Section 2 : Evolutions récentes du PIB
La situation économique mondiale continue de subir les
séquelles de la crise économique et financière de 2009.
Ainsi, la croissance économique a légèrement
diminué en 2013 aux Etats-Unis se situant à 2,2% contre 2,3% en
2012. L'activité économique a régressé de 0,4% en
2013 dans les pays de la zone euro, après une baisse de 0,7%
l'année précédente. Globalement, la croissance
économique mondiale est ressortie à 3,3% en 2013, après
3,4% en 20123.
3 Cf. FMI, Perspectives Economiques Mondiales, octobre 2014.
Page 41
Toutefois, le continent africain fait montrer d'une bonne
résilience. La croissance économique s'y est établie
à 4,2% en 2013 (Afrique hors Libye), après 4,1% l'année
précédente4. Le dynamisme de l'activité
économique a été particulièrement marqué en
Afrique de l'Ouest qui a enregistré la plus forte croissance dans le
continent (6,7%) en liaison avec le retour de la stabilité dans des pays
comme la Côte d'Ivoire et avec l'essor des exportations de fer et
d'autres minerais par la Sierra-Léone. Toutefois, les difficultés
du secteur pétrolier au Nigéria constituent un frein à la
croissance économique de la zone ouest-africaine.
Au Sénégal, la croissance économique
s'est établie à 3,6% en 2013, après 4,4% en 2012. Ce
ralentissement de l'activité est imputable à la contreperformance
du secteur primaire dont la croissance a reculé de 7,6 points, par
rapport à 2012 en s'établissant à 1,3%. En revanche,
l'activité dans le secteur secondaire s'est revigorée, affichant
un taux de croissance de 4,4% contre 3,5% en 2012 grâce notamment
à la relance des bâtiments et travaux publics (BTP). La valeur
ajoutée du secteur tertiaire a enregistré une progression
soutenue de 4,8% en termes réels, après une augmentation de 4,5%
en 2012.
Du côté de la demande finale en volume, la
consommation des ménages a ralenti (croissance de 2,5% en 2013 contre
3,0% en 2012). En revanche, la formation brute de capital fixe (FBCF)
privée a sensiblement progressé (22,8% en 2013, après 2,0%
en 2012) en rapport avec le regain d'activité dans les BTP et
l'accroissement des équipements importés.
Le déficit extérieur du compte des biens et
services s'est détérioré en atteignant plus de 1 597
milliards en valeur courante. A cet égard, les exportations nettes de
biens et services ont contribué négativement à la
croissance économique.
1. L'évolution des ressources du PIB
a. Evolution des volumes du PIB
La décélération de l'activité
économique en 2013 (3,6%, après 4,4% en 2012) est essentiellement
imputable à la contreperformance du secteur primaire dont la croissance
s'est établie à 1,3% contre 8,9% en 2012. En revanche, le secteur
secondaire s'est revigoré avec une valeur ajoutée en hausse de
4,4%, après 3,5% en 2012. L'activité du secteur tertiaire s'est
raffermie (4,8%, contre 4,5% en 2012), confortant ainsi la place de ce secteur
comme principal moteur de la croissance économique au
Sénégal.
4 Banque Africaine de Développement (BAD), Organisation de
Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et Commission
Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), Perspectives
économiques en Afrique, Edition 2014.
Page 42
Figure 4 : Taux de croissance en volume du PIB
et des secteurs d'activité (en %)
Source : ANSD
La valeur ajoutée du secteur primaire s'est accrue de
1,3% en 2013, en retrait de 7,6 points de croissance par rapport à 2012.
Ce ralentissement est en particulier imputable au recul de la production des
cultures hivernales, à la baisse des débarquements de la
pêche artisanale et au repli de la production des activités
extractives.
La contreperformance du sous-secteur de l'agriculture (0,4% en
2013, contre 17,1% en 2012) est principalement liée à
l'installation tardive des pluies et à des longues pauses
pluviométriques qui ont induit une baisse de 15,9% de la production des
cultures céréalières ainsi qu'un net recul des principales
spéculations destinées à l'industrie et à
l'exportation
(arachide (-2,2%), coton (-17,1%), tomate industrielle
(-18,5%), la canne à sucre (- 15,0%)...). Toutefois, la contraction
des cultures sous pluie a été contenue par le dynamisme de
l'horticulture en rapport avec l'augmentation de la production en
quantité de fruits (4,5%) et légumes5 (14,9%).
L'activité de la pêche s'est également
contractée de 4,6% en 2013 en liaison avec le repli des
débarquements de l'ensemble des produits de la pêche artisanale
(-2,7%) et des crustacés (35,7%) et mollusques (-37,9%) pour la
pêche industrielle.
En outre, l'embellie enregistrée ces dernières
années sur les « activités extractives » est
freinée par la forte diminution du niveau de production d'or
étayée par une baisse
5 Légumes hors tomate y compris pastèque
Page 43
(-10,5%) des exportations en quantité et la persistance
des difficultés des Industries Chimiques du Sénégal (ICS).
En revanche, la diminution de la VA de cette branche a été
limitée par la progression de la production de sable (11,5%)
consécutive à la reprise de l'activité de construction en
2013. Au total, la valeur ajoutée des « activités
extractives » s'est repliée de 13,3%.
La baisse de l'activité du secteur primaire est par
ailleurs atténuée par le bon comportement des sous-secteurs de
l'élevage et de la sylviculture qui enregistrent, respectivement, des
accroissements de 8,3% et 4,5% de leur valeur ajoutée.
Globalement, le secteur primaire a contribué de 0,2
point à la croissance, après avoir concouru à celle-ci de
1,2 point en 2012. Son poids dans le PIB nominal s'est contracté en
s'établissant à 15,7%, après 16,4% en 2012.
Figure 5 : Contribution du secteur primaire
à la croissance économique
Source : ANSD
Au niveau du secteur secondaire, la progression de
l'activité (4,4% en 2013, contre 3,5% en 2012) est essentiellement
tirée par le regain du sous-secteur des bâtiments et travaux
publics (BTP) en liaison avec la vigueur des ventes locales de ciment (10,4%,
après -2,3% en 2012).
L'accroissement de valeur ajoutée du secondaire est
également renforcé par la bonne tenue du secteur de
l'énergie (eau, électricité et gaz) dont la valeur
ajoutée a augmenté de 4,7%, en rapport avec les efforts consentis
dans la restructuration du secteur de l'électricité.
En outre, à la faveur des bonnes récoltes de riz
et de mil lors de la campagne agricole précédente et de
l'accroissement des importations de blé, la valeur ajoutée de la
branche « travail du grain et fabrication de produits amylacés,
aliments pour animaux » s'est bonifié
Page 44
de 7,7% en 2013, après une baisse de 4,5%
l'année antérieure. Par ailleurs, le secteur secondaire est
marqué par une bonne tenue des industries du tabac (8,7%, après
1,2% en 2012) et de la construction de matériels de transports (11,2%,
contre -5,6% en 2012).
En revanche, la valeur ajoutée de la fabrication de
produits chimiques a baissé à nouveau en 2013 (-13,8%,
après -4,0% l'année précédente) malgré ses
bonnes performances cumulées depuis 2009. Cette situation résulte
de la diminution de la production d'acide phosphorique qui est passée de
363 1716 tonnes en 2012 à 260 055 tonnes en 2013, en rapport
avec les difficultés des ICS.
La valeur ajoutée de la fabrication de corps gras
alimentaire a régressé de 5,2% en 2013, en liaison avec la chute
de près de la moitié de la production d'huile raffinée
végétale. Celle-ci est, en partie, corroborée par la
réduction considérable des importations d'huile brute de soja
(-53,5%) utilisée comme intrant.
La reprise de l'activité de raffinage de produits
pétroliers, amorcée en 2011, s'est estompée en 2013 avec
une baisse de 0,5% de la VA. Cette situation résulte des
difficultés7 financières auxquelles était
confrontée la Société Africaine de Raffinage. En outre,
les importations de pétrole brut ont chuté de 6,7% en
quantité en 2013.
Au total, la contribution du secteur secondaire à la
croissance du PIB s'est située à 0,9 point contre 0,7 point en
2012. En conséquence, son poids dans le PIB courant s'est
légèrement accru (19,0% en 2013 contre 18,8% en 2012).
Figure 6: Contribution du secteur secondaire
à la croissance économique
Source : ANSD
6 Source : ANSD. Bureau des Enquêtes de Conjoncture.
7 La SAR a perdu la moitié de ses capitaux
propres notamment à cause d'une dette de 42 milliards vis-à-vis
de l'Etat.
Page 45
La valeur ajoutée du secteur tertiaire a
progressé de 4,8%, sous l'effet notamment d'une croissance vigoureuse
des services des postes et télécommunications (10,0%). Cette
progression est essentiellement imputable au dynamisme du marché de la
téléphonie mobile, corroboré par une augmentation soutenue
du nombre d'abonnés et des volumes de communications émises qui
ont progressé de 28,0% selon les rapports des quatre trimestres de
l'année 2013 publiés par l'ARTP.
La valeur ajoutée du commerce, qui constitue
l'activité prépondérante dans le secteur tertiaire
(environ 30% du secteur tertiaire), s'est accrue de 5,6% en 2013, après
4,1% en 2012. Cette évolution est essentiellement liée à
l'accroissement des marges sur les produits importés notamment les biens
d'équipement.
La vigueur du secteur tertiaire est également
expliquée par le relèvement de la valeur ajoutée de la
branche « services d'hébergement et de restauration » qui
s'est accrue de 10,1% en 2013, après 0,1% en 2012. Dans le même
sillage, les activités des services aux entreprises (6,6%) et les
services de la réparation (6,8%) ont contribué à
l'accroissement de la valeur ajoutée du secteur.
L'augmentation du taux de croissance du secteur tertiaire a
été toutefois limitée par la
décélération des activités non marchandes des
administrations publiques, (2,0% en 2013, contre 3,4% en 2012) et le
ralentissement des services de transports (3,5%, après 4,5% en 2012),
des activités immobilières (3,9% contre 4,1% en 2012) ainsi que
des services sociaux (1,0% contre 1,3% en 2012).
Par ailleurs, l'embellie observée entre 2010 et 2012 au
niveau des services financiers s'est essoufflée en rapport avec la
diminution de 7,5% de la production en volume des banques et systèmes
financiers décentralisés et de 2,7% de celle des assurances. Le
retrait des volumes de la production bancaire s'est accompagné d'un
relèvement prix des services bancaires.
Compte tenu de son poids dans le PIB réel (plus de
55%), le secteur tertiaire a contribué à hauteur de 2,7 points
à la croissance économique de 2013, après 2,5 points
l'année antérieure.
Page 46
Figure 7: Contribution du secteur tertiaire
à la croissance économique
2 013 2 012 2 011 2 010 2 009
|
|
|
|
|
|
|
0,0% 0,5% 1,0% 1,5% 2,0% 2,5% 3,0%
Source : ANSD
Quant aux taxes nettes de subventions sur les produits, elles
ont quasiment stagné en valeur en passant de 887,1 milliards FCFA
à 886,7 milliards. En particulier, l'effet de la hausse de 5,8% de la
TVA à l'importation a été évincé par celui
du recul de 11,0% de la TVA intérieure. Les taxes nettes ont
baissé de 0,9% en volume et leur contribution à la croissance est
évaluée à -0,1 point.
Encadré 1 : Structure des ressources du
PIB nominal
Le poids du secteur primaire représente en moyenne
16,2% du PIB courant sur la période 2009-2013. En revanche, les poids
des secteurs secondaire et tertiaire se situent respectivement à 18,9 et
52,6% du PIB. Quant aux taxes nettes sur les produits par rapport au PIB, elles
constituent 12,3%.
Source : ANSD
Page 47
La part du secteur primaire dans le
FIB
Le secteur primaire est marqué par la
prépondérance du sous-secteur agricole qui représente
45,5% (dont 34,3% constitué de l'agriculture vivrière et 11,2%
l'agriculture industrielle ou d'exportation) en moyenne de la valeur
ajoutée courante de ce secteur sur la période. L'élevage
et la chasse arrivent en seconde position après l'agriculture avec un
poids moyen de 25,9%. Les activités extractives, la pêche et la
sylviculture et exploitation forestière font respectivement 12,7%, 10,3%
et 5,6% de la valeur ajoutée du secteur.
Le poids du secondaire dans le FIB
En moyenne sur les cinq dernières années, le
poids du secteur secondaire s'établit à 18,9% du PIB courant. Il
est essentiellement constitué des activités de construction qui
représentent 21,2% de la valeur ajoutée du secteur. Elles sont
suivies des activités de production d'électricité, eau et
gaz (13,8%), de transformation de viande et poisson (12,2%), de fabrication de
produits chimiques (6,9%) et la fabrication de verre, poterie (cette
activité est essentiellement composée de la fabrication de
ciment). Ces activités représentent, à elles seules, 60,4%
du secteur.
|