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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

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3. La relation entre croissance et productivité

Le niveau du PIB peut être décomposé au plan comptable comme le produit de la productivité horaire du travail, du nombre moyen d'heures travaillées et de l'emploi total. Dans un rapport intitulé « Productivité et Croissance », Patrick Artus et Gilbert Cette (2004) ont signalé que l'articulation économique entre la croissance de la productivité et celle de ses deux composantes comptables (PIB et emploi) était complexe.

- Sur le court terme, les inerties de l'ajustement dynamique de l'emploi à la production induisent une relation négative entre emploi et productivité, cet effet étant parfois appelé « cycle de productivité ».

- Sur le moyen terme, des déséquilibres persistants peuvent exister sur le marché du travail, le taux de chômage effectif s'écartant durablement de son niveau d'équilibre (le NAIRU). Le

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chômage peut par exemple durablement comprendre une composante keynésienne plus ou moins importante (insuffisance de la demande globale). Si le taux de chômage est ainsi supérieur au NAIRU, un ralentissement de la productivité peut aboutir à rapprocher ces deux grandeurs, via une baisse du taux de chômage effectif (contraction de la composante keynésienne du chômage) et, éventuellement, une hausse du NAIRU (si le choc de productivité induit des conflits de répartition). Le niveau de l'emploi est ainsi augmenté et celui du PIB peut éventuellement être réduit. Deux effets s'opposent, le premier pouvant au mieux compenser le second : l'augmentation de l'emploi est favorable au niveau du PIB mais le ralentissement de la productivité lui est défavorable.

- Sur le très long terme, l'effet d'un choc de productivité sur le niveau d'équilibre du PIB et sur l'emploi dépendait de multiples mécanismes, dont la répartition directe du choc de productivité entre rémunérations des facteurs travail et capital ; et les conséquences sur les prix des éventuels conflits de répartition de ce choc. Ainsi, l'effet d'un choc de productivité sur l'équilibre macroéconomique dépend de son impact sur le taux de chômage d'équilibre (c'est-à-dire sur le NAIRU). Un ralentissement de la productivité aboutit à une hausse du NAIRU, ou au mieux à une stabilité si les salariés acceptent une répercussion de ce ralentissement dans leurs salaires. Autrement dit, un ralentissement de la productivité ne peut aboutir qu'à un maintien, voire une dégradation, du niveau de l'équilibre sur le marché du travail. Dans ces conditions, le PIB est réduit à long terme en raison à la fois de la moindre productivité, et aussi de l'éventuelle baisse de l'emploi associée à ce choc négatif sur la productivité. Ces effets défavorables sur le niveau d'équilibre du PIB et éventuellement de l'emploi peuvent être amplifiés si les conflits de répartition du choc de productivité se traduisent par une augmentation de l'inflation, du fait des effets négatifs de l'inflation sur la demande interne et externe. Inversement, une accélération de la productivité aboutit à une élévation du PIB et, dans l'hypothèse où elle induit une baisse du NAIRU, à une augmentation de l'emploi et une réduction du chômage.

Les évaluations internationales de PIB par habitant et de productivité du travail proposées sur l'année 2002 par l'OCDE (Schreyer et Pilat, 2001), Eurostat (Stapel, 2002) et Van Ark et Mc Guckin (2003) tendent à donner les enseignements suivants :

- Les États-Unis sont le pays industrialisé où le PIB par habitant est le plus élevé. Le niveau du PIB par habitant de l'ensemble de l'Union européenne, comme d'ailleurs de chacun des quatre

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principaux pays de l'Union, ainsi que du Japon, serait très nettement inférieur (d'environ 25 à 30 points) au niveau atteint par les États-Unis ;

- les pays dans lesquels le niveau de la productivité horaire du travail est le plus élevé feraient partie de l'Europe continentale. La France serait d'ailleurs particulièrement performante, derrière la Belgique.

- Compte tenu de la faible productivité horaire relative de certains pays européens comme l'Espagne et plus encore le Portugal et la Grèce, la productivité horaire serait, dans l'ensemble de l'Union européenne, nettement inférieure (d'environ 10 points) au niveau moyen des États-Unis.

L'écart serait encore plus important pour le Royaume-Uni (environ 20 points), le Canada (15 à 20 points) et le Japon (25 à 30 points).

