3. Questions de recherche
Il s'agit ici de s'interroger sur les grands axes qui vont
orienter cette réflexion à savoir : -Quels sont les facteurs qui
sont à l'origine de la dégradation du couvert
végétal de la forêt communautaire de Kandia ?
-Quelles sont les manifestations du processus de
régression des ressources forestières ? -Quelle est la pertinence
des différentes actions menées jusque-là pour inverser
cette dynamique ?
4. Intérêt et justification de la
recherche
Ce travail d'étude et de recherche présente un
intérêt scientifique et social.
Si la dégradation des ressources forestière du
Sénégal est soulignée par plusieurs auteurs, il faut noter
que la plupart de ces études ont été menées dans un
cadre spatial très vaste (échelle nationale) qui ne permet pas
toujours d'appréhender tous les éléments qui accompagnent
l'exploitation forestière (Thiaw S., 1998).Pourtant, la dynamique de
recul des forêts selon ses relations avec les systèmes
traditionnels d'utilisation des « espaces naturels » et les impacts
de leurs succession sur les ressources ligneuses peuvent être
analysés de façon précise à une échelle
spatiale réduite. C'est ce qui justifie le choix de travailler à
l'échelle d'une communauté rurale et plus particulièrement
dans une zone où la demande devient de plus en plus pressante.
Ainsi l'état de la recherche sur la question montre que
plusieurs auteurs se sont intéressés au processus de
dégradation des ressources naturelles. Par exemple, Thiaw S. (1998)
aborde le thème de l'exploitation des ressources forestières
à travers la filière du charbon de bois dans la communauté
rurale de Maka Koli Bantang (département de Tambacounda). KANDE M. A.
(2007) a consacré son mémoire de maitrise à étudier
le contexte et les conséquences de l'exploitation forestière dans
la C.R de Mampatim (arrondissement de Dabo).Dans cette étude, l'auteur
analyse les incidences d'une exploitation des ressources forestières
surtout orientée vers la commercialisation du charbon de bois sur un
site d'accueil qui subit les impacts écologiques de cette
activité. Quant à CISSE A. (2008), son travail est
consacré à l'analyse de la dégradation des paysages
végétaux dans le massif forestier de Théwal situé
dans le département de Vélingara. Il examine également les
stratégies mises en oeuvre par le
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PROGEDE et le service des Eaux et forêts du même
département avant de proposer un plan de gestion durable de ce massif
forestier. Une autre étude menée par une équipe de
chercheurs de l'UCAD : péjoration climatique et dégradation
des formations forestières en Haute-
Casamance est très intéressante car
elle analyse le lien entre la péjoration climatique et la
dégradation des formations forestières en Haute-Casamance plus
particulièrement dans les zones classées de Guimara au nord et
Kayangua au sud du département de Vélingara.
Les auteurs utilisent des données climatiques
recueillies au niveau des stations de Kolda et de Vélingara durant la
période 1951-2000.Ainsi il s'agit des précipitations, des
températures, de l'évapotranspiration pour arriver à une
conclusion selon laquelle la « péjoration des conditions
climatiques en Haute-Casamance a pour effet, la fragilisation quasi
générale de la couverture végétale ».Mais
selon cette même étude, les facteurs climatiques ne sont pas les
seuls responsables de la dégradation de la couverture
végétale en Haute-Casamance, les actions anthropiques ont aussi
un « impact certain ».
Cependant, la question de la dégradation des ressources
naturelles dans la communauté rurale de Kandia n'a pas fait l'objet
d'investigations. Seul le plan local de développement (PLD)
élaboré en 2011 fait état d'un « manque de
contrôle » qui fait que les ressources sont pillées sans
aucun avantage ni pour la population ni pour la C.R. Il n'existe pratiquement
pas d'études sur la question et pourtant le phénomène de
recul du couvert végétal ne semble pas s'estomper.
Il faut également noter que c'est un espace qui
présente plusieurs enjeux et fait l'objet de convoitises car il abrite
l'essentiel des ressources végétales de la communauté
rurale de Kandia.
En effet, la communauté rurale de Kandia jouit d'une
situation favorable à des échanges avec la Gambie notamment
à travers les marchés hebdomadaires situés de part et
d'autre de la frontière. Néanmoins, cette position
géographique peut constituer également un inconvénient
dans la mesure où elle permet le développement d'activité
frauduleuse comme l'exploitation clandestine des ligneux. D'ailleurs ce
phénomène concerne toute la partie nord de la Casamance.
Plusieurs activités se sont développées
dans cette partie de la communauté rurale créant ainsi des
dynamiques importantes des populations. Par exemple, pendant la saison
sèche, les éleveurs transhumants gambiens pratiquent
l'émondage en traversant la C.R de Kandia pour aller vers le bassin de
l'Anambé à la recherche de pâturages et de points d'eau.
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Cette étude permettra donc de sensibiliser les
populations locales ainsi que les autorités locales sur la dynamique de
dégradation du couvert végétal observée maintenant
depuis plusieurs années.
Ce travail se veut une modeste contribution à la
connaissance du phénomène de dégradation du couvert
végétal dans la forêt communautaire de Kandia. Puisse-t-il
permettre d'attirer l'attention des pouvoirs publics ainsi que des
différents acteurs sur les conséquences de cette dynamique de
recul du couvert végétal. Cependant il est nécessaire de
procéder à une délimitation du champ d'investigation de
cette étude pour mieux cerner les contours de ce travail.
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