Première Partie :
Outils Théoriques
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Premier chapitre :
L'intertextualité et
ses approches
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Dans cette partie nous tenterons tout au long de
l'étude intertextuelle, de rendre compte de toutes les ouvertures du
roman aux autres textes. Par la présentation de la notion de la
transcendance textuelle ou la transtextualité toute en recourant, comme
un rappel par la définition de l'intertextualité et ses approches
comme une nouvelle notion dans le champ de la critique littéraire.
1- Définition de l'intertextualité :
Nul ne peut nier aujourd'hui que la richesse d'un texte
littéraire, quel qu'il soit, teindrait surtout et essentiellement
à sa grande capacité et son pouvoir de se nourrir des autre
textes
« L'intertextualité est donc le mouvement par
lequel un texte réécrit un autre texte, et l'intertexte
l'ensemble des textes qu'une oeuvre répercute »11
Ce qui veut dire que tout texte donné est
élaboré à partir de fragments de textes antérieurs,
ainsi l'intertextualité devient un mouvement par lequel un texte
récrit un autre texte.
2- Les approches de l'intertextualité :
Pour Julia Kristeva, l'intertextualité
:
« Est une dynamique textuelle, elle fait valoir que
le texte n'est pas un objet fermé conçu selon une volonté
transcendante, mais le lieu d'un travail où interagissent
l'activité scripturale, l'ensemble des textes
déjà-là et le lecteur producteur d'un sens.
L'intertextualité est donc est une qualité du texte, une
dimension de sa littéralité... ».12
11 Nathalie Piegay-Gros, Introduction à
l'intertextualité, Ed Dunod, Paris, 1996, P16.
12 Julia Kristeva, Sémiôtiké.
Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 147.
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De ce fait souligne que :
« L'intertextualité comme un processus
indéfini (...) il s'agit moins d'emprunts, d'imitations et de filiations
que de trace le plus souvent inconscientes, difficilement isolables
»13.
Donc, selon Kristeva, l'intertextualité n'est pas une
simple imitation, ou reproduction, mais plutôt une
productivité.
L'intertextualité est également
considérée non plus comme un élément produit par le
travail symbolique de l'écrivain (L'écriture) mais comme un effet
de lecture.
Dans ce sens, Michael Riffaterre redéfinit
l'intertextualité :
« Comme la perception par le lecteur de rapport entre
une oeuvre et d'autres qui l'ont précédée ou suivie
»14.
C'est donc au lecteur de détecter, d'identifier et de
signifier l'intertexte.
Riffaterre considère l'intertextualité comme une
contrainte car au cas où l'intertexte n'est pas détecté
c'est la nature même du texte qui est manquée. Sachant que
l'intertexte évolue de manière historique, le savoir, la culture
ainsi que la mémoire des lecteurs évoluent et se modifient avec
le temps.
L'ensemble de référents (cultures, religieux,
mode de vie...) communs à telle ou telle génération
change. Ainsi, les textes tendent à redevenir opaques ou à perdre
de leur signification du moment que leur intertextualité devient
illisible.
13 Julia Kristeva, Sémiôtiké.
Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 146.
14 Michael Riffaterre, La trace de
l'intertexte, « La Pensée, N°215, Octobre 1980 »,
P.33.
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Dans la même optique, à l'image de Riffaterre,
Roland Barthes définit l'intertextualité :
« Par un effet de lecture mais la perçoit
comme un élément fondamentale qui nous permet de revendiquer la
subjectivité de la lecture ».15
Barthes dans Le plaisir du texte, parle des
ramifications qu'une mémoire alertée par un mot, une impression,
un thème, engendrera d'un texte donné. (Pour Barthes,
l'écrivain français Proust représente la prime à
travers lequel il lit dans les autres textes).
« Texte veut dire Tissu, mais alors que jusqu'ici, on
a toujours pris ce tissu pour un produit, un voile tout à fait,
derrière lequel se teint, plus ou moins cacher le sens (la
vérité), nous accentuons maintenant, dans le tissu, l'idée
générative que le texte se fait, se travaille à travers un
entrelacs perpétuel ; perdu dans ce tissu, cette texture - le sujet s'y
défait, telle une araignée qui se dissoudrait elle-même
dans les secrétions constructives de sa toile. Si nous aimons les
néologismes (nous soulignons) nous pourrions
définir la théorie du texte comme une hypologie (hypos, c'est le
tissu et la toile d'araignée »16.
Genette pour sa part définit l'intertextualité,
contrairement aux autres théoriciens :
"Je définis [l'intertextualité], pour ma
part, de manière sans doute restrictive, par une relation de
coprésence entre deux ou plusieurs textes, c'est-à-dire [...] par
la présence effective d'un texte dans un autre."17
15 Roland Barthes, Le plaisir du texte,
Paris, Seuil, 1973.
16 Roland Barthes, Le plaisir du texte,
Paris, Ed Seuil, Points Essais, 1973, P.85.
17 Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.
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