II.1.2. Les conséquences des chiffonnages des sites
de destruction des produits pharmaceutiques expirés.
Selon OMS, en général, les médicaments
périmés ne posent pas de menace sérieuse pour la
santé publique ou pour l'environnement. Une méthode
d'élimination incorrecte peut présenter un risque si elle cause
la contamination des ressources en eau ou d'une source locale à laquelle
viennent s'alimenter la population ou les animaux sauvages.
Les produits de santé périmés peuvent
aboutir dans les mains de chiffonniers ou d'enfants si une décharge est
mal protégée. Dans ce cas, ces produits de santés
périmés risquent d'être remis en
32
vente et d'être utilisés de manière
impropre. On ne doit pas perdre de vue non plus que la plupart des
médicaments, au-delà de leur date de péremption, perdent
leur efficacité et peuvent même acquérir des effets
défavorables nouveaux. Certaines catégories de médicaments
périmés ou certaines pratiques d'élimination incorrectes
présentent un risque pour la santé publique44
II.1.3. Comment procéder à une destruction
des produits pharmaceutiques expirés fiable et rassurante45
Pour l'OMS il faut mettre en place un système de
Gestion des Déchets Médicaux ou DGM à partir des bases,
c'est-à-dire des milieux de service des intervenants médicaux.
L'OMS renseigne qu' un système de gestion des
déchets médicaux est un dispositif comprenant :
i) matériel, incluant des équipements tels que
des récipients à déchets normés, des fosses
à cendres et aiguilles, des incinérateurs, des moyens de
transport, des coupe-aiguilles, etc. ii) des gestionnaires, qui organisent,
dirigent, supervisent et contrôlent; iii) et une procédure qui
systématise le tri et suit les déchets de leur lieu de
génération à leur lieu de traitement, soit par
destruction, transformation ou recyclage.
Une gestion des déchets médicaux est
nécessaire dans les centres de soins primaires, afin de minimiser le
risque de contamination des patients, du personnel soignant et de la
communauté en général, par des déchets
infectés. Des études récentes montrent que pas moins de
33% des infections au virus de l'hépatite B (HBV) et 42% au virus de
l'hépatite C (HCV) proviennent d'une exposition directe ou indirecte
à des déchets contaminés.
Une bonne gestion des déchets médicaux
améliore aussi l'hygiène et l'efficacité
opérationnelle des centres de soins primaires tout en réduisant
la pollution due à des mauvaises pratiques de tri et de destruction des
déchets.
Une gestion des déchets médicaux garantit :
? Un confinement sûr des déchets infectieux et non
infectieux sur leur lieu de production ; ? Un tri des déchets en
catégories pour pouvoir les traiter correctement ;
44 OMS, « principes d'élimination sans
risques des produits pharmaceutiques non utilises pendant et après les
situations d'urgence », Genève 1999
45 OMS, idem
33
? Un transport sûr et rapide des déchets
confinés vers un lieu de stockage provisoire avant le traitement, et
? Un traitement approprié des déchets conforme aux
recommandations de l'OMS.
Pour la CICR, une gestion appropriée des déchets
médicaux repose sur une bonne
organisation, un financement adéquat et la
participation active d'un personnel informé et formé. Ce sont
là, en effet, les conditions pour que les mesures soient
appliquées d'une manière constante tout au long de la
filière du déchet (du point de production jusqu'à
l'élimination finale)46.
Pour être concret ; reprenons ici les
procédées conseillées par OMS dans son manuel «
Principes directeurs pour l'élimination sans risques des produits
pharmaceutiques non utilisés pendant et après les situations
d'urgence »47
? Renvoi au donateur ou fabricant
Toutes les fois qu'il est possible, il conviendrait
d'envisager la solution consistant à renvoyer les médicaments
inutilisables au fabricant pour leur élimination sans risque, surtout
pour les médicaments qui posent des problèmes
d'élimination tels que les antinéoplasiques. Dans le cas des dons
de médicaments non demandés et inutilisés, en particulier
ceux arrivant après ou juste avant la date de péremption, il peut
être éventuellement possible de les renvoyer au donateur pour
élimination.
Transport transfrontière de déchets
pharmaceutiques
Il n'existe pas actuellement de convention internationale
réglementant le transport de produits pharmaceutiques au-delà des
frontières. Toutefois, les médicaments périmés ou
avariés sont considérés comme déchets dangereux et,
en tant que tels, sont soumis à la Convention de Bâle sur le
transport transfrontière de déchets dangereux s'ils font l'objet
d'un tel transport. Cette Convention prescrit certaines formalités pour
obtenir l'autorisation de traverser les frontières avant de pouvoir
effectuer le transport. L'exécution de ces formalités peut
prendre plusieurs mois.
? Décharges
Par mise en décharge, on entend le dépôt
direct des déchets sur un site de décharge sans
46 CICR, Manuel de gestion des déchets
médicaux, Genève, mai 2011
47 OMS, op cite p32
34
traitement ni préparation préalables. La mise en
décharge est la méthode la plus ancienne et la plus couramment
utilisée d'élimination des déchets solides. Les
décharges sont classées en trois types.
Décharge ouverte non contrôlée et
non aménagée
Ce type de décharge est sans doute le mode
d'élimination terrestre le plus couramment appliqué dans les pays
en développement. Lorsque des déchets non traités sont
déposés dans une décharge non contrôlée et
non aménagée, l'environnement local n'est pas
protégé et cette solution est donc à proscrire. Le
dépôt de médicaments non traités dans une telle
décharge est par conséquent déconseillé sauf s'il
n'existe absolument aucune autre solution. Dans ce cas, les médicaments
devraient de préférence subir un traitement de conditionnement
par solidification ou de neutralisation avant d'être
déposés. En dernier recours, si ce conditionnement n'est pas
possible, les déchets non traités doivent être rapidement
recouverts d'une couche épaisse de déchets urbains pour
éviter leur récupération. On ne doit pas perdre de vue que
le dépôt dans des décharges ouvertes non
contrôlées, en l'absence de mesures suffisantes pour
protéger les couches aquifères ou les cours d'eau, peut
être une cause de pollution et, dans le pire cas, de contamination des
eaux potables.
Décharge aménagée
Dans le cas d'une telle décharge, des aménagements
sont faits pour prévenir dans une certaine mesure la pollution des
nappes aquifères par les substances chimiques. Le dépôt de
médicaments non traités dans une telle décharge ne devrait
être pratiqué que si le conditionnement préalable des
déchets est impossible.
Décharge contrôlée
aménagée
Le dépôt dans des décharges correctement
construites et exploitées est une méthode d'élimination
relativement sûre pour les déchets solides urbains ainsi que pour
les médicaments inutilisés. La première condition à
laquelle doit satisfaire une telle décharge est la protection des nappes
aquifères. La décharge doit être constituée par une
fosse creusée dans le sol, située à l'écart des
cours d'eau et au-dessus du niveau de la nappe. Les déchets solides
déposés chaque jour sont compactés et recouverts d'une
couche de terre assurant la protection sanitaire. La désignation
«décharge contrôlée aménagée »
s'applique à une installation répondant aux
35
conditions en ce qui concerne la situation, la construction et
l'exploitation. La solution consistant à transformer une décharge
non contrôlée en décharge contrôlée
répondant à des normes plus satisfaisantes devrait être
envisagée ; des conseils à ce sujet sont donnés dans une
publication de l'OMS.
? Solidification
La solidification consiste à fixer les déchets
pharmaceutiques dans un matériau dur à l'intérieur d'un
fût en plastique ou en acier. Les fûts devraient être
nettoyés avant d'être utilisés et ils ne devraient pas
avoir contenu préalablement une matière explosive ou dangereuse.
Ils sont remplis à 75 % de leur contenance avec des médicaments
sous forme solide et semi-solide, et pour le reste avec un liant tel que ciment
ou mélange ciment/chaux, mousse synthétique ou sable bitumineux.
Pour permettre un remplissage facile et rapide, les couvercles des fûts
devraient être enlevés par découpage et rabattus en
arrière. Des précautions doivent être prises pour
éviter les coupures aux mains lorsque le personnel place les
médicaments dans les fûts. On verse ensuite le mélange de
chaux, de ciment et d'eau, de proportions 15/15/5 (en poids), de manière
à remplir complètement le fût. Dans certains cas, il peut
être nécessaire d'accroître la proportion d'eau pour obtenir
un mélange suffisamment fluide. Le couvercle du fût doit alors
être rabattu et fermé, de préférence au moyen d'un
joint soudé continu ou par des points de soudure. Les fûts
fermés devraient être alors placés au fond d'une
décharge et recouverts avec des déchets solides urbains. Pour
faciliter la manutention, les fûts peuvent être placés sur
une palette que l'on peut alors déplacer avec un chariot
spécial.
Dans le cas de la solidification des antinéoplasiques,
la technique à adopter est légèrement
différente.
? Neutralisation
La neutralisation est une variante de la solidification. On
commence par sortir les produits pharmaceutiques de leur emballage : papier,
carton et plastique. Les pilules sont extraites de leur emballage
thermoformé. Les médicaments sont alors broyés et
mélangés de manière homogène avec un mortier
constitué d'eau, de ciment et de chaux. Comme on l'a déjà
dit, les travailleurs doivent porter des vêtements protecteurs
appropriés, ainsi que des masques, compte tenu du
36
risque d'inhalation de poussières. Le mélange
à l'état liquide est alors transporté sur un
camion-bétonnière jusqu'à une décharge et
déversé sur des déchets urbains normaux. Après
solidification, il reste dispersé dans les déchets solides. Ce
procédé est relativement peu coûteux et il peut être
appliqué avec un matériel simple. Il suffit de disposer d'un
broyeur ou d'un rouleau à damer pour broyer les médicaments,
d'une bétonnière et de quantités suffisantes de ciment, de
chaux et d'eau. Les proportions (en poids) à appliquer sont
approximativement les suivantes :
· Déchets pharmaceutiques : 65 %
· Chaux : 15 %
· Ciment : 15 %
· Eau : 5 % (ou plus si nécessaire pour obtenir une
consistance fluide).
? Rejet à l'égout
Certains produits pharmaceutiques liquides tels que sirops et
liquides intraveineux peuvent être dilués avec de l'eau puis
rejetés à l'égout par petites quantités à la
fois sans qu'il en résulte de risques sérieux pour la
santé publique ou pour l'environnement. Dans les cours d'eau à
écoulement rapide, on peut également déverser de petites
quantités de produits pharmaceutiques ou d'antiseptiques liquides
à condition qu'ils soient fortement dilués. Il pourrait
être nécessaire de recourir aux conseils d'un hydrogéologue
ou d'un ingénieur sanitaire dans les régions où le
réseau d'égouts est en mauvais état ou a été
endommagé par la guerre.
? Brûlage en enceinte ouverte
Les produits pharmaceutiques ne devraient pas être
détruits par brûlage à basse température en enceinte
ouverte, car cette solution entraîne un risque de libération de
polluants toxiques dans l'atmosphère. Par contre, les emballages en
papier et en carton, si l'on ne prévoit pas leur recyclage, peuvent
être brûlés. Pour ce qui est du chlorure de polyvinyle, par
contre, il ne doit pas être brûlé. Le brûlage des
déchets pharmaceutiques par cette méthode est
déconseillé, mais force est de constater qu'il est assez souvent
pratiqué. Si l'on doit y recourir, il est vivement
Certaines branches industrielles qui utilisent des
procédés à haute température tels que cimenteries,
centrales thermiques chauffées au charbon ou fonderies en
général, ont des
37
recommandé de ne traiter de cette manière que de
très petites quantités de produits pharmaceutiques.
? Incinération à moyenne
température
Dans de nombreux pays, il n'existe pas d'incinérateur
à deux chambres à haute température conçu pour
traiter les charges contenant plus de 1 % de composés
halogénés.
Les incinérateurs de ce dernier type satisfont à
des normes d'émission rigoureuses telles que celles publiées par
l'Union européenne. Il est plus probable toutefois que seuls des fours
et incinérateurs à moyenne température seront disponibles.
Dans les situations d'urgence, les autorités responsables pourront juger
acceptable le traitement de médicaments périmés sous forme
solide dans un incinérateur à deux chambres fonctionnant à
une température minimale de 850 °C, avec un temps de séjour
d'au moins deux secondes dans la deuxième chambre. De nombreux
incinérateurs de déchets solides urbains de type ancien sont des
appareils à moyenne température ; leur utilisation est
recommandée, à titre provisoire, de préférence
à celle d'autres solutions moins sûres telles que le
dépôt dans une décharge mal protégée et
contrôlée. Dans ce cas, il est recommandé de diluer des
déchets pharmaceutiques dans une grande quantité de
déchets urbains (sous un rapport de 1 à 1000 environ). Ce type
d'incinérateur n'est pas conçu pour brûler dans de bonnes
conditions les composés halogénés. Cependant, compte tenu
de la très faible teneur en produits halogénés de la
plupart des médicaments, il est peu probable que la teneur en
composés halogénés des gaz de combustion dépasse un
niveau négligeable.
Teneur en composés halogénés des
déchets pharmaceutiques
Pharmaciens sans Frontières, dans le cadre de ses
activités en Bosnie (à Mostar), a pu déterminer que la
teneur en composés halogénés des produits pharmaceutiques
à éliminer était très basse et se situait bien
en-dessous des valeurs maximales admissibles pour les incinérateurs ou
installations agréés pour les déchets de produits non
halogénés dans l'Union européenne.
? Incinération à haute température
dans des installations industrielles existantes
38
appareils de combustion remplissant plusieurs conditions
favorables : températures de combustion nettement supérieures
à 850 °C, longue durée de séjour dans la chambre de
combustion et dispersion des gaz de combustion à des altitudes
élevées grâce à des cheminées de grande
hauteur. Etant donné que la plupart des pays ne sont pas en mesure
d'exploiter de façon rentable des installations spéciales
coûteuses et complexes d'élimination des déchets chimiques,
il est intéressant de recourir aux installations industrielles
existantes pour résoudre le problème de l'élimination de
manière viable et économique.
Les fours à ciment conviennent particulièrement
bien pour l'élimination de produits tels que médicaments
inutilisés, déchets chimiques, huiles usées, pneus, etc.
Ces fours ont plusieurs caractéristiques qui les rendent bien
adaptés à cette utilisation. Au cours de la combustion, les
matières premières servant à produire le ciment sont
portées à des températures de l'ordre de 1450 °C, les
gaz de combustion atteignant même jusqu'à 2000 °C. La
durée de séjour du gaz à ces températures
élevées est de plusieurs secondes.
Dans ces conditions, tous les composants organiques contenus
dans les déchets sont complètement
désintégrés. Certains produits de combustion
potentiellement dangereux ou toxiques sont absorbés dans le laitier de
ciment ou retenus par le système d'échangeur de chaleur.
En outre, les producteurs de ciment, dans de nombreux pays,
sont tout disposés à brûler des combustibles de
remplacement, car ils peuvent ainsi réduire leur facture de combustible
à qualité égale du ciment. Quant aux effets
environnementaux dans la zone voisine, ils seront même moindres si l'on
adopte les dispositions appropriées. C'est pourquoi il est
recommandé que des discussions soient organisées avec les
cimenteries et les institutions environnementales concernées pour
organiser l'élimination des déchets dans les fours à
ciment.
La proportion de médicaments à brûler en
même temps que le combustible normal ne devrait pas dépasser un
chiffre raisonnable. A titre de valeur empirique, on peut recommander de ne
dépasser à aucun moment une proportion de 5 % du combustible
total. Les fours à ciment produisant entre 1500 et 8000 t de ciment par
jour, il est possible d'éliminer en peu de temps des quantités
importantes de produits pharmaceutiques. Il pourrait cependant être
nécessaire d'enlever l'emballage des produits ou de les broyer pour
éviter un bourrage et le blocage des mécanismes d'alimentation du
foyer en combustible.
L'annexe I donne des informations plus
détaillées sur les règlements de la Communauté
européenne concernant l'incinération à haute
température des déchets dangereux. Les
39
incinérateurs conformes à ces règlements
peuvent être utilisés pour l'élimination de produits
contenant des composés halogénés tels que les produits de
contraste utilisés en radiographie et la polyvidone iodée, qui ne
devraient pas être brûlés dans des incinérateurs
fonctionnant à température plus basse.
? Décomposition chimique
Si l'on ne dispose pas d'un incinérateur
approprié, on peut appliquer la solution de la décomposition
chimique conformément aux recommandations du fabricant, avec
dépôt ultérieur en décharge. Cette méthode
n'est pas recommandée à moins que l'on ait accès
facilement à une expertise des techniques chimiques. La neutralisation
par voie chimique est une opération fastidieuse et qui prend beaucoup de
temps et qui nécessite de disposer à tout moment des stocks de
produits à utiliser pour le traitement. Pour l'élimination de
petites quantités de médicaments antinéoplasiques
cependant, cette méthode peut être applicable. Par contre, elle ne
l'est pas pour de plus grandes quantités, c'est-à-dire des
quantités supérieures à 50 kg, cette méthode
nécessitant déjà des applications
répétées pour de faibles volumes.
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