Selon Patrick Artus et Gilbert Cette (2004, p. 20), « la dégradation, relativement aux Etats-Unis, de la situation des pays d'Europe continentale entre le niveau de productivité horaire et le niveau du PIB par habitant s'explique à la fois par la durée du travail plus courte et un taux d'emploi plus faible ». La durée du travail plus courte peut résulter d'une durée collective elle-même plus courte ou d'un développement important du travail à temps partiel, voire parfois de ces deux facteurs conjointement. Le taux d'emploi peut résulter d'un taux de participation plus faible ou d'un taux de chômage plus élevé. Le tableau 1 tend à montrer que l'écart de PIB par habitant vis-à-vis des Etats-Unis s'expliquerait au plan comptable par une durée moyenne du travail plus courte pour les Pays-Bas, la Norvège, l'Allemagne, la France et la Belgique ; une part de l'emploi à temps partiel plus forte aux Pays-Bas, au Japon, au Royaume-Uni et en Norvège ; et un taux d'emploi plus faible pour l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la Belgique et la France...

Tableau 1 : Ecart de PIB vis-àvis des Etats-Unis

 

Durée annuelle
moyenne du
travail
des employés en
heures

Par de l'emploi
à temps partiel
en % de
l'emploi total

Taux d'emploi
en % de la
population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
participation en

% de la

population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
chômage en %
de la population
active

Allemagne

1444

18.8

65.3

71.5

8.2

Belgique

1559

17.2

59.7

64.1

7.3

Canada

1778

18.7

71.5

77.5

7.7

Espagne

1807

7.6

59.5

67.1

11.4

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Durée annuelle
moyenne du
travail
des employés en
heures

Par de l'emploi
à temps partiel
en % de
l'emploi total

Taux d'emploi
en % de la
population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
participation en

% de la

population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
chômage en %
de la population
active

Etats-Unis

1815

13.4

71.9

76.4

5.8

France

1545

13.7

61.1

68

8.7

Grèce

1934

5.6

56.9

63.1

9.9

Irlande

1668

18.1

65

67.9

4.4

Italie

1619

11.9

55.6

61.2

9.0

Japon

1809

25.1

68.2

72.3

5.4

Norvège

1342

20.6

77.1

80.3

3.9

Pays-Bas

1340

33.9

73.2

75.6

2.8

Portugal

1719

9.6

68.1

72

5.1

Royaume-Unis

1707

23

72.7

76.6

5.1

Source : OCDE (2003)

Dans une étude intitulée, « Productivité, temps de travail et taux d'emploi dans l'Union

Européenne », Jean-François Jamet (2006, p.1) a confirmé ces résultats, à l'aide d'une comparaison des performances entre les différents pays occidentaux. Il montre ainsi que la productivité européenne par personne occupée était inférieure de 26.7% à celle des Etats-Unis et légèrement supérieure à celle du Japon. Les résultats sont par ailleurs très hétérogènes au sein de l'Union Européenne. La productivité des Etats membres varie du simple au triple (retard important des pays d'Europe Centrale et Orientale).

Deux raisons expliqueraient le différentiel de productivité entre l'Union européenne et les Etats-Unis: le nombre d'heures travaillées et la productivité horaire. Le nombre d'heures travaillées, en moyenne, par une personne ayant un emploi s'élève à 1624 heures par an dans l'Union européenne contre 1749 heures au Japon et 1819 heures aux Etats-Unis. Au sein de l'Union européenne, le temps de travail varie énormément d'un Etat à l'autre. Le nombre d'heures travaillées annuellement est compris entre 1806 et 2166 heures dans les pays d'Europe centrale et Orientale (PECO) alors qu'il est inférieur à 1450 heures en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Au sein de l'Union européenne, ce n'est donc pas le nombre d'heures travaillées qui explique les différentiels de productivité par personne occupée mais bien le niveau de productivité horaire. Les différences sont considérables avec des écarts de 1 à plus de 4. Les pays d'Europe centrale et orientale présentent une productivité horaire très inférieure à celle des pays d'Europe occidentale (en 2005, la Pologne affichait une productivité

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horaire de 19 dollars (PPA) contre plus de 62 dollars pour le Luxembourg. Si la productivité horaire de la main d'oeuvre européenne est inférieure de 18% à celle des Etats-Unis et supérieure de 10% à celle du japon, certains pays européens se démarquent. Ainsi la France et l'Irlande disposaient d'une productivité horaire supérieure à celle des Etats-Unis.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille