Le département de Vélingara est très
connu dans sa vocation de développement du secteur primaire.
Le secteur de l'élevage est donc un de ces domaines
qui est en perpétuelle hausse. Il en est de même pour la
communauté rurale de Kandia qui pratique un élevage extensif du
type sédentaire avec une petite transhumance saisonnière :
pendant l'hivernage, on remarque un
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petit déplacement des éleveurs avec leurs
troupeaux vers des zones un peu plus libres afin d'éviter la divagation
du bétail vers des zones de culture. En saison sèche, c'est le
déplacement vers le bassin de l'Anambé à la recherche de
points d'eau et de pâturages.
L'espèce bovine est la plus développée
dans la communauté rurale de Kandia avec plus de 25 000 têtes,
suivi des ovins, caprins, chevaux, porcs et volailles. En effet, les petits
ruminants sont estimés à l'ordre de 15 000 têtes (PLD de
Kandia, 2011).
La communauté rurale de Kandia est l'une des plus
grandes zones d'approvisionnement en viande de la commune de Vélingara
ainsi que du lait. Les quantités sont estimées à
prés de 2000 litres par jour selon la même source (PLD de Kandia).
Mais en ce qui touche la viande, le déficit de contrôle au niveau
de la communauté rurale fait que l'on ignore la quantité exacte
fournie par jour et par an. Ce phénomène est surtout dû au
manque d'agents du service de l'élevage.
Le type d'élevage pratiqué dans la
communauté rurale de Kandia repose sur un système extensif et la
transhumance. Les animaux dépendent entièrement de la
disponibilité du fourrage dans les parcours naturels et les
résidus des cultures dans les champs en saison sèche pour leur
alimentation. Ce qui exerce plus de pression sur l'environnement que le
système moderne intensif (PAER, 2007). Néanmoins, dans le souci
de valoriser le potentiel existant et une volonté de modernisation du
domaine, une introduction de l'insémination artificielle a permis de
réaliser des progrès vers un élevage intensif. Mais sans
trop s'attarder à la description du secteur, on peut s'interroger sur la
manière dont l'élevage pourrait jouer un rôle
déstabilisateur pour le couvert végétal
- Comment l'activité pastorale peut-elle
contribuer à la dégradation des paysages végétaux
?
Au Sénégal, les systèmes de productions
animales sont basés pour l'essentiel sur un élevage extensif
où l'alimentation du cheptel est assurée par le pâturage
naturel essentiellement fourni par les forêts classées, les
réserves sylvopastorales et les jachères (rapport du MEPN, 2005).
C'est ce qui se passe dans la communauté rurale de Kandia. Ainsi,
l'activité pastorale peut présenter dans certaines conditions des
incidences négatives sur les paysages végétaux plus
particulièrement sur certaines espèces comme le venn (pterocarpus
erinaceus) qui est très appété par le bétail
(Kandé M. A., 2007).
Selon le même auteur, cet appétit du
bétail pour le venn amène les éleveurs à pratiquer
l'émondage et l'ébranchage des espèces fourragères
durant la saison sèche. En effet, la
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raréfaction du tapis herbacé fait recourir au
fourrage aérien. Un autre fait est que la dégradation des
conditions du milieu durant cette période (assèchement de
l'herbe) pousse parfois les éleveurs à mettre le feu pour
favoriser la repousse d'herbes vertes qui servent de nourriture au
bétail. Ainsi la régénération des formations
naturelles est retardée par la présence du bétail du fait
que les animaux préfèrent les nouvelles pousses que l'herbe
ordinaire. Les jeunes arbres constituent alors la « proie
préférée » des moutons, chèvres et boeufs.
La position géographique de la C.R de Kandia fait que
le phénomène d'amplification de la dégradation de la
végétation par l'élevage s'accentue durant ces
dernières années. Il y'a un nombre important de têtes de
bétail concentrés sur des parcours pastoraux qui se
rétrécissent d'une année à l'autre. Le massif
forestier de Kandia est un espace fragile confronté à une
augmentation considérable des effectifs des animaux qui y
pâturent. La proximité de la Gambie au nord est source de fortes
tensions entre éleveurs. En effet durant la saison sèche, de
nombreux troupeaux de bétails (ovins, caprins et ovins) transitent dans
cette zone pour aller vers l'Anambé où les conditions
naturelles sont plus favorables à l'activité pastorale. Outre,
les gambiens, on retrouve aussi des éleveurs venus du Fouta (Nord) et de
Tamba.
C'est durant ce passage que les éleveurs effectuent
des coupes abusives de certaines espèces d'arbres fourragers pour leur
bétail. Cette coupe se traduit par une destruction importante du couvert
végétal et des conflits entre populations locales et bergers
transhumants. Les lieux de passage de ces troupeaux se remarquent par le nombre
impressionnant de branches d'arbres coupées. Ce sont les grands sujets
qui font l'objet de ces émondages comme le dianela oliveri qui
est très appété par le bétail.
Photo 8 : Grand sujet coupé par
les populations Photo 9: Émondage des
grands arbres pour
l'élevage, clichés BALDE M. M., 2012
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On voit sur ces images que ce sont les grands arbres qui sont
visés même s'ils ne se trouvent pas forcément en pleine
brousse. C'est prés du village de Saré Dicory dans un champ au
courant du mois d'avril.
Cependant d'autres bergers abattent les arbres vivants pour
mieux permettre aux animaux de brouter directement les feuilles. D'ailleurs,
cet état de fait n'est pas sans conséquences entre ces bergers
transhumants et les éleveurs locaux. Ces derniers estiment que leurs
ressources sont pillées avec la complicité des autorités
de la communauté rurale qui donnent l'autorisation aux éleveurs
en transit de s'y installer. Il y'a donc naissance de conflits autour des zones
de pâturage et des points d'eau entre éleveurs d'une part et
d'autre part entre éleveurs et agriculteurs. Le phénomène
de transhumance est très répandu dans la zone frontalière
avec la Gambie que ce soit en saison sèche ou en hivernage. Durant la
saison des pluies, les éleveurs de la Gambie préfèrent
venir installer leurs troupeaux avec un nombre de personnes réduits en
territoire sénégalais afin de bénéficier des
conditions favorables de pâturage jusqu'à la fin de l'hivernage.
Cette installation augmente la pression du bétail sur les
pâturages et fragilise le milieu récepteur de cet important nombre
de têtes de bétail. Ainsi la disponibilité des ressources
est fortement éprouvée par l'activité pastorale.
En définitive, l'activité pastorale dans la
communauté de Kandia et plus particulièrement dans la zone Nord
de la C.R est un facteur amplificateur de la dégradation des paysages
végétaux. Cette partie de la Communauté rurale subit de
fortes pressions liées aux pratiques agropastorales. Toutefois,
au-delà de ces activités, il y' a également l'exploitation
forestière qui exerce des effets négatifs sur
l'écosystème.