3- Jeunesse et chômage
Dans les pays en développement, la création
d'emploi est un instrument de lutte contre la pauvreté et de partage de
richesse. Le besoin de création d'emploi devient une urgence quand des
jeunes diplômés quittent les universités et centres de
formation à la recherche d'emploi. Le chômage et le sous-emploi
affectent plus les jeunes. Les Nations Unies (2011) estiment que le taux de
chômage au sein des jeunes dans le monde est de 12,6% contre 4,8% pour
les adultes en 2010. Ce taux assez élevée de chômage des
jeunes justifient les mouvements migratoires des jeunes vers les centres
urbains et vers les pays plus favorables. La plupart des jeunes (90%) vivent
dans des pays en développement.
En Afrique, les jeunes sont 200 millions représentant
plus de 20 % de leur cohorte d'âge (Rapport mondial sur la jeunesse
2007). En 2005, 62 % de la population du continent avaient moins de 25 ans.
Dans le monde, comme en Afrique, le ratio du taux de chômage des
jeunes/adultes (OIT 2006) est de un à trois. Ceci montre clairement les
difficultés particulières qui freinent la participation des
jeunes au marché du travail. L'élasticité de l'emploi des
jeunes par rapport à la croissance du PIB est cependant faible.
Représentant le cinquième seulement de celle observée pour
l'ensemble des travailleurs (Kapsos 2005). De ce fait, les jeunes comptent
à l'échelle de la planète pour 43,7 % dans le total des
chômeurs alors qu'ils ne représentent que 25 % de la population
active. En 2005, le taux d'activité des jeunes gens de
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Déterminants de la perception des jeunes à
l'agriculture au Bénin
sexe masculin était de 73,7 % (OIT 2006), l'un des plus
élevés du monde (OIT 2006, Nations Unies 2007). Les jeunes
représentent 36,9 % de la population en âge de travailler, mais
59,5 % des chômeurs, un taux bien supérieur à la moyenne
mondiale 2005 (43,7 %) qui traduit les graves déficiences de la demande
de main-d'oeuvre dans la région (OIT 2006)
Au Bénin, presque les 2/3 de la population est active.
Un état des lieux du marché de l'emploi au Bénin montre un
chômage plus important chez les jeunes. Ceci s'explique notamment par la
faiblesse de l'offre d'emploi, de la réticence des employeurs à
recruter de nouveaux diplômés sur le marché du travail et
de l'inadéquation entre la formation et l'emploi. L'offre d'emploi sur
le marché du travail est limitée. La situation est d'autant plus
difficile pour les jeunes que les employeurs rechignent à recruter faute
d'expérience. Les statistiques les plus récentes, tirées
du recensement général de la population de 2002,
révèlent que seuls 33 % des jeunes ont un emploi
rémunéré contre 72,5 % pour les adultes. Environ de 17%
des jeunes travaillent gratuitement dans l'entreprise ou le cadre familial,
contre 5,9 % pour les adultes. Par ailleurs, 62,0 % des jeunes ruraux
travaillent (rémunérés ou non) contre 35,7 % des jeunes
urbains. Ces chiffres ne traduisent qu'un taux de chômage ou de
sous-emploi des jeunes plus élevé dans les milieux urbains que
dans les milieux ruraux.
Parmi les obstacles à l'emploi des jeunes, il faut
mentionner la déficience des flux d'information entre chercheurs
d'emploi et recruteurs. En outre, les formations professionnelles
délivrées par des entités privées, relativement
chères, ne répondent pas aux besoins du marché du travail.
Elles sont davantage orientées vers la délivrance de
diplômes et insuffisamment vers des formations qualifiantes permettant
d'accroître les chances réelles d'insertion. Le taux
d'employabilité des jeunes diplômés est estimé
à 10 %, reflétant l'inadéquation entre la formation et
l'emploi.
Brooks et al., (2012) et Kararach et al.,
(2011) révèlent que seule l'agriculture peut être une
source stable d'emploi dans les économies fortement dépendantes
de l'agriculture à court et moyen terme. L'agriculture possède un
énorme potentiel d'affaires avec la hausse des prix des produits
agricoles enregistrée ces dernières années et
l'augmentation continue de la population mondiale. La chaine de valeur du
secteur agricole est très diversifiée et offre une série
d'opportunités qui saisies peuvent générer des rendements
assez élevés (Abdullah & Sulaiman, 2013). Le sous-secteur de
l'agrobusiness (transformation et commercialisation des produits
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Déterminants de la perception des jeunes à
l'agriculture au Bénin
agricoles) qui constitue aujourd'hui la branche la plus
lucrative et la plus génératrice de valeur ajoutée
nécessite des jeunes capables de comprendre la demande et la dynamique
des marchés, des jeunes ayant des connaissances sur les innovations
technologiques et du système financier et institutionnel en
général, des qualités que les jeunes ruraux n'ont pas et
que seul les jeunes diplômés des universités sont
susceptibles d'avoir (Ampedu-Ameyau, 2012). Les jeunes diplômés
peuvent y trouver une source d'insertion professionnelle. De plus cette
jeunesse pourrait constituer une nouvelle classe d'entrepreneur
nécessaire au développement du secteur agricole.
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