Paragraphe 2 Les prérogatives du juge.
Parmi les quatre traits caractéristiques des
procédures collectives133, l'on relève l'intervention
judiciaire qui occupe une place de choix dans lesdites procédures. Cette
implication du judiciaire est d'autant plus accentuée qu'il importe
préalablement de faire un bref aperçu là-dessus (A), ce
qui permettra d'envisager les pouvoirs étendus du juge qui peut mettre
en péril l'égalité des créanciers. (B)
A.- L'aperçu sur l'intervention Judiciaire.
Le droit OHADA a opté pour la dévolution du
traitement des difficultés des entreprises aux autorités
judiciaires. Le législateur a utilisé le vocable de juridiction
compétente qui est représentée dans les Etas par les
tribunaux d'instance, à défaut des tribunaux de commerce comme
érigés en France. C'est la juridiction compétente qui
détient la fonction de haute administration de la procédure. A
cet effet, elle prend les décisions importantes de la
procédure134. De ce fait, elle dispose du pouvoir
d'administration et du pouvoir juridictionnel.
Il y a lieu de faire état de ce qu'à coté
de la juridiction compétente, se trouve le juge commissaire,
désigné par ladite juridiction. Ce dernier chargé
d'assurer la police lors du déroulement de la procédure,
constitue en lui-même une juridiction dans la mesure où il prend
des décisions à forme juridictionnelle. Les tâches
assurées par le juge commissaire visent à satisfaire aux
exigences de célérité et d'efficacité de la
procédure. L'on a pu dire à cet effet qu'il est le chef
d'orchestre de la procédure en ce sens, il ne se présente plus,
comme par le passé, qu'en simple parapheur des décisions prises
par le syndic135. Il a désormais compétence pour
trancher toute difficulté, du moment que la loi n'a pas attribué
compétence à un autre organe. Il est ainsi élevé au
rang de juge de droit commun en droit OHADA des entreprises en
difficultés. Allant dans le sens du renforcement de ses
prérogatives et l'accentuation de son impartialité, l'avant
projet d'amendement apporte quelques légères modifications sur sa
posture136.
133Les caractères de collectivité,
l'état conflictuel, l'intervention judiciaire et l'exigence plus ou
moins de la qualité de commerçant du débiteur. V. F. M.
SAWADOGO, formation de .juristes béninois en droit OHADA
précitée p.3 et 4.
134J. DJOGBENOU, procédures collectives
d'apurement du passif, programme DESS droit des affaires et
fiscalité, Université Catholique d'Afrique de Ouest, 2010, p. 30,
inédit.
135F. DERIDA, P.GODE et J.P. SORTAIS,
Redressement et liquidation judiciaires des entreprises, rec. Dalloz.
Sirey, 2eed., 1986, p. 28, cité par F. M. SAWADOGO, Actes
uniformes commentés et annotés précité, note sous
art.39.
58
136V. art 39 avant projet d'amendements à
l'AUPC, il est prévu d'accroitre les pouvoirs du juge commissaire qui
désormais à la protection des intérêts en
présence.
L'égalité des créanciers dans les
procédures collectives en droit OHADA, Kouamo Darly Russel
C'est fort de tout ce vient d'être évoqué
que l'on verra les pouvoirs conférés aux autorités
judiciaires susceptibles d'assouplir l'égalité entre les
créanciers.
|