2. La relation entre l'investissement et la croissance
En Afrique, à la fin des années 1990, plusieurs
études ont été lancées, afin d'analyser les effets
des investissements publics sur la croissance.
Deux « équipes » des Universités de
Rabat-Agdal et de Marrakech ont étudié les effets des
investissements publics au Maroc, elles ont procédé de
façons différentes et ont abouti, de ce fait, à des
résultats différents. Amrani, Oulhaj et Hammes (2004) 43(*) de
l'équipe de Rabat-Agdal ont testé la relation entre les
dépenses publiques d'investissement et la croissance économique
au Maroc entre 1970 et 2004 à travers les ratios des dépenses
publiques totales d'investissement rapportées au PIB, les
dépenses publiques d'investissement par secteur rapportées au PIB
et les dépenses publiques totales par secteur rapportées au PIB.
Ils arrivent à la conclusion selon laquelle, empiriquement, seul
l'investissement public dans le secteur de la santé semble porteur de
croissance.
La seconde équipe, de Marrakech, après une
présentation descriptive des dépenses publiques d'investissement
entre 1970 et 2003, précise que le choix de la période
d'étude et des variables à introduire dans le cadre du
modèle économétrique mis en oeuvre a été
limité par la disponibilité des données pour ces
dépenses publiques réparties par catégories. Donc, en
tenant compte de ces difficultés, les auteurs présentent un
modèle qui fait intervenir le taux de croissance économique
mesuré comme étant le taux de croissance du PIB en termes
réel, les dépenses publiques par catégorie
(dépenses publiques d'investissement, d'éducation, de
santé, de transport et communication et de défense nationale) par
rapport au PIB, les taxes sur les revenus par rapport au PIB, l'investissement
privé par rapport au PIB, le niveau initial de développement
mesuré par le PIB par tête en logarithmes, l'indicateur social de
capital humain, mesuré par le taux de scolarisation au primaire et au
secondaire et l'indicateur social de santé
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mesuré par l'espérance de vie en logarithmes. Le
modèle suivant a été testé pour la période
de 1970 à 2003 :
Les auteurs à l'issue de cette analyse concluent que
seules les dépenses d'investissement dans les entreprises publiques, les
dépenses publiques d'éducation et les dépenses de
défense nationale sont positivement associées (ou reliées)
à la croissance économique au Maroc tout au long de la
période d'étude. Des dépenses publiques de santé ne
sont pas statistiquement significatives, contrairement aux résultats de
l'équipe de Rabat-Agdal.
Au Niger, une étude basée sur une
équation de croissance (inspirée de Barro et Sala-1-Martin
(1995), intégrant les investissements publics a été
estimée par la méthode des moindres carrés ordinaires dans
le cadre d'un modèle à correction d'erreur. Cette étude a
eu pour objet d'évaluer l'impact des investissements publics sur la
croissance sur la période 1975-2004. Hamidou Hama (2005) montre ainsi
qu'à court terme les investissements publics ont un effet positif mais
non significatif sur la croissance économique. A long terme, la relation
entre les investissements publics et la croissance a tendance à se
dégrader, confirmant que les investissements publics se concentrent dans
des projets de réhabilitation ou d'entretien dans le monde rural. Ce
résultat selon l'auteur suggère également que les
investissements publics ne sont pas orientés vers l'accumulation du
capital nécessaire à la croissance économique, et confirme
en partie les études menées sur la question au Niger.
L'étude a également montré que l'ouverture a un impact
négatif mais non significatif sur la croissance économique, que
le développement financier agit positivement sur la croissance.
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