II- L'Instrument Agricole de Préadhésion
L'instrument agricole de préadhésion ou SAPARD
voit le jour par le Règlement (CE) N° 1268/99 du Conseil, du 21
juin 1999, relatif à une aide communautaire à des mesures de
préadhésion en faveur de l'agriculture et du développement
rural dans les pays candidats d'Europe centrale et orientale, au cours de la
période préadhésion. Il s'agit d'un cadre d'aide
communautaire dans « la mise en oeuvre de l'acquis communautaire
concernant la politique agricole commune et les politiques connexes, ainsi que
la résolution des problèmes prioritaires du secteur agricole et
des zones rurales des pays candidats 112». Par
l'expression « politiques connexes », l'on peut
aisément constaté que le champ d'application de cet instrument
financier n'est pas clairement défini. Il peut donc s'appliquer à
d'autres secteurs tels que l'environnement et l'industrie, mais aussi aux
forêts d'autant plus qu'il s'agit de thématiques qui y sont
directement liées. Comme prévu au sommet de Berlin en 1999, le
SAPARD reçoit une dotation budgétaire annuelle de 520 millions
d'euros (Tableau 6). Cependant, les frais réellement
dépensés entre 2001 et 2002 n'atteignent même pas la
moitié de l'allocation budgétaire. C'est en 2003 qu'une nette
amélioration est réalisée.
SAPARD
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Engagements
|
Paiements
|
E
|
P
|
E
|
P
|
E
|
P
|
528,9
|
-
|
539,6
|
30,5
|
554,5
|
123,7
|
560
|
438,9
|
Tableau 6 Dotation budgétaire annuelle entre
2000 et 2003 (en millions d'euros)
L'une des quinze actions éligibles à un soutien
financier est centrée sur le secteur forestier en milieu rural : «
sylviculture y compris le boisement),
112 Article 1 du Règlement (CE) N°
1268/99
113 Mathieu BRIOUDES, op.cit., P.23.
Master des Hautes Études Européennes et
Internationales (CIFE) 55
LA STRATÉGIE FORESTIÈRE DE L'UNION
EUROPÉENNE
investissements dans les exploitations sylvicoles
appartenant à des propriétaires privés et transformation
et commercialisation des produits sylvicoles114 ». Cette
mesure est incluse dans les plans de sept pays : Bulgarie, Estonie, Lettonie,
Lituanie, Pologne, Roumanie et Slovaquie. La contribution maximale de l'Union
Européenne pour cette mesure entre 2000 et 2006 s'élève
à 167 millions d'euros, soit 5% de sa contribution au SAPARD
(Tableau 7). Or, les contributions pour d'autres secteurs tels
que celui des infrastructures et de l'exploitation agricole sont assez
représentatives, soit respectivement 21% et 22%. Une fois de plus, nous
pouvons constater que le secteur forestier est délaissé au profit
d'autres, malgré la volonté de l'Union Européenne
d'encourager les investissements dans ce domaine.
Pays
|
Contribution maximale de l'UE pour le
secteur forestier Million €
|
Pourcentage sur la contribution totale de l'UE au
SAPARD
|
Bulgarie
|
30.0
|
8.3%
|
République Tchèque
|
0
|
0%
|
Estonie
|
1.1
|
1.3%
|
Hongrie
|
0
|
0%
|
Lettonie
|
4.6
|
3%
|
Lituanie
|
7.7
|
3.7%
|
Pologne
|
6.2
|
1%
|
Roumanie
|
108.0
|
10%
|
Slovaquie
|
9.7
|
7.6%
|
Slovénie
|
0
|
0%
|
TOTAL
|
167.3
|
5%
|
Tableau 7 Estimation statistique de la mesure
forestière dans le programme SAPARD pendant la période
2000-2006115
De ce qui précède, on peut constater que la
forêt n'est presque pas prise en compte dans les programmes de
préadhésion. Dans le PHARE, elle est totalement ignorée et
ne bénéficie que des activités développées
dans le cadre de l'agriculture
114Article 2 du Règlement (CE) N° 1268/99
(Mesure 14).
115Source : Commission Européenne,
Sustainable Forestry and the European Union, Bruxelles, 2003, P.18.
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Internationales (CIFE) 56
LA STRATÉGIE FORESTIÈRE DE L'UNION
EUROPÉENNE
et de l'environnement. Quant au SAPARD, il possède une
mesure qui adresse directement les thématiques forestières.
Cependant le financement de cette mesure est moindre par rapport à celui
consacré à d'autres domaines. Et pourtant, les pays d'Europe
centrale et orientale ont un potentiel sylvicole qui, exploité, aurait
permis de valoriser leur économie. L'étude des programmes de
préadhésion montre que les PECOs ont plutôt orienté
leurs priorités vers d'autres secteurs au lieu de mettre en valeur leurs
forêts à travers ces opportunités de financement.
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