédients ,le lien de confiance
,et même d'amitié ,-sans être piégée
implicitement dans les affects -,ne pourra pas être
instauré,bâti ,pour en inspirer temporellement des données
et informations aussi personnelles et confidentielles de certains d'entre eux.
Un travail dans un terrain ,avec un public jeune,militant ,battant
,orgueilleux, perdu ,timide,réservé.... ,telles sont les
qualités d'un groupe de jeunes aussi ordinaire qu'il soit,m ' a
adopté généreusement et volontairement et convié
même à l'adhésion dans son club de
«Foot».Surprise d'une telle sollicitation inclusive émanant de
leurs part , aussi bornée par mon objectif inclusif en critiquant
férocement son sens « unique » .Je me suis soudainement
doutée de ma propre voix ,et une telle réaction, aussi
brève soit- elle ,était à bannir et inexcusable,mais
significative et interrogative.... !!!
La généalogie de mon mémoire s' articule
autour de quatre chapitres . D'abord le premier chapitre constituera une porte
,un aperçu global ,sémantique, étymologique ,de
l'inclusion à travers son histoire.
J'envisagerai ,en second chapitre ,de présenter un cadre
plus législatif ,architectural, de l'inclusion avec ses deux piliers:L
'accessibilité et l'accompagnement
Quant au troisième, qui sera réservé pour
présenter mon terrain de recherche ,et ses composantes , en
définissant les différentes structures ,partenaires et exposant
de véritables enjeux institutionnels qui en découlent dans son
cadre inclusif.
Le dernier étudiera l'inclusion à
l'extérieur de la structure en embrassant deux établissements
scolaires.
Ce travail se véhicule sous la forme d' un
contreparement , portant et dévoilant plusieurs contrastes
,décalages ,issues, d' innombrables représentations ,instances
auxquelles nous siégeons.
Des entretiens,témoignages,documents, récits
,comités etc ...,décrivent la réalité de notre
société ,tellement arrangeante,apôtre et rusée pour
dissimuler ,-quand elle veut et peut - pour rendre ainsi tout ce qui n'est pas
imbibée , rétabli et ce qui est prohibé,autorisé,
profanant même les textes ,lois censés être intouchables
.
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Ainsi j'ai commencé mon investigation dans une salle de
réunion(mise à ma disposition) ,qui regorge de
documents,publications,recueils,concernant le projet d'établissement,les
prise en charges,des rappels en terme de sécurité,de
lois,recettes ,réalisations ....
Bref,du « Blabla.... » ,où j'ai pu feuilleter
,quelques documents en premier , en les comparant drôlement avec le
terrain ensuite ....
Est il tellement nécessaire et récurent de nos
jours pour qu'une société écrive beaucoup mais s'applique
peu ?
J'étais au coeur d'une association , très connue
,vu sa grande « Gueule » en étalant ses slogans
indélébiles sur la voie de l'opinion publique .Grâce ou
à cause de ses valeurs sans bornes, revendicatrice et proclamatrice
indéniablement l'inclusion .
Attirée par cette propagande ,je me suis emportée
dans ce parcours de militantisme pour en croiser quelques postulats
erronés d'une des grandes associations manipulée ou manipulatrice
?!!!!!
Une des représentations falsifiée ,une
conséquence évidente d'une logique,héréditaire de
nos société démocratiques !!!!
Tel est le ressenti déçu d'une admiration sans
borne à une association mythe d'apparence,mais fragile et soumise
à une propagande trompeuse .
Mais ,L 'APF , avouons -le, reste une des associations courageuse
à oser crier,de gré ou de force , pour changer les choses....
Un pas inclusif vers l'autre ,afin de sensibiliser les
mentalités , mobiliser l'esprit publique et politique et faire «
bouger les lignes » .
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Avant de présenter mon terrain de recherche,un rappel
étymologique et sémantique s'impose .Plusieurs
sociologues,enseignants chercheurs dont figure Éric
Plaisance ,et ses travaux qui ont amplement été
consacrés à cette question préoccupante de cette
ère nouvelle .
Je m'appuie sur ses écrits dans ce travail, pour relier
des constats repérés en parallèle avec mon terrain .
Alors ,que signifie d'abord le mot « Intégration
» devenant « Inclusion » ?!!!! On peut reconnaître le mot
« intégration »qui nous renvoie directement aux
étrangers. Un vent soufflé sur les chaînes
médiatiques pour éradiquer l'exclusion par l'intégration
de cette minorité au sein de la majorité dominante.
La personne en situation de handicap ,partage la même
considération,étant une minorité culturelle
spécifique devant être insérée ,à condition
d'être intégrée .
A l'apparence du sens sémantique,se dissimule une
idéologie politique plus sociale autour de ce mot.
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