Première partie : Cadre théorique,
opératoire et méthodologique
13
Cette partie est constituée de trois chapitres. Il
s'agit de poser les bases théoriques, opératoires et
méthodologiques qui constitueront le fil conducteur de cette recherche.
Ainsi le premier chapitre est consacré à la problématique
générale de la recherche ainsi que tous les
éléments qui l'accompagnent. Dans le deuxième chapitre, on
retrouve la définition des concepts utilisé ainsi que le
schéma d'analyse conceptuelle. Enfin le troisième fait
l'économie des différentes étapes qui ont conduit ce
travail.
14
Chapitre 1 : Le Cadre théorique
Ce chapitre met en exergue les fondements théoriques de
ce travail d'étude et de recherche : la problématique, les
questions de recherche, l'intérêt et la justification de cette
recherche entre autres.
1. Problème général de
recherche
La dynamique de régression des ressources
forestières dans la communauté rurale de Kandia s'inscrit dans le
contexte global de la dégradation des ressources naturelles
observée depuis le début de la sécheresse des
années 1970 dans les pays du Sahel. S'il est vrai que
l'écosystème casamançais n'appartient pas au domaine
sahélien, il n'en demeure pas moins que les processus observés
dans les paysages végétaux de cette zone sont identiques à
ceux observés au Sahel. Dés lors, ce phénomène de
recul du couvert végétal dans cette partie de la C.R de Kandia
suscite un certain nombre d'interrogations qui sous tendent cette
réflexion pour une compréhension de cette dynamique.
Cette étude met en avant l'importance des
écosystèmes et de l'environnement en relations avec les
systèmes de production des sociétés humaines. Elle
permettra d'apporter de nouvelles connaissances sur le phénomène
de dégradation du couvert végétal dans cette partie de la
communauté rurale de Kandia.
2. Problématique
Les ressources naturelles sont caractérisées par
un état de dégradation avancé à l'échelle de
la planète. Et souvent, les activités anthropiques sont
considérées comme étant la principale cause de cette
régression. Ainsi, la région de Kolda, particulièrement
dotée en ressources forestières n'échappe pas à
cette situation.
En effet selon le PAER1 de Kolda (2007), les
importants flux migratoires observés dans la région depuis
quelques années sont à l'origine d'une forte pression sur les
ressources naturelles. D'après le Plan d'action pour
l'aménagement forestier et l'approvisionnement durable en énergie
domestique2 (2012), la zone écologique de la haute Casamance
qui correspond à la région de Kolda participe à hauteur de
40% à la demande énergétique nationale avec un chiffre
d'affaire estimé à près de 20 milliards de francs pour la
filière charbon de bois.
1 Plan d'action environnemental régional
élaboré par le conseil régional de Kolda. Ce document
constitue le cadre de référence des interventions
environnementales au niveau de la région.
2 Plan d'action pour l'aménagement forestier
et l'approvisionnement durable en énergie domestique
élaboré en fin 2012 par le conseil régional pour une
gestion plus rationnelle des ressources forestières de la
région.
15
A cela, il faut ajouter les effets d'un système de
production extensif de plus en plus mécanisé et plus agressif
vis-à-vis de la nature. Les auteurs du PAER de Kolda estiment que cette
pression qui se traduit en termes de défrichements abusifs et de
dégradation des ressources édaphiques représente une
menace pour la viabilité et une durabilité des systèmes de
production.
Par ailleurs, les formes traditionnelles adoptées par
les populations rurales, notamment la culture sur brûlis et le
défrichement par feu sont des pratiques dangereuses pour la sauvegarde
des écosystèmes. Hamed Sow (1990) parle de crise des
systèmes de production traditionnels : « pour faire face à
la croissance démographique et à la demande urbaine, les
techniques de production traditionnelles auraient dû être
améliorées, l'agriculture et l'élevage intensifiés
afin d'augmenter leur productivité. Au lieu de cette mutation, la
réponse de la société a été une
surexploitation des ressources naturelles : les défrichements ont
été intensifiés, les temps de jachères
réduits, les surpâturages accélérés, les feux
de brousse mal contrôlés ».
Or dans la communauté rurale de Kandia ce sont
justement ces pratiques qui dominent dans les modes de mise en valeur des
terres. En plus, l'élevage qui repose sur un système extensif et
la transhumance, exerce plus de pression sur l'environnement que le
système moderne intensif.
La forêt communautaire de Kandia est un espace où
plusieurs acteurs entrent en compétition avec ce qu'on pourrait appeler
la loi du « premier venu, premier servi ». En effet, il existe une
multitude d'acteurs qui gravitent autour de ce massif pour des raisons diverses
mais qui trouvent un dénominateur commun : l'usage des ressources
forestières. Plusieurs éléments concourent à cet
état de fait. En fait, tout d'abord cette zone polarise les villages les
plus peuplés (43% de la population)3 de la C.R de Kandia. Ce
qui expose davantage le couvert végétal à une
surexploitation dans le cadre de la satisfaction des besoins des populations
rurales, fortement dépendantes des ressources forestières.
Ensuite, le fait que cette partie de la C.R de Kandia partage une
frontière avec la Gambie est à l'origine d'une exploitation
frauduleuse du bois d'oeuvre et du bois énergie. Globalement, il existe
un ensemble de dynamiques qui sont en rapport direct ou indirect avec la
dégradation de la forêt communautaire de Kandia.
D'ailleurs Lake A. (1982, cité par Thiaw,1998) estimait
que la réduction de la biomasse ligneuse peut apparaitre comme l'une des
plus graves péjorations des milieux naturels et du cadre des
activités rurales si l'on considère l'importance des arbres et
arbustes pour l'équilibre
3 D'après les chiffres récents du Plan
d'Occupation et d'affectation des sols (POAS) de juin 2012
16
des milieux, pour les économies rurales et surtout par
le fait que, contrairement à la biomasse herbacée annuelle, qu'il
s'agit d'un capital dont le développement ou la reconstitution
s'inscrivent largement dans le temps et les diverses contraintes des conditions
socio-économiques.
|