I. CONTEXTE
La maitrise du temps n'est pas un souci de confort, c'est un
véritable enjeu pour le marché du travail, le bien-être au
travail et l'égalité de tous face à l'emploi (VENDRAMIN,
2007 : 6). Une journée fera en tout vingt-quatre heures (24H), par
contre, la productivité d'un salarié ne sera optimale que cinq
(05) à huit (08) heures de temps. C'est ainsi qu'on forme les gens dans
plusieurs domaines, on insiste sur un grand nombre de connaissances nouvelles
à acquérir, mais rarement on entend parler de gestion du temps de
travail (DUPPERRIN, 2015).
Dans une interview sur l'organisation du XXIème
siècle, PETER DRUCKER (2005) nous rappelle que « le trait principal
d'un leader efficace était de faire une chose à la fois. Mais il
remarque que les technologies d'aujourd'hui nous donnent la possibilité
de faire 73 choses à la fois. Il constate qu'un nombre croissant de
managers ressemblent aujourd'hui à des adolescents souffrants de
troubles de l'attention, courant sans cesse d'une chose à l'autre,
assommés par l'information » Or, d'après SAADOUM (1998 :
20), «Le temps, c'est des événements qui arrivent les uns
à la suite des autres. Ce qui signifie qu'il suffit de contrôler
les événements pour pouvoir contrôler le temps».
Le temps c'est de l'argent (BENJAMIN FRANKLIN, 1748) alors, de
nombreux Etats estiment qu'il faut travailler plus pour gagner plus (Projet de
loi pour « la croissance et l'activité »,
présenté par le ministre français de l'Economie EMMANUEL
MACRON). Ainsi, les familles se retrouvent déstructurées car, la
course effrénée vers l'excellence créait un
déséquilibre familial. Dès lors, on consacre plus de temps
au travail tout en laissant de côté la vie privée et
familiale. Au sein des entreprises, les délais d'exécution des
tâches sont raccourcis, pourtant, les objectifs qu'on assigne aux
employés ne cessent d'évoluer. A cet effet, SEIWERT (2012)
affirme que, « la situation est particulièrement grave lorsque l'on
reste stressé même après avoir quitté son travail,
et que les soirées et les week-ends ne suffisent plus à se
détendre et à profiter de la vie ».
Tout ceci engendre des situations de stress au travail qui
vont souvent jusqu'aux « suicides ». C'est le cas de ceux
enregistrés à FRANCE TELECOM et dont les causes proviennent des
pressions exercées sur les employés en termes de surcharges de
travail qui excédaient les horaires réglementaires et du travail
sans repos ou relâchement.
Ces situations, qui jadis étaient perçus comme
des problèmes étrangers se retrouvent de plus en plus dans nos
sociétés africaines et même camerounaises (les deux chutes
du ministre INONI EPHRAIN devant l'assemblée), où on observe
désormais des personnes victimes de surmenages, une multiplicité
des accidents cardio-vasculaires, des familles décomposées et
tout ceci à cause de l'inadéquation vie privée, vie
professionnelle.
Bien que jouissant du statut de leader du commerce des
produits halieutiques au Cameroun (selon le ministère du commerce du
Cameroun, CONGELCAM S.A. détient 92% de la vente nationale des produits
de pêche), CONGELCAM S.A. fait face à l'influence du temps dans sa
gestion quotidienne. Cela s'observe de manière différente dans
les services administratifs et dans les agences commerciales.
Dans les services administratifs par exemple, la
réception d'un e-mail, d'un appel téléphonique, ou des
réunions impromptues déconnectent les employés de leurs
tâches quotidiennes, chamboulent leurs emplois de temps et leurs imposent
des ajouts des tâches pas forcément utiles et prioritaires. Les
temps de travail deviennent alors de longues pauses interminables et à
la fin de la journée, les employés se retrouvent la plupart du
temps avec une masse de dossiers accumulée sur leur table.
Découragés et ne sachant où commencer, ils renvoient
très souvent le travail au lendemain. Ceci provoque une accumulation des
tâches non réalisées et augmentent la pression au
travail.
De plus, l'absence de fiche de poste à CONGELCAM S.A.
(qui devrait préciser les rôles au sein de l'entreprise : qui fait
quoi ? Comment ? Et avec quels moyens ?) engendre une confusion de tâche
et des pertes de temps. On se trouve, à refaire ce qu'un autre a
déjà fait ou est en train de le faire (Nous avons des accidents
de circulation qui devraient être gérés par le service
contentieux, où nous retrouvons le service du matériel roulant,
le service logistique et même le service d'achat).
Au sein des agences, les déchargements impromptus et
tardifs (les camions contenant des produits destinés à la vente
arrivent très souvent après 18H) contraints les employés
à travailler au-delà des heures prescrites par la
règlementation du travail et cela sans pause. Le travail est fait en
continu, ce qui oblige l'employé à trouver des subterfuges pour
prendre son
repas. De plus, ces heures supplémentaires ne sont pas
rémunérées ce qui engendre la démotivation
observée chez certains employés. Ces situations nous
emmène donc à réfléchir au problème de
l'organisation du temps de travail pour la mobilisation des employés de
CONGELCAM S.A.?
|