I.4 Les effets macroéconomiques des dommages
Les effets macroéconomiques correspondent aux impacts
de la catastrophe ayant modifié les performances des principales
variables économiques du des communes de Karimama et de Malanville en
supposant que les autorités communales compétentes ne
procèdent à aucun ajustement. Dans la mesure où ils
traduisent les répercussions des dommages directs et des pertes
indirectes, ils ne doivent pas y être ajoutés. Les estimations des
effets macroéconomiques représentent plutôt une
façon complémentaire d'évaluer les dommages directs et les
pertes indirectes, sous un angle différent. La quantification des effets
macroéconomiques s'effectue généralement au niveau de
l'économie nationale dans son ensemble. Les spécialistes
sectoriels doivent fournir aux macro économistes des informations leur
permettant d'avoir une vue complète des impacts sur les variables
économiques principales. Le pays représente l'unité de
base pour ce type d'analyse, mais il est aussi possible de réaliser des
exercices similaires pour des catastrophes affectant des zones ou
régions plus restreintes
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(province, État, département ou commune)
à condition de disposer des informations correspondantes
nécessaires. Pour obtenir une estimation correcte des effets
macroéconomiques d'une catastrophe, il faut disposer d'une
prévision fiable des évolutions de chacune des variables dans un
contexte hors catastrophe. Ces projections servent de valeur de
référence pour mesurer le degré de perturbation des
résultats par la catastrophe par rapport à ce qui se serait
produit sans elle et l'ampleur de l'impact du recul des principales variables
sur la capacité du pays à répondre aux besoins
suscités par la réhabilitation et la reconstruction. Elles
servent également à définir les besoins d'aide
internationale, notamment d'aide financière. Les effets
macroéconomiques les plus importants d'une catastrophe sont ceux qui
affectent : la croissance du produit intérieur brut et de la production
des secteurs ; la balance des paiements courants (en raison des variations de
la balance commerciale, du tourisme et des services, ainsi que des
décaissements liés au paiement des importations et des services
extérieurs, etc.) ; l'endettement et les réserves
monétaires ; et, les finances publiques et l'investissement brut. Selon
les caractéristiques de la catastrophe, il est souvent recommandé
de procéder à une estimation des effets sur la hausse des prix,
l'emploi et le revenu des ménages ainsi que des variations de la
notation du risque souverain, des liquidités et des taux
d'intérêts intérieurs. Le produit intérieur brut
peut se trouver compromis par des réductions de production dans les
secteurs touchés, ou, conforté par les opérations de
reconstruction. Lorsque la production faiblit, les exportations risquent de se
réduire et il sera peut-être nécessaire d'importer des
biens pour satisfaire la demande intérieure, ce qui pèsera tant
sur la balance commerciale que sur la balance des paiements. Les
dépenses du secteur public ont généralement tendance
à augmenter suite aux décaissements effectués au cours des
phases d'urgence et de réhabilitation ou aux subventions
accordées aux groupes de population particulièrement
touchés. Les recettes fiscales risquent de diminuer avec la baisse du
recouvrement des impôts liée aux réductions de la
production
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et des exportations ou encore, à cause d'une
décision d'allègement temporaire de la pression fiscale pour
aider les secteurs fortement touchés. C'est une combinaison des
situations décrites ci-dessus qui peut provoquer ou aggraver le
déficit budgétaire. Certains prix risquent aussi d'augmenter en
raison des pénuries provoquées par les demandes
particulières liées à la reconstruction, ou par la
spéculation, ce qui lancera l'inflation. Le niveau des réserves
internationales du pays ou sa capacité à respecter les
engagements pris au titre du service de la dette peuvent aussi être
altérés à un degré variant en fonction des
performances économiques du pays antérieures à la
catastrophe ou de l'amplitude des effets de la catastrophe. Les effets
macroéconomiques à prendre en compte concernent aussi les
éventuelles détériorations des conditions de vie des
populations touchées provenant des difficultés
d'approvisionnement, de la réduction de la disponibilité des
services essentiels et, tout particulièrement, des pertes d'emploi
accompagnées de baisses de revenus correspondantes. Bien qu'on ne puisse
pas évaluer en termes monétaires la diminution de la
qualité de vie, il est possible de quantifier les effets d'une
catastrophe sur une population ou la chute des revenus provoquée par la
paralysie partielle, temporaire ou totale des activités. Les
spécialistes sectoriels, afin d'évaluer et d'effectuer une
consolidation générale des effets macroéconomiques,
doivent calculer les pertes de production de biens ou de services à
prévoir pendant la période qu'ils estiment nécessaire pour
la remise à niveau des terres cultivables, des équipements
productifs ou des infrastructures physiques et sociales. Il leur faut aussi
recueillir des informations de référence leur permettant
d'évaluer les impacts sur d'autres variables macroéconomiques
déjà mentionnées (emploi, revenus, exportations,
importations, investissement brut, recouvrement de l'impôt, etc.). Chaque
spécialiste doit analyser les informations sur l'évolution de son
secteur, telle qu'elle était prévue avant la catastrophe, en se
fondant sur ses performances récentes ou sur les objectifs
établis dans chacun des plans sectoriels adoptés par les
autorités avant la catastrophe. Il est important de
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jauger l'amplitude de la catastrophe pour être en mesure
de définir la longueur de la période durant laquelle doivent
être estimés les effets macroéconomiques.
L'expérience acquise démontre que normalement une "durée
raisonnable" correspond au restant de l'année au cours de laquelle se
produit la catastrophe (court terme) auquel s'ajoute une, deux, voire cinq
années dans des circonstances exceptionnelles (moyen terme).
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