1.3 LES CONTRAINTES DU MARCHE ALIMENTAIRE ET LES MODES
DE CONSOMMATION
1.3.1 L'ACHAT ALIMENTAIRE EN FRANCE
En France en 2012, le poste alimentation représentait
13,4% des dépenses de consommation des ménages (Source :
Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt).
Cette donnée, stable depuis 2000, propulse l'alimentation au
troisième rang des dépenses derrière le logement et le
transport. Cela représente 156,3 milliards d'euros sur une consommation
totale des ménages de 1 500 milliards d'euros (Source : Insee).
Ce sont les grandes surfaces d'alimentation générale qui
représentent le principal circuit de distribution des produits
alimentaires, elles commercialisent un peu moins des deux tiers de ces
produits. En revanche, les ventes hors grandes surfaces alimentaires ne
représentent que 6% des ventes totales alimentaires malgré une
légère progression (+0,8 points entre 2010 et 2012). La part des
petites surfaces alimentaires reste stable à 7,2 % en 2012 quand celle
des commerces alimentaires spécialisés, y compris l'artisanat
commercial, s'élève à 18,5 %, en hausse de 0,1 point par
rapport à 2010 après une baisse au début des années
2000.
Les grandes surfaces, supermarchés comme
hypermarchés, apparaissent en perte de vitesse, elles sont
concurrencées par les magasins de proximité
spécialisés dans l'alimentaire.
Figure 1 : Parts de marché de la distribution
alimentaire selon les circuits en 2012
19%
Grandes surfaces d'alimentation générale
Alimentation spécialisée et artisanat commercial Petites surfaces
d'alimentation générale Autres ventes au détail
7%
10%
64%
Source : INSEE, comptes du commerce
21
1.3.2 LA GRANDE DISTRIBUTION
Les acteurs
La concentration du secteur agroalimentaire se retrouve
également à l'échelle des grandes surfaces alimentaires.
On différencie deux modèles d'organisation : les
intégrés et les indépendants principalement
représentés par six grands acteurs qui possèdent 80% des
parts de marché en France.
C'est à partir des années 1960 que deux types
d'organisation entrent en concurrence en France: le modèle
indépendant et le modèle intégré.
Les magasins des distributeurs indépendants, que sont
les groupes E. Leclerc, Intermarché et Système U, sont
regroupés au sein d'une association d'entrepreneurs juridiquement et
financièrement indépendants les uns des autres. Le groupement est
géréì par les actionnaires adhérents,
les propriétaires, selon un système mutualiste. L'objet du groupe
est de mettre en commun les moyens financiers, le comportement commercial et
une centrale d'achat. Dans les groupes intégrés comme Auchan,
Carrefour et Casino tous les magasins de l'enseigne appartiennent au groupe qui
décide de la politique commerciale du magasin. Ces chaînes sont
gérées de manière centralisée.
Une offre qui se diversifie
Au regard des évolutions des ventes et donc des
attentes des consommateurs, la plupart des groupes ont réfléchi
à des concepts différents du modèle historique de grande
surface.
Ainsi certains groupes ont
développéì des « supermarchés de
proximité » : Carrefour Market et Franprix (groupe Casino)
notamment. Ces magasins, dont l'offre de produits est relativement
homogène, entrent en concurrence avec le petit commerce
indépendant. Parallèlement, les groupes de la grande distribution
proposent désormais la vente à distance par internet. C'est le
drive alimentaire, qui consiste pour le client à commander les produits
sur internet et à venir les retirer en magasin ou dans un entrepôt
indépendant. En avril 2012, on comptabilise 1 000 drives en France, puis
2 000 en mars 2013. Début 2014, le drive approche les 3 000
unités. Le marché pèse 3,8 milliards d'euros, avec deux
leaders, Leclerc et Auchan, qui pèseraient respectivement 1,5 et 1
milliard d'euros. La part de marché du drive dans l'univers des produits
de grande consommation est passée de 0,7% en janvier 2011 à 3,9%
en janvier 2014.
Les marques de distributeurs qui se
développent
Les marques de distributeurs (MDD) ont été
créées au début des années 1980 et ont connu une
forte évolution. Leur part en volume dans les ventes des hypers et des
supers est de 17% en 1993, 34% en 2007 et leur part de marché en volume
gagne dix points entre 2000 et 2007. Ce développement est aujourd'hui
enrayé : le marché des MDD a cessé de croître et
diminue depuis 2010. Ces chiffres masquent toutefois une très forte
hétérogénéité du taux de
pénétration des MDD par catégorie de produits, avec par
exemple 55% pour la saurisserie et la charcuterie, 43% pour les fromages et
seulement 22% pour les boissons.
22
Les écarts de prix entre les MDD et les marques
nationales ne cessent de diminuer. Alors qu'en 2008 cet écart
était d'environ 20% et pouvait atteindre jusqu'à 40%, il se situe
actuellement entre 10 et 20% (Source : Agra alimentation, n°
2283). Cette situation et les crises sanitaires qui ont fortement atteint
l'image de l'industrie agroalimentaire ont conduit le consommateur à
davantage se tourner vers les marques nationales.
A noter, cette stagnation du marché des MDD est une
exception française, il se développe partout ailleurs en
Europe.
Le hard discount
Après une période d'essor en 2008 et 2009, le
hard discount connaît, en France, une diminution de ses parts de
marché, tombées de 15 % en 2009 à 12,4 % à la
mi-juin 2013 (Source : Kantar Worldpanel). Cette diminution s'explique
notamment par la pression exercée sur les prix par les enseignes
traditionnelles et par le fait que les magasins de hard discount ont
été les plus inflationnistes, sans doute en raison de marges
déjàÌ faibles les empêchant d'amortir
autant que les autres formes de distribution les hausses des prix
alimentaires.
Les principales enseignes de hard discount (Lidl, Aldi, Leader
Price et Netto par exemple) ont ainsi choisi d'abandonner leurs politiques
tarifaires agressives au profit de concepts davantage orientés vers la
proximité et plus qualitatifs.
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