Le contexte de décentralisation au
Sénégal peut être considéré comme une
opportunité pour les collectivités locales de promouvoir une
gestion durable et participative des ressources naturelles à
l'échelle locale. Pourtant, l'évaluation de la
décentralisation dans le domaine de la gestion des ressources naturelles
et de l'environnement a montré que les collectivités locales ont
des limites certaines pour assumer, de manière satisfaisante, leur
rôle (PFS, 2005). Ces limites s'articulent autour des points suivants
:
- manque de précision dans la formulation de certaines
dispositions se traduisant par de multiples interprétations sur les
prérogatives des élus en matière foncière et
forestière par exemple ;
- faible engagement de la part des élus dans la prise en
charge effective de la gestion de ressources forestières ;
- insuffisance de la coordination, de l'harmonisation et de
l'intégration des interventions des différents acteurs, et
notamment des structures d'appui au développement forestier ;
- insuffisance de l'expertise au sein des CL malgré les
arrangements permis par les conventions pour mettre à leur disposition
une assistance technique disponible au niveau des services
déconcentrés ;
- insuffisances des moyens financiers et logistiques pour
faire face à leurs responsabilités dans les domaines
transférés.
Ainsi donc, ces différentes limites
énumérées par ce document mettent en évidence les
difficultés que les collectivités locales éprouvent pour
faire face à leurs responsabilités. C'est ce qui fait qu'on note
également des insuffisances en ce qui concerne la Communauté
rurale de Kandia concernant la gestion des ressources naturelles et
l'environnement.
En effet, il existe un manque de coordination entre le
conseil rural et l'administration forestière. Ce qui ne contribue pas
à une efficacité dans les interventions en vue de contrecarrer
les exploitants frauduleux du bois d'oeuvre dans la partie Nord de la C.R. Le
manque de moyens financiers et de personnels qualifiés qui
caractérisent la plupart des communes rurales constitue un handicap
à l'accomplissement des missions confiées au conseil rural.
En outre le choix des personnes chargées de surveiller
les coupes de troncs d'arbres ainsi que d'autres formes d'exploitation dans la
forêt communautaire de Kandia obéit souvent à
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l'appartenance d'un parti politique. Cette démarche ne
privilégie pas les personnes motivées et capables de remplir la
tâche. On note que la plupart de ces individus choisis habitent dans des
villages éloignés de la forêt. Ce qui ne leur permet pas
toujours de s'imprégner de ce qui se passe dans le massif forestier
alors que le choix d'autres personnes habitants des villages alentours, aurait
pu être plus pertinent.
En plus, l'attitude des populations locales ne favorise pas
une gestion participative et responsable de la dégradation de la
forêt. Le fait d'observer le « pillage » des ressources par des
personnes venues d'ailleurs sans poser des actes responsables peut être
assimilable à de la complicité passive. Ce sont les limites qui
accompagnent les différentes actions menées dans la gestion de la
dégradation de la forêt communautaire de Kandia.
Toutefois, revenons sur le POAS qui certes, peut être
un bon outil de gestion des ressources naturelles mais requiert une acceptation
et une implication effective des populations locales. On peut dire qu'en
dépit de l'implication des populations dans le processus
d'élaboration de ces règles qu'il y'a des difficultés pour
changer le comportement des usagers des ressources. Il ne suffit pas de
réunir des personnes et leur demander leur vision par rapport à
la gestion de leur espace communautaire pour que ces règles soient
appliquées. Ce ne sont pas les populations qui se sont levées un
bon jour pour prendre en charge la question de la dégradation des
ressources naturelles, mais plutôt le conseil rural. Il ne s'agit donc
pas ici de communautés locales qui montrent leur prise de conscience et
leur capacité à trouver des arrangements institutionnels
endogènes en faveur d'une gestion collective et plus durable des
ressources naturelles (Etienne Verhaegen : 178).18
A tire illustratif, les observations de terrain pour le moment n'indiquent pas
de changement sur de l'état de dégradation des ressources
naturelles. Les entretiens effectués auprès de certaines
personnes montrent que les populations n'ont pas encore intégrées
cette nouvelle convention dans leur conduite quotidienne. Certainement, il
faudra patienter un certain temps pour faire une évaluation de l'impact
du POAS dans les objectifs qui lui sont assignés. Mais en attendant,
essayons de poser quelques pistes de réflexion pour un modèle de
gestion des ressources au niveau local.
18 Il s'agit d'une contribution
intitulé : Pouvoir local et gestion des ressources naturelles au Burkina
Faso in Sociétés rurales et environnement. Gestion des ressources
dynamiques locales au sud sous la dir. de G. Rossi, Ph. L. Delville et Didier
Narbeburu.