« Lutter contre la dégradation des
écosystèmes forestiers tout en fournissant aux populations
urbaines une énergie abondante et bon marché qu'elles
réclament...C'est en ces termes que se pose aujourd'hui la
problématique de l'approvisionnement énergétique des
villes d'Afrique Noire » (G. D. Méo, 1998)13 . Hamed
Sow, (1990) dans Le bois énergie au Sahel environnement et
développement nous apprend que le bois constitue la principale source
d'énergie de la région, en moyenne plus de 80% de la
consommation. Selon lui, la totalité des ménages ruraux utilise
le bois pour la cuisson des aliments ainsi qu'une bonne partie des
ménages urbains. Les besoins en bois en milieu rural sont
généralement satisfaits par l'autocollecte des arbres morts. Les
enquêtes de terrain permettent de confirmer ce point de vue car
l'ensemble des femmes rencontrées déclarent qu'elles vont
directement s'approvisionner dans la forêt. Avec ces deux auteurs, nous
évoquons les incidences des coupes de bois de chauffe sur les ressources
forestières. En effet, la coupe de bois en milieu rural trouve plus de
facilité car la ressource est disponible en grande quantité
(même si tendance est à la raréfaction). Certaines
populations n'ont pas la culture de cuisiner avec le charbon. Elles sont plus
à l'aise avec le bois mort sur un foyer à trois pierres. C'est la
raison pour laquelle les femmes pratiquent la coupe du bois mort pour la
cuisson des aliments dans la communauté rurale de Kandia. Toutefois
selon des spécialistes, la cuisson des aliments avec le charbon est plus
économique que les foyers à trois pierres.
Le bois-énergie participe pour une bonne part à
la déforestation de l'écosystème forestier à cause
de l'augmentation des besoins.
En milieu peul, ce sont les femmes qui se chargent
elles-mêmes de la collecte du bois de chauffe. Cette collecte consiste
à couper les arbres morts et les rassembler en fagots. Ce qui ne
constitue pas un grand risque pour la dégradation du couvert
végétal. Mais, les femmes au-delà de la collecte du bois
mort, s'adonnent à la coupe du bois vert, c'est-à-dire les arbres
vivants. Ce sont les arbustes qui sont les plus concernés. Pourtant, ces
jeunes individus constituent le potentiel qui va assurer la
régénération naturelle du massif. Les femmes
interrogées justifient la coupe des arbres vivants par le fait qu'ils
sont plus combustibles durant l'hivernage. En fait, l'approche de la saison des
pluies est un prétexte pour couper et rassembler des quantités
massives de bois qui est destiné à la cuisson des aliments.
13 Méo G. D., 1998. Quelles énergies
domestiques pour les populations urbaines d'Afrique Noire ? In Énergie
populaire dans le Tiers monde Enda (Environnement Africain n° 20-21-22,
Vol v. 4, vol VI, 1-2, 405p.
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Photo 14 : coupe du bois vert destiné
à la cuisine Photo 15 : Après être
coupé, le bois est rassemblé et rangé et même
ramené au village, clichés BALDE M. M., 2012
Sur la photo 14, on voit le paysage désolant des
arbustes qui font l'objet de destruction de la part des femmes de
ménage. Ensuite, le bois est rassemblé et séché au
soleil pour après être ramené au village pour la
cuisine.
Ce phénomène est amplifié p ar les
gambiens qui s'approvisionnent également en bois de chauffe dans cette
forêt. D'après les enquêtes faites auprès des
villages situés prés de la frontière comme Doubirou, le
volume que représentent ces prélèvements serait de
plusieurs charrettes par jour. C'est une exploitation frauduleuse de
bois-énergie qui se fait en complicité avec les populations de
ces villages. Par ailleurs, la coupe du bois à des fins de cuisson est
l'oeuvre des hommes en milieu Sarakolé. Ici les femmes n'interviennent
pas dans le processus d'exploitation. Elles attendent que les maris apportent
le bois de chauffe nécessaire pour la cuisine. Dans l'accomplissement de
cette collecte de bois, les « Sarakolés » utilisent des
tracteurs qui ont une plus grande capacité de stockage de bois. Ce qui
fait que les ressources forestières disponibles sont soumises à
une surexploitation. Globalement, on observe une régression des
superficies boisées avec un éloignement de ces espaces par
rapport aux villages et une raréfaction des arbres morts. En effet, il
y'a une crise complexe au centre de laquelle se trouve l'arbre en tant que
« facteur de production » (protection des champs contre
l'érosion pluviale et éolienne, reconstitution de la
fertilité des sols...) et comme produit énergétique, sans
oublier ses autres usages nutritionnels (fruits parfois, aliments pour le
bétail) et médicinaux (Sow H., 1990).
La communauté rurale n'est pas encore ouverte à
l'exploitation du charbon car les quotas alloués à la
région de Kolda en la matière concernent pour le moment la C.R de
Sinthiang Koundara dans l'est du département de Vélingara. Mais
il y'a déjà des signes qui laissent penser que la filière
charbon de bois ne tardera pas à s'installer dans la zone. Dés
lors on peut se demander si l'ouverture probable de cette communauté
rurale à l'exploitation du charbon
de bois ne serait pas une activité qui risquerait
d'aggraver davantage le processus de
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dégradation du couvert végétal dans cet
écosystème fragile. L'avenir nous édifiera sur cette
question. En attendant, intéressons nous aux impacts des feux de brousse
sur les paysages végétaux.