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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

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b. Le modèle néoclassique : l'approche de Solow

Le modèle néoclassique tel que conçu aujourd'hui, a été développé successivement par Ramsey (1928), Solow (1956), Swan (1956), Cass (1965) et Koopmans (1965). Solow fût la figure la plus pesante. Il obtient le Prix Nobel en 1987. Son article intitulé « A Contribution to the Theory of Economic Growth » paru en 1956 the Quarterly Journal of Economics, affecte l'origine de la croissance par tête au montant de capital technique investi (machines, équipements, logiciels, infrastructures...). Chaque travailleur peut avoir un équipement plus performant et peut produire davantage si toutefois l'investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du capital par tête existant. Toutefois, une augmentation du capital par tête entraîne une augmentation de la production mais pas de façon proportionnelle (c'est le principe des rendements décroissants). Ainsi à force d'augmenter le capital par tête, il viendra un moment où la production par tête augmentera mais moins vite que cela ne coûte. La croissance va ainsi cesser, ce que Solow appelle « l'Etat régulier ». En effet, l'Etat régulier dépend du coût relatif du capital. Une diminution de ce dernier (un renchérissement du coût du travail incitera les entreprises à substituer du capital au travail) conduit alors à une augmentation de l'investissement à nouveau jusqu'à ce qu'un nouvel Etat régulier soit atteint. Le modèle de

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Solow repose sur des hypothèses de type néoclassique : toute l'épargne est investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital au travail (selon les coûts relatifs de l'un à l'autre). La concurrence empêche l'existence de rente de monopole et de comportements price-maker. Il rend également compte de plusieurs faits importants :

? Le niveau de production d'un pays est déterminé par l'investissement par tête qui y est effectué. Tant que le niveau d'état régulier n'est pas atteint, un investissement supplémentaire est toujours générateur de croissance économique. Entre deux pays, celui qui investit moins, a une croissance moindre.

? Il explique les phénomènes de rattrapage des pays qui ont commencé leur croissance économique plus tardivement. « La propriété de convergence » est l'hypothèse retenue par ce modèle (plus le niveau de départ du PIB/habitant est faible, plus le taux de croissance attendu est élevé). C'est le cas de la France vis-à-vis des Etats unis entre 1950 et 1970, du Japon entre 1960 et 1980. Le modèle de Solow délivre un message optimiste : tous les pays ayant fait un effort d'investissement, sont susceptibles de connaître une croissance économique. A terme, on se dirige vers une convergence, puisque tous les pays proches de leur état régulier connaissent, pour un taux d'investissement donné, une croissance plus faible que celles des pays qui en sont moins proches. Si tous les pays étaient identiques (à l'exception de leur intensité de départ en capital) : la croissance des pays les plus pauvres serait plus rapide que celle des pays les plus riches. Si tous les pays sont hétérogènes (propension à épargner, accès à la technologie, taux de fécondité...), la convergence ne se réalisera qu'à certaines conditions : le taux de croissance est d'autant plus élevé que le PIB de départ par habitant est faible par rapport à sa situation d'équilibre de long terme. La propriété de convergence tient à l'existence de rendements du capital décroissants. Les économies qui ont un niveau de capital/travailleur faible (par rapport à son niveau de long terme), tendent à avoir des niveaux d'équilibre et de croissance plus élevés. Il s'agit d'une convergence conditionnée car les niveaux d'équilibre du capital et de la production/travailleur dépendent de la propension à épargner, du taux de croissance démographique,...

? Le modèle de Solow éclaire ce que l'on a coutume d'appeler « la règle d'or ».

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Cette règle d'or permet de déterminer le taux d'épargne s associé au capital par tête ?? qui permet la plus grande consommation par tête chaque instant. Ce taux d'épargne est tel qu'il est conduit à une formation de capital dont la productivité marginale est égale au taux de croissance de l'économie. La règle d'or s'écrit alors :

Productivité marginale du capital = Taux de croissance de l'économie si l'on suppose que le Taux d'intérêt réel = Taux de croissance de l'économie.

La règle d'or s'énonce comme suit dans le modèle de Solow : "La consommation par tête en régime semi-stationnaire est maximale lorsque le capital par tête est tel que la productivité marginale du capital est égale au taux de croissance de l'économie".

? Enfin, le modèle néoclassique dépasse le simple cadre des biens physiques pour inclure le capital humain sous toutes ses formes : niveau d'éducation, d'expérience, santé. Dès lors, le modèle de Solow qui ajoute un investissement en capital humain à l'investissement en capital technique, permet à la fois d'expliquer la convergence de certains pays et l'accentuation des inégalités mondiales entre pays pauvres et pays riches. La convergence provient des efforts d'investissement en capital humain et en capital technique de pays qui comblent ainsi leur retard (ils peuvent transférer chez eux les techniques de production des pays les plus en avance, grâce à une main d'oeuvre mieux formée).

Le modèle de Solow s'est cependant écarté de la réalité en considérant que la croissance économique par tête devait peu à peu diminuer et finir par cesser de progresser : ainsi, sans innovations technologiques continues, la croissance du produit/habitant cesse. Des études ont montré que la croissance progressait même à un rythme ralenti et demeurait un fait majeur de toutes les économies développées.

Les théoriciens ont reconnu les limites durant les années 50-60 et ont cherché à surmonter cette difficulté en intégrant un troisième facteur pour expliquer la croissance à long terme : le progrès technique exogène. Ce facteur est un peu particulier car il accroit l'activité productive du capital et du travail. Dès lors, le taux de croissance/habitant de long terme devenait entièrement déterminé par une variable exogène : le taux de progrès technique. Et comme le taux de croissance dépend aussi d'une donnée exogène : le taux de croissance démographique, on se retrouve avec un modèle qui n'explique pas la croissance à long terme, mais simplement le fait que la tendance à la stagnation du produit par tête pouvait être évitée suite à un progrès technique miraculeux (engendrant des effets externes positifs). Les travaux des années

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suivantes se sont efforcés d'apporter une solution à la croissance de long terme, en proposant une théorie du progrès technique. Les hypothèses de la concurrence doivent être modifiées : dose minimale de non-rivalité (caractéristique des biens publics), existence d'hypothèses de rendements constants des facteurs de production (travail non qualifié, capital, terre) voire possibilité de rendements croissants (ce qui va à l'encontre de la concurrence parfaite)...

Arrow (1962) et Sheshinski (1967) ont alors proposé des modèles dans lesquels les découvertes étaient des retombées de la production ou de l'investissement (mécanisme décrit comme l'apprentissage). Chaque découverte a des retombées immédiates sur l'économie (diffusion rapide). Le modèle de Solow fût enrichi en y intégrant la notion d'investissement en capital humain. Sous l'impulsion de Gregory Mankiw, David Romer et David Weil (1992), la notion d'investissement en capital humain fût assimilée à un investissement de court terme. Si une formation permet de transformer du travail non qualifié en travail plus qualifié donc le niveau technologique du pays augmente du même coup que son état régulier et son rythme de croissance. Certes, ce modèle continue à faire appel au progrès technique exogène pour expliquer que la croissance ne se ralentit pas au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'état régulier.

Toutefois, l'investissement en capital humain permet d'endogénéiser une partie de ce progrès technique. Dans cette problématique, la formation rend l'apport du facteur travail plus efficace, ce qui contribue à stimuler la croissance économique sans qu'il soit nécessaire de faire appel autant que dans le modèle de Solow au progrès technique. Contrairement à l'investissement matériel, qui engendre des rendements décroissants, l'investissement humain engendre des rendements constants (toute année de formation supplémentaire augmente l'efficacité du travail dans la même proportion) qui empêchent que la croissance ralentisse.

L'état régulier est repoussé au fur et à mesure que l'on s'en approche (à condition que le niveau de formation s'élève). Toutefois, même dans ce modèle enrichi, le rôle du progrès technique exogène persiste.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus