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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

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par Anne-Sophie LE GALL
Université de Strasbourg - Master 2 Droit de là¢â‚¬â„¢environnement, des territoires et des risques 2016
  

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Titre III : Le Tribunal international du droit de la mer

Une troisième possibilité est d'étendre la compétence du Tribunal international du droit de la mer pour en faire une juridiction spécialisée en droit de l'environnement et pas qu'en droit de la mer.

Le Tribunal international du droit de la mer est un organe judiciaire indépendant créé par l'article 287 de la Convention de Montego Bay, pour connaître des différends auxquels pourraient donner lieu l'interprétation et l'application de la Convention166. Son statut est constitué par l'annexe VI à la Convention de Montego Bay. La soumission d'un différend au Tribunal est régie par les parties XI et XV de la Convention de Montego Bay167, à savoir les parties sur la Zone et le règlement des différends.

165 Rapport de UNEP et Interpol, The environmental crime crisis, 2014, p 10.

166 Site internet du Tribunal international du droit de la mer, le Tribunal.

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167 Statut du Tribunal international du droit de la mer, Article premier.

Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement Chapitre Ier : La compétence actuelle du Tribunal

Le Tribunal international du droit de la mer est compétent pour tous les différends et toutes les demandes qui lui sont soumis conformément à la Convention de Montego Bay et toutes les fois que cela est expressément prévu dans tout autre traité international conférant compétence au Tribunal168. Les parties XI et XV de la Convention de Montego Bay confèrent deux types de compétence au Tribunal.

D'une part, au sein du Tribunal international du droit de la mer est créée une Chambre pour le règlement des différends relatifs aux fonds marins169. Cette chambre est compétente pour connaître des différends portant sur des activités menées dans la Zone170, à savoir les fonds marins et leur sous-sol au-delà des limites de la juridiction nationale. Elle est compétente pour connaître des litiges entre des Etats, l'Autorité internationale des fonds marins (l'Autorité), l'Entreprise, des entreprises d'Etats, et des personnes physiques ou morales possédant la nationalité d'Etats Parties ou effectivement contrôlées par eux ou leurs ressortissants, lorsqu'elles sont patronnées par ces Etats ou par tout groupe des catégories précitées conformément aux procédures et critères de qualification énoncés dans les règles, règlements et procédures de l'Autorité171.

L'Autorité est l'organisation par l'intermédiaire de laquelle les Etats parties à la Convention de Montego Bay organisent et contrôlent les activités menées dans la Zone, notamment aux fins de l'administration des ressources de celle-ci172. L'Entreprise est l'organe de l'Autorité qui mène des activités dans la Zone, telles que l'exploration et l'exploitation de la Zone, ainsi que le transport, le traitement, et la commercialisation de minéraux173.

Les différends entre Etats relatifs à l'interprétation de la partie de la Convention de Montego Bay portant sur des activités menées dans la Zone peuvent être soumis à une chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer ou encore à une chambre ad hoc de la Chambre pour le règlement des différends relatifs aux fonds marins174. Les différends entre parties à un contrat relatif à des activités menées dans la Zone peuvent être soumis à un arbitrage commercial obligatoire.

Ainsi, contrairement à la CIJ, le Tribunal international du droit de la mer n'est pas compétent pour juger des Etats uniquement en ce qui concerne les activités menées dans la Zone.

D'autre part, le Tribunal international du droit de la mer peut être compétent pour le règlement des autres différends relatifs à l'interprétation ou à l'application de la Convention de Montego Bay, lorsque les deux Etats parties au conflit ont accepté par voie de déclaration écrite la compétence du Tribunal175.

168 Statut du Tribunal international du droit de la mer, Article 21.

169 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 186.

170 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 187.

171 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 153, paragraphe 2 lettre b).

172 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 157.

173 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 170.

174 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 188.

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175 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Article 287.

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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement Chapitre II: L'extension possible de la compétence du Tribunal

Il est possible de conclure une nouvelle convention internationale générale qui donne compétence au Tribunal international du droit de la mer pour tout différend lié à l'application de la convention. Cependant, la juridiction étendue du Tribunal ne concerne que les activités menées dans les grands fonds marins. Il en résulte que dans les autres domaines, et donc en droit international environnemental général, le Tribunal dispose de la même compétence ratione personae que la CIJ. Dans la mesure où le Tribunal est moins reconnu que la CIJ, l'extension de la compétence du Tribunal semble moins pertinente que celle de la CIJ.

Il résulte de tout ce qu'il précède que si l'extension de la compétence de juridictions existantes est choisie, celle-ci devra concerner à la fois la CIJ et la CPI, dans la mesure où les deux juridictions ont une compétence ratione personae complémentaire. En revanche, l'extension de la compétence de ces deux juridictions est problématique dans la mesure où elle ne permet pas la répression des atteintes à l'environnement commises par des personnes morales de droit privé. Par ailleurs, elle ne permet pas l'engagement de la responsabilité civile de personnes privées (physiques ou morales), dans le cas où l'Etat compétent fait défaut. Dans cette optique, la création d'une nouvelle juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement peut être intéressante.

Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Partie III : Le bien--fondé de la création d'une nouvelle juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Plusieurs initiatives et propositions politiques ou doctrinales de juridictions internationales spécialisées en droit de l'environnement ont été faites. Celles-ci, tout comme les juridictions nationales spécialisées en droit de l'environnement, peuvent servir d'inspiration à ce à quoi ressemblerait une nouvelle juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

La création d'une nouvelle juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement a pour principal avantage de permettre à un groupe d'experts en droit international de l'environnement de juger des personnes ayant commis des dommages à l'environnement. Cependant, elle risque de poser un problème de délimitation de compétence par rapport aux juridictions internationales existantes, et donc de créer un conflit de juridictions.

La création d'une nouvelle juridiction internationale implique en principe la rédaction d'un nouveau statut, qui devra définir l'organisation, la compétence et les règles de procédures de cette juridiction. Ce statut peut, entre autres, s'inspirer du statut de tribunaux moraux internationaux spécialisés en environnement ou encore de juridictions nationales spécialisées en droit de l'environnement, et plus généralement des statuts de juridictions internationales existantes.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore