1.3.4 LES NOUVELLES DENREES ALIMENTAIRES (NOVEL FOOD)
On constate aujourd'hui un attrait nouveau pour certaines
denrées alimentaires. Cela s'est tout d'abord remarqué avec
l'explosion de la consommation de produits issus de l'agriculture biologique,
puis, la tendance du « sans gluten » a fait son apparition.
Aujourd'hui, le nouveau crédo se nomme la « Novel Food », les
nouveaux aliments en français. Ce terme est défini par l'Anses,
l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de
l'environnement et du travail comme :
« Les Novel Food sont des aliments ou des
ingrédients dont la consommation était négligeable voire
inexistante dans les pays de l'Union européenne avant le 15 mai 1997.
Pour entrer dans cette catégorie, ils doivent de plus présenter
une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
? posséder une structure moléculaire
primaire nouvelle ou délibérément modifiée ; ?
être composés de microorganismes, de champignons ou d'algues ou
être isolés à partir de ceux-ci ;
? être composés de végétaux ou
être isolés à partir de végétaux ou d'animaux
(à l'exception des pratiques de multiplication ou de reproduction
traditionnelles et dont les antécédents sont sûrs)
;
? résulter d'un procédé de production
qui n'est pas couramment utilisé (lorsque ce procédé
entraîne des modifications significatives de leur valeur nutritive, de
leur métabolisme ou de leur teneur en substances
indésirables).
Les Novel Food sont définis dans le
règlement européen CE n°258/97, actuellement en cours de
révision. ».
NB : Il est important de noter que les lois et
règlements qui concernent la Novel Food ne sont pas encore fixés,
ce qui crée un flou juridique concernant leur commercialisation. La
DGCCRF (répression des fraudes) veille fréquemment à faire
retirer ces produits rerouvés sur le marché.
Ce sont donc principalement les insectes comestibles qui sont
concernés. Leur rapport protéique élevé en font un
substitut idéal à la viande lorsque l'on sait que d'ici 2050, il
faudra nourrir près de 9,7 milliards d'hommes. C'est d'ailleurs en
prenant compte de cette donnée que les chercheurs en agroalimentaire se
sont penchés sur les substituts artificiels à la viande. Deux
techniques font leur preuve : la viande in vitro issue de cellules
souches prélevées dans les muscles bovins et la viande
fabriquée à l'aide d'une imprimante 3D grâce à un
procédé de bio-impression.
Cet attrait pour la nourriture du futur fait fleurir la
Silicon Valley de start-up spécialisées dans la « food-tech
» depuis 2014. Les investisseurs commencent à se pencher sur le
sujet, ce qui permettra à ces nouveaux aliments de se retrouver
rapidement dans les rayons des grandes surfaces.
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Cependant, ce verrou règlementaire qui entoure la Novel
Food n'est pas anodin. En 2015, l'Anses a publié un avis mettant en
garde contre les risques sanitaires possibles de l'entomophagie (le fait de
consommer des insectes). En l'absence de données suffisantes l'agence
préconise d'accentuer l'effort de recherche sur les sources de dangers
potentiels. Ce règlement, CE n°258/97 qui dérange les
start-ups tel qu'Entoma, est pourtant un moyen d'assurer la
sécurité des conditions de ces ingrédients nouveaux qui
pourraient s'avérer être allergènes. Par ailleurs, une
autre raison qui freine les autorisations à la commercialisation
d'insectes est l'interrogation quant à la viabilité et la
rentabilité de telles sociétés. Ces produits de niche
bénéficient difficilement d'économie d'échelle au
vu des faibles volumes.
Par ailleurs, d'ici 2018, les compétences des
autorités nationales (Anses) seront transférées au niveau
européen (Efsa) dans le but d'harmoniser les règles
d'autorisation de mise sur le marché des nouveaux aliments sur le
territoire européen. Aujourd'hui, il faut savoir que la Belgique et les
Pays-Bas se sont prononcés en faveur de la commercialisation d'insectes
sur leurs territoires respectifs.
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