Introduction générale
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Contexte
Les questions environnementales constituent l'un des
défis majeurs en ce début de 21e siècle. En
effet, face à une croissance démographique importante, à
une dégradation des ressources et à des conflits qui semblent
eux-mêmes se multiplier, l'enjeu d'une gestion durable des terres et des
ressources naturelles est l'objet de préoccupations croissantes
(Lavigne, 2001).Plusieurs études ont fait état d'un processus de
dégradation avancée des ressources naturelles, entrainant une
fragilisation des écosystèmes (Rochette1989, Sow 1990, Di
Méo 1998). Selon le rapport sur l'état de l'environnement au
Sénégal (MEPN, 2005) « l'observation de l'état des
ressources naturelles du Sénégal montre une situation critique
qui résulte de la dégradation des terres de façon
générale qui affecte 65% de la superficie du pays. Cette
dégradation définie parfois une baisse temporaire ou permanente
de la productivité des terres, est un processus complexe dont les
manifestations se confondent facilement aux causes ».
En effet l'essentiel de l'énergie consommée au
Sénégal provient de l'exploitation des ressources ligneuses
(54%), les produits pétroliers (40%) et les autres sources
d'énergie occupent une place limitée (rapport du Ministère
de l'Environnement et de la Protection de la Nature 2004). Une autre
étude faite par Enda Pronat Environnement et développement du
tiers monde en 2000 faisait état d'une consommation annuelle de
combustibles ligneux de l'ordre de 3,5millions de m3
d'équivalent rondin (environ 1,3millions de tonnes équivalent
pétrole).Ce chiffre représente approximativement 94% de
l'énergie domestique consommée par les ménages et 54% de
la consommation nationale d'énergie. Or selon la même source, le
potentiel ligneux accessible n'est que de 3,1millions de m3. Il en
résulte un déficit important de l'ordre de 0,4 millions de
m3 qui risque de s'aggraver si le rythme actuel d'exploitation de
ces ressources est maintenu. Selon des indications de la DRPF/ISRA en 2002
(cité par CISSE A., 2008), le rythme de déboisement annuel au
Sénégal pour l'utilisation du bois de combustibles est deux fois
plus élevé que la reforestation. Il en résulte alors des
impacts considérables sur les systèmes de production agricole et
pastorale. Cette exploitation est exacerbée de plus en plus par une
croissance démographique soutenue entrainant une forte pression sur les
ressources forestières. Ajoutons que le document sur la Politique
forestière du Sénégal, se basant sur une étude
prospective du secteur forestier à l'horizon 2020 estime que prés
de 8 millions de m3 de bois sont prélevés annuellement sur les
formations ligneuses du pays pour la fourniture de combustibles domestiques. En
outre, cette étude révèle une nette
prépondérance du bois de feu (64,5%) dans l'énergie
globale consommée au niveau national
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contre 11,5% pour l'électricité et 24% pour les
combustibles dérivés du pétrole. Cette
prépondérance du bois et du charbon de bois au niveau de
l'énergie primaire donne une juste mesure de l'importance des actions
anthropiques dans l'exploitation des ressources forestières.
En fait, la transformation du bois en charbon de bois pour
l'approvisionnement des centres urbains avec les techniques de carbonisation
utilisant la meule traditionnelle au détriment de la meule
casamançaise, accentue la dégradation des ressources
forestières. En effet, il faut 5,5 kg de bois en moyenne pour fabriquer
un kg de charbon de bois d'où un rendement énergétique
faible. Les principaux consommateurs sont les ménages dont
l'approvisionnement en énergie dépend encore à 90% des
combustibles ligneux.
Il faut dire que les ressources forestières constituent
une des sources principales d'approvisionnement des populations aussi bien
qu'en produits alimentaires qu'en ressources énergétiques.
Cependant, depuis quelques décennies, elles sont confrontées
à une surexploitation mais aussi à une dégradation
continue du fait de plusieurs facteurs (Politique forestière du
Sénégal, 2005).
D'après le même document, la dégradation
des ressources naturelles et l'acuité du phénomène de
désertification contribuent à l'appauvrissement des populations
aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. Et face à cette
situation, ces dernières ont développé des
stratégies de survie qui les poussent à surexploiter les
ressources forestières de leurs localités
Ainsi, la région de Kolda, caractérisée
par une abondance relative de ressources végétales est devenue
l'une des principales productrices du pays en charbon de bois. Cette forte
pression sur les ressources est à l'origine d'une dégradation
avancée du couvert végétal.
Notons que les produits forestiers constituent un enjeu
économique de taille en ce sens que, traditionnellement utilisés
pour la satisfaction des besoins alimentaires, ils ont acquis aujourd'hui une
valeur marchande considérable et constituent une source de revenus non
négligeable pour les populations. Ainsi donc, leur gestion demeure un
enjeu de taille du fait de la diversité des acteurs mais aussi du fait
de la dégradation continue des conditions climatiques, à
l'échelle mondiale.
Dans le cadre d'un espace limité avec des ressources
fragiles soumises à une exploitation intense, les effets sur les milieux
naturels et sur les écosystèmes forestiers deviennent de plus en
plus perceptibles. C'est ce qui se passe dans la forêt communautaire de
Kandia située dans
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le département de Vélingara, où l'on
assiste à un phénomène de dégradation du couvert
végétal.
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Figure 1 : Croquis de localisation du
secteur étudié
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La communauté rurale de Kandia fait administrativement
partie de l'arrondissement de Saré Coly Sallé, département
de Vélingara, région de Kolda. Elle est limitée à
l'est par la C.R de Némataba, à l'ouest par celle de Fafacourour,
département de Médina Yoro Foula, au nord par la
république de la Gambie et au sud par la C.R de Kandiaye (figure 1 :
croquis de localisation). La superficie de la communauté rurale de
Kandia est de 436.5 km2. Elle occupe 30.55% de la superficie totale
de l'arrondissement de Saré Coly Sallé qui est de 1405
km2.La C.R de Kandia compte 75 villages dont 74 reconnus
administrativement. Elle a une population totale de 22 582 habitants, soit une
densité de 52.7 hbts/Km2.
La population est très mal répartie dans
l'espace car on remarque certaines zones très denses comme le centre de
la C.R avec un nombre important de villages et des zones très peu
peuplées comme le Sud-est. La composition ethnique fait état de
65% de Peuls, 25% de Sarakolés, 9% de Mandingues et les ethnies
minoritaires (Soninkés et Wolof) sont de l'ordre de 1%.
La situation religieuse quant à elle fait remarquer une
nette majorité musulmane (une presque totalité) qui se manifeste
par le nombre de mosquées (06) et l'inexistence de chapelles (plan
local de développement de Kandia, août 2011).
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