c) La métatextualité :
Selon Vincent Jouve dans Poétique du Roman :
« Elle renvoie aux relations de commentaire entre les
textes. On la rencontre essentiellement dans les textes critiques, mais aussi,
parfois, dans les romans ».22
C'est-à-dire c'est une relation de commentaire, qui unit
un texte (A) à un autre texte (B) dont il parle sans le citer.
d) L'intertextualité :
Et selon J. Kristeva, dans Séméiotike :
« [...] le mot (le texte) est un croisement de mots (de
textes) où on lit au moins un autre mot (texte). [...] Tout texte se
construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et
transformation d'un autre texte. A
21 Gérard GENETTE, Palimpsestes.
Paris, Point. 1982, p14.
22 Vincent Jouve, Poétique du Roman,
Edition Armand Colin.
23
la place de la notion d'intersubjectivité
s'installe celle d'intertextualité, et le langage poétique se
lit, au moins, comme double. »23
C'est-à-dire Tout texte - on le sait au moins depuis
Bakhtine - se construit, explicitement ou non, à travers la reprise
d'autres textes. Aucune oeuvre n'est créée ex nihilo, et
le roman n'échappe pas à la règle.
La citation :
En ce qui concerne la citation, Antoine Compagnon
perçoit cette pratique comme fondement du jeu de toute écriture
littéraire:
« Le travail de l'écriture est une
récriture des lors qu'il s'agit de convertir des éléments
séparés et discontinus en un tout continu et cohérent
[...]. Réécrire, réaliser un texte à partir de ses
amorces, c'est les arranger ou les associer, faire les raccords ou les
transitions qui s'imposent entre les éléments mis en
présence. Toute écriture est collage et glose, citation et
commentaire ».24
Et de poursuivre:
« La citation représente la pratique
première du texte, au fondement de la lecture et de l'écriture;
citer, c'est répéter le geste archaïque du
découper-coller, l'expérience originelle du papier, avant que
celui-ci ne soit la surface d'inscription de la lettre, le support du texte
manuscrit ou
23 J. Kristeva, Séméiotike
Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points », 1969, p. 84-85.
24 Antoine Compagnon, La seconde main, pages
32,34.
24
imprimé, un mode de la signification et de la
communication linguistique ». 25
La référence :
La référence est une forme aussi explicite que
la citation mais elle établit avec le texte antérieur une
relation par absence, tout en renvoyant le lecteur à un texte sans le
citer littéralement. L'hétérogénéité
textuelle y est quasiment absente car « la référence
n'expose pas le texte cité, mais y renvoie par un titre, un nom
d'auteur, de personnage ou l'exposé d'une situation
spécifique.»26
Quand la référence nous renvoie à un
texte antérieur d'un autre auteur, autrement dit, quand elle
établit une relation entre deux textes différents d'auteurs
différents, elle reste l'une des formes de l'intertextualité.
Cependant, quand il s'agit d'une relation par référence entre
deux ou plusieurs textes d'un même auteur, il s'agit ici de
l'intratextualité qui met en évidence l'auto
référence, l'auto influence d'un auteur, et les
différentes relations entre ses oeuvres (textes) disparates.
Le plagiat :
Pour le cas du plagiat, il se distingue de la citation en ce
qu'il cite littéralement un texte étranger sans signaler sa
présence: il y a absence de marques citationnelles.
25 Antoine Compagnon, La seconde main, pages
35, 36.
26 Tiphaine Samoyault, L'Intertextualité,
mémoire de la littérature, Nathan, 2001, p 70.
D'après Maurel-Indart :
« Cette pratique consiste en une obsession de
l'originalité: Le plagiaire, enfermé dans le passé des
autres, se heurte à un déjà-dit qu'il tente en vain de
recomposer et d'interpréter à sa manière propre. Le
plagiat doit s'entendre alors comme un emprunt thématique et / ou
stylistique non avoue, c'est-à-dire sans référence a
l'oeuvre d'origine, fait a une oeuvre littéraire préexistante. Il
est, en quelque sorte, une pure et simple reproduction, a l'identique, d'un
extrait d'oeuvre littéraire ou, simplement, un emprunt illicite
».27
C'est donc l'appropriation illégale des passages, des
extraits d'oeuvres littéraires, etc. sans mentionner des informations
à propos de sa véritable source.
L'Allusion :
Par définition Léon Somville la définit
dans son oeuvre, Réflexions sur l'intertexte l'allusion est un
:
«Énoncé dont la pleine intelligence suppose
la perception d'un rapport entre lui et un autre auquel renvoie
nécessairement telle ou telle de ses inflexions, autrement non
recevable».28
Il faudrait noter, au passage, que l'allusion ne se rapporte
pas a un extrait précis du texte convoque qui n'est pas présent
littéralement, mais
27 MAUREL-INDART, Hélène, Du
Plagiat, Paris: Presses Universitaires de France, 1999.
25
28 Léon Somville, Réflexions sur
l'intertexte, Ed : DRESAT, 1982 pages 1-9.
26
apparait a travers un réseau d'indices plus ou moins
clairs. Selon Angenot :
« On considère comme allusif tout
énoncé qui, outre son sens littéral, apparaît comme
la reprise, non identifiée comme telle et dans un nouveau contexte,
d'une phrase connue ou censée connue. L'allusion a pour effet de
rappeler économiquement la situation d'origine, de permettre un
rapprochement avec celle qui est actuellement évoquée, et de
mettre en place un réseau intertextuel qui permettra des contaminations
axiologiques ».29
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