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Le design comme moyen de reconstruction d'une identité territoriale. Cas de la ville de Saint-Etienne.

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par Inès Marandon
Kedge Business School - Master Ecole Supérieur de Commerce 2016
  

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1.2 Un intérêt grandissant pour Ce design depuis Ces années 1980

L'Etat s'est beaucoup investi pour soutenir et promouvoir le design français contemporain. Claire Fayolle a réalisé un état des lieux du design français contemporain. D'après elle, « au cours de ces vingt dernières années, le design a suscité un intérêt général touchant aussi bien sa médiatisation, son enseignement que son développement ».

Dans les années 1980, de nombreuses entités ont vu le jour comme :

- La Délégation aux arts plastiques (1982) rattachée au Ministère de la Culture qui définit et met en oeuvre la politique de l'Etat dans le domaine de la création (aide, diffusion, enseignement)

- L'Ecole nationale supérieure de création industrielle (1982)

- Un département « Design » à l'Ecole des Beaux-Arts (1980).

Durant la même époque, les musées s'intéressent également au design :

- Le centre de création industrielle au Centre Pompidou organise des expositions importantes dont « Nouvelles tendances » (1987), « Design français 1960-1990 : trois décennies » (1988)

- Le musée des Arts décoratifs de Paris inaugure en 1985 de nouvelles salles dédiées uniquement à la création moderne et contemporaine.

- De nombreuses galeries dédiées au design apparaissent à Paris.

En 1979, le comité de développement des industries françaises de l'ameublement crée, avec le soutien du ministère de l'Industrie, l'association VIA : Valorisation pour l'Innovation dans

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l'Ameublement. Cette dernière consiste à valoriser et promouvoir la création française dans le secteur de l'ameublement, en France et à l'étranger. Cette association finance également des prototypes exposés lors de divers évènements comme les salons du meuble de Paris et Milan... Une autre aide est créée par Claude Levy-Soussan en 1983, la Bourse Agora, qui soutient les projets de jeunes talents (moins de 35 ans). S'ajoutent à cela la première quadriennale internationale du design en 1986, à Lyon et dans sa région.

La Presse s'intéresse également au design : Pascaline Cuvelier et sa célèbre chronique « Glose de styles » dans Libération ; Chantal Hamaide lance le premier magazine français « Intramuros » spécialisé dans le design...

Tous ces exemples montrent que le design devient de plus en plus visible à partir des années 1980 : délégations, écoles, musées et galeries d'art, associations, événements, presse... Néanmoins, le design reste à cette époque encore oublié par beaucoup de domaines. Malgré toutes les initiatives positives en faveur du design, il reste essentiellement « un secteur parmi d'autres, celui du mobilier et plus largement des accessoires et objets pour la maison ».5 L'industrie française du meuble, mise à part quelques exceptions comme Roset (Ligne Roset et Cinna), ne s'est paradoxalement jamais lancée avec dévotion dans la création contemporaine. Il en est de même pour les médias qui ne valorisent pas le design : design industriel, packaging, identité visuelle, architecture commerciale, etc.

Les agences de design sont des « acteurs pourtant essentiels ». En France, cette époque, il y a deux types d'agences : les petites agences de moins de 10 salariés, et les grandes structures, plus rares, comme Dragon Rouge (170 personnes en France) ou Carré Noir (110 personnes en France).

5 Vial Stéphane, Court traité du design, Paris, Presses Universitaires de France « Quadrige », 2010, 124 pages.

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Les années 1990 sont le début d'un profond changement, où à cette période, deux manifestations majeures lui sont consacrées :

- « Caravelles 2 », quadriennale internationale de design (Lyon, 1991)

- « Design, miroir du siècle » (Grand Palais, 1993)

La naissance de la collection de design du MNAM-CCI (1992) fait également partie de cette dynamique. Concernant la politique design, en 1994, l'APCI met en place l'Observateur du design en 1999 pour repérer les réalisations innovantes grâce au design et leur décerner le Label de l'Observateur du design (Agence pour la Promotion de la Création Industrielle).

Côté musées, une situation paradoxale a peu à peu vu le jour : les trois principales collections muséales de design françaises, celles du Centre Pompidou, du musée des Arts décoratifs de Paris et du musée d'Art moderne de Saint-Etienne n'offrent guère de visibilité : la première en raison d'un accrochage restreint, la deuxième pour cause de travaux de rénovation, la troisième en raison d'une présentation épisodique. Et les grandes expositions manquent à l'appel.

En parallèle à cet engouement des musées pour le design, de nombreux musées provinciaux ont montré leur intérêt pour le design contemporain (dans leur présentation notamment, souvent grâce à des dépôts du FNAC). Le design émerge non seulement à Paris mais également dans les provinces.

Lors des années 1990, le « design intégré » émerge dans les entreprises : « il ne concerne plus seulement les grands groupes industriels mais aussi les PME-PMI tels les équipementiers automobiles - Valeo, Faurecia, Trèves... ou le monde de la distribution... » (Pijaudier-Cabot, 2002). Dans les grandes entreprises, les designers sont de plus en plus reconnus comme étant importants. On assiste à de nombreux regroupements des équipes de design intégré, comme par exemple Renault ou Salomon, qui ont créé un bâtiment autonome de design, ou Décathlon qui instaure un département de « design avancé ». Durant cette période, le secteur automobile est un « leader incontournable en matière de design intégré ». Les designers sont désormais « appelés à réfléchir à l'avenir des grandes entreprises, à l'innovation ». L'avancée du design en entreprise est également marquée par la multiplication des concours auprès des étudiants et des professionnels.

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Les années 2000 sont caractérisées par un renouveau du vivier créatif. Au début des années

2000, « seul le travail de Philippe Starck, grand marketeur de sa propre image, semble

retenir les attentions ». C'est également l'époque où de nouveaux designers se font

connaître : Biecher, Bouroullec, Crasset, Jouin, Colucci, Ryant, Massaud. On assiste

notamment grâce à de nouvelles initiatives comme :

- Le Salon du Meuble de Paris qui mise sur le contemporain dès 1996,

- La création d'un parcours design,

- L'événement Designer's Days

- L'apparition de showroom de grands fabricants italiens comme Kartell,

- La Biennale Internationale du Design de Saint-Etienne,

- L'apparition de nouvelles galeries...

Les designers français sont de plus en plus présents sur la scène internationale, d'où une belle présence au salon international du Meuble de Milan.

Cependant, tout cela reste, dans une certaine mesure, de la poudre aux yeux : car, en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics et les énergies individuelles, le design demeure un secteur d'activité encore méconnu du grand public. (Fayolle, 2002)

Cette illusion comme quoi le design est encore ignoré du grand public aurait deux raisons principales : l'une est liée au fait que « le design englobe un grand nombre de pratiques et de métiers différents -graphisme, design de produits, design textile, packaging, dont n'est valorisé qu'un petit secteur, celui du meuble et des objets du quotidien », l'autre est que « son omniprésence le rend plus flou, plus difficile à (dis) cerner ».

Ainsi, le design a suscité un intérêt grandissant depuis les années 80. D'ailleurs, cela n'est pas un hasard si le design est reconnu par l'Unesco comme un patrimoine à part entière en 2004. « Quel est l'intérêt de ce réseau Unesco des villes créatives ? Pourquoi les villes s'intéressent-elles au design ? Comment le design grandit-il dans une ville ? », sont des questions auxquelles nous allons tenter de répondre.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus