ANNEXE 40 : ENTRETIEN AVEC MYRIAM EZRATTY
Myriam Ezratty, magistrate et directrice de la DAP d'avril
1983 à juillet 1986. Président honoraire de la cour d'appel de
Paris lors de l'entretien réalisé le 8/02/2008 à son
domicile à Paris. Durée : 3H30.
Ne sont cités ici que des extraits choisis.
E.F : J'aimerais déjà savoir la
première fois où vous avez été confrontée
à la question des prisons de façon directe ?
M.E : J'ai commencé ma carrière à la
Chancellerie à ce qui s'appelait alors l'Education surveillée. Je
m'intéressais plus à la prévention qu'à la
répression. J'avoue n'avoir même pas fait comme on devait le faire
quand on avait passé le concours de la magistrature, y avait un stage
d'un mois je crois dans une prison.... que je n'ai pas fait tout simplement
parce que je suis partie en vacance à l'étranger. Je me moquais
complètement de ce que voulait l'Administration [rires] Ils m'ont
gardé quand même. Ce qui fait que je n'ai connu qu'une toute
petite prison qui était celle de Fontainebleau où j'étais
juge suppléante à un moment donné. Et j'avais d'ailleurs
été horrifié. C'étaient des petites cellules. Mais
ce n'était pas d'ailleurs une des plus mauvaises prisons parce qu'elle
était si l'on peut dire familiale. Elle se gérait en famille.
Mais les détenus peignaient dans leur cellule, il n'y avait même
pas d'atelier, ils peignaient dans leur cellule des soldats en plomb dans des
conditions... Avec des produits extrêmement dangereux, ça m'avait
beaucoup frappé. Mais c'était mon seul contact avec la prison. Et
j'ai requis des peines de prison, qui étaient d'ailleurs peut-être
un peu sévères à l'époque... Du moins qui me
paraissaient sévères. Je n'avais finalement pas
d'expérience. Je suis arrivée très jeune, à 22 ans,
dans la magistrature. C'était comme ça, je ne me rendais pas trop
compte... Alors, il faut dire que j'étais très liée avec
Simone Veil qui me parlait beaucoup, nous étions le bâtiment
à côté, et elle me parlait notamment de la santé en
milieu pénitentiaire. Je suis rentrée au moins par conversation
à l'intérieur de la prison. Le temps a passé. J'ai
quitté l'Education surveillée pour rentrer aux Affaires civiles
où je m'occupais des professions juridiques. J'avais complètement
quitté ce milieu mais le virus de l'Education surveillée m'avait
déjà touché et je m'intéressais à ces
questions là, ou plutôt à son contraire c'est-à-dire
à tout ce qui était non prison. C'est-à-dire à
qu'est ce qu'on pouvait faire en matière de prévention. Ensuite,
j'ai quitté la Chancellerie pour rentrer dans le cabinet de Simone Veil
qui m'avait demandé de m'occuper notamment de la partie rédaction
de textes.
E.F : A ce moment là, vous n'étiez pas
conseiller uniquement sur la question pénitentiaire ?
M.E : Non pas du tout. Mais le premier dossier que
m'avait donné son directeur de cabinet, Dominique Le Vert, était
sur la médecine pénitentiaire. Premier essai, je n'ai pas
réussi réellement à quoi que ce soit parce que le
ministère de la Justice ne s'intéressait pas du tout à cet
aspect à cette époque. Et régnait sur la prise en charge
médicale des détenus l'inspectrice générale Solange
Troisier. Son principal souci à l'époque dans ses relations avec
le ministère de la Santé, je me rappelle, était de
créer près de Marseille un lieu pour y coller les jeunes
drogués. Moyennant quoi on n'a pas, pour un tas de raisons, et des
raisons éthiques, prêter la main en quoi que ce soit, et moi
notamment, pour aider à ce projet qui me paraissait ni réaliste,
ni déontologiquement. Ce qui fait que tout est tombé dans un trou
et je me suis occupée d'un tas d'autres choses. Une quantité de
choses, mais je ne me suis pratiquement pas occupée des prisons parce
que le contact, de part et d'autre d'ailleurs... Déjà pour les
relations, les gens du ministère de la Santé étaient
paniqués à l'idée d'avoir à faire à la
Justice. Et à la Chancellerie, on avait plus de relations sur des sujets
sur le droit des consommateurs mais rien à voir avec les prisons. Si
vous voulez, pour eux, parce que la Chancellerie était à
l'époque essentiellement peuplée de magistrats, c'était
plutôt de l'ignorance. Donc c'était pas des collègues,
c'était pas... Vis-à-vis d'un autre ministère
déjà les liaisons sont pas toujours commodes et pourtant ce sont
des énarques qui souvent se connaissent. Tandis que là, ils
n'osaient pas téléphoner, des choses comme ça. C'est moi
qui le faisait. C'était surtout de l'ignorance. Et puis la Justice... Y
avaient des liaisons mais pas sur le domaine du pénal.
E.F : Et c'était quelque chose d'assez nouveau
qu'un magistrat soit nommé au cabinet du ministère de la
Santé ?
M.E : Oui. A l'époque, d'abord, ils étaient
peu étoffés en juristes et même au cabinet, alors Colette
Même était magistrate du Conseil d'Etat mais, magistrat
judiciaire, non. Maintenant, c'est beaucoup plus fréquent mais à
l'époque, c'était tout à fait l'exception. D'ailleurs,
j'étais moi-même au départ, pas orpheline mais parmi les
membres du cabinet, j'étais de ce côté là
différente.
E.F : Et est ce que vous vous rappelez les conditions
dans lesquelles ce dossier était arrivé entre vos
mains ?
M.E : Solange Troisier avait probablement des contacts au
ministère de la Santé mais ça n'était pas du tout
dans un objectif de réforme. Et je crois qu'au ministère de la
Justice à l'époque, ils avaient d'autres problèmes que la
médecine pénitentiaire. Simone Veil s'intéressait au
contraire et aurait probablement souhaité qu'on fasse quelque chose mais
ce n'était pas facile d'y rentrer, même pour moi. Ce
n'était pas une direction que je connaissais et ensuite il faut que le
ministre de la Justice soit aussi disposé. Donc on n'a pas pu faire de
ce côté-là quoi que ce soit [...] A l'époque au
ministère de la Santé, c'était le néant. Il faut
dire à leur décharge, qu'à l'époque, la direction
de l'Administration pénitentiaire vivait en circuits fermés.
Solange Troisier était un médecin mais elle n'était pas
sur un projet quelconque de réforme. En tous cas, je puis assurer que
pour eux, comme pour le commun des mortels, la prison était un monde
étranger dans lequel on ne pénétrait pas. C'était
vraiment complètement cloisonné. D'ailleurs le mot
« médecine pénitentiaire » ne veut rien dire.
La médecine, c'est la médecine. Médecine dans les prisons
on pourrait dire. Parce qu'à l'époque c'était vraiment
médecine pénitentiaire. Le gros problème était de
savoir qui a la responsabilité de quoi ? Et l'idée de M.
Badinter, je crois quand il est devenu ministre, c'était de ne pas
autonomiser la médecine pénitentiaire et faire en sorte que cette
compétence et les médecins relèvent du ministère
compétent [...] Quand je suis arrivée, je n'ai pas tout de suite
pris ces fonctions à la Pénitentiaire. Et c'est juste
après mon arrivée, qu'on a supprimé son poste de
médecin inspecteur pour justement passer à des corps de
santé qui dépendaient du ministère de la Santé.
Quand j'ai été nommée en avril 83, Badinter m'avait
demandé de prendre la direction de l'Education surveillée. Mais
ce n'était absolument pas mon objectif de prendre l'Administration
pénitentiaire. Ce n'était pas un sujet forcément
très bien compris et ce qui m'a passionné, quand j'ai
accepté le poste à l'Education surveillée, j'étais
président de chambre... mais là y avait un sujet qui m'avait
énormément passionné et c'est pour ça que j'ai dit
oui, c'était la politique de Bonnemaison qui était un type
formidable. Il a vraiment conçu l'idée de prévention
globale notamment à partir du Centre international de prévention
de la criminalité. C'était vraiment pour moi une passion et
j'avais fait tout un plan, j'avais fait une circulaire sur la
décentralisation et puis Robert Badinter m'a demandé de
prendre la direction de la pénitentiaire. Et là j'ai beaucoup
résisté parce que je n'en avais aucune envie et en plus aucune
connaissance [rires] Un des membres de son cabinet m'a dit et a fait valoir que
c'était la première fois qu'on donnait cela à une femme.
Et je dois dire que l'argument m'a convaincu. Je ne peux pas vous dire que j'y
suis allé au départ enthousiaste [...]
E.F : Et est ce qu'il y a quelque chose qui vous
tenait à coeur quand vous êtes devenue directrice de
l'AP ?
M.E : Oui c'était la partie sanitaire. Alors
là vraiment je me suis... Pas seulement la santé. Mais
c'était la politique de Robert Badinter. Mais autrement je n'aurai pas
marché. C'était vraiment l'enjeu... Je voyais l'autre
côté du miroir par rapport à l'Education surveillée
et autant l'Education surveillée, on avait réussit à
ouvrir sur le monde extérieur... Alors pas autant que je le croyais
naïvement. Mais le but était d'ouvrir la Pénitentiaire de
son état d'espèce d'enfermement, y compris celui des
surveillants. Il n'y avait rien de comparable avec l'Education
surveillée. Même les relations avec les syndicats à
l'Education surveillée c'était du psycho-drame. Je les
connaissais extrêmement bien puisque j'avais été chef de
Bureau. Je ne dis pas que ça n'était pas sérieux mais on
pouvait comprendre un langage réciproque. A l'Administration
pénitentiaire, il n'y avait rien de tel. C'était une
administration comme l'armée. L'Education surveillée,
c'était un peu le désordre... On privilégiait la
créativité, les contacts et c'est ça d'ailleurs qui
était passionnant. On y croyait tous. On allait sur le terrain ce qui
était simple. Tandis que pour rentrer dans les prisons. Et moi, ce qui
m'a le plus frappée, à tel point que je suis encore allergique
aux clefs... Mais il fallait sortir, pas seulement pour ça, mais pour la
culture. On a fait des expositions de peinture, des ateliers de bande
dessinée. Pour moi la santé, ça a été
quelque chose où j'ai très peu délégué.
C'est une énorme maison où il faut souvent
déléguer. Mais ça, je l'ai suivi de très
près, très personnellement [...] Il faut dire que c'était
important qu'on ait le terrain entre guillemets libre pour faire ces
réformes. C'est pas tellement commode de les faire avec l'ancien
groupe... Ce n'est pas de mauvaise foi mais... Bon. Alors Favard avait
déjà commencé à entreprendre des choses avec la
Santé mais on ne peut pas dire qu'ils aient été
enthousiastes. La collaboration n'a pas été spontanée. De
la part notamment de la DGS. Parce que c'était d'abord un fardeau
supplémentaire. Un monde fermée. « On a
peur ». Autant quand j'étais à la Santé,
c'étaient plutôt les portes des prisons qui étaient
fermées, autant là on peut dire que les portes des
administrations, notamment sanitaires, étaient pas très ouvertes
à quelques exceptions près. Le directeur de la Santé,
Roux, n'était pas libre, il avait autre chose à faire... La
première chose que j'ai souhaité faire c'était
l'état des lieux et j'avais demandé à l'IGAS de faire un
audit de toutes les choses qu'on devait réformer. Et le rapport
était catastrophique. C'était la première fois qu'on
faisait ça. Et je dois dire très objectivement que pour la
Pénitentiaire, ils ont été épatants. Ils n'ont pas
du tout caché, saboté... Ils ont, au contraire, montré les
plaies. J'ai poussé j'ai et demandé moi-même cet audit. Le
constat était épouvantable. Et à partir de là j'ai
adopte une méthode qui me semblait indispensable. C'était de
faire morceau par morceau les réformes. Au lieu de pleurer, avant de
faire des circulaires, je leur ai demandé de faire sur chaque branche
des propositions [...] Alors pour faire que les gens se parlent entre eux,
j'avais décidé de créer le Comité justice
santé. Je l'ai fait officieusement. Il faut dire que le cabinet me
laisser complètement... J'avais la libre gestion. J'ai travaillé
en pleine association avec Jean Favard.
E.F : Il y avait quand même un
intérêt du ministère de la Santé au cours des
réunions Santé Justice ?
M.E : Alors ça dépendait des directions.
J'ai assisté à toutes les séances. Je ne me suis jamais
fait remplacer. J'aurai souhaité que les directeurs des autres
directions viennent aussi mais... Il faut dire que j'avais un
intérêt plus direct que le leur. Et j'avais vraiment l'ambition
d'obtenir pour les détenus la Sécurité sociale, qu'elle se
poursuive. Là je me suis beaucoup heurtée à la Direction
de la Sécurité sociale et Chemla avait été
chargé de faire un audit. Et ça a finit pas arriver avec les lois
de 94, qui ne se sont pas faites facilement. La signature en 94, vous avez pu
voir qu'il y avait Simone Veil. J'avoue lui avoir passé un coup de fil
pour la prévenir qu'il y avait ce texte. Ce n'est pas de la concussion
mais il y avait une telle résistance à ces réformes. Et on
avait prévu aussi la modification du statut des médecins. On a
tenté de faire tout ce qui pouvait se faire [...] L'inspection
générale n'avait même pas de problème. Je n'avais
à l'époque voulu accuser personne mais la Santé avait
tenté de mettre ça sur le dos... enfin sur moi pour ne pas aller
plus loin quand même. Mais, pour eux, ça montrait une
séparation très forte des services. Ça n'est pas à
mon avis un problème politique parce que les résistances venaient
de bien autre chose et c'est l'idée après tout que la prison est
une chose fermée. Même nous, on a pas eu plus d'aide, sauf sur le
principe. Mais ça venait de la Justice et notamment de Badinter et de
Favard [...] Alors pour le choix des médecins, nous voulions qu'il soit
approuvé par la DDASS. Les médecins étaient avant
déconsidérés car ils étaient pénitentiaires
et il fallait qu'il puisse faire carrière ailleurs. On recrutait des
médecins à la petite semaine. Certains étaient trop
incrustés. La formation n'était pas surveillée. On a
envoyé le directeur de Fresnes faire la formation de directeur
d'hôpital et il est devenu directeur d'hôpital. C'est une
très bonne chose. Alors le texte qui a permis... c'était la
première étape... non pas de la déconcentration mais
disons de la sortie de la santé du giron pénitentiaire.
L'idée était de faire de l'hôpital de Fresnes non pas un
hôpital pénitentiaire mais un hôpital public à
vocation d'héberger des pénitentiaires. Ce n'est pas la
même chose. De même que moi, je ne voulais plus non plus qu'on dise
médecine pénitentiaire, « Je suis médecin
pénitentiaire ». Je ne vous dis pas qu'on a réussi
très bien là dessus. Mais je sais que parfois les mots comptent
parfois, en tous cas pour le principe. Là aussi, ça a
été épouvantable. Alors la Santé encore ne disait
trop rien. Ils n'étaient pas ravis mais enfin ne disaient trop rien.
Mais c'étaient les Finances qui ne voulaient pas qu'on crée de
nouvelle catégorie d'établissements public. Alors le cabinet
était intervenu. On avait préparé un texte pour mettre
dans un wagon de ces mesures que le conseil constitutionnel n'en veut plus,
vous savez les petits ajouts dans les lois. Il fallait accrocher ce paragraphe
dans une loi de santé publique, une des lois sociales. Alors ça
commençait très mal car les Fiances sont quand même plus
robustes que la Justice et la Santé. Et le texte qui était
très long... On avait été débarqué à
l'Assemblée nationale et le Sénat adorait à
l'époque les séances de nuit parce que c'était payé
double. Je reçois un coup de fil. On me dit : « Le texte
passe ce soir, probablement après 20 heures ». Moi, j'avais
été au concert avec ma famille, je les avais mis au perchoir et
le texte est passé vers minuit ou une heure du matin. Il n'y avait
personne des Finances, on était tout seul. Je passe ma fiche et le matin
je vous dis pas, ils étaient furax les Finances... Mais c'était
passé. Le problème c'est que ce sont des petites choses et
ça arrive souvent quand on présente un texte qu'on perde des
choses. Mais il est passé. Je ne sais pas du tout ce qui se serait
passé si les Finances avaient envoyé quelqu'un...
E.F : Et il n'avait pas été
envisagé d'en faire à l'époque un établissement
seulement sanitaire ?
M.E : Mais c'était le cas !
E.F : Oui mais il y avait quand même une
direction bicéphale...
M.E : Si vous voulez, ce n'est pas le problème.
Parce que c'est quand même un établissement où il faut
garder des gens qui ne veulent pas sortir. Ce qui était important pour
nous c'était pas le régime. Actuellement dans les hôpitaux
vous avez un directeur et un médecin-chef. Bon. Etant donné que
ce sont des détenus, vous pouvez dire que les hôpitaux de Paris ne
sont pas équipés pour former des gens responsables d'une
sécurité particulière. Alors... Il faut être
réaliste. Evidemment, on peut dire « Fresnes est un
hôpital comme un autre », mais c'est impossible. C'est pour
ça que le statut était tout à fait spécial. Les
Finances, c'était pas par méchanceté pour la
Pénitentiaire mais c'était pas principe, ils ne voulaient pas
d'une nouvelle catégorie d'établissement. Alors ça,
ça a été une des premières étapes. Et il est
certain qu'en 86, je n'avais pas obtenu grand-chose, si ce n'est de poser les
bases. Moi je suis d'avis qu'on doit commencer les choses officieusement pour
pouvoir les essayer. Et selon le sujet... On a quand même à la
suite de ça, fait une circulaire... Alors ça a marché ou
pas. Mais tout de même. On essayait pour la première fois
d'améliorer le système de distribution des médicaments. Je
me suis efforcé de demander aux gens de la Pénitentiaire
d'appliquer ce que nous demandait le ministère de la Santé...
E.F : Il y avait des ministères plus ou moins
volontaristes ?
M.E : Oui, mais je crois que c'est moins les
ministères que localement. Il en était de même si vous
voulez pour les directeurs régionaux. C'est pour ça que dans le
choix, cet aspect, du moins à l'époque, jouait quand même,
du moins dans les avis au comité technique paritaire... Je regardais
quand même le degré d'ouverture des gens. Il y avait aussi
à ce moment là le problème des infirmières qui se
mettaient une blouse blanche. Alors on a choisit en comité technique
paritaire un costume avec les intéressées. J'avais demandé
une étude qui avait permis de montrer que elles-mêmes se sentaient
dévalorisées dans leur métier.
E.F : Et par contre ces différentes
transformations allaient dans le même sens selon vous ?
M.E : C'était complètement commun. Je crois
que Giscard a proclamé qu'être en prison, c'est être
privé de liberté. Je crois que c'est utopique parce que
nécessairement on est transformé. Je crois qu'on ne peut pas dire
ça en fait. Il faut au moins mettre à disposition tous les moyens
pour pouvoir être traité, je dirais, tout simplement
normalement... Alors, en fait, c'est pas vraiment vrai parce qu'il y a des
précautions et les problèmes de sécurité selon les
époques envahissent plus ou moins...
E.F : Et cette idée d'ouverture était
déjà bien ancrée quand vous êtes arrivée
à la tête de l'Administration pénitentiaire?
M.E : Alors, non justement. Et ce problème
santé s'intégrait là dedans. Il y a eu des réformes
d'amélioration auparavant mais la prison en tant que telle restait sur
des règles qui lui étaient propres. Dans la plupart des domaines.
C'était surtout une question de mentalité. Il fallait ouvrir.
Quand les gens voient... Là aussi j'avais tenté de rajeunir et
puis de diversifier les gens qu'on mettait. Ce n'est pas facile d'en trouver.
Et notamment pour des gens en activité. Alors on a pas abordé le
côté de la psychiatrie où on a pas de quoi se vanter de ce
qu'on a pu faire. On avait tenté... J'avais lancé un travail...
L'idée, qu'on n'avait pas inventée, était de faire un truc
continu entre le dedans et le dehors. C'est-à-dire un détenu qui
a des troubles psychiatriques en prison qu'il soit suivi. On avait pondu des
circulaires. C'est le Dr Lamothe qui m'avait instruit [...] On voulait arriver
à faire la chaîne. Et là, honnêtement, je crois que
le résultat. Il aurait fallu une continuité. Y compris de la
direction. Et la séparation des services... Alors il y avait une
question d'ailleurs qui se posait à l'époque qui était de
dire : faut-il un corps des psychologues pénitentiaires. Et pour ma
part, je suis parti sans que le problème soit résolu et je
préférerais qu'il ne le soit pas parce que personnellement je
suis contre. Parce que je pense qu'à ce moment là c'est
l'enfermement du psychologue. Il faut qu'il y ait des clients dehors. Il me
semble pas que ce soit très bon sur le plan de la démarche. [...]
Ils [les psychologues] voulaient avoir un statut. Il faut dire que ce
n'était pas très commode pour eux car leurs conditions d'embauche
n'étaient pas évidentes. Mais personnellement, je ne l'aurais
jamais soutenu ça. Qu'on leur donne une sécurité et qu'on
les paye correctement, je comprends mais c'était une autre
démarche. Favard était d'accord. Et pareil, pour un
médecin. Il faut qu'un médecin puisse faire une carrière
ou la Pénitentiaire ne soit qu'un morceau ou un temps. Et qu'ensuite il
puisse retrouver un poste honorable ailleurs. Je peux vous raconter un exemple
qui serait comique s'il n'était pas tragique pour expliquer la situation
des milieux hospitaliers. C'était à Grenoble. Nous avions, je dis
nous parce qu'au fond j'ai toujours dit nous au sujet des prisons... Nous
avions à Grenoble un type qui était incarcéré pour
escroquerie. Il était aux cuisines ou en comptabilité. Ce type
là tombe malade. On l'emmène à l'hôpital et il
descend une infirmière avec un couteau. Vous savez ce qui s'est
passé. Le directeur m'appelle et me dit : « Ils nous le
rendent. Oui car ils disent que c'est un délinquant! »
[Silence] Ils n'en ont pas voulu ! En psychiatrie. Et c'est un peu
ça [...] C'était quand même une politique d'ensemble. Je
sais qu'on a souvent tendance à dire cela à posteriori mais
là... tout ce qui pouvait être externalisé on était
d'accord. Et la Pénitentiaire, à quelques exceptions près,
il y a toujours des bourriques partout, mais en gros c'est pas la
Pénitentiaire qui a mis... On s'est heurté à des choses,
à des questions de sécurité [...] Mais y a des choses dont
ils aimeraient bien être débarrassés et la Santé en
faisait partie.
E.F : Comment vous étés vous
assurée que ces directives étaient suivies au niveau
local ?
M.E : C'est une très bonne question. La
Pénitentiaire par rapport aux autres administrations que j'ai connues
est probablement l'une des administrations, c'est un peu comme l'armée,
les plus respectueuses du règlement. Je ne dis pas qu'elle l'applique
toujours comme il faut et qu'il n'y pas de sabotage, mais il faut regarder et
surtout marquer l'intérêt qu'on y porte. Je pense que, comment
dire, c'est toujours très difficile de voir ce qu'il se passe. Il y a le
problème aussi de recevoir des plaintes et nous avions regardé
cela, qu'on puisse écrire directement. Et puis il faut circuler et
regarder même si on ne voit qu'une partie. Il faut surtout être
déterminé.
E.F : Il y a un terme qui est souvent revenu à
cette époque c'est celui de
« décloisonnement » ?
M.E : Ben, c'est exactement ça ! C'est le mot
qu'on a employé à l'époque. Le décloisonnement
culturel, le décloisonnement... Et la santé a vraiment
été le numéro un, je pense en tous cas en ce qui me
concerne, dans l'échelle des priorités. Ça a vraiment
été une question privilégiée. Ça et
l'enseignement.
E.F : Y avait des magistrats qui à part vous
étaient moteur dans ce décloisonnement ?
M.E : Ah tout à fait. Jean-Pierre Robert que
j'avais volé à la direction des affaires criminelles. On avait
créé le bureau de l'action communautaire. Le terme a
changé maintenant. J'avais insisté qu'on y mette le mot
communautaire qui marque l'action envers le monde extérieur. La
première chose qu'on a faite d'ailleurs, avec Jean Favard,
c'était de changer l'organigramme. En plus j'avais fais venir un certain
nombre de gens de l'Education surveillée. J'ai pêché
ailleurs des personnes... Le chef du bureau des ressources humaines,
François Antonioni était mon collaborateur à l'Education
surveillée. Ça avait fait quelques remous. Il fallait des gens
motivés à tous les niveaux [...]
E.F : Et beaucoup de médecins à
l'époque n'assuraient qu'une faible partie de leurs
vacations ?
M.E : Oui alors... On avait changé
carrément... On n'a pas pu le faire partout. On a tenté de faire
un peu de propagande pour montrer que les gens pouvaient faire
carrière... Enfin carrière... En tous cas, rendre plus attractif
ces postes. Et l'exemple du Dr Espinoza était un peu un signal. Monter
qu'on pouvait travailler en prison sans être défavorisé.
Alors, il avait des fonctions de conseiller. Il faisait en plus la liaison avec
le ministère de la Santé. Justement, comme il avait
été choisi d'un commun accord, il avait cette fonction. On avait
eu l'argent, ce qui était déjà impensable, de le payer.
E.F : Le Comité santé justice,
c'était plus dans l'optique de traiter des problèmes
précis ou des questions ...
M.E : Non, c'était des questions d'ordre
général. C'est-à-dire qu'on avait un sujet à chaque
fois à partir de ce qui m'était signalé. C'était
vraiment un comité de réflexion et de proposition. C'était
vraiment très sympathique. Alors la participation était un peu
irrégulière mais c'était très
décontracté. On tenait un très très court petit
procès verbal. C'était quelque chose de libre. Chacun donnait son
avis. C'était tellement décontracté, qu'on ne
négociait pas sur l'heure. On avait eu une réunion totalement sur
le sujet de la pharmacie. Pour moi, c'était l'occasion d'être
informée. C'est d'ailleurs pour ça que j'y allais. J'y allais
parce que ça m'apprenait beaucoup de choses. Je ne suis pas du
métier et en plus c'était un moyen de contrôler pour voir
ce qu'il se faisait [bibliothèques] Gategno il nous avait affecté
une bibliothécaire. Il y avait une personne, je crois tout à fait
honorable qui est restée jusqu'à sa retraite, mais qui s'occupait
de tout centraliser dans la pénitentiaire. Tandis que là
c'était quelqu'un qui était de l'extérieur. Et qui
s'était occupé de faire la politique du livre pour les
établissements.
E.F : Donc quand vous êtes arrivée
à la DAP, il y avait certaines personnes qui avaient tendance à
tout centraliser à l'AP ?
M.E : Oui. Oui. Alors, il faut être franc. J'ai
aussi centralisé les problèmes car si vous voulez appliquer une
politique. Mais pas les détails... Je ne peux pas dire que
c'était décentralisé. D'ailleurs dans cette maison,
ça n'est pas vrai de toutes les directions, on rencontre des
surveillants, chefs, directeurs. Et ça, j'avais tenté au moins au
niveau des directions régionales... En disant « on ferme le
parapluie ». Alors certains ont pris des initiatives mais... Il fait
dire qu'ils risquent gros. Mais c'est vrai que j'aurai souhaité que
certains soient un peu plus libres. Mais à l'époque, ça
n'était pas dans l'esprit de la maison [Évoque son parcours et
entée dans la magistrature]
E.F : Vous étiez
syndiquée à l'époque ?
M.E : Je l'ai été la première ou la
deuxième année et puis quand je suis rentrée au cabinet de
Simone Veil, je me suis dit : « On ne peut pas mélanger
les genres ». Mais j'étais abonné au journal [Justice]
et puis de toute façon quand je suis devenu directrice j'avais dit que
j'étais la directrice de tout le monde. Du coup je n'ai pas repris ma
cotisation. Je n'ai pas été d'accord d'ailleurs avec certaines
positions du Syndicat... On m'avait beaucoup reproché aussi quand je
suis arrivée à l'AP que bon... On allait voir ce qu'on allait
voir... que... Alors sur le plan des choix, c'est vrai que j'ai pris des gens
qui étaient plutôt... Enfin. Toujours avec sérieux. Je n'ai
pas fait de discrimination. J'ai viré dés le début le
magistrat chargé du bureau des personnels mais pour entente avec les
syndicats car ce qu'il faisait... Alors là ça a fait une petite
histoire quand je l'ai remplacé justement par ce François et je
savais qu'il ferait les choses honnêtement. Vous êtes obligé
aussi, si vous ne faites pas un petit peu confiance... Si vous n'êtes pas
entouré de gens qui ont votre confiance, ce n'est pas possible [...]
E.F : Et justement par rapport aux prises de position
du SM sur les prisons, à l'époque, c'était globalement les
idées que vous partagiez ?
M.E : Oui et non justement. Ils ont protesté quand
j'ai commencé à faire des changements de personnel. Mais alors
là j'ai crié plus fort qu'eux en disant qu'on ne pouvait pas
prôner des politiques et faire avec des gens... Mais j'ai surtout eu
affaire aux syndicats pénitentiaires [...] Sur certaines positions je
trouvais qu'ils allaient trop loin. Le syndicat a beaucoup apporté quand
il s'est créé. Ça a apporté quand même... Et
là il n'y a plus vraiment de réflexion des jeunes. C'est comme
Mai 68, ça me semblait très important. J'étais plus
âgé mais Joinet et les autres ont apporté quelque chose de
nouveau
E.F : Et Mai 68 ça représentait quoi
pour vous de façon plus générale ?
M.E : Ecoutez, beaucoup. Moi ça m'a beaucoup...
Alors les gens me regardaient de travers car vu ma génération.
J'étais à l'administration civile et .... Moi ça m'a paru
formidable. La profession, moi quand je l'avais connue, au début cette
profession c'était vraiment... C'était en province mais
c'était... On n'osait même pas montrer le journal qu'on
lisait ! Vous n'avez pas idée ! Moi je débarquais, je
n'ai pas de famille de magistrat et je découvrais. La part de
l'inventivité est selon moi importante dans la profession [...]
E.F : Et Simone Veil quelles étaient ses
fonctions à l'Administration pénitentiaire ?
M.E : Elle était comme moi substitut au
ministère de la Justice. Elle travaillait avec Perdriau qui était
sous directeur. Elle connaissait Solange Troisier mais je ne crois pas qu'elles
étaient... Pas du tout même ! C'est un personnage curieux,
très discutable mais qui en même temps a joué un
rôle... C'est difficile de faire le bilan. Mais je crois qu'il
était nécessaire pour faire une réforme
pénitentiaire qu'elle ne reste pas. C'était quelqu'un d'assez
particulier [...] Malheureusement, j'aurai souhaité faire quelque
chose. J'étais très déçue. Mais Solange Troisier
était un personnage... très complexe ! Mais en même
temps, par certains côtés, je ne dis pas insupportable. Mais elle
vivait autour d'elle-même, elle tenait énormément à
son emprise. Elle était très soutenue en plus, elle,
politiquement et je faisais très attention à ne pas trop la
mêler. Simone Veil... En fait je faisais le tampon, enfin pas le tampon
mais disons que c'est moi qui la recevais [rires] Il faut dire aussi que tout
en étant sensible à cela, je n'étais pas
sensibilisée au problème comme je l'ai été par la
suite parce que contrairement à Simone Veil c'était un milieu que
je ne connaissais pas et j'avais mis, je ne dis pas une barrière entre
l'E.S et la Pénitentiaire, au contraire... Mais y a eu de ça. Je
ne peux pas dire que je me suis accrochée à devenir. Très
honnêtement. Je ne connaissais pas le milieu et c'est pour cela que
j'avais refusé les deux premières fois d'aller prendre cela [la
direction de l'AP]. Ça n'était pas la peur. Et je dois dire un de
mes collègues m'avait dit : « Mais vous êtes
folle Myriam » quand je lui avais dit que je quittais l'E.S et je lui
avais répondu : « Oui je suis
folle ! ».
INDEX
A
ADDD (Association de défense des droits des
détenus) 16, 103, 105, 107, 143, 160, 168, 530, 641
AGRET Rolland 274, 530
AMOR Paul 31, 76, 79, 145, 158, 184, 185, 295, 575, 595, 609,
619, 620
ANCEL Marc 185, 595
ANTONIONI François 314, 445, 526
APM (Association professionnelle des magistrats) 16, 385,
386, 402, 583
APSP (Association des personnels soignant des prisonniers) 16,
429, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 455, 456, 457, 464, 471, 520, 521, 582,
585
ARPAILLANGE Pierre 149, 151, 321, 386, 390, 391, 392, 403, 442,
479, 538, 583
Auxiliaires (surveillants) 47, 69, 121, 259, 268, 328, 396, 409,
454, 462, 463, 505, 510, 611, 635, 649, 665
AYME Jean 206, 603
B
BADINTER Robert 19, 30, 57, 66, 70, 71, 93, 149, 229, 235, 297,
299, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 318, 319, 323, 325,
327, 329, 330, 331, 333, 335, 339, 362, 366, 368, 385, 391, 422, 465, 473, 474,
492, 499, 516, 526, 529, 534, 535, 537, 540, 581, 667
BARZACH Michèle 431
BAUMETTES (prison des) 17, 27, 43, 54, 60, 77, 111, 118, 123,
189, 192, 241, 252, 256, 262, 272, 286, 308, 338, 341, 356, 360, 361, 362, 363,
367, 376, 377, 381, 401, 422, 426, 433, 435, 436, 437, 438, 468, 486, 520, 534,
535, 544, 554, 555, 556, 557, 558, 562, 576, 582, 588, 603, 619, 623, 647, 648,
649, 654, 655, 671, 672, 673
BELJEAN Georges 111, 115, 149, 151, 152, 213, 312, 523, 579,
598
BENEZECH Michel 419, 420, 421, 423, 424, 425, 426, 428, 429, 431,
434, 490, 674
BEZ Gabriel 435
BLANC Alain 30, 314, 315, 317, 322, 327, 350, 386, 391, 392, 393,
474, 478, 479, 480, 482, 491, 493, 559
BLOCH Etienne 66, 85, 99, 100, 103, 136, 143, 145, 153, 154, 160,
243, 519, 613, 641, 642, 643, 644, 645
BOIS D'ARCY (M.A de) 27, 54, 253, 254, 267, 272, 372, 373, 378,
379, 380, 381, 416, 424, 435, 439, 445, 447, 451, 453, 537, 538, 554, 555, 556,
557, 617, 645, 671, 672, 673
BONALDI Hubert 127, 143, 320
BOUCHER Philippe 92, 93, 94, 151, 186, 317, 532, 533, 535
BOUYSSIC Roger 77, 598
BRUNET Jean-Baptiste 421, 436, 675
BUFFARD Simone 116, 161, 165, 177, 201, 248, 266, 267, 554, 557,
600, 601
C
C.A.P (Comité d'action des prisonniers) 16, 155, 159,
160, 164, 169, 175, 176, 185, 195, 196, 267, 268, 269, 275, 278, 316, 318, 414,
533, 545, 578, 580, 614, 645
CANNAT Pierre 609, 620
CANO Marie-Joëlle 370, 379
CAP (Commission d'application des peines) 16, 249, 250, 578,
665
CASTERET Anne-Marie 343, 346, 535, 630, 631
CERFI 89, 90, 103, 136
Certificat médical 95, 230, 231, 253, 260, 275, 277, 336,
339, 398, 409, 460, 504, 510, 600, 614, 637
CGT (Confédération générale du
travail) 127, 306, 308, 320, 321, 535
CHALANDON Albin 70, 299, 383, 386, 387, 388, 389, 405, 407, 408,
412, 432, 479, 524, 537, 538, 582, 583
CHANCEL Jacques 123, 128, 135, 140, 227, 274, 601
CHODORGE Gilbert 486, 487, 488, 491
CISIH (Centre d'information et de soin de
l'immunodéficience humaine) 16, 431, 435, 437, 440, 441, 442, 584
CISMP (Conseil international des services médicaux
dans les prisons) 16, 233, 412, 520, 580, 583
CLAVEL Maurice 92, 94, 588
CMPR (Centre médico-psychologique régional)
16, 61, 79, 99, 109, 118, 162, 165, 195, 199, 202, 204, 205, 206, 207, 208,
211, 317, 324, 364, 418, 419, 420, 424, 426, 429, 431, 550, 557, 577, 580, 585,
595, 596, 597, 616, 624, 625, 635, 663, 664, 665
COLCOMBET François 87, 126, 127, 540, 642
COLIN Marcel 116, 117, 140, 180, 323, 410, 576, 591, 596
COLIN Michèle 152, 161, 200, 201, 202, 218, 404, 410, 412,
478, 479, 480, 482, 484, 490, 491, 493, 521, 560, 563, 564, 577, 591, 668,
669
CONCOURS MEDICAL (LE) 62, 117, 171, 217, 237, 248, 545, 548,
550
CONSEIL DE L'ORDRE (des médecins) 46, 115, 119, 123, 234,
332, 346, 391, 396, 452, 527, 607, 608, 631
Contention 49, 95, 102, 117, 119, 122, 123, 128, 136, 137, 141,
143, 197, 203, 258, 283, 363, 364, 631, 639
COSYPE (Coordination syndicale pénale) 3, 16, 65, 70,
298, 304, 311, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 321, 322, 323, 324, 326, 327, 328,
347, 385, 386, 392, 421, 471, 473, 474, 478, 519, 540, 559, 581, 615, 646
CRF (Croix-Rouge française) 16, 54, 120, 121, 185,
230, 372, 391, 449, 527, 528, 557, 558, 575, 576, 585, 589, 607, 609, 619, 620,
621, 626, 628, 658, 659, 660
Criminologie 55, 78, 117, 118, 146, 170, 176, 180, 183, 201, 202,
223, 228, 231, 240, 250, 251, 273, 277, 288, 296, 410, 412, 426, 543, 546, 547,
549, 550, 577, 591, 596, 600, 668
CSJ (Comité Santé/Justice) 372, 378, 380, 381, 386,
394, 395, 417, 424, 436, 494, 495, 557, 671, 673, 676
D
DABLANC Christian 211, 240, 284, 290, 332, 525, 580, 642
DAESCHLER Philippe 189, 524
DARMON Marco 528, 585, 627
DAYANT Charles 59, 106, 107, 109, 127, 128, 129, 130, 136, 217,
223, 532, 578
DDASS (Direction départementale des affaires
sanitaires et sociales) 582
DE FELICE Jean-Jacques 96, 104, 157
Décloisonnement 23, 31, 32, 34, 42, 51, 68, 69, 70, 71,
81, 117, 144, 148, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189,
190, 191, 192, 193, 194, 204, 205, 207, 210, 212, 218, 225, 237, 285, 289, 290,
295, 296, 297, 298, 299, 304, 309, 314, 315, 322, 323, 326, 327, 338, 339, 348,
349, 350, 364, 365, 366, 367, 384, 385, 386, 387, 392, 402, 405, 406, 407, 409,
413, 414, 426, 440, 445, 465, 469, 471, 473, 474, 475, 478, 479, 492, 495, 496,
512, 542, 545, 623, 646, 657, 754
Défense sociale 146, 155, 595, 609, 664
DEFERT Daniel 90, 156, 159, 160, 414, 442
DELEUZE Gilles 105, 122, 157, 160, 532
DEROBERT Léon 230, 411, 577, 590
DGS (Direction générale de la santé)
16, 203, 370, 371, 372, 391, 392, 394, 395, 396, 400, 418, 419, 423, 426, 435,
441, 452, 457, 477, 482, 483, 484, 485, 487, 490, 520, 521, 526, 557, 560, 663,
665, 666, 667, 673, 675, 677
DIENNET Marcel 59, 109, 128, 129, 130, 134, 136, 140, 530, 579
DINTHILLAC Jean-Pierre 190, 374, 379, 390, 428, 527, 583
DOMENACH Jean-Marie 100, 143, 156, 532, 601
DORLHAC DE BORNE Hélène 151, 188, 289
DOUSTE-BLAZY Philippe 488, 489
DRASS (Direction régionale des affaires sanitaires et
sociales) 16, 369, 379, 423, 502, 504, 526
DSS (Direction de la sécurité sociale) 16,
174, 365, 366, 485
E
EMMANUELLI Xavier 26, 397, 434, 436, 444, 445, 458, 461, 462,
463, 464, 465, 466, 467, 468, 480, 486, 492, 493, 538, 556
ENAP (Ecole nationale d'administration pénitentiaire)
16, 145, 218, 237, 274, 441
ERBES Jean-Marc 115, 190, 265, 523
ESCOFFIER LAMBIOTTE Claudine 235, 427, 534, 537, 630, 631
ESPINOZA Pierre 26, 366, 367, 368, 378, 379, 380, 417, 418, 423,
428, 429, 440, 441, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 456, 466, 467, 468, 481, 490,
493, 554, 555, 652, 653, 670
EVIN Claude 435, 436, 439, 441, 442, 469, 482, 484, 492, 523,
561
EZRATTY Myriam 191, 192, 238, 287, 288, 309, 313, 314, 322, 327,
340, 348, 349, 350, 354, 359, 361, 364, 365, 368, 369, 378, 379, 382, 389, 408,
418, 422, 424, 456, 474, 519, 524, 526, 536, 559, 581, 612, 653, 676, 678,
729
F
FAVARD Jean 30, 57, 66, 70, 84, 190, 211, 229, 235, 298, 299,
310, 311, 312, 313, 318, 319, 321, 322, 330, 331, 332, 334, 335, 338, 341, 343,
347, 349, 350, 351, 358, 360, 369, 378, 382, 413, 422, 437, 456, 473, 474, 524,
525, 529, 560, 642, 713
Fioles 400, 440, 459, 463, 655, 656, 658, 660
FLEURY-MEROGIS (M.A de) 22, 27, 78, 84, 95, 102, 113, 123, 124,
125, 126, 131, 136, 145, 154, 163, 167, 169, 175, 197, 200, 202, 203, 204, 206,
211, 239, 252, 258, 268, 269, 270, 274, 276, 308, 310, 316, 328, 341, 344, 352,
373, 375, 376, 380, 397, 408, 420, 424, 432, 434, 435, 436, 437, 438, 442, 444,
445, 446, 451, 457, 458, 460, 461, 462, 463, 464, 467, 468, 471, 486, 496, 506,
527, 529, 533, 535, 536, 537, 538, 539, 541, 544, 545, 551, 555, 556, 557, 560,
577, 579, 581, 582, 586, 587, 591, 614, 624, 633, 638, 639, 644, 645, 656, 664,
670, 672
FO (Force ouvrière) 127, 143, 310, 319, 320, 420, 421
FORGET Daniel 630, 631
FOUCAULT Michel 37, 38, 39, 41, 87, 90, 91, 92, 96, 97, 98, 100,
120, 126, 127, 129, 147, 159, 160, 177, 305, 511, 512, 540, 566, 567, 601,
616
FOURNIER Etienne 411, 536, 587
FOYER Jean 84, 145, 146
FRESNES 487
G
GASTAUT Jean-Albert 433, 437, 438, 588
GENTILINI Marc 434, 436, 463
GIP (Groupe d'information sur les prisons) 16, 65, 84, 87, 89,
90, 91, 92, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 107, 108, 109, 121, 122,
126, 129, 136, 137, 139, 143, 156, 159, 160, 164, 166, 175, 176, 185, 267, 313,
389, 529, 541, 568, 612, 641
GIRARD Jean-François 480, 482, 487, 521
GISCARD D'ESTAING Valery 68, 81, 129, 145, 146, 147, 150, 151,
152, 154, 173, 186, 194, 210, 211, 213, 273, 303, 304, 311, 313, 322, 348, 473,
533, 551, 579, 646
GMP (Groupe multiprofessionnel des prisons de Paris) 16,
125, 126, 133, 134, 140, 161, 165, 166, 167, 169, 175, 177, 182, 195, 316, 317,
320, 455, 531, 555, 556, 613, 614, 641, 645
GMQP (Groupe multiprofessionnel pour les questions
pénitentiaires de Lyon) 16, 65, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 181,
182, 266, 316, 455, 578, 579, 616, 641
GOFFMAN Erving 34, 35, 36, 37, 38, 176, 177, 511, 566, 569
GONIN Daniel 26, 77, 78, 79, 80, 115, 134, 135, 140, 141, 162,
163, 170, 200, 201, 206, 211, 237, 244, 249, 251, 266, 409, 410, 477, 494, 554,
555, 584, 591, 600, 668, 669, 679
GOT Claude 434, 439
GRADIGNAN (M.A de) 416, 419, 420, 426, 429, 434, 435, 537, 547,
548, 582, 587, 674
Grève de la faim 85, 88, 89, 91, 118, 137, 144, 221, 230,
235, 246, 248, 252, 261, 269, 274, 325, 427, 449, 510, 527, 531, 534, 545, 548,
576, 578, 582, 588, 593, 594, 629, 630, 631
Groupe d'information des travailleurs sociaux (GITS) 138, 175
H
HCSP (Haut comité de la santé publique) 22, 23, 51,
66, 457, 468, 478, 486, 487, 489, 492, 522, 544, 560
HERVE Edmond 362, 526, 677
HIVERT Paul 104, 105, 109, 118, 141, 200, 205, 208, 250, 317,
324, 524, 577, 595, 596, 664, 665
HUGUENARD Pierre 329, 342, 343, 345, 346, 461, 530, 581, 650,
652
I
IGSJ (Inspection générale des services
judiciaires) 16, 26, 492, 504, 676, 677
Institution totale 34, 35, 36, 37, 39, 176, 512
J
JACQUETTE Philippe 317
JAP (Juge d'application des peines) 16, 136, 139, 531, 641,
662
JEAN Jean-Paul 30, 393, 401, 404, 434, 435, 436, 437, 438, 439,
442, 469, 482, 484, 485, 487
JOURDAIN-MENNINGER Danièle 485
K
KARSENTY Jean-Claude 400, 479, 480, 527, 538, 559, 584
KOUCHNER Bernard 42, 482, 485, 486, 488, 494, 607, 676
KOUPERNIK Cyrille 216, 217
L
LA SANTE (M.A de) 80, 85, 89, 104, 106, 109, 118, 124, 127, 128,
129, 130, 131, 133, 140, 167, 194, 196, 198, 205, 253, 254, 258, 261, 267, 268,
272, 281, 289, 316, 325, 347, 438, 445, 529, 532, 533, 555, 556, 557, 578, 595,
617
LACASSAGNE Alexandre 410
LALLE Yvonne 262, 264, 522, 523, 623
LAMOTHE Pierre 412, 506
LAZARUS Antoine 124, 125, 126, 127, 134, 165, 166, 167, 177, 224,
253, 257, 276, 281, 316, 554, 555, 579, 614, 615, 616, 618
LE BOULAIRE Jean-Michel 40, 316, 317
LE CORNO Henri 108, 111, 140, 149, 256, 577
LECANUET Jean 151, 152, 186, 288, 533
LEGER Philippe 400, 491
LIVROZET Serge 159, 318, 578
LOCHEN Axel 161, 163, 579
LUCAS Michel 364, 374, 375, 377, 378, 379, 435, 441, 456, 461,
521, 522, 526, 527, 609, 651, 678
M
MAI 68 84, 85, 86, 88, 92, 96, 123, 124, 125, 127, 130, 137, 312,
316, 568, 600, 601, 606, 607, 616, 617, 618
MAJ (Mouvement d'action judiciaire) 16, 104, 168, 611,
612
MATAGRIN Dominique 379, 385, 386, 388, 390, 559
MEGARD Marc 115, 224, 236
MEGRET Jacques 145, 152, 153, 190
MEROT Jacques 200, 203, 206, 624
MICHELET Edmond 213, 522, 589, 590
MIRVAL Patrick 126, 167, 168, 316, 533, 540, 579, 614, 615,
638
Mitard 101, 149, 195, 226, 251, 252, 256, 263, 277, 371, 382,
399, 405, 449, 460, 615, 617, 645
N
NAU Jean-Yves 235, 346, 408, 534, 536, 538, 630, 631
NICOLAS Guy 22, 51, 66, 468, 482, 486, 488, 560
NICOT Xavier 161, 163, 190, 528, 572
O
OBRECHT Olivier 22, 31, 496
OIP (Observatoire international des prisons) 22, 268, 542
P
PASTRE Aimé 127, 320
PERDRIAU André 595, 612
PETIT Jacques 133, 180, 189, 221, 254, 528, 585, 591, 626, 627
PEYREFITTE Alain 69, 149, 175, 187, 209, 236, 258, 260, 275, 290,
297, 303, 306, 310, 311, 312, 315, 316, 318, 338, 385, 386, 473, 529, 534, 537,
642, 644, 646
PIAL Gilles 427, 430, 537, 538
PINATEL Jean 184, 185, 619
PLEVEN René 88, 89, 91, 94, 95, 96, 106, 109, 127, 143,
149, 157, 160, 191, 226, 525, 531, 532, 641
PONTOISE (M.A de) 54, 230, 231, 252, 355, 372, 373, 381, 419,
425, 468, 544, 554, 555, 557, 558, 641, 658, 659, 660, 670, 671, 672
POTTIER Philippe 3, 311, 316, 317, 318, 319, 321, 322, 323, 326,
392, 519, 559, 645, 646
Programme 13.000 70, 71, 299, 357, 386, 387, 391, 392, 393, 394,
395, 396, 397, 400, 401, 402, 403, 404, 473, 478, 479, 480, 520, 521, 522, 543,
553, 562, 583, 584
Psychotropes 49, 102, 114, 118, 194, 197, 198, 257, 258, 276,
278, 280, 378, 393, 398, 400, 448, 451, 459, 461, 462, 547, 550, 616
Q
QHS (Quartier de haute sécurité) 17, 252, 278,
289, 534
QUOTIDIEN DU MEDECIN 5
R
RENE Louis 391, 632
ROCHE Louis 117, 202, 410, 411, 577, 600, 668, 669
ROSE Edith 106, 117, 119, 120, 121, 122, 123, 136, 204, 216, 217,
288, 311, 550
ROUEN (M.A de) 203, 240, 269, 400, 425, 436, 507, 534, 554, 557,
558, 560, 587, 600, 655, 663, 665, 666, 672, 673
ROUX Jacques 362, 365, 526, 667
ROZENBAUM Willy 675
RPDP (Revue pénitentiaire et de droit pénal) 17,
57, 80, 118, 136, 141, 146, 155, 158, 172, 180, 183, 184, 185, 187, 188, 190,
191, 192, 200, 205, 216, 222, 228, 230, 231, 241, 248, 249, 250, 289, 308, 317,
324, 348, 350, 585, 590, 591, 593, 595, 596, 609, 619, 620, 621, 626, 663
RSCDP (Revue de sciences criminelles et de droit
pénal comparé) 17, 80, 585, 620
RUFFIE Jacques 674
S
SCHMELCK Robert 95, 108, 122, 123, 143, 151, 305, 399, 400, 527,
577, 578, 590
Secret médical 28, 64, 115, 122, 144, 250, 254, 274, 276,
323, 342, 345, 362, 363, 378, 380, 402, 438, 442, 443, 446, 447, 452, 453, 454,
459, 462, 471, 491, 505, 506, 539, 549, 597, 634, 663, 665, 671, 754
SECURITE SOCIALE 16, 28, 31, 65, 68, 76, 81, 142, 150, 168, 171,
172, 173, 174, 190, 191, 210, 216, 239, 244, 285, 339, 342, 365, 366, 379, 383,
401, 435, 467, 469, 471, 478, 485, 487, 493, 522, 540, 546, 547, 579, 586, 661,
669
Sida 22, 23, 29, 61, 63, 70, 299, 395, 398, 401, 402, 412, 413,
414, 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421, 422, 423, 425, 428, 429, 430, 431, 432,
433, 434, 435, 436, 437, 438, 439, 440, 441, 442, 443, 444, 446, 450, 451, 452,
453, 461, 462, 463, 466, 467, 468, 471, 475, 477, 481, 484, 487, 490, 491, 492,
493, 494, 496, 519, 523, 537, 538, 539, 544, 546, 547, 551, 563, 566, 568, 583,
588, 634, 670, 672, 673, 674, 675, 676, 677, 754
SM (Syndicat de la magistrature) 17, 161, 312, 313, 314,
315, 316, 317, 322, 323, 329, 386, 390, 392, 583, 611, 612, 614, 640, 641, 642,
643, 644, 754
SMPR (Service médico-psychologique régional)
17, 203, 400, 429, 451, 506, 507, 557, 560, 582, 663, 665, 666, 673
SNEPAP (Syndicat national des éducateurs et des personnels
de l'administration pénitentiaire) 3, 17, 136, 137, 311, 316, 317, 318,
319, 321, 322, 323, 324, 326, 392, 519, 530, 531, 559, 644, 646
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES PRISONS (SGP)
158, 183, 186, 189, 289, 308, 317, 326, 567
SPH (Syndicat des psychiatres des hôpitaux) 17, 205,
206, 665
T
TABUTEAU Didier 482, 483, 484, 485, 521
TAITTINGER Jean 113, 149, 172, 186, 204, 268, 522
TCHERIATCHOUKINE Jean 359, 379, 394, 433, 456, 485, 527
TEULADE René 485, 486, 561, 676
THEOLLEYRE Jean-Marc 91, 164, 532
TONUS 181, 195, 217, 223, 342, 454, 455, 467, 534, 538,
548, 631
TUFFELLI Jacqueline 458, 459, 460, 464, 486, 487, 554, 556,
560
U
UCSA (Unité de consultation et de soin ambulatoire)
17, 19, 20, 21, 27, 449, 501, 502, 504, 505, 507, 555, 556
V
VARAUT Jean-Marc 129, 168, 172, 536, 612
VAUZELLE Michel 482, 486, 487, 493, 494, 538, 561, 676
VEIL Simone 35, 41, 42, 83, 150, 174, 191, 193, 194, 204, 207,
238, 241, 264, 287, 288, 309, 314, 349, 389, 411, 487, 488, 489, 494, 548, 566,
567, 568, 584
VERIN Jacques 146, 183, 184, 185
VOULET Jacques 595
W
WEIL Jean-Albert 36, 222, 593
Z
ZAKINE Yvan 84, 153, 204, 306, 307, 309, 312, 313, 315, 316, 319,
329, 330, 332, 333, 351, 382, 524, 525, 529, 559, 581, 589, 590, 612, 642,
643
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