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Slow media : émergence d'un journalisme narratif sur le web.

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par Elena JOSET
Université Sciences Humaines et Arts Poitiers - Master Information-Communication, Web éditorial 2016
  

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2.3- Présentation des données issues de l'analyse de contenu

2.3.1- Description générale des documents et mise en contexte des reportages ? Longueur des contenus

Les deux reportages sont indéniablement des contenus long-format : l'un comprend environ 21000 signes et le second, 19000. Cette longueur de contenu diffère de celle généralement employée dans les médias d'information en continu.

? Des reportages intégrés à des séries

Le reportage du Quatre Heures est accessible depuis le menu de la page d'accueil du site. Le lecteur est invité en priorité à consulter le dernier reportage publié, mais il peut également remonter le fil de publication pour accéder aux articles publiés antérieurement. Classés de manière antichronologique par « saison », les seize premiers reportages du Quatre Heures sont quant à eux classés en deux « saisons » thématiques. La première s'intitule « Lutte ouvrière », la seconde, dont le reportage analysé fait partie est titrée « Ailleurs en France ». Publié le 3 décembre 2014, le reportage « Sur les bancs des quartiers nord » est le premier de la saison 2, et le 12e reportage publié sur le site du Quatre Heures.

« Le choix des orientés » quant à lui est accessible sur le site des Jours depuis l' « obsession » intitulée « Les années collège ». L'utilisateur a alors accès à tous les reportages publiés au sein de cette « obsession » de manière antichronologique. Publié le 25 mars 2016, ce reportage est le 16e épisode de la série qui en contient une vingtaine.

? Méthode d'immersion

Les deux reportages, par définition, sont le fruit d'une immersion dans un milieu observé, en l'occurrence, un collège. Si les journalistes du Quatre Heures se sont immergés pendant un mois au sein du collège Arthur Rimbaud, la reporter et le photographe des Jours ont choisi de se rendre une fois par semaine et pendant un an au collège Aimé Césaire dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Nous verrons que ces différentes méthodes d'immersion se révèlent notamment dans les modes narratifs de chacun des reportages.

2.3.2- Identification des éléments structurels du récit ? Des titres évocateurs et incitatifs

Les titres ne sont pas purement informatifs, mais plutôt incitatifs dans la mesure où ils évoquent, à travers des figures de style, le sujet et l'enjeu du reportage. S'appuyant sur un jeu de mots, le titre du reportage des Jours est polysémique : « Le choix des orientés » peut être entendu comme tel ou bien phonétiquement comme « Le choix désorienté ».

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Le titre du Quatre Heures quant à lui, repose sur une métaphore : « Sur les bancs des quartiers nord » indique au lecteur que l'histoire traite de scolarité (« sur les bancs ») et de la ville de Marseille (« quartiers Nord »).

? Identification de l'histoire, du sujet et du cadre spatio-temporel

Les deux histoires se déroulent dans des collèges classés ZEP où la majorité des élèves sont issus de classe sociale défavorisée. Les deux reportages traitent des voeux d'orientation en lycée professionnel ou général des élèves de 3e, une étape d'autant plus cruciale que les élèves peuvent quitter l'école à 16 ans, soit après le brevet des collèges. Si les reportages traitent globalement de la même problématique, les histoires ne se déroulent pas exactement au même moment.

En effet, le reportage des Jours s'appuie sur « un moment charnière 171» de l'année, à savoir celui de la remise du bulletin du second trimestre aux élèves et de l'avis du conseil de classe au sujet des leurs voeux d'orientation. Les élèves doivent en effet choisir entre une filière professionnelle ou générale. L'histoire se déroule donc en mars, après le conseil de classe et à trois mois du brevet des collèges. Puisque le reportage s'inscrit dans une série d'épisodes, la remise du bulletin du second trimestre constitue un des moments clés de l'année scolaire rapportés par la journaliste.

L'histoire racontée par Marine Courtade et Ulysse Mathieu se situe quant à elle un mois avant le passage de l'examen. Les élèves ont effectué leurs voeux d'intégrer un lycée professionnel ou général. La prochaine étape avant le brevet est celle du dernier conseil de classe de l'année durant lequel les professeurs vont valider ou non les voeux de chacun des élèves. À ce titre, la validation des professeurs s'appuie sur les résultats des élèves, et non sur leurs aspirations professionnelles.

? Identification du schéma narratif

On peut identifier le schéma narratif quinaire du reportage du Quatre Heures de la manière suivante : la situation initiale correspond au fait que les élèves de 3e sont à leur dernière année de collège ; l'approche du dernier conseil de classe et la validation par les professeurs des voeux d'orientation constituent la complication ou l'élément perturbateur de l'histoire. Les actions sont moins identifiables, mais celles-ci peuvent correspondre aux événements qui se déroulent avant le conseil de classe : les derniers examens, les rendez-vous auprès des parents et élèves pour discuter des choix d'orientation, le cours d'arts plastiques permettant aux élèves d'évoquer leurs souvenirs des années collège en dessin. Le conseil de classe, événement qui se déroule en huis clos et auquel les reporters ne peuvent assister, peut être assimilé à la résolution. Enfin, la situation finale correspond au bilan du conseil de classe, et au fait que Ramzy, délégué, va devoir apprendre à Johan une mauvaise nouvelle, celle de ne pas être accepté en lycée général.

Si le schéma narratif du reportage issu du Quatre Heures est relativement simple à identifier, déterminer celui du reportage des Jours est plus complexe. En effet, le reportage représente un des « épisodes » de la série « Les années collège ». De fait, le reportage constitue à lui seul une des étapes de l'ensemble du schéma narratif sur lequel s'appuie la série entière. On peut d'ailleurs considérer « Le choix des orientés » comme relevant d'une action, dans la mesure où la remise du bulletin du second trimestre avec l'avis des professeurs au sujet des choix d'orientation permet aux

171 GÉRAUD, Alice. LAMBERT, Simon. Les années collège. Les Jours. [En ligne]. 8 novembre 2015. [Consulté le 20 février 2016]. Disponible à l'adresse : http://lesjours.fr/obsessions/les-annees-college/

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élèves de résoudre une perturbation, celle de ne pas être intégré en filière générale si leurs notes sont insuffisantes. À la lecture de cet « épisode », l'internaute ne connait pas la situation finale, à savoir, si les élèves sont acceptés ou non dans les filières souhaitées.

? Identification des personnages et de leur rôle

Les deux reportages intègrent les mêmes catégories de personnages : le corps enseignant, les élèves et leurs parents. Chaque reportage accorde plus ou moins de place à ces catégories de personnages. On note d'ailleurs que l'importance accordée aux personnages peut s'évaluer en fonction de la prise de parole de chacun.

Les deux reportages donnent la parole au professeur principal : Mélanie Clément professeur de français pour la classe de 3e2 du collège Arthur Rimbaud à Marseille ; Antoine Labaere, professeur d'histoire-géographie de la classe de 3B du collège Aimé Césaire à Paris.

Les professeurs ont tous les deux une trentaine d'années. Le Quatre Heures précise que Mélanie Clément est enseignante depuis six ans.

Dans chacun des reportages, on rapporte également la parole d'autres enseignants : Pierre Martin, professeur d'histoire-géographie au sein du collège marseillais ; Éléonore Garcia, professeure de français au sein du collège parisien.

Alors que Le Quatre Heures interroge les assistants d'éducation (AED) ainsi que le principal adjoint du collège Arthur Rimbaud (Emmanuel Têtu), le reportage des Jours, lui, n'accorde peu, voir pas de place, à la direction de l'établissement, ni aux assistants d'éducation. Cependant, la parole leur est donnée au sein des autres « épisodes » qui composent la série « Les années collège ». Ainsi, cet épisode n°16 dédié à la remise des bulletins du second trimestre fait essentiellement parler le professeur principal, Antoine Labaere.

Par ailleurs, tandis que les élèves du collège Arthur Rimbaud s'expriment largement dans le reportage du Quatre Heures, ceux du collège Aimé Césaire ne parlent peu ou pas. Ce sont davantage les parents des élèves qui s'expriment que les élèves eux-mêmes. Ce silence de la part des élèves est certainement lié à l'événement même de l'histoire, celle de la remise de bulletins, durant lequel les adolescents sont peu loquaces.

Bien que la prise de parole de chacun des personnages soit variable, il n'en reste pas moins que la grande majorité d'entre eux est désignée par leur prénom (pour les élèves) et nom (pour le corps enseignant). De plus, chaque personnage nommé et auquel le reporter donne la parole est représenté en image.

Il est important de noter que chaque élève possède un rôle précis au sein de l'histoire. Dans le reportage du Quatre Heures, les élèves ont des vies, des parcours, et des ambitions différentes : Naïma, qui vit avec sa tante dans un appartement insalubre est arrivée de la Réunion en cours d'année et aspire à une «vie meilleure » ; Kenza est « la meilleure de la classe » et « son 18 de moyenne fait figure d'exception » ; Shérazade, qui a failli arrêter l'école pour faire le guet au service des « caïds » de son quartier, est une élève qui se fait fréquemment exclure de cours tout en avouant que « c'est normal », car elle n'est pas « gentille » ; Yacine rêve d'une carrière de footballeur ; Vedat, enfant d'immigrés kurdes, est la fierté du collège, mais le fait qu'il n'est pas la

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nationalité française l'empêche d'intégrer l'école militaire ; Johan, l'un des rares élèves à savoir précisément ce qu'il souhaite faire plus tard, à savoir infirmier, n'a pas les résultats suffisants pour aller en lycée général ; enfin, Ramzy, dont l'ambition est d'être professeur de sport, assiste en tant que délégué au conseil de classe et apprend que Johan et lui ne sont pas acceptés en filière générale.

L'épisode n°16 des Jours n'en dit pas autant sur la vie personnelle des élèves cités. On sait cependant que Mariama doit remonter ses notes si elle veut passer en lycée général ; Dalikatou, arrivée du Sénégal en début d'année, reçoit un avis favorable pour intégrer une filière générale ; Louanne, meilleure élève de la classe, écoute les préconisations des enseignants pour intégrer une filière générale alors que celle-ci souhaitait poursuivre ses études en lycée professionnel ; Spewell est considéré par les enseignants comme un élève en « décrochage scolaire » ; Matéa, comme son frère jumeau, a changé d'avis à maintes reprises sur son orientation et cherche avec sa mère le métier qu'il souhaite faire ; Moussa, quant à lui, assiste à la remise de bulletin sans ses parents et reste silencieux face aux questions que lui posent son professeur principal concernant ses mauvais résultats et son orientation.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery