1.4. CROISSANCE ECONOMIQUE ET PRAUVRETE
La croissance économique n'a pas d'impact automatique
sur la réduction de la pauvreté dans les pays riches (Marion
Englert, 2007). C'est ce qui ressort d'une analyse théorique et de
résultats empiriques. Les années 80 ont marqué la fin
d'une relation positive entre croissance économique et diminution de la
pauvreté de revenu car on assiste, entre autres, à une diminution
du rôle de l'Etat, à une exigence accrue de flexibilité,
à un recul des taux de syndicalisation et à une plus grande
concurrence internationale. Le modèle théorique montre l'avantage
d'une croissance basée sur le taux d'emploi par rapport à une
croissance basée sur la productivité dans la lutte contre la
pauvreté relative (Marion Englert ; 2007).
Partant de l'observation, il est à remarquer
aujourd'hui que la majorité des pays qui ont enregistrée des
forts taux des croissances économies du PIB comme le cas de la RDC
(durant de 3 dernières années) n'ont pas pu réduire le
niveau de la pauvreté interne. Bien que la croissance de la production
nationale permet au pays d'accroitre la taille de son marché mais en
revanche si cette performance n'est pas accompagnée des masures
favorisant la création d'emploi locale, cette croissance reste
pro-pauvre.
Suivant l'étude initiée par Alassane Drabo
(2010), l'auteur montre que la recherche de la croissance forte dans un pays
n'échappe pas à la dégradation de l'environnement via ses
effets. Or ces pollution, biaise les conditionnements des populations vivants
sur ces lieu. Raison pour laquelle, la croissance économique peut
remédier à la pauvreté dans l'hypothèse ou les
mesures d'accompagnement y sont associés, telles que l'implantation
des
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usines pouvant transformer les produits de l'exploitation
surplace, l'ouverture des frontières nationale et l'exportation des
produits finis, ...
Il est donc raisonnable de considérer la
mondialisation, c'est-à-dire ici l'intégration commerciale et
financière de l'économie mondiale, comme une importante force
motrice de la croissance, permettant aux progrès de la technologie
moderne et aux économies d'échelle de se traduire dans des
augmentations de productivité sans précédent.
Mondialisation et croissance sont allées en s'accélérant
pendant la décennie des années 90 et les analyses courantes
aujourd'hui projettent une poursuite de cette accélération pour
la première décennie du nouveau siècle (Kemal DERVIS ;
2000)
Parler de croissance accélérée et des
liens entre croissance et mondialisation n'engendre pas le vrai débat.
Il est généralement admis que la mondialisation
accélère la croissance. Le fond du débat se focalise
aujourd'hui sur la distribution des bénéfices et des coûts
de la mondialisation. Toute cette richesse créée par
l'économie moderne réduit-elle la pauvreté dans le monde?
Ou, au contraire, la mondialisation est-elle créatrice de nouvelles
inégalités de sorte qu'elle a très peu d'impact sur la
pauvreté?
Plusieurs études ont analysé la relation
empirique entre croissance et pauvreté. Deux indicateurs sont le plus
souvent utilisés comme mesures de pauvreté: le revenu moyen des
20% de la population au bas de l'échelle des revenus,
c'est-à-dire les 20% les plus pauvres, et, deuxième indicateur,
le pourcentage de la population avec un revenu au-dessous d'un seuil de
pauvreté, ce seuil étant souvent un revenu de 1 dollar par jour,
mesuré en pouvoir d'achat de ce dollar et non pas seulement par
conversion monétaire (Kemal DERVIS ; 2000).
L'étude devenue célèbre de Dollar et
Kraay (2000) ainsi que d'autres études utilisant des données pour
un large nombre de pays et à travers trois décennies, nous
permettent de souligner deux messages importants:
· En moyenne, quand on définit cette
dernière par rapport aux Etats-nations sans la pondérer par la
taille de ses Etats, le revenu des
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pauvres augmente presque, mais pas tout à fait, au
même rythme que le PIB par tête d'habitant. La croissance moderne,
à l'échelle mondiale, si elle ne bénéficie pas de
façon disproportionnée aux pauvres, n'est pas non plus
biaisée contre les pauvres. En moyenne, une croissance annuelle de 3%
par habitant augmente donc le revenu moyen des pauvres aussi de près de
3% par an (Kemal DERVIS ; 2000).
· Mais ceci n'est qu'une moyenne. En fait, seulement la
moitié de la variation dans la croissance du revenu des pauvres est
associée à la variance de la croissance du PIB. L'autre
moitié est associée à d'autres facteurs. L'impact de la
croissance comme phénomène national sur le revenu moyen des
pauvres - comme d'ailleurs sur le pourcentage de la population au-dessous du
seuil de la pauvreté - peut donc varier de façon très
sensible. Au Ghana, par exemple, le revenu moyen des pauvres a pu croître
de 3,3% par an entre 1988 et 1997, pendant que le PIB par habitant n'augmentait
que de 1,2%. Pourtant, en Thaïlande, pendant la période allant de
1969 à 1992, le revenu moyen des pauvres augmentait à un rythme
de 3,7% par an, une belle réussite en soi, mais au-dessous du taux de
croissance du PIB par habitant qui était de 5,1%. Au Ghana, la
croissance durant cette période a été égalisatrice
mais en Thaïlande elle a augmenté l'inégalité.
Voir dans la croissance une force qui nuirait aux pauvres
n'est pas une position qu'on peut défendre avec les données que
nous avons. Il est clair que la croissance est l'alliée la plus
importante de la lutte contre la pauvreté. Mais il y a beaucoup de
variation autour de la relation positive entre croissance et réduction
de la pauvreté. La croissance dans l'agrégat du PIB n'est pas une
condition suffisante pour qu'il y ait réduction sensible de la
pauvreté. Il y a des expériences de croissance qui ont beaucoup
profité aux pauvres, et il y en a d'autres où les
bénéfices de la croissance ne semblent pas parvenir aux pauvres,
ou ne leur parvenir que très lentement (Kemal DERVIS ; 2000).
La croissance traduit une augmentation de la production et
elle se mesure grâce au PIB (Produit Intérieur Brut). Le
développement, en revanche, est un phénomène qualitatif,
irréversible et qui ne peut s'observer
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que sur une très longue période. On peut
définir un processus de développement par des combinaisons des
changements touchant l'ensemble des structures économique, sociales,
culturelles et démographiques (Garnier ; 2008)
Nous comprenons dès lors qu'une nation pour se
développer doit pouvoir réaliser une croissance économique
condition nécessaire au processus de développement, par contre le
développement est également essentiel pour soutenir la
croissance. Comme nous avons pu constater, le développement encourage et
soutient la croissance économique en créant des conditions
favorables à l'activité économique, notamment à
travers les nombreux effets externes positifs qui apparaissent dans la
société (création d'emploi, préservation de
l'environnement, etc.). En outre une nation pour se développer a besoin
d'une croissance économique qui soit saine et propre.
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