1.3.4 Réseaux du système éducatif
En coopération étroite avec l'Église
Catholique, à qui l'État colonial avait confié le
quasi-monopole de la formation scolaire, le Congo indépendant avait
rapidement construit un réseau scolaire qui avait permis à la
plupart des enfants de recevoir une éducation gratuite. Cependant, en
1974, le pouvoir mobutisme, qui visait à contrôler l'ensemble de
la société, étatisa toutes les écoles
confessionnelles.
Sans le personnel ecclésiastique et l'apport financier
des Églises, tout le système risquait de s'écrouler,
d'autant plus que la chute du prix du cuivre annonçait une crise
économique sans précédent. Le chef de l'État entama
alors des négociations avec l'Église pour essayer de la persuader
de poursuivre la collaboration dans le cadre de l'enseignement
étatisé. Celles-ci aboutirent en 1977 à la signature de la
Convention de gestion des écoles nationales entre l'État et les
Églises, qui fondèrent une fragile paix scolaire.
Le secteur éducatif public se divisa alors en quatre
réseaux : le non conventionné, les conventionnés
catholiques, kimbanguistes, et protestants. Ce découpage a abouti
à une sorte de quadruple administration et à une organisation
très complexe. Ces quatre réseaux étaient soumis aux
exigences : de l'application d'un programme national unique à toutes les
écoles, du contrôle administratif et pédagogique de tous
les établissements scolaires par une inspection d'Etat et de l'examen
d'Etat sanctionnant la fin des études secondaires. Entre temps,
l'État ne construisant déjà plus de nouveaux
établissements et n'entretenant pas non plus ceux en fonctionnement, les
parents ont commencé à payer des frais d'intervention ponctuels
afin de financer certains travaux. En 1975, les comités de parents
furent institués au sein des écoles pour encadrer la
participation financière des usagers. Suite aux politiques d'ajustements
structurels imposées par les institutions financières
internationales, la part des dépenses publiques consacrée
à l'éducation a chuté et le statut du corps enseignant est
frappe de plein fouet.
Conscients de l'essoufflement des parents, les
évêques congolais ont décidé, en 2004, de mettre fin
à ce système dans leur réseau. Le ministère de
l'Éducation a emboîté le pas et a étendu
l'interdiction de la prime de motivation des enseignants à l'ensemble du
secteur éducatif public. Néanmoins, le gouvernement n'ayant
rien
prévu pour compenser le manque à gagner, cette
mesure populiste n'a jamais été respectée. Elle a eu pour
effet de déclencher une crise scolaire chronique et une grande
polémique autour des frais scolaires, à laquelle ont
également pris part les partenaires du développement, de retour
depuis l'instauration du gouvernement de transition, en 2003. En 2006 fut
élu démocratiquement un nouveau gouvernement, qui a formellement
placé l'éducation parmi ses cinq priorités. Cependant, les
enfants et les parents attendent toujours qu'il réalise ses
promesses...
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