2. Les théories de la régulation et le
régime d'accumulation et de la croissance endogène
a. Les théories de la régulation et le
régime d'accumulation
La théorie de la régulation est le fruit d'un
programme de recherches lancé à la fin des années 60. La
question principale selon Robert Boyer (1993) était de savoir « si
la croissance que les pays industrialisés avaient connue depuis le
lendemain de la seconde guerre mondiale allait
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durer ». C'est ainsi que la notion de régime
d'accumulation fut introduite d'abord par Michel Aglietta, puis par Robert
Boyer afin de souligner que la généralisation de l'échange
marchand pouvait rendre les crises possibles : « On désignera sous
ce terme l'ensemble des régularités assurant une progression
générale et relativement cohérente de l'accumulation du
capital, c'est à dire permettant de résorber ou d'étaler
dans le temps les distorsions et déséquilibres qui naissent en
permanence du processus lui-même » (1986, p. 46).
Les crises économiques majeures étaient
considérées comme des crises de mutation entre la
régulation ancienne qui ne pouvait plus permettre d'avoir la croissance
et la nouvelle régulation qui devait résoudre les causes
profondes de la crise. Le régime fordiste fut le régime
d'accumulation qui s'est imposé. Le régime fordiste a
combiné le mode de production taylorien puis fordien avec l'accès
du plus grand nombre à la société de consommation. La
redistribution des gains de productivité obtenus dans l'industrie fut un
puissant moteur de la hausse de la demande globale passant par
l'élévation du niveau de vie des salariés. Ce
système se dérègle dans les années 60 et selon
Daniel Cohen (2004, p.45), nous serions passés « d'un
modèle fordiste à un modèle postfordiste marqué par
davantage de précarité et de flexibilité ». Le
monde fordiste était caractérisé par une
autorégulation des rapports sociaux, entre, d'une part le mouvement
ouvrier et sa représentation syndicale, et, d'autre part, un capitalisme
managérial qui pouvait servir d'interlocuteur au mouvement ouvrier,
parce qu'il en partageait fondamentalement les principales aspirations :
protéger la firme des aléas économiques dus à la
concurrence et au cycle des affaires. Du point de vue social, le travail
à la chaine est un moyen de rendre plus productif les travailleurs a
priori les plus démunis. La parcellisation des tâches permettait
de rendre utilisable la main d'oeuvre non qualifiée. Cette
intégration s'effectuait également par les plans qui
protégeaient les salariés des aléas de l'existence. Le
fordisme reposait ainsi sur un contrat implicite : l'obéissance (voire
l'aliénation) en échange d'une protection contre les aléas
de l'existence. Or c'est précisément ce contrat tacite qui a
été remis en cause avec la crise du fordisme. Il n'y a plus de
carrière assurée et on fait reposer sur l'individu l'effort de
l'intégration dans l'entreprise.
Ainsi la mise en place des outils d'analyse de la crise du
régime fordiste permettait d'imaginer le régime qui va être
adopté. La notion de régime d'accumulation a permis d'introduire
le concept de formes institutionnelles, définies comme la codification
d'un ou plusieurs rapports sociaux fondamentaux. La détermination du
régime d'accumulation fait intervenir cinq formes
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institutionnelles (la monnaie, le rapport salarial, la
concurrence, les modalités d'adhésion au régime
international, l'Etat).
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