CHAPITRE III : LES EFFETS GLOBAUX DES INONDATIONS DANS
LES COMMUNES DE KARIMAMA ET MALANVILLE
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Ce chapitre fait le point des effets globaux des risques
d'inondation. Il Traite également des effets sur l'environnement,
l'impact sur les femmes, les effets macroéconomiques des dommages,
l'emploi et les revenus et enfin les vulnérabilités de la
population face aux contraintes climatiques .
I. Revue générale des dommages des
catastrophes naturelles : les inondations
I.1 Synthèse des problèmes, causes et
conséquences des inondations
L'eau, comme vous vous en doutez, nous est d'une grande
utilité, mais elle peut également constituer un danger. En effet,
trop d'eau provoque l'inondation, mais trop peu d'eau mène à la
sècheresse. Trop rare, l'eau est source de conflits ; impure, elle est
l'origine de nombreuses maladies. Malheureusement, ces différents cas de
figures peuvent provoquer des catastrophes, c'est-à-dire, des
bouleversements soudains et violents qui peuvent détruire nos vies, nos
biens et polluer notre environnement. Les populations sont confrontées
à l'inondation due à la crue du fleuve Niger, exposant ainsi les
ménages déjà vulnérables à la
pauvreté, à un désastre riche de conséquences
néfastes. Ces inondations sont causés par :
Des pluies violentes ou durables
Les crues saisonnières
une mauvaise gestion de l'environnement ;
une mauvaise utilisation des sols ;
l'occupation des zones à risques(les lits de
rivières, les marécages, les
exutoires naturels des eaux pluviales etc.) ;
la vulnérabilité et la pauvreté.
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Figure 7: Synthèse des problèmes, causes
et conséquences des inondations Source :
Enquête de terrain, 2014
Dans les zones humides, ce cycle d'inondations s'avère
favorable à la productivité et à la préservation de
la diversité biologique. Dans les années 1960, ces inondations
annuelles étaient extrêmement bénéfiques : les
plaines inondables étaient parmi les écosystèmes les plus
productifs de la terre
Ainsi, presque tous les ans, on assiste à des
inondations dans les communes de Karimama et Malanville. Ces inondations ont
occasionné des dégâts au niveau des infrastructures, des
moyens d'existence et des biens. Il s'ensuit le plus souvent, des risques
graves de maladies telles que le choléra, le paludisme, etc.
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Tableau IV: Synthèse des causes, période
de survenue, durée et victimes
Risques
|
Causes
|
Période de survenue
|
Durée de la crise
|
Victimes
|
|
Occupation des lits d'écoulement des
|
Une saison des
|
Trois (03
|
Femmes
|
|
eaux, crue, qualité du sol,
pluviométrie, insuffisance
|
pluies de mi- mai à octobre
|
mois)
|
enceintes, personnes
|
Inondation
|
d'ouvrages d'assainissement,
incivisme, mauvaise utilisation des
|
avec un
maximum de
|
|
âgées, enfants, personnes
|
|
ouvrages d'assainissement, position géographique de la
ville
|
pluies en août.
|
|
handicapées, pêcheurs, jeunes, commerçants
|
Source : Enquêtes de terrain, 2014
Ces deux dernières décennies, le Bénin
fait face à de crises d'inondation liées aux variabilités
et changement climatiques. Nous n'en voulons pour preuve que les inondations de
2013, 2012, 2010, 2009, 1999 et 1997 pour ne citer que celles-là dans la
zone d'étude.
Tableau V: Récapitulatif des effets des
inondations de 2010,2012 et 2013 sur la population de Malanville et de
Karimama
|
Communes
|
Population totale
|
Populations touchées
|
Enfants 0-5 ans
|
Femmes enceintes
|
Population à risque
|
2010
|
Karimama
|
53009
|
26504
|
5301
|
1325
|
6626
|
Malanville
|
136112
|
27222
|
5444
|
1361
|
6805
|
2012
|
Karimama
|
56409
|
36640
|
6607
|
1544
|
28489
|
Malanville
|
144843
|
7217
|
1118
|
148
|
5951
|
2013
|
Karimama
|
66675
|
20889
|
5702
|
1101
|
14086
|
Malanville
|
168006
|
21433
|
4286
|
1072
|
16075
|
Source : Enquêtes de terrain, 2014
En effet, le Bénin a subi en 2010 des inondations d'une
ampleur exceptionnelle au regard des dégâts qu'elles ont
causées sur les plans humain, sanitaire et matériel (46 cas de
décès enregistrés, 680 000 personnes sinistrées et
127,1 milliards de FCFA de pertes et dommages suivant les évaluations
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officielles de l'Agence des Nations Unies en charge des
Affaires Humanitaires).Le rapport du Post Disaster Need Assessement (PDNA) a
révélé :
? Au plan macroéconomique, une baisse de 0,8 point du
PIB national par rapport aux estimations de septembre 2010 ;
? Une hausse de 0,7 point du taux de pauvreté par
rapport à la situation d'avant l'inondation ;
Photo 1: Niveau du piézomètre dans le
fleuve dans le fleuve Niger à Malanville
2010
Prise par Hervé A(Caritas), Novembre
2010
En 2012, encore, précisément le mois
d'août, le Bénin a fait face à une crise d'inondation
localisée surtout dans les communes de Karimama et de Malanville. Cette
crise est survenue suite à la crue du fleuve Niger et sous l'effet des
pluies diluviennes.
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Photo 2: Des hectares de riz engloutis par le fleuve
Niger en crue en 2012 Prise par Arsène D. (Septembre
2012)
Au total 50 000 personnes sinistrées sont
recensées dans le cadre de la mission d'évaluation
diligentée par le Système des Nations Unies; 10 (dix) cas de
décès ont été officiellement
déclarés. Ces inondations ont surtout affecté les communes
de Karimama et de Malanville qui concentrent près de 45 000
sinistrés. Les dégats engendrés sont importants et de
plusieurs ordres.
Enfin en 2013 à Karimama, on dénombre plusieurs
cases détruites dans 45 villages. Le nombre total de sans-abris est
estimé à 20 889 personnes. A Malanville, les hameaux
situés dans le lit ou en bordure du fleuve Niger sont détruits
à plus de 85 %, Au total quatre sites de déplacés sont
installées dans la commune. 42 322 personnes sinistrées sont
recensées.0 (zéro) cas de décès ont
été officiellement déclarés. Ces inondations ont
surtout affecté les communes de Karimama et de Malanville qui
concentrent près de 43 000 sinistrés.
Les dégâts engendrés au cours de ces
inondations ont été importants et concernent entre autres les
pertes en vies humaines, la destruction des habitations, le ralentissement des
activités économiques et la baisse de production et
l'insécurité alimentaire, la dégradation de la situation
socio-sanitaire.
La plupart des risques de mortalité et de pertes
économiques lors de catastrophes sont intensivement concentrés
dans une très petite portion de la surface terrestre
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exposée à des aléas certes rares mais
d'une extrême violence. Toutefois, les dégâts de faible
intensité constatés sur les logements, les infrastructures
locales, les cultures et le bétail, qui perturbent et érodent les
moyens de subsistance, sont dispersés de manière extensive sur
les territoires des pays et se produisent très fréquemment. Les
dégâts de ce type représentent une dimension
considérable des impacts des catastrophes mais rarement
signalée
Photo 3: Ecole primaire inondée de
Malanville
centre
Prise par Arsène D (Août
2O13)
|
Photo 4 : Cases affaissées
dans l'Arrondissement de Kompa, commune de
Karimama
|
Prise par Arsène D. (Août
2013)
Les inondations pourraient augmenter d'ampleur et de
fréquence dans beaucoup de régions du fait de la fréquence
accrue des épisodes de fortes précipitations, qui peuvent
accroître l'écoulement dans la plupart des zones et faciliter la
recharge des nappes souterraines dans certaines plaines inondables. C'est le
cas dans les communes de Karimama et de Malanville. Les changements
d'affectation des terres pourraient accentuer ces phénomènes.
Pendant les périodes de basses eaux, le débit des cours d'eau
devrait diminuer dans de nombreuses régions en raison d'une
évaporation accrue, dont les effets pourraient être
amplifiés ou neutralisés par les modifications de la
pluviosité. Le
changement climatique projeté devrait en outre
contribuer à diminuer la qualité des ressources en eau en
élevant leur température et en augmentant la charge polluante
provenant des écoulements et des débordements des installations
de traitement des déchets. Alors que la réduction des
débits devrait encore accentuer cette perte de qualité, leur
augmentation pourrait cependant atténuer, dans une certaine mesure, la
dégradation de certaines ressources en eau en favorisant la dilution.
Tableau VI : Situation pluviométrique des
communes de Karimama et de Malanville
Mois
|
Campagne 2012-2013
|
Campagne 2013-2014
|
Hauteurs (mm)
|
Nombre de jours
|
Hauteurs (mm)
|
Nombre de
jours
|
Janvier
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Février
|
47,5
|
1
|
0
|
0
|
Mars
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Avril
|
0
|
0
|
143
|
3
|
Mai
|
54
|
4
|
17
|
1
|
Juin
|
105,33
|
7
|
121,5
|
5
|
Juillet
|
220
|
9
|
235,5
|
10
|
Août
|
152
|
8
|
196
|
7
|
Total
|
578,83
|
29
|
713
|
26
|
Source : Enquête de terrain, 2014
250
200
150
100
50
0
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août
Cp 2012-2013 Cp 2013-2014
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Figure 8: La pluviométrie des campagnes
2012-2013 et 2013-2014
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Sources des données : ASECNA, Juillet
2014
Comme on peut le constater, la pluviométrie de cette
campagne, largement supérieure à celle de la campagne
dernière au 31 Août 2013, a contribué à la
montée des eaux du fleuve ; mais la principale cause de l'inondation
demeure, tout comme lors les années dernières, la forte
précipitation dans les localités situées en amont de notre
pays (Niger, Mali, Sénégal, etc.), entrainant la crue du fleuve
Niger suivie automatiquement des débordements de ses eaux dans la
vallée.
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